Ah ! Le goût exquis de la victoire ! Le visage rayonnant, j'avance vers Anastasia en la dévorant du regard. Elle suit le moindre de mes mouvements d'un air troublé.
Respire, Grey...
- Tu ne vas pas faire ta mauvaise perdante, j'espère ? Dis-je avec pétulance.
- Ça dépend du poids de ta main sur mes fesses, marmonne-t-elle, inquiète.
On a peur du Grand Méchant Grey, baby ? Tu as de quoi, parce que tu n'as pas arrêté de déconner depuis que nous sommes revenus... ça m'excite d'accord, mais j'ai quand même une envie terrible de t'en coller une.
Détachant es doigts crispés d'Ana sur la queue de billard, je l'agrippe par les pans de son chemisier pour l'attirer jusqu'à moi, avant de faire la liste des délits pour lesquels j'ai l'intention de la punir.
- Un, me rendre jaloux de mon propre personnel. Deux, discuter avec moi pour aller travailler. Et trois, agiter ton délicieux postérieur sous mon nez pendant ces vingt dernières minutes.
Oui, il y a vraiment très longtemps que je me contiens, je veux désormais la voir enlever son jean et sa chemise - aussi ravissante soit-elle.
- Maintenant ! Dis-je d'un ton ferme.
Après l'avoir embrassé sur les lèvres, je m'écarte pour retourner à la porte que je verrouille avec soin. Je n'ai pas la moindre intention que Taylor ou Mrs Jones puisse interrompre notre intermède. Quand je me retourne, Ana n'a pas bougé, elle me regarde avec des yeux ronds, la bouche ouverte, clouée sur place.
- Tes vêtements, Anastasia, dis-je, en insistant. Il semblerait que tu les portes encore. Enlève-les ou c'est moi qui vais m'en charger.
- Fais-le, chuchote-t-elle, la voix rauque, déjà enrouée par le désir.
Grey, elle est vraiment partante, on dirait.
Super, baby, laisse-toi faire, tu vas apprécier le show.
- Oh, Miss Steele. C'est un sacré boulot, mais je crois que je peux relever le défi.
- En général, tu relèves tous les défis, Mr Grey.
- Je me demande bien ce que tu sous-entends par là, Miss Steele.
Que vais-je utiliser ? Pas ma main nue cette fois... je regarde autour de moi, rien de trop lourd, donc les queues sont à exclure... En revenant vers Ana, je m'arrête devant un secrétaire pour y prendre une règle souple d'une trentaine de centimètres. Voilà qui fera un accessoire parfaitement adapté à ce que j'ai en tête. J'ai lu quelque part que les professeurs de l'ancien temps utilisaient cet instrument sur les doigts ou le postérieur de leurs élèves récalcitrants. Je plie la règle en fixant Anastasia - pour qu'elle sache bien à quoi s'attendre...
Alors baby, qu'en dis-tu ? L'expectation, l'attente du châtiment... Hmmm...
J'ai un sourire en glissant la règle dans la poche arrière de mon jean : même quand je ne suis pas dans ma salle de jeu, je suis capable d'improviser. En fait, c'est encore plus drôle qu'une scène soigneusement planifiée. J'ai découvert avec Anastasia que je pouvais pratiquer la « baise tordue » n'importe où - à ma guise - et c'est très libérateur. Il y a des possibilités infinies. De plus, Ana semble se plier au jeu.
Je veux la voir s'étirer sur ma table de billard sans que son jean me cache son cul d'enfer. Aussi, je m'agenouille devant elle pour la débarrasser de son pantalon. En dessous, elle porte une adorable culotte en dentelle. Je frotte le nez contre la soie, humant avec délice son odeur naturelle et musquée - qui m'indique qu'elle est déjà excitée.
Je sens le désir à enfler en moi... ainsi que la violence. Aussi, je veux la prévenir de ce que j'ai en tête.
- J'ai envie de brutalité, Ana. Tu devras m'arrêter si c'est trop pour toi.
- Avec mes sauvegardes ? Demande-t-elle.
Non, les sauvegardes, c'est pour les dominant(e)s et leurs soumis(es). Je veux du nouveau.
- Non. Dis-moi juste quand tu en as assez - et je m'arrêterai. C'est compris ? Elle gémit sans répondre, parce que je continue à l'embrasser et à la titiller.
- Réponds-moi !
J'insiste, parce que je veux être sûr qu'elle m'arrêtera si elle en a besoin. Il faut que j'en sois certain avant d'entreprendre avec elle un nouveau jeu, quelque peu risqué. Elle a accepté une fessée l'autre soir, après son enchère outrageante, mais c'était avec ma main nue - pas un accessoire. Nous faisons un pas en avant ce soir. La règle n'est pas une ceinture de cuir, mais les coups reçus seront quand même douloureux.
N'oublie pas, Grey, que les boules à orgasme lui avaient aussi fait perdre la tête...
- Oui, oui, j'ai compris, répond-elle enfin.
Je lui explique qu'elle m'a envoyé toute la journée des signaux contradictoires, je ne sais pas exactement ce qu'elle veut dire, quand elle s'inquiète que j'aie « perdu mon mordant », mais ce soir, ici même, je vais le vérifier. Je ne veux pas encore retourner dans ma salle de jeu, mais je peux quand même tester Anastasia, à condition qu'elle soit capable d'être sincère envers moi. Elle m'a quitté parce que je l'avais frappée - et maintenant, elle ne cesse de réclamer de l'être. C'est troublant.
Je pense... oui, je pense sincèrement qu'elle désire du piment dans nos ébats, et je suis plus que prêt à la satisfaire, mais je ne veux pas non plus la pousser trop loin.
- Je te le dirai. Pas de sauvegarde.
Je lui rappelle qu'elle n'est pas ma soumise. Elle est... quoi au juste ? ma compagne me parait trop banal...
- Nous sommes amants, Anastasia.
Je l'aime, elle m'aime aussi, donc à mon avis, ça fait de nous des amants, non ?
Je ne connaissais que les relations contractuelles - sans émotion. L'amour ? C'est un domaine complètement nouveau pour moi, je n'en connais pas les règles, aussi j'espère ne pas me tromper. Évidemment, Anastasia non plus n'a pas beaucoup d'expérience. Tant pis, nous apprendrons ensemble. Nous définirons nos propres règles, celles qui nous correspondent exactement.
- Les amants n'ont pas besoin de sauvegardes. Oui ou non ?
J'ai besoin de l'entendre me confirmer la véracité de mes déductions.
- Je suppose que non, murmure-t-elle. Je te promets d'être sincère.
Je scrute son visage pour m'assurer de sa franchise. Elle parait... heureuse. Rassuré, je me détends
avec un sourire d'anticipation. On va bien s'amuser.
Bouton par bouton, je détache son chemisier - et j'en suis récompensé par le spectacle délectable de ses seins mis en valeur par le balconnet du soutien-gorge. Elle a une poitrine superbe. Pour me forcer à penser à autre chose, je reviens sur la façon qu'Anastasia a de jouer au billard.
- Tu joues bien, Miss Steele. Je dois dire que j'en suis surpris. Pourquoi ne pas envoyer la noire dans la poche ?
Elle me jette un regard à la fois boudeur et surpris. Elle doit se demander quelle est cette nouvelle lubie qui me vient. Elle veut être frappée et baisée... maintenant !
Ah, Miss Steele, toujours si impatiente.
Tout en la positionnant à l'endroit voulu, je reste juste derrière elle, en caressant de haut en bas à la peau soyeuse de sa cuisse droite. Je trouve cette façon de jouer au billard, intime et coquine, infiniment plus satisfaisante qu'un jeu normal
- Je vais manquer mon coup si tu continues à faire ça, me prévient-elle, mi-geignarde, mi- moqueuse.
Je me fiche complètement qu'elle marque ou pas, ce qui m'intéresse, c'est de la voir à moitié dévêtue, allongée sur ma table de billard. C'est comme un fantasme devenu réalité.
- Tu sais à quel point tu es érotique comme ça ? Dis-je, fiévreusement.
En même temps, je caresse les courbes fantastiques de son cul. Elle vise et mesure son prochain coup pour toucher la boule blanche.
- En haut, à gauche, annonce-t-elle.
Au moment précis où elle touche la balle, je lui claque violemment les fesses, pour que les deux sons correspondent. Elle pousse un cri et bondit de surprise, mais elle ne peut s'écarter parce que je la maintiens en place, plaqué derrière elle. D'ailleurs, elle a raté son coup.
- Tu devrais te concentrer, Anastasia, dis-je, menaçant.
Je vois bien combien notre petit jeu l'excite : sa respiration est devenue erratique. Je lui prépare à nouveau les boules, puis je l'empêche de tirer avant que je sois revenu en place, juste contre elle. Cette fois, je concentre mes caresses sur sa cuisse gauche et son petit cul bombé.
- Vise!
Elle n'arrive pas à se concentrer, maintenant qu'elle sait ce qu'il attend puisqu'elle a perdu. Dès que les boules se heurtent, je la frappe encore, j'adore le contact violent de ma paume sur sa chair souple.
- Oh non ! Gémit-elle en constatant avoir une fois de plus raté son but.
- Encore une fois, baby. Et si tu la manques, je vais vraiment te donner ce que tu mérites.
Je n'en peux plus, je crève d'envie de lui coller sa punition - j'évoque ses défis, son comportement désobéissant, sa rébellion. Je sais bien qu'une bonne fessée nous aidera tous les deux à dissiper un peu de la tension accumulée tout au long de la journée. Et l'idée qu'elle en ait autant besoin que moi m'enchante littéralement.
- Tu peux y arriver, dis-je enjôleur.
Je prolonge son anxiété à loisir. Du coup, Ana n'hésite pas à presser ses fesses contre ma main. Non, baby ! Je la claque à nouveau, plus fort encore.
- Impatiente, Miss Steele ? Dis-je moqueur.
