Une heure passa et Alex se retrouva bien trop vite au moment où il était supposé rejoindre Jean-Baptiste. Il était déjà en retard lorsqu'il trouva enfin le courage de sortir de la chambre après avoir essayé de se trouver toutes sortes d'excuses bidon pour s'attarder encore davantage.Nathalie sortait aussi : elle avait un appel à passer à son fabuleux copain de l'université qui, apparemment, ne pouvait pas survivre longtemps sans lui parler. Alex se contenta de la saluer d'un geste de la main lorsque leurs chemins se séparèrent. Il était trop angoissé pour parler. Le jeune homme prit la direction du jacuzzi, son minuscule maillot de bain bleu ciel qu'il considérait comme son arme ultime serré sous le bras. Il se sentait aussi stressé que s'il devait passer un oral devant un jury particulièrement exigeant. Mais, après tout, n'allait-il pas se battre pour son avenir ? Pour son bonheur ? Pour celui qu'il désirait depuis si longtemps ? Il avait bien toutes les raisons du monde de paniquer !
"Respire, Alex, respire", s'enjoignit-il "Tout va bien se passer. Qui pourrait résister à une fille comme toi ? Tu es une princesse. Non une reine. Non, une impératrice !".
Mais il n'était pas certain de se convaincre lui-même.
Au détour du couloir, le jeune homme eut la mauvaise surprise de tomber sur M. Cotty, toujours aussi repoussant que d'habitude. Les yeux calculateurs du CPE s'arrêtèrent suffisamment longtemps sur lui pour le mettre mal à l'aise. Sans doute cherchait-il quelque chose à lui reprocher, mais Alexandra, en sa qualité de belle et riche jeune femme était justement irréprochable. D'ailleurs, M. Cotty finit par incliner presque imperceptiblement la tête avant de reprendre sa route en sens inverse, à la recherche d'une autre victime.
"Ce type dégage vraiment quelque chose de maléfique", songea Alex en pressant le pas malgré ses talons hauts.
Il chasse le CPE de ses pensées. Ce n'était pas le moment de se laisser déconcentrer.
L'hôtel était plus vaste qu'il n'en paraissait à l'extérieur. Alex aurait presque aimé se perdre. Cela lui aurait donné une excuse pour ne pas avoir à affronter Jean-Baptiste. Mais la direction du jacuzzi était indiquée par plusieurs grands panneaux impossibles à rater. Il finit par s'y retrouver bien trop vite à son goût.
Alex alla se changer dans l'un des vestiaires attenants à la salle d'eau en sentant sa panique atteindre de nouveaux sommets. Ses mains tremblaient tant qu'il dut s'y reprendre à deux fois avant de réussir à nouer le haut de son bikini (les filles avaient décidément des vêtements bien compliqués).
Il se regarda dans la glace accrochée au fond avec une grimace. Sa poitrine généreuse débordait de partout et regretta vaguement de ne pas avoir choisi un maillot de bain plus austère. Il osait à peine contempler son reflet. Enfin... Jean-Baptiste devait aimer les grosses poitrines, comme la plupart des hétéros. Autant profiter de ses nouveaux atouts. Tant que les nœuds tenaient bien...
Le jeune homme s'enroula dans l'épaisse serviette mise à disposition et se dirigea à petits pas vers le salle d'eau dont la porte coulissa sans faire de bruit. Ses ongles tout bleus brillaient sous les spots lumineux. Curieusement, cela lui donna du courage. Nathalie l'avait aussi aidé à ordonner sa coiffure. Elle s'y connaissait vraiment dans les domaines féminins et disposait d'un matériel impressionnant.
Et, soudain, malgré sa lenteur, Alex finit par tomber sur le jacuzzi. Le bassin était placé en plein centre de la pièce. Des guirlandes lumineuses de Noël étaient accrochées un peu partout. Leurs lumières roses clignotaient doucement. L'ambiance ressemblait en tout point à celle de plusieurs films romantiques qu'Alex avait visionnés avec sa mère (il manquait juste la musique de la bande son, mais il pouvait presque l'imaginer dans sa tête : une fille à la voix un peu rauque chantait en anglais accompagnée par quelques notes de piano).
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Alex ou le portable merveilleux (bxb) [terminée]
RomantizmAlex Godard déteste sa vie. En plus d'être pauvre, il est brimé par l'administration de son lycée qui le traite comme un délinquant. Et il n'ose dire à personne qu'il est gay. Et surtout pas à Jean-Baptiste Aubigny, son ancien meilleur ami, dont il...