Chapitre 16

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Je remarque immédiatement que quelque chose ne va pas...
Déjà Ana sort tellement vite de l'immeuble que certainement elle court ou elle fuit - ; ensuite, une fois sur le trottoir, elle se fige un moment en vacillant, la main sur la gorge, la respiration courte. J'ai la sensation qu'elle cherche à reprendre son calme - pour une raison quelconque. Du coin de l'œil, je remarque que Taylor lui aussi s'est raidi, il a dû remarquer son comportement curieux.
Tout ça n'a duré qu'une seconde... et nous voyons en même temps Ana s'écrouler sur place, presque au ralenti. Ses jambes ne la soutenant plus, elle s'affale sur elle-même devant nous, sur le trottoir. Taylor et moi jaillissons de la voiture, très inquiets, et courons vers elle. J'ai l'adrénaline qui me jaillit de tous les pores, en imaginant ce qui a pu se passer.
- Ana, Ana, qu'est-ce qui ne va pas ?
Je tombe à genoux à ses côtés, puis je la prends dans mes bras, tout en cherchant frénétiquement à comprendre ce qu'elle a. Ma première idée - terrifiante -, c'est que Leila a réussi à s'enfuir, je ne sais comment, et qu'elle vient juste de tirer sur Anastasia avec un silencieux. Je vois Taylor scruter la rue, des deux côtés, la main sur son arme, aussi je devine qu'il a eu la même idée. Dieu merci, je ne trouve aucune blessure apparente sur Anastasia, pas de sang, pas de marques de balles, rien du tout.
Peut-être est-ce un contrecoup de ce qui s'est passé hier ? Peut-être s'est-elle évanouie parce qu'elle est malade ? Je vois bien qu'elle n'est pas encore remise tandis qu'elle s'appuie contre moi. Sidéré, j'essaie de la secouer doucement, pour voir si elle peut m'expliquer son malaise.
- Ana. Que se passe-t-il ? Tu es malade ?
Parle-moi, baby, dis-moi que tu vas bien, je t'en supplie, rassure-moi.
Ana a les yeux qui se révulsent, comme si elle était sur le point de s'évanouir. Elle est livide, mais elle secoue la tête.
- Jack, réussit-elle à bredouiller.
Non, merde ! Ce petit fumier n'a quand même pas... ? Quand je lève les yeux, je vois le visage de Taylor crispé de colère. Nos yeux se croisent, les siens expriment une question informulée - oui... Dès que j'acquiesce, il fonce à l'intérieur de l'immeuble avant que je puisse lui dire autre chose. Je ne donne pas lourd des chances de Hyde contre lui.
Bordel ! Qu'est-ce que ce vicelard t'a fait ?
Tout en parlant, je soulève Anastasia dans mes bras. J'ai le cerveau qui part en vrille, je sens une rage incandescente me traverser, enflammant le sang dans mes veines. Je vais le tuer. L'idée que ce salopard ait touché Anastasia, qu'il ait pu lui faire... Je vais le tuer, mais seulement après l'avoir massacré à coups de poing, je vais en faire de la charpie.
Tout à coup, Anastasia se met à rire, ce qui me surprend beaucoup. Ce doit être le choc, une crise d'hystérie.
- C'est plutôt moi qui lui ai fait quelque chose, dit-elle entre deux hoquets.
- Ana, il t'a touchée ?
Cette fois, je la secoue, plus fort, pour la faire parler ; j'ai besoin de savoir exactement ce que Hyde lui a fait... jusqu'où il a été... Peut-être lui a-t-il simplement dit quelque chose ? Peut-être n'y a-t-il pas eu d'attaque physique ?
- Juste une fois, répond-elle, d'une petite voix.
Juste une fois ? Donc, ce putain de fumier l'a bel et bien touchée. Ma rage explose en geysers, comme une coulée de lave ; elle devient virtuellement incontrôlable. Comment ai-je pu laisser arriver une chose pareille ? Bordel, je le savais ! J'ai toujours su que Hyde voulait coucher avec Anastasia - malgré ça, j'ai autorisé Ana à travailler pour lui et courir un risque... Et pourquoi ? Parce que je ne suis pas assez ferme envers elle. Merde, elle a réussi à me convaincre que son travail était important. J'ai été faible et cette ordure a touché celle qui m'appartient.
Je n'ai pas besoin d'entendre d'autres détails, ce geste inapproprié me suffit.
- Où est cet enfoiré ?
J'entends des hurlements à l'intérieur de l'immeuble, ce qui m'indique que Taylor n'a pas perdu de temps à retrouver ce misérable. Je le sais très protecteur vis-à-vis d'Ana, et vu son expression quand il est parti, j'imagine qu'il ne se préoccupera pas trop du politiquement correct en massacrant Hyde pour lui donner une leçon. Et je n'ai qu'une envie, c'est de le rejoindre.
Je remets doucement Anastasia sur ses pieds, en espérant qu'elle ne va pas s'évanouir une seconde fois. Elle est toujours blafarde.
- Tu peux tenir debout ?
Elle hoche la tête et se tourne vers moi. Je ne sais ce qu'elle voit dans mes yeux, mais elle se fige, l'air affolée.
- N'y va pas, Christian, me supplie-t-elle. Je t'en prie.
Elle a dû deviner mon instinct primitif de la défendre - et de me venger. Elle sent qu'à l'instant présent, je suis capable de meurtre.
- Monte dans la voiture, dis-je d'un ton sans réplique.
Je la veux en sécurité ; je la veux hors de mon passage, avant de m'assurer personnellement que Hyde reçoive la correction qu'il mérite. Il va découvrir qu'il n'est pas sain de s'attaquer à ce qui m'appartient.
- Christian, non ! S'écrie Anastasia, qui s'agrippe à mon bras et tente de me retenir
Je ne veux pas qu'elle me retienne, je tiens absolument à aller régler son compte à l'autre petit fumier. Je veux me venger, c'est mon droit. Et puis tout est de la faute d'Ana, merde ! Je lui ai dit de ne pas aller travailler ce matin, je l'ai presque suppliée de rester avec moi. Mais non, il a fallu qu'elle s'entête en prétendant devoir gagner sa vie. Je lui ai demandé de m'épouser pour pouvoir m'occuper d'elle, mais non, elle veut y réfléchir. Elle est crispante, elle est exaspérante, elle n'écoute rien. Je passe mon temps à me faire du souci pour elle, alors qu'elle n'en fait qu'à sa tête.