Moi, en tout cas, je le suis, mais j'aime l'anticipation et je veux prendre mon temps pour savourer le butin que j'ai gagné. En attendant, je débarrasse Ana de sa culotte, que je mets dans ma poche, avant d'embrasser l'une après l'autre les rondeurs adorables de son cul dénudé.
Quand je me redresse, j'ordonne :
- Tire, baby.
Bien entendu, elle rate. Cette fois, le jeu est terminé. Ou du moins, il va passer à un autre niveau. Je me penche sur elle, la plaque sur la feutrine de la table de billard, et lui enlève des mains la queue qu'elle tient encore.
- Tu as raté, dis-je, tout contre elle. Pose tes mains à plat sur la table.
Elle obéit.
- Bien. Je vais te donner une fessée maintenant. La prochaine fois, peut-être que tu ne manqueras pas ton coup.
Elle est tellement excitée qu'elle en gémit déjà, la respiration coupée par l'anticipation. Je glisse un peu sur le côté, toujours collé à elle, pour caresser d'une main son cul adorable. De l'autre, je l'empoigne à la nuque, enroulant mes doigts autour de ses cheveux pour la maintenir en place. D'ailleurs, mon coude la plaque aussi à la table au niveau des reins. Elle ne peut pas bouger. Elle ne peut pas m'échapper. Elle est à moi !
Un spectacle enivrant.
- Écarte les cuisses, dis-je, de ma voix de dominant.
Elle hésite. Oh, non, baby, ce n'est pas le bon moment pour ça. Je la frappe - violemment - avec la règle, ce qui la prend par surprise et produit un bruit délectable. Je recommence. Plusieurs fois.
Je vais te montrer si j'ai perdu mon mordant !
- Écarte !
Cette fois, elle cède et ouvre lentement les jambes. Je la frappe plus fort ; je ne peux nier que j'adore ça... mais ça me plaît aussi qu'elle apprécie le traitement subi. Je ne dois pas me perdre dans ma transe habituelle, je dois rester dans les limites qu'Anastasia a déterminées, vivre ce moment avec elle, sans la laisser en arrière.
Donc, je me mets à la frapper selon un rythme établi : à droite, à gauche, en haut en bas... je la vois frémir ; je l'entends gémir ; elle accepte la douleur sans lutter contre elle. Chaque coup augmente son excitation, je le constate à son sexe épanoui, moite d'une sève brûlante et odorante ; mon désir grandit en même temps.
Elle pénètre avec toi du côté obscur, Grey. C'est parfait, mais n'en abuse pas surtout. Il faut qu'elle savoure cette expérience, pas qu'elle en ait peur.
Chaque coup envoie en moi une décharge d'adrénaline et de plaisir, j'aime le claquement du plexiglas sur la nudité d'Anastasia, j'aime la façon dont sa peau d'albâtre devient rose, peu à peu, échauffée par les coups, jusqu'à un rouge de plus en plus vif.
Je ne retiens plus rien de ma force jusqu'à ce qu'Ana crie :
- Assez !
Sans la moindre hésitation, je laisse tomber la règle et libère Ana de mon emprise.
- Maintenant, j'ai envie de te baiser, dis-je.
Et c'est la vérité, je vibre de la tête aux pieds du besoin de la prendre après ce moment magique qu'elle vient de m'accorder.
- Oui, acquiesce-t-elle sans hésiter.
Elle a la voix haletante, les yeux lourds de désir, la joue rougie par le frottement de la feutrine. Oh, pas à dire, elle n'a pas peur ; elle n'est qu'excitation et désir.
Pour une fois, Grey, tu ne t'es pas trompé.
Je libère mon sexe douloureux de mon jean en baissant ma fermeture éclair, puis je plonge deux doigts dans le sexe d'Anastasia afin de vérifier si elle est prête à me recevoir. Oui, elle est trempée. Je déchire rapidement un préservatif que je déroule sur mon sexe, avant de lui écarter davantage les jambes, en me positionnant derrière elle. Très lentement, je plonge en elle, gémissant sous le plaisir que j'éprouve. Bordel, c'est dément ! Je l'empale jusqu'au fond, elle est brûlante, mouillée, et si étroite. Lui maintenant les hanches à deux mains, je m'écarte d'elle, avant de revenir, de tout mon poids.
Quand elle crie, je m'immobilise et lui demande :
- Encore ?
Je veux quand même vérifier que je ne lui fais pas mal, qu'elle est avec moi, qu'elle désire cette fusion de nos deux corps autant que moi.
- Oui... ça va, gémit-elle. Vas-y. Laisse-toi aller. Et emporte-moi avec toi.
C'est parfait. C'est merveilleux. Je libère la violence de mon désir. Encore et encore. Chaque coup de reins est meilleur que le précédent. Anastasia est divine - j'adore la baiser - j'adore être avec elle... elle reçoit autant qu'elle donne... J'ai les yeux braqués sur l'endroit où je la pénètre, savourant le spectacle de mon sexe rigide plongeant dans les profondeurs humides du sien.
Tout à coup, je la sens trembler, ses parois vaginales se resserrent autour de mon sexe. Elle est prête à jouir et, bordel, moi aussi. Aussi, j'accélère ma cadence, augmentant la pression que nous ressentons tous les deux, puis nous explosons ensemble dans son orgasme libérateur. Les mains crispées sur les hanches d'Anastasia, je jouis en elle, ressentant le moindre de ses spasmes tandis qu'elle trouve également son plaisir.
Autour de nous, l'univers s'est arrêté. Le temps est suspendu... nous sommes en apesanteur. Ensemble.
Complètement épuisé, je m'écroule sur elle, puis je glisse jusqu'au sol avec elle dans mes bras, avant de la serrer très fort contre moi.
- Merci, baby, dis-je, en couvrant son adorable visage de baisers amoureux.
Je suis émerveillé qu'elle m'ait ainsi accordé le droit d'être aussi brutal. Elle m'a offert un plaisir inouï. Elle ouvre les yeux pour me regarder. Il y a tant d'amour dans ses prunelles bleues que je resserre encore mon étreinte autour d'elle.
Tu sais, Grey, tu n'aurais pas été capable autrefois de reconnaître le sentiment qui brûle dans un tel regard.
- Ta joue est rouge d'avoir frotté contre la feutrine, dis-je, en effleurant doucement sa peau.
Pour moi, l'expérience a été merveilleuse, mais je veux m'assurer qu'Anastasia a bien ressenti la même chose. Aussi, je la regarde de près en lui demandant :
- Comment c'était ?
- Douloureusement bon, murmure-t-elle. J'aime quand c'est brutal, Christian, et j'aime aussi quand c'est doux. J'aime quand c'est avec toi.
La câlinant contre moi, je ne peux réprimer un soupir de soulagement. C'est exactement ce que je ressens. Avec Anastasia, le sexe est impressionnant - sous toutes ses formes. Nous sommes amants, nous définissons notre propre monde. Ça me suffit, aujourd'hui et à jamais, j'en suis certain. Je veux exprimer à Anastasia combien je l'admire, combien elle m'enchante, combien elle me comble.
- Tu es étonnante, Ana. Tu es belle, intelligente, stimulante, amusante, sensuelle et je remercie chaque jour la divine providence que tu sois venue m'interviewer et non Katherine Kavanagh.
En réponse, elle sourit, mais elle ne peut retenir un bâillement. Ému, je frotte mon nez dans ses cheveux odorants.
- Je t'épuise, dis-je, repassant en mode protecteur. Viens, un bain et au lit. ***
Tandis que nous nous délassons dans la baignoire, Anastasia réussit à m'extorquer la promesse que Sawyer, demain matin, ne l'escortera pas jusqu'à son bureau, mais qu'il la déposera seulement devant la porte avant de revenir la chercher en fin de journée. Ça ne me plaît pas, mais elle insiste tant que je finis par y consentir à contrecœur. Il n'y a qu'une seule entrée dans cet immeuble, je le sais bien, aussi Sawyer pourra montrer la garde de l'extérieur sans qu'Anastasia ne coure le moindre risque.
Je n'ai pas l'intention d'annoncer à Anastasia qu'elle sera en permanence surveillée.
Et à l'heure du déjeuner...
- Je me préparerai quelque chose ici pour ne pas avoir à sortir, répond-elle immédiatement. Je t'en prie.
Sawyer m'indiquera si Ana tient ou non sa promesse - et surtout si elle obéit bien à tes règles, hein Grey ?
Je ne peux rien lui refuser. Je le constate avec une certaine surprise, mais elle m'a donné tant de plaisir dans la bibliothèque que mon esprit ne s'en est pas encore remis. Aussi, après lui avoir accordé sa requête, je lui demande d'un ton bourru :
- Comment vont tes fesses ?
- Cuisantes, mais ça va aller, répond-elle avec un grand sourire. L'eau apaise la douleur.
- Je suis content que tu m'aies demandé d'arrêter.
Je la regarde intensément, j'ai beaucoup d'espoir pour que ça marche entre nous deux. Maintenant, je peux lui faire confiance - du moins, je peux être certain qu'elle me préviendra quand elle a atteint ses limites et qu'elle ne se contentera pas de dire n'importe quoi pour me plaire. C'est très important, c'est une étape décisive dans la bonne direction.
- Mon derrière aussi ! Répond Anastasia avec insolence. Elle me fait rire.
Quand nous nous couchons, je remarque très contrarié qu'Anastasia porte une fois de plus un de mes tee-shirts. Je voudrais ne la voir que dans du satin, des dentelles, de la soie...
- Ms Acton ne t'a rien pris pour la nuit ? Dis-je, surpris
- Je n'en sais rien, répond-elle, très peu concernée. J'aime porter tes tee-shirts.
Elle a la voix pâteuse tellement elle a sommeil. Ému, je la regarde s'étirer dans le lit avant de se pelotonner. Elle aime porter mes tee-shirts ? Quelque part, je trouve ça adorable. Elle ne s'intéresse pas au luxe ou au prix d'un vêtement, juste à son côté sentimental. C'est Anastasia.
Je me penche pour l'embrasser.
Merde, j'ai des trucs à faire...
- Ça te dérange si je travaille d'ici ? Dis-je à Anastasia
Je ne cesse de revoir mentalement Leila apparaissant l'autre jour dans notre chambre avec une arme braquée sur une Anastasia seule et endormie. Je ne veux pas la laisser... elle risque d'avoir des cauchemars et des réminiscences. Par contre, j'ai passé toute la journée à me distraire, aussi j'ai beaucoup de travail à rattraper. Il n'est que 22 h 30, pour moi, il est très tôt.
Je demande à Ana si je peux utiliser son ordinateur portable.
- Pas mon ordi... Marmonne-t-elle, avant de s'endormir.
Je passe un long moment à l'admirer. J'adore la regarder, surtout quand elle dort. Je l'ai réalisé dès ce premier jour à l'hôtel Heathman quand je l'ai ramenée ivre morte dans ma suite. Ma Belle au Bois dormant. Je ne peux résister à mon envie de lui caresser la joue du doigt, repoussant derrière son oreille une mèche de ses cheveux soyeux. Sa poitrine se soulève au rythme régulier de sa respiration.
Anastasia. Ma compagne. Ma maîtresse. Mon amante. L'amour de ma vie.
Tout ça me semble encore bien étrange, mais je commence à m'habituer à penser à elle sous ce nouveau jour. L'Amour, avec un A majuscule... une émotion merveilleuse, puissante, et tellement troublante, je n'aurais jamais cru le découvrir d'expérience.
À contrecœur, je m'arrache à ma contemplation, puis je branche l'ordinateur d'Ana et me connecte à mon bureau, histoire de reprendre contact avec le monde extérieur. Par contre, au lieu de rester concentré jusqu'aux petites heures du matin, comme d'habitude, je ne fais que le strict minimum avant de tout éteindre pour me coller contre Ana. Quand je l'embrasse, elle murmure mon nom - ce qui me fait sourire dans le noir.
Avec elle serrée dans mes bras, je m'endors d'un sommeil paisible et sans rêve. ***
À peine arrivé à GEH, Andrea m'informe que mon rendez-vous de 8 h 30 est arrivé. Je vérifie ma montre, j'ai encore dix minutes. Je prends le temps d'envoyer un mail à Anastasia. J'ai passé un merveilleux week-end et je veux la remercier.
Quand je pénètre quelques minutes plus tard dans la salle de conférence, ils se lèvent tous comme un seul homme. J'ai l'impression d'être le proviseur faisant une visite surprise dans la classe.
Mon BlackBerry sonne une demi-heure après, je vérifie : c'est Anastasia. J'oublie un moment les variations du marché boursier pour regarder ce qu'elle me dit.
« JTM xxx » ? Comment puis-je me concentrer dans de telles conditions ? Il me faut faire un effort surhumain pour ne pas sourire et, à voir le regard inquiet de mon voisin de droite, je ne dois pas y réussir parfaitement. Je tape très vite une réponse à Anastasia - quatre mots.
Je suis dans une importante ouverture sur les marchés européens quand un autre mail arrive. J'y jette un coup d'œil, décidé à ne pas répondre cette fois...
Mais en voyant ce qu'elle m'annonce, je pousse un rugissement audible.
Bordel ! PAS QUESTION ! C'est quoi encore ces conneries ?
Je charge Ros de poursuivre la réunion à ma place le temps de résoudre un problème urgent.
Une demi-heure plus tard, je hurle à Andrea de m'envoyer Barney, séance tenante. Ensuite, je veux Roach. Merde, je vais tuer quelqu'un.
- Andrea ! Appelez aussi le Dr Flynn ! Maintenant !
- Oui monsieur.
***
- Alors, John, que pensez-vous d'Anastasia ?
- C'est une enchanteresse, Christian, mais vous savez, on peut s'y tromper au premier regard. Si elle paraît timide et discrète, il y a derrière ce masque une jeune femme intelligente, intuitive, et très observatrice.
- Pourquoi dites-vous ça ?
- Eh bien, pour commencer, elle n'a pas hésité à me dire qu'elle me voyait comment un « charlatan hors de prix », déclare John avec humour.
J'éclate de rire.
- Manifestement, elle vous a tout de suite déchiffré.
J'aimerais cependant savoir ce qui s'est passé entre mon psy et ma compagne durant leur danse de l'autre soir. Je déteste ne pas posséder toutes les informations, surtout que cette conversation me concernait sans doute.
- Anastasia se livre très peu, mais j'ai senti qu'il y avait en elle des profondeurs secrètes. Je suppose que c'est ce qui vous a attiré et intrigué. C'est une jeune femme adorable, il n'est pas étonnant que vous soyez aussi vite tombé amoureux d'elle.
- Oui, vous aviez raison - au sujet de ces conneries d'amour. J'ai fini par le comprendre... Et je crois maintenant que je peux... aimer Anastasia, même si jamais je ne l'aurais envisagé pour moi.
Bordel, il m'est vraiment très difficile d'en parler à voix haute.
John soupire, comme s'il était frustré.
- Christian, c'est à cause de ce besoin morbide que vous éprouvez de vous dévaloriser. Combien de fois dois-je vous le répéter ? J'ai toujours su que vous étiez parfaitement capable de donner et de recevoir de l'amour. Tous les invités de ce bal masqué, samedi passé, ont remarqué à quel point vous et Anastasia étiez amoureux fous l'un de l'autre. C'était d'ailleurs une joie de vous voir ensemble. L'amour est une émotion merveilleuse.
- Oui, j'imagine. Ça continue quand même à me foutre une trouille terrible. Je me sens vulnérable, parce que j'ai sans arrêt peur de la perdre. Je ne veux plus jamais revivre ce que j'ai éprouvé quand elle m'a quitté.
- Avez-vous dit à Anastasia ce que vous éprouviez ? Lui avez-vous avoué votre amour ?
- En quelque sorte. En fait, c'est elle qui l'a compris, aussi il m'a été facile de le lui confirmer.
- C'est bien ce que je pensais. Votre Anastasia est intuitive et observatrice. Je suis certain qu'elle vous convient parce qu'elle est capable de voir à travers vous l'homme que vous êtes, celui que vous cachez d'ordinaire derrière une façade bien verrouillée pour que le monde entier ne vous connaisse pas. Maintenant que vous avez enfin accepté votre amour, mon avis est que vous vous laissiez aller. Ne retenez rien. Répétez régulièrement à Anastasia combien vous l'aimez. L'amour n'a rien de honteux ! De franches déclarations vous aideront à solidifier ce tout nouveau lien entre vous. Pourquoi ne pas l'annoncer au monde entier ?
- Je ne suis pas sûr de pouvoir le faire. Vous savez, j'ai toujours été un être plutôt secret.
- J'en suis conscient. Mais vous n'avez jamais encore ressenti de tels sentiments, pas vrai ? De plus, je pense qu'Anastasia serait très sensible au fait de vous entendre publiquement reconnaître votre amour pour elle. Ça pourrait l'aider à se voir différemment, puisque vous affirmez qu'elle souffre d'un complexe d'infériorité.
- Vous l'avez remarqué aussi ?
- À mon avis, la plupart des jeunes femmes de cet âge ont un problème de valorisation, répond John de façon évasive.
Il se racle la gorge et change de sujet. Je fronce les sourcils. Il n'a pas envie de discuter avec moi des éventuels problèmes qu'Anastasia peut avoir. Au moins, il m'a donné une piste et je suis tout à fait prêt à aider Anastasia en lui répétant, encore et encore, combien je l'aime. Après tout, ça ne me sera pas difficile.
John continue son interrogatoire :
- Alors, comment se passent les choses entre vous ? J'imagine que vous apprenez l'art du compromis, entre vos besoins sexuels et vos désirs ? Je sais bien que votre relation en est encore à ses premiers jours, mais avez-vous des difficultés à contrôler vos inclinations sadiques ?
- Pas du tout, John. En fait, c'est un aspect qui s'avère bien plus facile à gérer que je ne l'aurais cru... Du moins, pour le moment. Nous avons à expérimenter ensemble des tas d'autres choses... que je trouve à la fois satisfaisantes et tout à fait merveilleuses.
Mentalement, je revois Ben & Jerry & Ana - et les coups qu'elle a acceptés de recevoir, à deux reprises, parce que ça l'excite également. Je ne peux retenir un sourire en évoquant Ana me supplier de la frapper. Bordel, jamais je ne me serais attendu à l'entendre réclamer une punition !
- Très bien, dit John, interrompant mes pensées érotiques. Vous faites tous les deux des progrès, vous trouvez des compromis et un juste milieu. C'est une excellente nouvelle, Christian. Absolument excellente.
- Oui, mais...
- Mais quoi ?
- Il y a un problème que je n'avais pas prévu... je trouve difficile de gérer l'anxiété que je ne cesse d'éprouver. Je n'ai aucun contrôle envers Anastasia, qui est l'être le plus important de ma vie.
J'ai engagé de nouveaux agents de sécurité - c'est indispensable : en étant ma compagne, elle devient évidemment une cible. J'aurais cru qu'elle me laisserait m'occuper d'elle sans discuter. Mais non, bien entendu, Anastasia est trop butée et indépendante. Du coup, je ressens très souvent une frustration épouvantable. Leila erre toujours, elle est dangereuse, du moins potentiellement, puisqu'elle a une arme et qu'elle peut en vouloir à Anastasia pour sa place dans ma vie. Je ne peux prendre le risque que quelque chose arrive à Ana. Chaque fois que je prends une mesure pour la protéger, elle se défend comme un beau diable. D'ailleurs, il n'y a pas que le problème de Leila, ce matin, elle a absolument tenu à aller travailler - contre mes vœux, je dois l'ajouter. Nous nous sommes violemment disputés à ce sujet.
- Pourriez-vous m'expliquer pourquoi vous vous trouvez anxieux, Christian ?