Elle est désobéissante et insupportable, Grey, tu as raison. Et tu comptes faire quoi au juste ?
- Bon sang, monte dans la voiture, Ana ! dis-je, en me libérant d'un geste brusque.
- Non ! Je t'en prie ! Reste. Ne me laisse pas toute seule, insiste-t-elle désespérée.
Cette fois, je me sens écartelé, d'un côté, je bouillonne de rage - je ne peux pas laisser ce fumier s'en sortir après ce qu'il a fait -, mais je sais aussi qu'il me faut veiller sur Anastasia.
Les hurlements deviennent plus aigus à l'intérieur de l'immeuble, puis tout à coup, c'est le silence. Je veux aller voir ce qui se passe. Je sais, sans l'ombre d'un doute, que Taylor est parfaitement capable de gérer Hyde, mais je veux que ce soit moi qui m'en charge. Alors que je sors mon BlackBerry pour vérifier ce qui se passe, je suis distrait par ce que m'annonce Anastasia.
- Christian, il a mes mails, avoue-t-elle.
- Quoi ? Dis-je, le ton lourd de menaces
- Les mails que je t'ai envoyés. Il voulait savoir où étaient tes réponses. Il a essayé de me faire chanter.
- Bordel ! Dis-je, dans un hurlement furieux.
Ainsi, c'est encore pire que prévu. Dès le début, j'ai suspecté Hyde d'être un tordu - plus compliqué qu'on pouvait le croire -, même si, pour le moment, rien n'a pu être prouvé contre lui. Je regrette de plus en plus de ne pas avoir exigé sa démission, quels que soient les problèmes encourus. De toute évidence, mon instinct n'a pas failli. Maintenant, il faut que je gère ce problème en limitant les dégâts. Si seulement Anastasia avait utilisé son putain de BlackBerry comme je le lui avais demandé, nous n'en serions pas là.
À cause d'elle, je n'ai aucun contrôle sur ma vie, tout est bouleversé.
Je suis plus calme, ayant quitté l'état d'esprit néanderthalien pour repasser en mode P-DG. D'abord, j'appelle Barney, en lui ordonnant de nettoyer ce merdier - qu'il accède au serveur de SIP et efface tout ce qui concerne Anastasia, aussi bien sur sa messagerie que sur les données personnelles de Hyde.
Ensuite, le téléphone à Jerry Roach, le gérant de SIP. Depuis le début, ce chieur hautain et prétentieux s'oppose au renvoi de Hyde « sans justification sérieuse ». Bordel, maintenant, il a un motif, ouais, il a tout ce qu'il lui faut. D'ailleurs, je veux que ce fumier dégage, à la minute, sinon je vais virer au maniaque dangereux. Roach comprend mon message cinq sur cinq - surtout quand je le menace de liquider la boîte à la première heure demain matin s'il ne s'exécute pas. Ma réputation me précède : je ne fais jamais de menaces, juste des promesses ; il le sait
En raccrochant, je réalise être à nouveau dans une rage folle envers Ana, parce que c'est à cause d'elle, à cause de son inconscience, de sa stupidité, de son entêtement... etc. que nous en sommes là ! Si elle était capable de suivre une instruction simple - par exemple, utiliser son BlackBerry quand je le lui demande -, tout ce merdier aurait pu être évité. Je n'ai qu'une envie, c'est lui coller la raclée de sa vie afin qu'elle ne puisse plus asseoir pendant une semaine. Peut-être comprendrait-elle la leçon, peut- être ne courrait-elle plus jamais un risque pareil...
Ou peut-être te planterait-elle, Grey. Et tu le sais. « Pas de punition », rappelle-toi de ta promesse.
Quand elle me demande de ne rien faire de stupide, j'ai vraiment du mal à garder mon self-control
- Stupide ? Je t'avais dit d'utiliser ton putain de BlackBerry, alors ne me parle pas de stupidité, et monte dans cette putain de voiture, Anastasia. Immédiatement.
Elle n'obéit pas - elle reste figée, l'air éberlué.
- D'accord, mais s'il te plaît, fais attention, chuchote-t-elle.
Je préfère ne pas répondre, j'aurais probablement du mal à décrisper mes mâchoires. Je lui désigne simplement la voiture du doigt, espérant que cette fois, elle obéira sans discuter - ce qui me changerait. Dans le cas contraire, je vais l'empoigner et la fourrer moi-même à l'intérieur.
- Je t'en prie, sois prudent, répète-t-elle, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. J'en mourrais.
Avec ce murmure suppliant, elle tourne vers moi ses grandes prunelles bleues que l'inquiétude assombrit. Elle sait très bien je suis au bord de la folie.
Ainsi, Anastasia s'inquiète pour moi, tout comme je m'inquiète pour elle. Il faut que je me calme. Je devrais déjà savoir que ça ne suffit jamais de lui donner un ordre. Je ne peux pas davantage m'attendre à ce qu'elle suive aveuglément mes instructions. D'ailleurs, elle ne comprend même pas les implications, elle ignore pourquoi je tenais à ce qu'elle utilise son BlackBerry... logique, je ne le lui ai pas expliqué. Je tente désespérément de la préserver des plus sombres aspects de la réalité, mais je commence à réaliser que ce n'est peut-être pas la meilleure façon de gérer les choses avec Anastasia.
- Je serai prudent, dis-je pour la rassurer, tandis qu'elle monte sur le siège passager de l'Audi. Ensuite, libéré de ce souci, je pénètre dans immeuble.
***
J'appelle Taylor pour savoir où ils sont.
- Au fond du couloir, sur la gauche, répond-il, devinant immédiatement ce que je veux lui demander.
- J'arrive.
Je les trouve dans la cuisine de SIP, Taylor maintient Hyde au sol d'un pied posé sur la poitrine. D'ailleurs, le fumier n'en mène pas large, il se tortille sur le carrelage comme un misérable ver, les deux mains crispées au bas-ventre, en gémissant des mots incompréhensibles.
Je serre les poings en tentant de garder ma colère sous contrôle, je n'ai qu'une envie, c'est de lui sauter dessus pour me mettra lui marteler la tronche.