J'inspire profondément, puis je soupire en me demandant par où commencer. Comment expliquer ce dernier conflit entre nous ? Je réalise avoir les deux mains dans mes cheveux, ce qui est un signe évident de mon stress et de ma frustration.
- Ce matin, tout avait parfaitement commencé. Vous savez qu'Anastasia, à cause de la menace que Leila posait, a accepté de rester dans mon appartement. J'ai toujours cru que je préférais vivre seul, mais c'est une erreur. J'adore avoir Ana chez moi. Elle est à sa place, c'est comme s'il avait toujours manqué quelque chose dans ma vie avant elle. Je dors beaucoup mieux maintenant que nous partageons un lit : je n'ai plus de cauchemars. Et me réveiller le matin auprès d'elle est le meilleur moment de ma journée.
Ce matin, Ana avait un air tellement adorable et ébouriffé... ***
J'ai résisté à la tentation de la réveiller un peu plus tôt, pour partager une douche avec elle. Je sais combien elle est grognon quand elle n'a pas assez dormi. À dire vrai, j'ai même hésité à trafiquer le réveil pour qu'elle n'aille pas travailler.
Finalement, je m'en suis abstenu, sachant qu'elle m'en voudrait probablement beaucoup.
- J'aimerais que tu reviennes au lit, m'a-t-elle déclaré, de la voix séductrice qu'elle prend quand elle est excitée.
Il m'a fallu tout mon self-control pour ne pas lui sauter dessus et la baiser jusqu'à tout oublier. À dire vrai, elle n'avait pas réalisé l'heure tardive, et la voir bondir du lit avec une expression affolée m'a beaucoup fait rire.
J'ai profité qu'Anastasia soit sous la douche pour avoir avec Gail Jones un petit aparté.
- Bonjour, Mrs Jones, j'espère que vous avez passé un agréable week-end chez votre sœur.
- Oui, merci, Mr Grey, a-t-elle répondu avec un sourire.
- J'imagine que Taylor vous a informé de la situation. Je vous assure que l'appartement est dorénavant parfaitement sécurisé.
- Oui, Mr Taylor me l'a expliqué. Je dois vous dire, je n'ai jamais craint que Miss Williams s'en prenne à moi. Cette pauvre jeune femme est tellement troublée en ce moment. Je sais bien que Mr Taylor voit les choses différemment. Il m'a sermonné longuement concernant les risques que j'aurais pris - selon lui. Leila a besoin d'une oreille attentive et d'une main tendue, dit-elle, le front plissé.
Je n'ai aucun mal à imaginer que Taylor ait engueulé sa maîtresse, exactement comme je l'aurais fait s'il s'était agi d'Anastasia. Je revois l'air horrifié qu'il a pris en apprenant que Gail Jones s'était approchée pour soigner Leila, après sa tentative de suicide, alors que mon ex-soumise avait encore une lame de rasoir à la main. C'était lors de sa première intrusion dans mon appartement...
Et c'est bien pour ça que je ne voulais pas que Mrs Jones y revienne avant que nous ayons découvert comment Leila pénétrait chez moi ! Je ne veux plus jamais que ma gouvernante ait à subir une expérience aussi éprouvante. D'ailleurs, Taylor n'aurait pas accepté le moindre risque la concernant.
- Taylor vous a certainement dit aussi que Miss Steele séjournerait un moment avec moi, du moins tant que la situation avec Miss Williams n'est pas réglée.
- Oui monsieur.
En répondant, Gail Jones a un sourire béat et les yeux brillants. Je me demande vraiment pourquoi elle est aussi heureuse d'une présence qui lui donne du travail supplémentaire.
- Miss Steele partagera ma chambre, où ses affaires et ses vêtements ont déjà été déménagés. Je comprends bien que ça vous demandera du travail en plus, aussi si vous avez besoin d'une aide, n'hésitez pas.
- Mr Grey, il n'y a aucun problème, je vous assure, je serai plus qu'heureuse de m'occuper de Miss Steele tout le temps qu'elle demeurera ici. Pour vous dire la vérité, il me semble souvent que j'ai trop de temps libre, il est vraiment très facile de gérer la maison avec vous et Mr Taylor.
Elle m'adresse un sourire sincère. Quand elle parle d'Anastasia, Gail Jones a dans les yeux une lueur chaleureuse - qui me rappelle celle qu'a aussi ma mère depuis peu. Que c'est étrange !
- Très bien. Miss Steele aime bien les pancakes et le bacon comme petit déjeuner. J'aimerais aussi que vous lui prépariez un en-cas qu'elle puisse emporter pour manger à son bureau, ainsi elle n'aura pas à quitter les lieux.
- Bien entendu, Mr Grey. Je demanderai à Miss Steele ce qu'elle préfère et je m'assurerai de tenir compte de ses goûts pour qu'elle emporte un déjeuner aussi roboratif qu'appétissant.
J'aperçois Ana traverser le grand salon : elle porte une nouvelle tenue que Ms Acton a sélectionnée. Elle est absolument superbe, comme j'en étais certain, dans une jupe grise assortie à un chemisier de soie. Elle a de hauts talons et un chignon, ce qui laisse sa gorge exposée. Mon Dieu, si elle travaillait dans mon bureau, je ne ferais strictement rien. Par contre, l'idée qu'Anastasia parade dans cette tenue devant ce connard de Jack Hyde - qui va la mater toute la journée - ne me plaît pas du tout. Je sais que nous le surveillons... Sawyer ne sera pas loin, mais j'aurais de beaucoup préféré qu'il se trouve dans le même bureau qu'Anastasia.
Je complimente Anastasia. Du coin de l'œil, je remarque que Mrs Jones a l'air de plus en plus sentimentale. Quand je m'écarte, les deux femmes se saluent, puis ma gouvernante dépose devant Anastasia une assiette avec, comme je l'ai réclamé, des pancakes et du bacon.
- Oh merci bien ! répond Anastasia qui s'empourpre.
Elle n'a jamais été servie à table, Grey, tout ceci doit être très nouveau pour elle.
- MrGrey m'a dit que vous souhaitiez emporter de quoi déjeuner au bureau, déclare Mrs Jones. Je vais vous préparer un repas à emporter, madame.
- Je vous en prie, Mrs Jones. Appelez-moi, Ana.
Anastasia se tourne vers moi avec un regard appuyé, comme pour me défier de lui interdire une fois encore d'être trop familier avec le personnel.
Ça ne gêne pas : je ne suis pas jaloux de Gail - mais il faudra que je lui rappelle que les employés ne sont pas des amis. Je préférerais infiniment qu'elle conserve le protocole et que tout mon personnel s'adresse à elle sous le générique de « Miss Steele ». Je laisse passer pour le moment, j'attendrai une opportunité pour lui faire un sermon.
D'ailleurs, je dois partir, j'ai un rendez-vous à 8 h 30. Aussi distrait que je sois à cause d'Anastasia, je ne suis pas en retard. Jamais.
Alors que je m'éloigne, Ana me jette d'un ton délicieux :
- Bonne journée et travaille bien, chéri.
Elle me fait rire. On dirait que nous sommes un vieux couple marié. En avançant vers l'ascenseur, je réalise avoir le plus idiot des sourires plaqué au visage. Je me sens bien. Je me sens réconforté. J'aime ça
Non, bordel, j'adore ça !
Tandis que Taylor me conduit jusqu'à Grey House, je lui répète mes instructions.
- Faites bien comprendre à Sawyer qu'il ne doit surtout pas laisser Miss Steele quitter l'immeuble de SIP toute seule. En principe, elle restera à son bureau à l'heure du déjeuner, mais je préfère qu'il demeure attentif...
... parce qu'Anastasia a toujours du mal à suivre les consignes.
Je ne peux m'empêcher d'être méfiant, Anastasia ne prend pas sa sécurité suffisamment au sérieux.
Sur une impulsion, elle risque d'agir de façon inconsciente.
- Oui monsieur, je peux vous assurer que Sawyer comprend parfaitement ses responsabilités, il prendra sa tâche au sérieux. C'est l'un des hommes les plus fiables que je connaisse, qu'il soit ou non dans l'armée.
Taylor me jette un coup d'œil dans le rétroviseur, avant de se remettre à fixer la route.
D'accord, mec, je sais que je suis trop protecteur envers Anastasia. Et alors ? C'est compréhensible non ?
Jamais je ne supporterai l'idée qui lui arrive quelque chose.
***
Mais pour le moment, je réalise m'être perdu dans ma rêverie. John Flynn attend toujours ma réponse, avec patience. Je dois lui expliquer ce qui s'est passé ensuite.
Je prends une profonde inspiration, avant de commencer.
- Nous échangeons souvent des mails dans la journée, surtout au travail. J'ai réalisé il y a quelque temps qu'Anastasia était beaucoup plus franche et ouverte par écrit que face à face.
- Voilà une observation intéressante, Christian. Avez-vous une idée qui puisse l'expliquer ?
- C'est une étudiante en littérature, elle est à l'aise avec les mots. À mon avis, c'est une suggestion comme une autre.
- Croyez-vous qu'elle vous trouve intimidant dans une confrontation directe? demande tranquillement John.
Tout en jouant avec son stylo, il surveille ma réaction. Je prends une minute pour y réfléchir.
- Oui, je pense que vous avez raison. Mais j'y travaille.
- Très bien, parlez-moi de ces mails.
- D'abord, je l'ai remerciée pour le merveilleux week-end que nous avions passé. Je lui ai aussi exprimé mon désir qu'elle ne parte plus jamais. J'avais fait cette réflexion sans sous-entendu, mais dans sa réponse, Anastasia m'a demandé si je suggérais qu'elle s'installe avec moi. Bien entendu, j'ai bondi sur l'occasion : je le lui ai confirmé.
- Je vois. C'est quand même une décision importante alors que votre relation vient à peine de commencer. Comment a-t-elle réagi ?
- Elle a dit que nous en parlerions ce soir.