- Si tu t'avises une fois de plus de toucher à Miss Steele, connard, je te bute, dit Taylor d'une voix létale dont la menace est immanquable.
En voyant le vicelard dans un tel état, je jette à Taylor un regard admiratif.
- Ce n'est pas moi, monsieur, apparemment, c'est Miss Steele qui l'a mis à terre.
Il a l'air tellement fier d'Anastasia que, pour la première fois, je comprends la nature du sentiment qu'il éprouve pour elle : ça doit ressembler à celui qu'il a pour sa fille, Sophie. Taylor avait le même temps admiratif, l'autre jour, en la félicitant pour sa note en mathématiques.
- Cette salope d'allumeuse m'a shooté dans les couilles, grogne Hyde.
- Je croyais t'avoir déjà dit de fermer ta gueule ! Gronde Taylor, tout en lui balançant dans les côtes un coup de pied bien placé.
- Grey, ta suceuse de bites n'a pas cessé de me chercher, c'est une chaudasse. Tu n'arrives pas à la satisfaire, c'est ça ? Elle reste avec toi pour ton fric... et tu le sais. À mon avis, tu es gay. Tu ne bandes avec une gonzesse, c'est ça ton problème, hein ? J'aurais pu la baiser, très fort. Si tu n'avais pas foutu en l'air mon voyage à New York, j'aurais montré à ta salope ce que c'était qu'un vrai mec. Elle en aurait pris plein sa petite chatte, elle aurait gueulé un grand coup, elle aurait appris où était sa place...
Je ne sais pas comment ce fumier a réussi à parler autant en quelques secondes ! Après un bref moment de choc, je vois rouge, littéralement, et je lui balance également un coup de pied pour le faire taire. Je me baisse et l'empoigne par les pans de son veston pour le soulever, je lève déjà un poing pour lui écraser la bouche quand je reçois au visage un relent de son haleine... Hyde pue l'alcool, ce qui me répugne. Il s'est aussi inondé d'un after-shave douceâtre et écœurant. L'idée que cette ordure ait pu s'approcher assez près d'Anastasia pour la toucher me donne envie de vomir.
Taylor s'agrippe à mon bras levé.
- Je sais que ce salopard mérite une raclée pour ce qu'il a fait à Miss Steele, monsieur, murmure-t-il à mon oreille, mais il en a déjà reçu assez. Il faut qu'il puisse marcher pour foutre le camp - et ce serait mieux qu'il n'ait aucune marque apparente au visage. Ne le tuez pas, il n'en vaut pas la peine ; il faut parfois savoir s'arrêter.
Il doit tout à coup se rappeler sa place parce qu'il ajoute, à haute voix.
- En tout cas, monsieur, c'est ce que je vous recommande.
Je sais que Taylor a de l'entraînement militaire ; c'est un expert au combat, surtout au corps à corps, il doit certainement connaître des techniques particulières, celles qu'on utilise pour interroger les terroristes dans les Forces Spéciales. Il connait les coups qui ne laissent pas de traces.
À travers la brume rouge de ma rage, je devine qu'il a raison. Je n'ai pas besoin d'un scandale qui risquerait d'éclabousser Anastasia. J'ai bien d'autres moyens pour me débarrasser de ce petit fumier.
- Debout, Hyde. Tu es viré pour harassement sexuel. Tu as cinq minutes pour ramasser tes affaires, puis tu seras escorté à la porte de cet immeuble par un agent de la sécurité. Une fois dehors, tu as intérêt à ne pas revenir. Je veillerai personnellement à ce que tu ne travailles plus jamais dans le monde de l'édition.
Sous le choc, le visage de Hyde devient livide ; quelque part, ça me procure un plaisir pervers.
- Tu n'as aucune autorité pour me virer, Grey, bredouille-t-il.
- C'est ce que tu crois ? Dis-je avec un ricanement glacial. Appelle Roach. Il te confirmera tout ce que je viens de dire.
- Je le savais ! Hurle Hyde tout à coup, hystérique. Je savais bien que quelque chose se manigançait. Espèce de connard, c'est parce que tu as fait Harvard, c'est ça ? Tu as utilisé tes connexions de l'Ivy League pour obtenir ce que tu voulais. T'es con ! Tu fais ça uniquement à cause d'une petite allumeuse que tu veux baiser ?
À nouveau, je sens Taylor s'agripper à mon bras, mais ce n'est pas nécessaire cette fois. Un calme glacial m'est tombé dessus, je me sens plus rien.
- Taylor, allez chercher les agents de sécurité. Il est temps de sortir ce déchet.
Cinq minutes après, deux vigiles arrivent, l'un à une quarantaine d'années, l'autre est plus jeune. Ils ont tous les deux le visage fermé, aussi je crains un moment qu'ils ne nous causent des difficultés, malgré les ordres que Roach a certainement dû leur transmettre.
Ce n'est pas le cas. Ils s'approchent de Hyde et lui indiquent, d'un ton glacial, de récupérer ses affaires avant de quitter l'immeuble. Je réalise tout à coup qu'ils ont sans doute des femmes, des compagnes, des filles peut-être... ils ont bien dû entendre certains bruits concernant la façon dont ce fumier abusait de ses assistantes.
Le plus jeune des deux reste en arrière tandis que son ainé escorte Hyde, il se tourne tout à coup vers Taylor et lui dit :
- Ce sera un grand soulagement, monsieur, d'être débarrassé de ce type-là. J'avais une amie, il y a quelques mois... (Son visage se crispe de colère et de douleur.) Victoria ne m'a jamais dit ce qui s'était passé, mais nous avons rompu. Elle n'a plus jamais été la même...
J'essaie d'imaginer ce que j'éprouverais si Hyde avait violé Anastasia. Je frissonne de tout mon corps à cette simple hypothèse. En regardant ce jeune homme, je ressens pour la première fois une parfaite empathie avec un autre être humain.
Nous attendons le temps que Hyde quitte l'immeuble, ce qui ne prend qu'une dizaine de minutes. Il tremble de rage et marmonne des menaces entre ses dents serrées. Je suis absolument certain que nous nous reverrons.
Je l'attends de pied ferme.
Un taxi attend devant SIP - sans doute celui qui devait l'emmener à New York. Merde, SIP n'aura aucun représentant à ce colloque finalement.