- C'est une jeune femme très sensée. Bien entendu, je comprends que ce soit un objectif que vous visiez, mais ne vous décidez que si vous y êtes prêts l'un et l'autre.
- Je trouve parfaitement logique que nous vivions ensemble à l'Escala, surtout en ce moment. Il est évident qu'Anastasia a besoin de protection, je ne vous ai pas encore raconté ce qu'elle a inventé ensuite. Elle n'a aucune idée des risques qui attendent les jeunes femmes innocentes dans le vaste monde.
- Que voulez-vous dire, Christian ?
- Dans son mail suivant, Ana m'a annoncé - avec une formule à la con du genre : « j'ai pensé que tu aimeras être tenu au courant » - qu'elle comptait se rendre jeudi à un congrès à New York et passer la nuit à l'hôtel avec son vicelard de patron, Jack Hyde. D'après l'enquête que j'ai fait mener sur lui, le mec consomme ses assistantes en quelques mois - et toutes sont jeunes et jolies. Je n'ai pas encore obtenu des preuves formelles contre lui, mais je suis certain qu'il s'agit de harassement sexuel. De toute évidence, c'est un coureur invétéré, sinon pire. Ce n'est pas le genre d'homme à qui je confierais ma compagne pour un tête-à-tête dans un hôtel.
- Comment avez-vous réagi en apprenant la nouvelle ?
- J'ai dit à Ana qu'il n'était pas question qu'elle y aille ! Je crois avoir ajouté qu'il faudrait d'abord me passer sur le corps. Il n'est pas question que ce fumier pose ses sales pattes sur elle. J'ai aussi annoncé à Ana que, si elle désirait aller à New York, je l'y emmènerais moi-même - vu que j'ai un appartement là-bas.
- J'imagine qu'elle n'a pas trop aimé votre intervention dans sa vie professionnelle, non ?
- On peut dire ça... elle s'est montrée très violente dans son mail suivant où elle m'a parlé - en lettres capitales ! - de foi et de confiance... Oh merde ! Elle a aussi été irresponsable et indiscrète en évoquant certaines de mes prédilections sexuelles ! C'est dingue non ? Elle écrit ça en clair dans un putain de mail professionnel. J'ai été obligé de mettre Barney dessus pour qu'il efface tout ça du serveur de SIP ? Ensuite, j'ai téléphoné à Anastasia en lui disant d'utiliser son putain de BlackBerry pour écrire des putains de conneries pareilles...
Et si tu te calmais ? Respire Grey, ça va passer... Pas la peine de faire un anévrisme, John est psychiatre, pas cardiologue !
- Et vous savez ce qu'elle fait ? Dis-je sans être calmé du tout. Elle m'annonce qu'elle ira à New York que ça me plaise ou pas ! En plus, elle m'a raccroché au nez. Merde ! PERSONNE ne me raccroche au nez !
Malgré ma rage, je remarque bien que John s'efforce de ne pas ricaner.
- Christian, vous avez manifestement raté une étape des relations inter-sexe qui se passe d'ordinaire à l'adolescence. Et Anastasia est dans le même cas. Apparemment, vous rattrapez tous les deux le temps perdu - en accéléré. Avez-vous réussi à rectifier la situation ?
- Bien entendu. J'ai interdit la plupart des déplacements du personnel à SIP ; Hyde ira à New York, mais sans Anastasia
- Vous avez donc abusé de votre position pour intervenir dans la vie d'Anastasia et dans son travail, la privant ainsi d'un déplacement à New York auquel elle semblait tenir ? N'est-ce pas une réaction un tantinet exagérée de votre part, Christian ? (John fronce les sourcils.) Puis-je vous demander comment vous avez le pouvoir de bloquer les dépenses de SIP ?
- Non, je n'ai pas le droit d'en parler pour le moment. John, je protège ce qui m'appartient, à n'importe quel prix. Je ne trouve pas que c'est une exagération ou un abus, juste une précaution sensée.
Flynn est assez intelligent pour comprendre entre les mots que j'ai racheté SIP, mais légalement, je n'ai pas le droit de le lui dire, aussi je respecte la consigne. Je sais bien qu'il n'utiliserait jamais un tel renseignement, mais quand même.
Il me regarde un moment... quand il réalise la vérité, il écarquille les yeux.
- Pour contrôler Anastasia, vous avez racheté la société qui l'emploie ! Vous vous rendez compte de l'étiquette que ça vous donne ?
- Je m'en contrefous. Je ne veux que la protéger. Je n'interviendrai pas dans son travail sauf si c'est nécessaire - par exemple, si elle court un risque quelconque. Bordel, que vouliez-vous que je fasse au juste ? Que je reste planté là en la laissant se faire violer par ce taré ? Je fais totalement confiance à Ana, mais elle est petite et vulnérable, elle n'aurait pas la moindre chance contre un mec comme Hyde - même s'il n'utilise pas une saleté comme du Rohypnol31. N'oubliez pas que j'ai déjà vu Ana se faire agresser par ce photographe - il abusait d'elle alors qu'elle était saoule. Si je n'étais pas arrivé, Dieu sait...
Je ferme les yeux en frissonnant d'horreur à cette idée.
- Vous ne savez pas ce qui se serait passé, Christian.
- Je fais confiance à mon instinct - et j'ai un don inné pour juger les gens. Ce Hyde est un fumier. Je ne laisserai pas la naïveté d'Anastasia lui faire courir un risque avec ce mec.
- Je suis certain qu'Anastasia ne se mettrait jamais en danger avec un homme pareil.
- Ah non ? Je vais vous dire ce qu'elle a fait ensuite.
Quelle petite menteuse sournoise et... je grince des dents, en m'étouffant de rage.
- Malgré la menace de Leila et de son arme, malgré sa promesse de ne pas quitter l'immeuble de SIP - ce qui m'a poussé à accepter que Sawyer de la suive pas à l'intérieur - Ana est quand même sortie sans escorte à l'heure du déjeuner. Dieu merci, je me doutais que je ne pouvais pas lui faire confiance, aussi j'avais ordonné à Sawyer de surveiller l'entrée, le seul accès à SIP. Il l'a vue partir et il l'a suivie pour assurer sa sécurité.
- Dites-moi un peu, Christian, qu'est-ce qui vous trouble le plus : qu'Anastasia ait désobéi à vos instructions ou bien qu'elle ait - selon vous - couru un risque.
- Les deux. C'est la même chose. Je tiens à m'assurer qu'elle ne risque rien, aussi je lui ai donné des instructions - des ordres - dans ce but. Quand je l'ai appelée après le déjeuner pour la confronter à son irresponsabilité, elle a réagi d'une façon étrange... En fait, ça m'a à la fois troublé et choqué
- Pourquoi ? Qu'a-t-elle dit ?
- Elle m'a demandé de lui donner de l'espace, parce que je l'étouffais. Moi, je l'étouffais ! Elle paraissait très en colère et bouleversée, ce qui m'a inquiété un moment - j'ai même cru qu'elle allait décider de rompre. Elle ne l'a pas fait ; elle m'a juste dit que nous en parlerions ce soir. J'ai besoin de votre avis, John ; j'ai besoin de comprendre ce qui se passe ; j'ai besoin de prendre du recul avec mes émotions. Je cherche à la protéger, pas à l'étouffer. Même moi, je réalise que ce n'est pas bon si Anastasia ressent ça. Mais que puis-je faire d'autre, dans les circonstances actuelles ? Je m'inquiète vraiment de la réaction qu'Ana a eue... et maintenant, je dois attendre jusqu'à je ne sais quelle heure pour réparer les dégâts. Son salopard de patron la force à travailler plus tard sous le prétexte fallacieux qu'elle ne pourra l'accompagner à New York.
- Je m'étonne quand même que sa réaction vous surprenne, Christian. À votre avis, que ressent- elle ? Demandez-vous ce que vous vous éprouveriez à sa place. Vous pensez bien trop à un drame potentiel, mais vous n'accordez aucune réflexion aux restrictions que votre réaction exagérée implique pour une jeune femme qui, ainsi que vous me l'avez déjà dit, a toujours été très indépendante. Vous devez vous souvenir qu'Anastasia n'est pas l'une de vos soumises ; elle n'a pas accepté de vous donner le contrôle de son existence, donc, ce n'est pas à vous de prendre les décisions à sa place. Je sais bien que vous le souhaiteriez, mais vous ne pouvez la protéger de tous les risques, c'est impossible. Considérant votre nature et votre éducation, je comprends bien sûr votre besoin d'agir, mais soyez prudent. Vous risquez d'obtenir un résultat inverse à celui que vous visez. À l'avenir, Anastasia peut très bien décider de vous cacher ses opinions et ses choix afin que vous ne soyez pas tenté d'intervenir. C'est une jeune femme libre, décidée et impulsive. Elle n'a pas besoin de votre approbation pour prendre des décisions - sauf si elle-même le décide.
- Justement... à ce propos... Comme vous le dites vous-même, je n'ai aucun droit sur Anastasia dans l'état actuel des choses - si elle est malade, je n'aurai légalement aucune décision à prendre concernant son traitement ; bien qu'elle n'ait pas d'argent, je ne peux la forcer à accepter le mien, ni l'obliger à recevoir mes cadeaux... Vous savez pourquoi elle a fait cette enchère ridicule concernant mon appartement à Aspen l'autre jour au bal masqué ? Parce que j'avais trouvé le moyen de déposer quelques fonds sur son compte en banque - elle n'en voulait pas. Si j'étais son mari, ce serait différent.
- Je vois. Vous pensez déjà à proposer à Anastasia de l'épouser.
John paraît surpris ; il fronce les sourcils en prenant rapidement quelques notes dans son dossier.
- Oui, dis-je fermement. Ce week-end, Ana et moi sommes allés à l'hôtel, nous nous sommes enregistrés comme mari et femme. Ça m'a fait réfléchir. J'ai vraiment apprécié de voir Anastasia présentée comme mon épouse. J'aime le message que ça envoie à tous les autres connards : elle est prise - elle est à moi.
- J'imagine très bien que c'est tentant pour un homme aussi possessif que vous l'êtes, Christian. Avez-vous déjà parlé Anastasia de ce projet ?
- Non, pas encore. Je pense que c'est trop tôt, mais c'est ce que je ressens... Ouaip, c'est ce que je veux, et je ne vois pas l'intérêt de patienter en perdant du temps. J'ai toujours été direct et décisif, c'est une force, un attribut indispensable pour réussir dans les affaires. Il faut savoir ce qu'on veut obtenir et faire n'importe quoi pour atteindre son but. Je ne veux plus jamais perdre Anastasia ; je ne veux aucune autre femme ; je ne veux pas la voir avec quelqu'un d'autre. Aussi, l'étape la plus logique est qu'elle devienne ma femme. De ce fait, j'aurai enfin le droit légal d'être impliqué dans tous les aspects de sa vie - de la garder en sécurité - de la protéger.
John se renfonce dans son fauteuil pour m'examiner intensément pendant une minute ou deux, tout en tapotant sa lèvre de son doigt.
- Manifestement, Christian, vous n'avez aucune expérience avec les femmes...
Je lève un sourcil sceptique à cette assertion grotesque, aussi il ajoute rapidement :
-... autre que sexuelle, bien entendu. Vous ne réalisez pas qu'un contrat de mariage n'a rien à voir avec un contrat commercial. Même si vous étiez l'époux d'Anastasia, vous n'auriez aucun droit de lui dicter ce qu'elle peut ou ne peut pas faire. En vérité, cela ne vous autoriserait pas à la faire obéir.
- Non, je m'en doute, mais ça me donnerait quand même un peu plus de contrôle que je n'en possède actuellement. Si elle n'est que ma maîtresse, elle est vulnérable : c'est une cible qui peut attirer toutes sortes de tarés - et je ne peux même pas la forcer à accepter ma protection. Je voudrais simplement qu'elle bénéficie des avantages de ma fortune, je veux tout partager avec elle, je veux lui rendre la vie plus facile. Actuellement, sa stupide fierté fait obstacle entre nous. Je voudrais aussi prouver au monde entier que je suis dévoué à Anastasia... parce que... parce que je l'aime.
- Ah, enfin ! voici la véritable raison qui vous pousse à désirer ce mariage. Parce que vous aimez Anastasia. Oui, cette fois, nous y sommes. (John sourit.) Écoutez, je pense que la perspective de demander Anastasia en mariage est une bonne chose. Mais vous devez apprendre à marcher avant de vouloir courir. Votre priorité doit être de communiquer avec elle de façon plus efficace et d'éviter les confrontations qui ne peuvent que créer des dégâts. C'est une étape indispensable si vous voulez atteindre votre but ultime : le mariage. Cette jeune femme est de toute évidence intelligente, aussi expliquez-lui davantage pourquoi vous vous inquiétez pour sa sécurité, impliquez-la dans les décisions que vous prenez. Si vous vous contentez de hurler des ordres, vous la pousserez inévitablement à la colère, au ressentiment et à la rébellion.
- Je veux simplement la protéger, John ! Je ne veux pas qu'elle soit souillée par les emmerdes de mon passé. Je ne veux pas la voir bouleversée ou inquiète. Vous ne trouvez pas ça normal ? Pourquoi m'en voudrait-elle ? Je n'arrive vraiment pas à comprendre les femmes.
- Je vais vous citer une phrase du grand Oscar Wilde : « les femmes veulent être aimées, pas comprises ». Christian, mon avis est que vous n'insultiez pas l'intelligence d'Anastasia. Prenez en compte ce qu'elle ressent et ce qu'elle pense ; évitez d'ignorer ses avis ou, pire encore, de considérer que vous savez mieux qu'elle ce qui est bon pour elle. Discutez avec Anastasia, demandez-lui son opinion, détaillez-lui vos arguments. Si vous voulez l'épouser, il faut que vous commenciez à la considérer comme une partenaire et non comme une possession supplémentaire.
- Très bien, John, je comprends ce que vous voulez dire, même si je ne suis pas d'accord avec tout. Dites-moi... vous ne considérez pas un mariage entre nous comme une catastrophe ? Vous pensez que je peux le faire ? Franchement, je n'ai jamais cru qu'un homme comme moi pourrait envisager de se marier, mais depuis que j'ai rencontré Anastasia, il me semble voir s'ouvrir d'innombrables possibilités. Je voulais m'assurer que vous ne me pensiez pas indigne d'elle - bien entendu, je le suis... je ne lui ai même pas tout avoué à mon sujet. Je sais bien qu'elle ne quitterait dans le cas contraire.
Quoi, Grey ? Tu penses à la véritable raison qui te pousse à tabasser les petites brunes aux longs cheveux et à la peau pâle ? Tu es un vrai salopard, ne l'oublie jamais. Tu es un malade, un pervers, un dépravé.
Je fixe John - il a toujours été parfaitement franc et honnête envers moi, sans jamais me dorer la pilule ou de me raconter des conneries. C'est ce qui me plaît en lui, malgré son côté Britannique coincé à l'accent bizarroïde. Lui aussi n'est pas à sa place à Seattle, en quelque sorte. Et bien qu'il connaisse ce qu'il y a de pire en moi, il n'a jamais paru s'en effrayer.
- Ce que je vous conseille, Christian, c'est de faire un seul pas à la fois. À mon avis, tant que vous vous efforcez à tout prix de maintenir ouverte la communication entre vous, je ne vois pas ce qui vous empêche d'espérer un heureux mariage avec Anastasia. C'est un but qui ne peut que vous motiver. Je crois qu'apprendre à vous appuyer l'un sur l'autre, à bien connaître vos forces respectives et vos vulnérabilités, serait une excellente thérapie - pour tous les deux.
Quoi ? Une thérapie pour Anastasia ? John penserait-il qu'elle aussi a besoin d'être aidée ?
Quand je quitte le Dr Flynn, à la fin de notre rendez-vous, je me sens quelque peu rassuré. Au moins, mon psy n'a pas paru horrifié par mon idée d'épouser Anastasia.
Il ne l'a pas rejetée d'emblée.
***
- Combien de fois dois-je te répéter de foutre la paix à Anastasia ?
J'aboie ces mots au téléphone à peine Elena a-t-elle décroché, sans même se soucier de lui dire bonjour. Je suis très surpris de l'entendre éclater de rire.
- Ainsi, elle est venue immédiatement tout déverser dans ton giron. Je dois dire que tu l'as bien dressée, du moins dans ce domaine. Dommage que ce ne soit pas le bon.
Je grince des dents.
- Comment as-tu récupéré son adresse mail ?
- Oh, je me suis contentée de téléphoner au standard de SIP, c'est tout. Je ne pensais pas que l'adresse mail d'Anastasia était un secret d'importance nationale. Je te signale que des auteurs potentiels peuvent avoir besoin de la contacter directement.
- Comment savais-tu où elle travaillait ? Dis-je, de plus en plus soupçonneux.
- C'est ce vieux fou d'Eccles qui me l'a dit samedi, pendant le bal masqué. Tu sais, ta petite Anastasia était le principal sujet de nombreuses conversations, comme tu peux l'imaginer. (Elle sourit d'u air moqueur.) Après tout, la plupart des invités, y compris ta chère famille, te croyaient gay. Si seulement ils savaient la vérité, hein ?
À nouveau, Elena éclate d'un rire aigu que je trouve horripilant. Je ne vois pas du tout l'humour de la situation.
- Elena, ça ne me plaît pas que tu trafiques derrière mon dos. Je pensais t'avoir exprimé mes désirs, plusieurs fois. Je t'ai spécifiquement demandé de foutre la paix à Anastasia, si tu te rappelles bien notre dernière conversation téléphonique. Je suis ravi qu'Ana m'ait transféré ton mail en me demandant de gérer le problème. Bordel, mais quand vas-tu enfin comprendre ? Elle n'a pas envie de te connaître ; elle n'a pas envie de te fréquenter ; elle n'a pas envie de faire ami-ami avec toi. De plus, ta prétention de « remplir les blancs » ne me plait pas du tout.
- Ah, est-ce que j'aurais touché un point sensible ? Tu as peur que je lui dévoile quelque chose que tu lui as soigneusement caché, c'est ça ? Dis-moi, je ne te trouve pas très honnête. D'après ce que j'avais compris, tu désirais à voir avec cette petite Anastasia une « véritable » relation - même si je ne sais pas trop ce que tu entends par là.
- Et ça ne te regarde pas !
- Non ? Tu crois ça ? Christian, sois raisonnable, je voulais juste faire un dernier essai pour aplanir les choses entre nous. Tu sais, je comprends enfin à quel point elle compte pour toi si tu acceptes de réprimer tes besoins et désirs...
Merde, même au téléphone, j' « entends » son sourire félin !
-... mais, enchaîne Elena après une pause minime, ça ne sera pas facile pour un homme comme toi, aussi j'ai pensé que vous auriez tous les deux besoin d'assistance. Je m'inquiète à ton sujet, Christian. Même si ta famille ne comprend pas tes problèmes, moi je le fais, tu le sais bien. Il n'y a personne qui peut t'offrir le même genre de soutien et de compréhension que moi. Je considère donc comme mon devoir de t'aider.
- Je ne veux pas de ton aide, Elena.
- Écoute, c'est très gentil de ta part, Christian, c'est par délicatesse que tu refuses de me charger d'un tel fardeau, mais je serai toujours là pour toi, quoi qu'il arrive.
- Quoi ? Moi, j'agirais par délicatesse ? Et tu prétends me connaître ? (Je ricane avec amertume. Je sais combien Elena déteste ça.) Je n'ai pas besoin de ton aide, Elena. Anastasia n'en a pas besoin non plus. Bordel, fous-nous la paix et arrête de te mêler de ce qui ne te regarde pas, c'est mon dernier avertissement.