En me retrouvant, avec Taylor, devant l'Audi, je lui tends la main pour avoir les clés. Anastasia étant toujours sur le siège passager, je veux prendre le volant. Je suis encore en colère, à vrai dire, je suis encore enragé, mais je n'ai pas l'intention de lui parler avant que nous soyons en tête-à-tête, à l'Escala.
***
J'ai à peine démarré que mon BlackBerry sonne, je décroche sur le poste intégré de la voiture en « mains libres ». C'est Barney. Il m'indique avoir suivi mes ordres et je ne suis pas réellement surpris qu'il ait trouvé des renseignements inattendus dans l'ordinateur de Hyde. Par contre, je ne veux pas en discuter devant Anastasia, je ne sais pas au juste quel merdier pouvait collecter ce fumier, et j'estime qu'elle en a déjà suffisamment enduré pour la journée. Je jette dans le rétroviseur central un coup d'œil à Taylor, qui écoute, le regard étréci. Nous réglerons ça en arrivant à l'Escala.
J'indique à Barney que je rappellerai sous peu avant de raccrocher.
Je sens les yeux d'Anastasia posés sur moi avec intensité, elle meurt sans doute d'envie de savoir ce que Barney a découvert, mais elle ne dit rien.
Je suis heureux d'avoir pris le volant, ça me donne quelque chose sur quoi me concentrer. Je n'ai pas encore évacué la colère meurtrière que je viens de ressentir.
- Tu comptes me parler ou non ? Demande doucement Anastasia.
Je suis toujours enragé contre elle, surtout en évoquant les horreurs que Hyde m'a dites. Ana a bien failli... Bon Dieu, si ce fumier l'avait attaquée ou violée, rien n'aurait pu me retenir de le tuer - même pas Taylor. En y pensant, je préfère ne pas ouvrir la bouche. Je crains ce que je pourrais dire à Ana.
- Non, dis-je, les dents serrées.
Elle ne répond pas. C'est donc dans un silence total que nous finissons le trajet. Il est rare qu'Ana soit capable de tenir sa langue, mais pour une fois, j'apprécie qu'elle maitrise sa curiosité et ses questions. Je me gare devant l'immeuble, laissant à Taylor le soin de ranger la voiture au garage, puis je prends Anastasia par la main pour l'aider à sortir. Je l'entraîne ensuite jusqu'aux ascenseurs.
- Christian, pourquoi es-tu si en colère contre moi ? Demande-t-elle, affolée.
Merde ! Pourquoi a-t-elle besoin de me poser cette question ? La réponse n'est-elle pas évidente après ce qui vient d'arriver, après ce qu'elle a risqué ? Je l'aime, j'ai des sentiments très profonds pour elle, ce qui me terrorise. À cause d'elle, je suis vulnérable. Je voudrais l'enfermer et la protéger de tous les Jack Hyde qui existent au monde - ce n'est pas possible et ça me tue. Comment diable suis-je censé gérer une telle frustration ?
Dans l'ascenseur, je regarde enfin ma douce Ana et je ne peux me retenir de l'embrasser, pour la marquer une fois de plus de mon sceau. J'ai besoin de la tenir contre moi, afin d'expurger de mon cerveau les horribles visions d'elle avec Jack Hyde - qui me vrillent le crâne chaque fois que j'imagine ce qui aurait pu arriver, si ce fumier s'était avéré le plus fort.
C'est un baiser profond, désespéré... tandis que je la goûte, que je la sens, que je la hume... je m'accroche à elle en la plaquant contre moi, la possédant une fois de plus. Je me rassure qu'elle est toujours mienne, seulement mienne.
- S'il t'était arrivé quoi que ce soit... s'il t'avait fait du mal... dis-je, avec un frémissement horrifié.
Je n'arrive pas à terminer ma phrase - je n'arrive pas à prononcer à voix haute mon pire cauchemar. Aussi, je regarde Ana d'un air sévère et raffermis le ton pour ordonner :
- Ton BlackBerry. À partir d'aujourd'hui. C'est compris ?
Elle hoche la tête en silence tout en me regardant gravement. J'espère que cette fois, elle a compris.
Ce n'est pas trop tôt, Grey !
Je la relâche lorsque l'ascenseur s'arrête, puis je change de sujet :
- Il a dit que tu l'avais frappé dans les couilles ?
Je suis impressionné. Ana est toute petite, aussi qu'elle ait réussi à mettre à genoux une grosse brute comme Hyde est un véritable exploit.
- Oui, répond-elle, en haussant les épaules, comme si ce n'était rien.
- Bravo ! dis-je, sincèrement.
Dans le cas contraire, Hyde aurait pu... Non, une fois encore, j'interromps la suite de mes pensées. D'ailleurs, Ana m'explique d'où lui viennent ses talents :
- Ray est un ancien militaire. Il m'a appris certaines choses.
- Tu m'en vois ravi, il faudra que je m'en souvienne.
J'ai apprécié Ray Steele dès le jour où je l'ai rencontré et mon instinct ne m'a pas trompé. C'est le genre de père très protecteur que toute jeune fille mérite d'avoir, à mon avis. Je respecte encore plus ce mec-là aujourd'hui. D'un autre côté, il faudra que je me méfie : je n'ai aucune envie de recevoir un coup de genou dans les couilles si je me comporte mal, un jour, envers Ana.
Pour le moment, nous sommes tous les deux sains et saufs à l'Escala, et je peux enfin me détendre.
- Je dois rappeler Barney, dis-je à Ana, après un bref baiser. Je n'en ai pas pour longtemps.
Sur ce, je me dirige vers mon bureau. Je tiens absolument à savoir ce que Barney a découvert sur l'ordinateur de ce fumier, peut-être y a-t-il d'autres dégâts auxquels je dois parer le plus vite possible.
Y aura-t-il dans ma vie un seul jour sans emmerdes ? Je me le demande.
***
J'appelle Taylor pour qu'il écoute avec moi les révélations de Barney. Simplement, avant de passer le coup de fil, nous discutons brièvement de ce qui vient de se passer.
- Ainsi, Hyde tentait de faire chanter Miss Steele, monsieur.
Taylor m'a entendu avertir ce fumier, juste avant qu'il soit escorté hors de l'immeuble de SIP de ne pas chercher à contacter la presse ou ses avocats, sinon les miens en feraient de la charpie.
- Oui, il a eu accès à sa messagerie professionnelle et lu les mails qu'elle m'avait envoyés - puisqu'elle n'a pas écouté mes conseils d'utiliser son BlackBerry. Ça lui a suffi : il a compris qu'Ana savait quelque chose et il a voulu l'utiliser contre elle.
- Pensez-vous que c'est ce que Barney a découvert ?
- Je n'en ai aucune idée, Taylor, mais mon instinct m'indique qu'il s'agit d'autre chose.
Taylor se contente de me regarder, l'expression impassible. Je me rappelle qu'il n'était pas du tout aussi calme, dans cette cuisine, auprès de l'autre fumier... je tiens à lui exprimer ma reconnaissance.
- J'apprécie la façon dont vous avez traité ce salopard de Hyde - et, à dire vrai, la situation générale. Sans vous, ça aurait pu déraper.
J'étais dans une rage telle que, si Taylor ne s'était pas interposé pour me retenir, il me faudrait à l'heure actuelle, prendre bien d'autres mesures pour réparer les dommages commis.
- Il y a d'autres moyens de régler leur compte à des minables à grande gueule, marmonne Taylor, les sourcils froncés. Bien sûr, moi aussi j'ai eu envie de lui couper les couilles et les lui foutre dans la bouche, mais c'est plutôt... barbare comme traitement. Peut-être juste lui couper sa putain de queue de cheval ? (Taylor secoue la tête.) L'important, monsieur, c'est que ce vicelard ne puisse plus à l'avenir abuser de jeunes femmes innocentes comme Miss Steele.
Je le regarde, surpris. Bien entendu, je comprends qu'un ex-militaire au crâne presque rasé n'apprécie pas beaucoup les queues de cheval et les boucles d'oreilles, Taylor ne me paraît pas être le genre d'homme qui écoute son « côté féminin », sans doute parce qu'il n'en possède aucun.
Je suis étonné aussi par la véhémence de sa voix. Il paraissait si calme, professionnel et létal dans les bureaux de SIP, mais maintenant, il trahit sa véritable nature - en général, il la garde bien cachée. Quand il remarque mon regard, il se racle la gorge, gêné.
- Comme je vous l'ai dit, un salopard comme lui ne vaut pas la peine d'avoir des ennuis. C'est un mec manipulateur et vicieux, qui se serait précipité à la police ou à la presse s'il n'avait eu sur lui qu'une simple coupure.
En fait, si Taylor ne m'avait pas retenu, je ne suis pas certain que Hyde n'aurait reçu que quelques coups de poing. J'aurais aimé faire taire cette bouche immonde qui prononçait sur Ana de telles horreurs. Hyde cherchait à me provoquer, en prétendant que j'étais un gay incapable de la satisfaire. Je tremble de rage en pensant à cette ordure regarder Ana de son bureau, s'imaginer la baiser dans toutes les positions possibles.
Non... Grey, du calme. Oublie ce genre d'images dangereuses.
D'ailleurs, tout est de ma faute, j'aurais dû régler la situation bien plus tôt et empêcher Ana de s'approcher de Hyde - ou encore le foutre à la porte. Une chance encore que j'aie réussi à bloquer le voyage à New York, même si Ana était furieuse contre moi à l'époque. J'avais raison, depuis le début : Hyde voulait qu'elle l'accompagne pour la coincer dans une chambre d'hôtel. J'espère que, dans le futur, Ana se rappellera de son erreur de jugement quand elle s'opposera, de façon entêtée et irresponsable, aux conseils que je lui donne pour la protéger. Moi, contrairement à elle, je sais comment fonctionne l'esprit des hommes - surtout des Hyde de ce monde.
Parce que tu n'es pas si différent, pas vrai, Grey ? Toi aussi tu aimes « baiser très fort » ? Toi aussi tu aimes faire « gueuler un grand coup » les femmes en les martelant ? En fait, tu es exactement comme lui.
- Si Hyde avait attaqué Ana, dis-je d'une voix sans timbre, vous n'auriez pas pu me retenir. Je l'aurais tué.
- Dans ce cas, monsieur, j'aurais dû me débarrasser du cadavre, répond calmement Taylor, sans broncher.
Ah. Nous nous comprenons très bien. Nous lisons la même page du même livre. Nous sommes tous les deux aussi protecteurs envers les femmes qui partagent notre vie.
- C'est une chance que le beau-père de Miss Steele soit un ancien militaire, pas vrai ? Une chance également qu'il ait enseigné à sa fille des techniques d'autodéfense.
- Absolument, monsieur. Elle a été très efficace dans le coup qu'elle a balancé à Hyde. Quand je suis arrivé, il se tortillait sur le sol à moitié fou de douleur. C'était un vrai plaisir d'assister à un tel spectacle, je dois avouer avoir été impressionné. Quand on voit Miss Steele, on n'imaginerait jamais tant de courage et de détermination. Mince et fluette comme elle est, avec un gorille pareil, il lui a fallu garder la tête froide et agir au bon moment, pour placer son genou le plus efficacement possible. Je ferai la même chose pour ma fille, je tiens à ce qu'elle soit capable de se défendre en cas de nécessité.
Taylor ferme les yeux avec une grimace, aussi j'imagine qu'il imagine sa fille, Sophie, attaquée par un fumier comme Hyde. Il frémit et déglutit.
Je déclare avec force :
- Je veillerai à ce que Hyde ne travaille plus jamais à un poste de responsabilité, du moins à Seattle, je mettrai toutes mes ressources contre lui afin qu'il n'ait plus l'occasion d'abuser de jeunes femmes. Welch n'a pas encore obtenu de ses anciennes victimes un témoignage et je regrette amèrement de ne pas avoir suivi mon instinct en interdisant à Miss Steele de travailler pour lui.
Taylor me jette un regard sceptique qui ne cache pas son opinion : Ana n'aurait jamais accepté que j'intervienne dans sa vie professionnelle. Je commence à réaliser que nous ne devrions jamais sous- estimer la petite Miss Steele. Elle paraît fragile et timide, mais elle a véritablement un mental d'acier. Après tout, elle porte très bien son nom38, comme je m'en suis souvent fait la réflexion.
- Je vais téléphoner à Barney, dis-je enfin, en sortant mon BlackBerry.