- Comme tu veux, Christian. Quoi que tu en dises aujourd'hui, je serai là, je t'attendrai. Rappelle-toi bien que j'ai toujours été la plus fidèle amie. Je serai là pour toi, comme toujours. Si tu as besoin de moi, je ne t'abandonnerai pas. Pense à ce que nous avons traversé ensemble, toutes les expériences que nous avons partagées... quelle que soit la relation que tu penses avoir avec Anastasia, ce qui existe entre nous ne changera jamais, et tu le sais.
- J'ai dorénavant Anastasia dans ma vie, je n'ai besoin de rien d'autre. J'apprécie que tu t'inquiètes pour moi, mais c'est totalement inutile. Adieu, Elena.
- Au revoir Christian. Prends bien soin de toi. J'attendrai de recevoir de tes nouvelles.
En raccrochant, j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu mon temps. Elena n'a rien compris ! J'ai affirmé à Ana avoir réglé le problème, mais j'ai comme un doute... et merde !
Je suis dans un tel état après ce coup de téléphone que j'accueille avec joie la distraction que me procure une session avec Claude Bastille mon entraineur personnel. Je ne suis pas concentré... du coup, je me retrouve sur le cul plusieurs fois.
Je ne peux pas dire que ça améliore mon humeur. ***
Je suis plutôt nerveux au moment où Anastasia monte dans la voiture, quand je vais la chercher après son travail. Je ne sais pas au juste si elle est encore en colère contre moi. D'après Flynn, il faut que j'apprenne à communiquer de façon plus efficace, aussi je décide de lui poser directement la question.
- Tu es toujours en colère ?
- Je ne sais pas, murmure-t-elle.
Elle ne paraît pas trop en colère. Quand je lui prends la main pour l'embrasser doucement, elle ne fait aucun geste brusque pour me la retirer. Ça me paraît de bon augure.
- Ça a été une journée de merde, dis-je.
- En effet.
- C'est mieux maintenant que tu es là.
Et c'est la vérité. En me retrouvant auprès d'elle, je commence à me détendre et à faire baisser ma tension. Juste parce que je peux la toucher, et la sentir auprès de moi.
Le trajet jusqu'à l'Escala ne prend pas longtemps. Quand Taylor nous dépose devant l'entrée principale, nous courons rapidement sous la pluie, puis nous attendons tous les deux devant l'ascenseur. Je suis absolument furieux contre moi-même, parce qu'Anastasia me surprend à inspecter les alentours.
- J'en déduis que tu n'as pas encore localisé Leila ? Demande-t-elle.
- Non, Welch est toujours à sa recherche.
J'ai les dents serrées de rage, je trouve très frustrant que Leila paraisse avoir disparu de la surface de la terre. Elle ne surgit que quand ça lui chante.
Quand l'ascenseur arrive, nous y montons tous les deux. Et dès que les portes se referment, il y a à nouveau cette électricité vibrante entre nous, surtout dans un espace confiné. Je la veux. Maintenant. Tout de suite. Quand je regarde Anastasia, elle a dans les yeux cette expression qui exige aussi d'être baisée à la seconde.
- Tu le sens ? Dis-je dans un murmure.
- Oui.
- Oh, Ana.
Avec un gémissement, je l'empoigne et je lui renverse la tête pour l'embrasser. Je sens ses doigts se resserrer sur mes cheveux pour m'attirer la tête plus près d'elle. Je ne sais comment, nous terminons tous les deux plaqués contre la paroi de la cabine, le souffle court, excités au-delà de toute raison.
- Je déteste me disputer avec toi.
Toute la pression qui s'est accumulée durant la journée se dissipe enfin pendant que nous nous embrassons, passionnément, nos langues dansant l'une contre l'autre, nos mains redécouvrant avec ardeur le corps de l'autre. Quand je caresse la jambe d'Ana en passant sous sa jupe, je fais une découverte qui me rend encore plus sauvage.
- Nom de Dieu, tu portes des bas.
Avec un grognement, j'effleure la peau soyeuse à la limite de la dentelle - j'ai toujours trouvé les bas incroyablement érotiques chez une femme.
- Je veux te voir, dis-je encore.
Jamais je ne pourrai attendre jusqu'à ce que nous nous trouvions dans l'appartement. Je suis bien trop survolté et désespéré, je relève la jupe d'Anastasia pour me repaître du spectacle de ses jambes superbes gainées de soie. Je gémis, puis j'appuie sur le dernier bouton de l'ascenseur, ce qui nous bloque entre le vingt-et-unième et vingt-deuxième étage. J'ai toujours su qu'un jour, je baiserai Anastasia dans cet ascenseur, apparemment c'est aujourd'hui.
On n'entend dans la cabine que le soufflement rauque de nos deux respirations. Nous nous fixons dans les yeux ; Anastasia est appuyée sur la paroi du fond.
- Relâche tes cheveux.
Je veux voir combien elle est belle, sauvage et libérée. Anastasia enlève sa barrette et laisse la masse luxurieuse de ses boucles s'écrouler sur ses épaules et sur ses seins.
- Défais les deux derniers boutons de ta chemise.
Lentement, Anastasia obéit à mes ordres, et j'aperçois le renflement de ses seins fantastiques. - As-tu seulement idée de combien tu es belle en ce moment ?
J'ai la voix rauque, cassée, je suis bien trop excité en la regardant.
Elle secoue la tête, puis elle mordille sa lèvre renflée, délibérément, sachant l'effet que son geste a sur moi. Je ferme les yeux en cherchant à déglutir, pour tenter de retrouver un brin de contrôle. Puis je m'approche et pose les deux mains de chaque côté de son visage, l'emprisonnant sans même la toucher. Quand elle lève sur moi ses prunelles si bleues et envoûtantes, je me penche pour frotter mon nez contre le sien.
- Je pense que tu le sais, Miss Steele, je pense que ça te plaît de me rendre fou.
- Est-ce que je te rends vraiment fou ? Murmure-t-elle, les yeux plantés dans les miens.
- Absolument, Anastasia. Tu es une sirène, une déesse.
Il faut que je la prenne. Je crochète sa jambe et la soulève autour de ma taille. Maintenant, elle est directement plaquée contre mon érection rigide et douloureuse, mon sexe réclamant un contact avec elle. Anastasia gémit en renversant la tête en arrière, aussi j'embrasse et je mordille la douce colonne de sa gorge, tout en humant son odeur unique et enivrante. Ça me fait basculer. Nous avons tous les deux besoin de baiser.
- Je vais te prendre, maintenant.
Elle cambre le dos pour se frotter contre moi, elle est aussi désespérée que moi.
Je récupère dans ma poche un des préservatifs que j'emporte partout, ces derniers jours, puis je détache rapidement ma fermeture éclair. Vraiment, je n'en peux plus d'attendre de pouvoir la baiser sans avoir ce genre de précautions à prendre. Ce délai insupportable de découper l'emballage et de rouler la capote sur mon sexe me paraît absolument odieux.
- Bon Dieu, heureusement que ça sera fini dans six jours, dis-je dans un grondement. (Puis je baisse les yeux sur ce qu'elle porte.) J'espère que tu ne tenais pas particulièrement à cette culotte.
Sans même attendre sa réponse, j'arrache la dentelle, je n'ai pas de temps à perdre en l'enlevant.
Et je m'enfonce en elle, d'un seul coup, savourant sa moiteur brûlante qui englue mon sexe désespéré. Oh oui ! Que c'est bon ! Je trouve toujours dément de baiser Anastasia. Lentement, je me retire, avant de m'enfoncer jusqu'à la garde une fois de plus. Ensemble, nous gémissons de plaisir.
Nous sommes totalement connectés, nous avons tous les deux ce besoin primaire sinon primitif de nous unir.
- Tu es à moi, Anastasia.
- Oui. À toi. Quand l'accepteras-tu enfin ? Gémit-elle.
Je ne cesse d'aller et venir en elle, la remplissant complètement. Elle est serrée comme un gant parfaitement adapté à ma queue. Elle est parfaite, parfaite pour moi, et rien que pour moi. Mon Anastasia.
Tout à coup, je commence à bouger vraiment, en resserrant sa jambe autour de moi, la verrouillant à moi tandis que je la martèle, fort, profond ; Anastasia renverse le bassin pour mieux s'offrir, accordant ses gestes aux miens, me réclamant encore plus loin en elle, pour que j'atteigne le cœur même de son être.
Et nous continuons, encore et encore, je la réclame comme mienne à chaque coup de reins, à chaque va-et-vient de ma queue en elle. Elle est à moi. Je suis à elle. Plus rien d'autre n'existe.
- Oh, baby.
Je la sens se crisper autour de moi, puis exploser avec des spasmes enivrants. C'est une sensation exquise, aussi je me perds en elle, en hurlant son nom tandis que je jouis.
- Ana. Mon Ana.
***
- Taylor va se demander où nous sommes, dis-je avec un sourire, tout en remettant l'ascenseur en route.
J'imagine qu'il sera surpris d'arriver avant nous par l'ascenseur de service, alors qu'il a perdu du temps à contourner l'immeuble pour entrer dans le garage souterrain. Bien entendu, il comprendra ce que nous faisions, devinant que l'ascenseur est brièvement devenu une petite tanière intime. Ça ne lui posera aucun problème. Il sait que nous ne risquons rien enfermés là-dedans.
Anastasia tente en hâte d'aplatir ses cheveux et d'ajuster ses vêtements tandis que l'ascenseur parcourt les derniers mètres.
- Ça ira, dis-je, un peu moqueur.
Pourquoi se donner la peine de cacher l'évidence de ce que nous avons fait alors que Taylor le saura, sans le moindre doute ? D'ailleurs, si j'ai envie de baiser ma compagne dans un ascenseur, sans que personne nous voie, je ne vois pas pourquoi je m'en priverais. Je fais exactement ce que je veux, comme je viens de le démontrer. C'était une baise d'enfer, qui nous a fait à tous les deux le plus grand bien. Je me sens beaucoup plus calme.