Barney décroche immédiatement, il devait attendre mon appel. Je mets le haut-parleur pour que Taylor entende de son rapport de première main.
- Mr Grey, Hyde faisait des recherches sur vous - votre passé, vos associés en affaires, vos différentes propriétés... ce genre de choses, ce qui est déjà inquiétant. Mais ce qui me surprend davantage, c'est qu'il enquêtait également sur les autres membres de votre famille : vos parents, vos frère et sœur - et Miss Steele.
- Merde ! Ça ne me plaît pas du tout. Que voulait-il faire de ce genre d'informations ?
- Je n'en sais rien, monsieur, il n'y a rien qui indique ses motivations. Je pensais que vous deviez le savoir. Je vais vous envoyer par mail le détail exact de ce que j'ai trouvé.
- Bien sûr, faites-le. Envoyez-en un double à Taylor et à Welch. Nous verrons ensuite ce qu'il faut en faire.
Taylor intervient avec une question curieuse :
- Barney ? Y aurait-il des documents d'un genre... douteux sur l'ordinateur de Hyde ?
- Ce que j'ai trouvé me paraît extrêmement douteux, Mr T, proteste immédiatement Barney.
- Je pensais davantage à du matériel pornographique, des photos inconvenantes, des films, quelque chose comme ça.
- Ah, je vois. Non, il n'y a rien... et c'est curieux. D'après mon expérience, la plupart des mecs gardent du porno sur leur ordinateur au bureau, pour que leurs femmes ne tombent pas dessus. Mais SIP a un serveur extrêmement pointu pour empêcher tout accès Internet vers les sites à tendance pornographique. J'imagine que dans une maison d'édition, ils doivent être particulièrement vigilants à ce sujet. C'est la seule mesure correcte qu'ils aient mise en place, sinon le reste de leur sécurité ne vaut pas tripette. Je suis rentré là-dedans dès le premier jour comme dans un moulin. À mon avis, un gosse de deux ans aurait pu le faire aussi. Il va falloir une révision complète de tout leur système pour s'accorder aux standards de GEH
- Dès que le rachat de SIP sera officiel, vous vous en occuperez de façon prioritaire, Barney, dis-je fermement.
Je ne peux courir le risque qu'on pirate le système laxiste de SIP. Après tout, d'autres sociétés ont des informaticiens de valeur, même s'ils ne sont pas du niveau de Barney. Le mec est un véritable génie en informatique ; il vit, respire et se nourrit de langage binaire. Je ne l'ai jamais vu prendre un jour de congé, ni week-ends, ni vacances, parce qu'il adore son boulot - c'est sa façon de se distraire. D'ailleurs, lui aussi, comme Ana, est un exemple d'apparence trompeuse. Quand on le regarde, on croirait voir un clochard, d'une quinzaine d'années à peine, à moitié déjanté ou ivrogne. Je prends un pied d'enfer à voir la gueule de certains connards en costard, prétentieux et péteux, quand je leur présente Barney, mon directeur informatique.
- Bien entendu, Mr Grey, bougonne Barney. J'ai déjà tout préparé, je n'en aurais pas pour longtemps dès que vous me donnerez le feu vert.
Il paraît vexé, sans doute de m'entendre lui statuer l'évidence.
- Je parlais du porno, insiste Taylor, le visage crispé de dégoût, parce que Hyde me paraît un foutu salopard tordu qui devait utiliser le chantage sous toutes ses formes pour arriver à ses fins.
- Mr T, je n'ai eu accès qu'à son ordinateur professionnel, signale Barney. Je ne sais pas s'il en possédait d'autres, ni où il les conservait.
- Et concernant Miss Steele, il n'y avait pas de photos d'elle sur son ordinateur ? Dis-je pour m'en assurer.
J'ai un frémissement d'horreur à l'idée que ce fumier ait pu prendre des photos d'Ana. Heureusement que Taylor et Welch avaient inspecté en profondeur les bureaux de SIP. Ça ne m'aurait pas étonné que Hyde ait placé des caméras cachées partout, y compris dans les toilettes des femmes. Les seules caméras qui existent chez SIP sont celles de mon équipe de sécurité, malheureusement trop dispersées pour s'être avérées utiles concernant le comportement suspicieux de Hyde.
- Non monsieur, dit Barney, il n'y a rien. Du moins, pas sur l'ordinateur que j'ai examiné. Les seules photos que j'ai trouvées sont celles parues dans les journaux concernant votre famille.
- Essayez de voir si, à partir de là, vous pouvez retrouver une trace informatique d'autres comptes ou adresses.
Je sais que Barney adore ce genre de défi.
- Je m'en occupe déjà, indique-t-il.
- Très bien, tenez-moi informé si vous découvrez quoi que ce soit.
- Bien entendu. Mes mails avec les documents dont je vous ai parlés partiront d'ici peu. Peu après, je raccroche et me tourne vers Taylor.
- Voyez avec Welch, dis-je d'un ton sec. Je veux qu'il creuse plus profondément dans la vie de Hyde. Je veux tout savoir de cet enfoiré : son professeur de maternelle, ses scores SAT, son shampoing préféré, ce qu'il mange au petit déjeuner... et les noms de sa famille sur trois générations. Compris ?
- Je m'en occupe, monsieur, dit Taylor, avant de quitter mon bureau. J'ai tout à coup un besoin impérieux de retrouver Anastasia.
***
Elle est assise dans la cuisine, à siroter tranquillement un verre de vin blanc tandis que Gail Jones termine dans la cuisine les préparatifs du repas. J'ai vu ma gouvernante adresser d'innombrables sourires chaleureux à Ana, aussi je sais qu'elle est heureuse de la voir séjourner dans mon appartement. Bien entendu, je n'ai pas besoin de l'approbation de mon personnel : si Mrs Jones détestait ma compagne, ça ne changerait rien pour moi, mais leur entente rend cependant les choses plus faciles. Ce qui me plaît. Surtout que j'espère toujours voir Ana s'installer définitivement dans ma vie en devenant mon épouse.
J'ai toujours apprécié Mrs Jones : comme gouvernante, elle est efficace ; de plus, elle s'est avérée d'une discrétion exemplaire, ce qui, quand on considère le mode de vie que j'ai connu jusqu'ici, était pour moi d'une importance cruciale. Elle et Taylor sont les seuls à avoir accès à certaines zones de ma vie privée. Bien entendu, Gail Jones a signé un accord de confidentialité, ce que je réclame à tous mes employés, mais je suis parfaitement conscient que, si elle décidait de gagner un pactole en offrant son histoire à la presse, les dégâts seraient considérables, même si je lui faisais ensuite un procès pour rupture de contrat. D'ailleurs, c'est une des raisons qui me poussent à payer très largement mon personnel : je m'assure ainsi qu'ils n'aient pas de dettes exorbitantes, pour ne pas être tentés par les offres juteuses d'un paparazzi inventif. Ces gens-là sont des vautours toujours à l'affût de scandale pour alimenter leurs lecteurs fouineurs et indiscrets.
Après les événements d'aujourd'hui, je ne doute pas davantage des sentiments loyaux et protecteurs de Taylor envers Anastasia. Je suis assuré qu'il la protégera à tout prix. C'est une règle essentielle quand on devient riche et puissant : toujours s'entourer du personnel le plus parfait possible. Avec Gail Jones et Jason Taylor, je suis bien tombé.
Ana et moi dînons ensemble et dégustons le délicieux repas que Mrs Jones nous a préparé. Quand je remarque qu'Ana à l'air préoccupé, je lui demande pourquoi... et je suis sidéré d'apprendre qu'elle s'inquiète au sujet de son travail. Franchement ? Ne comprend-elle pas que, si je décide qu'elle a un travail, dans ce cas, elle l'a. Être la compagne du P-DG à des avantages, je suis le Maître de son Univers.
Peut-être commence-t-elle à apprécier les avantages de te laisser contrôler sa vie, du moins certains aspects, Grey ?
Je sais également qu'Ana est un élément brillant - et c'est important pour moi. Professionnellement parlant, je crois en l'efficacité, quelles que soient les circonstances.
Au cours du dîner, Ana cherche à savoir ce que Barney m'a appris, mais je ne tiens pas à me mettre une nouvelle fois en colère, aussi je coupe immédiatement son interrogatoire.
Par contre, un nouveau sujet de digression intervient entre nous : José Rodriguez. Et merde ! J'aimerais - j'aimerais vraiment ! -, qu'Ana oublie définitivement ce putain de photographe. Ce petit salopard a trouvé une bonne excuse afin de venir à Seattle pour la rencontrer : vendredi prochain, il a l'intention de lui livrer personnellement les photos qu'il a prises d'elle - et que j'ai achetées.
Comme c'est gentil de sa part !
En plus, en guise de pourboire, il veut sortir avec Ana et prendre un verre.
Non, sans blague ? Il désire également passer la nuit sur place.
Quoi ?
- Il peut dormir ici ou bien chez moi, mais, si c'est le cas, il faudrait que j'y sois aussi, déclare Anastasia d'une petite voix tranquille.
Je remarque bien qu'elle ne me demande pas la permission d'agir, elle m'informe - elle m'informe ! - de sa décision. Bordel ! Il n'est pas question qu'elle reste seule avec ce photographe libidineux.
Je n'arrive pas à comprendre qu'elle puisse encore le considérer comme un ami. Je lui rappelle, avec une perplexité incrédule, qu'il lui a fait des avances - inappropriées.
- Christian ! Proteste-t-elle, exaspérée. C'était il y a des semaines. Il était saoul, j'étais saoule, tu as sauvé la situation ; ça ne se reproduira plus. Il n'est pas comme Jack, bon sang.
Ouais, je suis d'accord, le gamin n'est pas aussi tordu que l'autre fumier. Au moins, il a pour Ana des sentiments sincères, mais ça ne me plaît pas du tout de savoir qu'un autre homme regarde ma compagne de cette façon.
Miss Steele, tu ne dormiras pas dans ton appartement avec lui dans la chambre d'à côté. Il n'en est pas question. Surtout qu'il y a déjà Blondin...
Une brillante idée me vient !
- Ethan est là-bas. Il peut lui tenir compagnie.
La solution parfaite : deux prétendants déçus d'avoir perdu Ana se saouleront ensemble pour noyer leur chagrin.
- C'est moi que José a envie de voir, pas Ethan, s'entête Anastasia. C'est juste un ami. Un ami, baby ? Tu rêves en couleurs. Il en veut plus, beaucoup plus.
- Je n'aime pas ça.
Et ça devrait marquer la fin de notre discussion. J'aimerais bien voir Ana se soumettre à des désirs. Bien entendu, ce n'est pas le cas.
En fait, Grey, peut-être n'es-tu pas tellement le Maître de son Univers. Peut-être est-elle la Déesse de ton Panthéon ?
Alors qu'Ana insiste sur la valeur de l'amitié, elle change brutalement de ton :
- Je sais que tu n'as pas d'amis, excepté cette horrible femme, mais je ne râle pas quand tu la vois.
J'en reste comme deux ronds de flan. Je n'ai jamais imaginé qu'elle ne supportait me voir fréquenter Elena. Bien sûr, je sais qu'Ana ne s'entend pas avec mon ex-dominatrix, mais je n'ai pas réfléchi plus loin. Pour moi, Elena est du passé, je n'ai plus avec elle qu'une relation épisodique, aussi je n'ai jamais pensé...
Pourquoi Ana ne me l'a-t-elle pas dit ? Quand je lui pose la question, elle me répond d'une voix carrément offusquée :
- Parce que je n'ai pas à te le dire. Tu penses que c'est ta seule amie. (Elle soupire et secoue la tête.) Tout comme ce n'est pas à toi de me dire si je peux ou ne peux pas voir José. Tu ne comprends pas ça ?
Non, absolument pas. À mes yeux, mes désirs font la loi. Du moins, ils le devraient... Ouaip, je regrette fortement que ce ne soit pas le cas.
Je dois cependant me souvenir qu'Ana n'est pas ma soumise et que je dois utiliser, encore et encore, l'art du « compromis ». Ça ne me vient pas naturellement, mais je fais des progrès. Je m'assouplis. D'ailleurs, je n'ai pas trop le choix : si j'essaie de donner à Ana un ordre, cette entêtée fichera illico le camp avec le photographe dans son appartement, juste pour marquer le coup. Je ne pourrais le supporter. Je choisis donc le moindre des deux maux : le laisser venir chez moi.