Taylor nous attend dans l'entrée quand nous émergeons de la cabine.
- Un petit problème avec ascenseur, dis-je aimablement.
Ana s'empourpre de la tête aux pieds et s'enfuit dans le couloir en direction de la chambre sans même oser le regarder. Je suis sûr de voir sur le visage en général impassible de Taylor un bref éclat d'admiration. Ouais, parfaitement, je l'ai baisée dans l'ascenseur, et alors ?
Je vais jusqu'à son bureau, sachant qu'il y a une caméra de sécurité dans l'ascenseur. Je tiens à effacer toute trace de notre petit interlude sexuel, mais je pense préférable de ne rien en dire Anastasia.
Elle s'affolerait, j'en suis certain. Jamais plus elle ne se montrerait aussi débridée en sachant que nous sommes, en permanence, sous l'œil indiscret d'une caméra.
***
J'ai pris à cœur les conseils de Flynn concernant la communication avec Anastasia, aussi dans la soirée, tandis que nous nous retrouvons assis ensemble devant le comptoir de la cuisine, à déguster le repas que Mrs Jones nous a préparé, je lui explique ce que j'ai fait durant la journée à GEH. Je lui parle d'un nouveau téléphone cellulaire avec batterie solaire que ma société cherche à développer, je pense qu'il y a là un potentiel fantastique pour les pays sous-développés qui, bien sûr, ont des difficultés à obtenir de l'électricité.
Ana m'écoute avec attention tandis que je parle, puis elle m'interroge sur la façon dont je vois l'avenir et le développement de ce genre de technologie. C'est très important pour moi de constater à quel point elle est intéressée, combien elle veut en savoir davantage sur ce projet pour lequel je me passionne. Apparemment, nous partageons les mêmes valeurs, le même besoin d'aider le Tiers-monde, de faire une différence pour ceux qui n'ont rien sur la terre. La voir aussi compréhensive me la fait aimer davantage.
Tu ne partages pas seulement avec elle un sexe fantastique, pas vrai, Grey ? C'est une femme absolument unique. Il n'en existe pas une sur un million - un milliard. En fait, il n'existe personne d'autre comme elle. Tu as une chance étonnante, ne t'avise pas de perdre Anastasia. Jamais.
Pour une raison que j'ignore, Ana paraît soulagée d'apprendre que je ne possède que trois biens immobiliers : mon appartement-terrasse à l'Escala, un pied-à-terre à New York, et mon chalet à Aspen. Bien sûr, j'ai aussi l'intention d'acquérir une maison - ou du moins un terrain -, avec vue sur le Sound, mais je ne lui en parle pas pour le moment, au cas où ce projet n'aboutirait pas.
Anastasia a manifestement quelques ajustements à faire avant de s'habituer à mon mode de vie, par exemple elle se met instinctivement à débarrasser notre couvert, oubliant que Mrs Jones se charge de ce genre de tâches.
À contrecœur, Anastasia dépose les assiettes dans l'évier. Je reprends avec un léger sourire :
- Très bien, à présent que tu es plus docile, Miss Steele, et si nous parlions de ce qui s'est passé aujourd'hui ?
- Je pense que c'est toi qui es plus docile, je crois que je m'en sors bien pour te dompter.
- Me dompter ?
Je ne peux retenir un ricanement de dérision. Ana ne m'a pas vu aujourd'hui à GEH - tout le personnel a rasé les murs avant que je ne parte rencontrer John Flynn... Je la regarde avec attention. S'il s'agissait d'une autre, je lui ferais sans doute passer l'envie de me défier - de façon violente et brutale -, mais avec Ana, je dois chercher un compromis...
Elle n'a pas tort, Grey, tu n'es pas tellement dominant ces derniers jours, pas vrai ?
- Oui, peut-être bien, Anastasia, finis-je par admettre.
- Tu avais raison concernant Jack, déclare-t-elle alors à mi-voix.
Cette fois, mon sang se fige - avant de bouillonner. Je le savais. Bordel, je le savais, ce mec est un vicelard. Qu'est-ce qu'il a pu lui faire, bon Dieu, pour qu'elle réalise enfin sa vraie nature ?
- Il a tenté quelque chose ? Dis-je d'une voix mortellement calme.
Si c'est le cas, je vais le tuer, je jure que je vais le tuer, mais pas avant de l'avoir massacré à coups de poing. Je sens déjà ma colère bouillir, prête à exploser, je sais très bien que je suis capable dans ce cas de perdre tout contrôle, comme quand j'étais adolescent. Je fais un effort surhumain pour contenir ma rage, je veux d'abord savoir ce qui s'est passé.
Ana secoue la tête.
- Non, Christian, il ne le fera pas. Aujourd'hui, je lui ai dit que j'étais avec toi et il a aussitôt battu en retraite.
C'est peut-être ce qu'elle croit, la pauvre innocente, mais je ne fais toujours pas confiance à cet enfoiré.
- Tu es sûre ? Je pourrais virer ce fumier.
Si ce connard a tenté de draguer Anastasia, il prend la porte, et je n'ai rien à foutre des protections légales qu'il a obtenues dans son contrat. Qu'il s'amuse à me faire un procès !
Butée, Anastasia affirme qu'elle peut s'en sortir seule. Que je dois la laisser combattre ses propres batailles et non la mettre en cage. En me souvenant de l'avis que m'a donné John Flynn durant notre session de cet après-midi, j'essaie de prendre en compte ses désirs et ses décisions. Il me faut utiliser tout mon self-control pour ne pas insister : je voudrais tellement qu'elle quitte son boulot, ou au moins elle accepte que je vire Hyde...
Merde ! Ne rien faire est contre ma nature contre tout ce auquel je crois - mes instincts protecteurs, mon besoin compulsif de contrôler le monde autour de moi, le...
Et là, Ana me laisse sans voix. Elle fait le tour du comptoir et se positionne entre mes jambes, alors que je suis toujours assis sur mon tabouret haut. Elle prend mes deux bras et les noue autour d'elle, les mains posées sur mes avant-bras. Je suis de plus en plus détendu quand elle me touche, il y a entre nous une connexion très forte.
- Tu ne peux pas intervenir dans mon travail. Ce n'est pas bien. Je n'ai pas besoin que tu déboules tel un noble chevalier à ma rescousse.
Elle cherche à me rassurer. Je n'ai rien d'un noble chevalier, baby, je suis le Chevalier Noir - surtout quand je pense au sort que j'aimerais réserver à Hyde.
- Je sais que tu veux tout contrôler et je comprends pourquoi, mais tu ne peux pas. C'est un objectif impossible... Tu dois apprendre à lâcher prise. Et si tu y arrives - fais-le pour moi -, alors j'emménagerai avec toi.
Elle me sourit et me caresse doucement la joue. J'en reste abasourdi.
- Tu ferais ça ?
- Oui.
- Mais tu ne connais rien de moi.
Je sens monter ma panique - comme la première fois où elle m'a annoncé qu'elle m'aimait. J'essaie de me maitriser.
Si elle savait la vérité - toute la sinistre vérité à ton sujet - elle s'enfuirait en hurlant, Grey.
- Je te connais bien assez, Christian. Tu ne pourrais rien me dire sur toi qui m'effraie au point de me faire fuir.
Tu te trompes, tu ne sais pas de quoi tu parles, ma douce innocente.
- Mais laisse-moi un peu d'air, je t'en supplie, insiste Anastasia.
Les mots de Flynn me reviennent : « Cette jeune femme est de toute évidence intelligente, aussi
expliquez-lui davantage pourquoi vous vous inquiétez pour sa sécurité... »
- J'essaie, Anastasia.
Je détaille donc à Ana pourquoi je ne pouvais la laisser aller à New York avec ce vicelard de Hyde : il a une réputation épouvantable envers ses assistantes
- Si tu étais blessée...
Je frémis. Cette pensée me tue. Je ne peux lui promettre de ne pas intervenir, surtout si je pense qu'il peut lui arriver quelque chose.
Je sais ce que je veux lui dire ensuite. J'en ai besoin mais c'est encore difficile. J'inspire profondément avant de me lancer. Je me souviens d'un vers de Shakespeare : « L'amour, un délicat enfant ? Il est brutal, rude, violent; il écorche comme l'épine. »
- Je t'aime, Anastasia. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi.
Ana me fixe, puis elle a le plus merveilleux des sourires et ses yeux s'illuminent d'une émotion intense.
- Je t'aime aussi, Christian, chuchote-t-elle.
Elle se penche pour m'embrasser. Le moment est parfait - magique. C'est la première fois que je
me lance à prononcer ces mots : je t'aime.
L'interlude ne dure pas. Taylor intervient avec un petit toussotement discret. Il essaye d'attirer mon attention, et ça le met manifestement mal à l'aise. Je sais bien qu'il doit avoir une raison valable, mais ce n'est pas pour autant que je suis ravi de le voir.
- Oui ? Dis-je.
- Mrs Lincoln est dans l'ascenseur, monsieur.
- Quoi?
Taylor hausse les épaules, comme pour s'excuser. Bordel, mais que peut encore vouloir Elena à cette heure ? Je soupire en secouant la tête. Ça ne m'étonne pas qu'elle se pointe au moment où tout s'arrange si bien - je n'ai même pas encore pu me faire à l'idée qu'Ana avait accepté de s'installer chez moi.
- Eh bien, ce devrait être intéressant.
Je sais bien qu'Ana ne peut supporter Elena. Je me résigne cependant à gérer la rencontre explosive entre la femme qui représente mon passé et celle qui est mon présent et - je l'espère - mon avenir.
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50 nuances de Grey version Christian. Tome 2 Passion
RomansaLa rencontre de Christian Grey, richissime homme d’affaires aux goûts extrêmes, avec Anastasia Steele, étudiante désargentée, l’a précipité dans une relation inhabituelle qui a irrémédiablement modifié son mode de vie. Quand Anastasia le q...