C'est très à contrecœur que je cède en disant :
- Il peut dormir ici, je suppose. Je pourrai l'avoir à l'œil.
J'ai la ferme intention de le surveiller de près. Si le gamin ne fait que jeter Anastasia un coup d'œil qui me déplaît, il prend la porte avec un coup de pied.
Ana me remercie avec effusion, elle paraît soulagée maintenant qu'elle a gagné la bataille. Et je comprends qu'elle a raison : il me faut apprendre à partager. Ce n'est pas si facile ! J'ai été si longtemps concentré sur moi-même. Mais pour elle, je suis prêt à tout faire... si seulement Ana acceptait de partager ma vie...
J'ai du travail à terminer, aussi j'embrasse Ana après le dîner, avant de m'enfermer une fois de plus dans mon bureau.
Où je trouve le mail de Barney...
***
De : Barney Sullivan Objet : Jack Hyde
Date : 15 juin 2011 21:37 À : Christian Grey
Mr Grey,
Voici la liste des documents découverts sur l'ordinateur de Jack Hyde chez SIP. Vu leur taille, je les ai téléchargés sur le serveur de GEH et compressés. Utilisez les liens ci-joints pour y avoir accès et télécharger les divers contenus
*
Famille Grey - adresses personnelles :
Cinq propriétés à Seattle, WA (c'est à dire les demeures actuelles et passées de vos parents, votre frère et vous-même, monsieur) ; deux adresses à Detroit, MI
Curriculum vitae détaillés de :
Mr Christian Grey
Mr Carrick Grey
Mr Elliot Grey
Dr. Grace Trevelyan-Grey Miss Mia Grey
Miss Anastasia Steele
Articles de journaux et publications online concernant :
Mr Christian Grey
Mr Carrick Grey
Mr Elliot Grey
Dr. Grace Trevelyan-Grey Photos :
Christian Grey (file 1)
Miss Mia Grey (file 2)
Dr. Grace Trevelyan-Grey (file 3)
Mr Carrick Grey (file 4)
Mr Elliot Grey (file 5)
Utilisez les liens FTP pour avoir accès à ces dossiers, avec vos identifiants de connexion https://geh.com/ftpclient/account/login.htm
*
Je vérifie bien entendu s'il n'y a pas d'autres dossiers encodés sur cet ordinateur ou le serveur
de SIP. Je vous tiendrai au courant Barney Sullivan
Directeur du service informatique, Grey Entreprises Holding, Inc.
***
Je me connecte immédiatement pour vérifier ce que Jack Hyde a trouvé de si intéressant sur ma famille et moi, au cours des années.
C'est impressionnant. Il s'est vraiment donné pour mission de tout savoir à notre sujet. Je passe une heure à examiner les fichiers, en réalisant que c'est sur moi que Hyde s'est essentiellement concentré. Mais pourquoi une telle obsession ? Il s'intéressait à MA famille, MES biens, MA compagne...
Ana ! Il l'a attaquée aujourd'hui, elle aurait pu être violée sans son réflexe d'autodéfense. Je referme mon PC, j'ai besoin de la retrouver.
***
Ce matin, avant de partir pour GEH juste après avoir congédié Taylor, je me suis demandé quels changements un mariage avec Anastasia pourrait apporter dans ma vie... La première chose qui m'est venue à l'idée, ça a été ma salle de jeu. Je n'y suis plus retourné depuis cette visite avec Flynn, au cours de cette horrible semaine que j'ai passée en enfer, quand Ana m'a quitté. Ce matin, je me suis forcé à y aller, pour affronter enfin une décision que je n'ai cessée de repousser.
En montant l'escalier, j'évoque cette ceinture de cuir et l'impact qu'a eu sur moi la brutale réalisation que j'étais devenu semblable au psychopathe de mon enfance. Oui, c'est à ce moment-là que j'ai commencé à changer, comme un phénix renaissant de ses cendres. J'ai réalisé que mes efforts pour séduire Ana et abuser de son innocence afin de la soumettre à mon sadisme étaient la répétition d'un cercle vicieux d'abus et de violence qui m'avait marqué à jamais. La victime devenant à son tour le bureau, c'est du classique - et c'est immonde.
J'ai demandé à Anastasia de m'épouser. J'ai la ferme intention qu'elle accepte. Dans ce cas, elle va vivre ici, à l'Escala, avec moi. Qu'allons-nous faire de la salle de jeu ? Un jour ou l'autre, j'en suis certain, le Dr Flynn me posera la question.
Quand nous avons discuté de ce second départ entre nous, Anastasia a admis qu'elle appréciait « la baise tordue » et pas seulement le sexe vanille. Alors, dois-je me débarrasser de la totalité des accessoires de ma salle de jeu ? Je ne crois pas. Il y a d'innombrables expériences que nous pourrons partager, je pense qu'Anastasia y prendrait un grand plaisir si elles n'impliquent aucune douleur extrême, la seule chose qui la terrorise. Avec le temps, peut-être pourrai-je persuader Ana de réaliser quelques scènes avec moi dans cette pièce ? Oui, sauf que... je ne veux pas courir le risque de perdre la tête, j'aurai toujours peur d'abuser et de la pousser à s'enfuir.
Elle m'a déjà dit que mes fouets et triques la répugnaient. Pour elle, c'est une limite majeure. Aussi, je décide de m'en débarrasser. Puis je regarde la ceinture... qui paraît tellement innocente, accrochée là parmi les autres, près de la porte... Un grand frisson d'horreur me parcourt parce que maintenant, je sais ce qu'elle symbolise. Pourtant, je décide de la laisser en place - en guise d'aide- mémoire de ce qui peut arriver si, une fois encore, je me laisse emporter par mes pulsions. Ce sera une sorte de thérapie ultime pour moi. Jamais plus, bien entendu, je n'utiliserai encore cette ceinture pour frapper Ana.
En évoquant cette scène atroce, je ne peux en supporter davantage, je quitte ma salle de jeu sans prendre de décision.
*
Quand je ne supporte plus d'être séparé d'Ana, les problèmes les plus urgents étant réglés, je la cherche... sans la trouver. Elle n'est pas dans notre chambre, ni dans le salon, ni dans la bibliothèque...
Apparemment, dans ma hâte d'échapper ce matin à mes réminiscences odieuses, j'ai omis de verrouiller ma salle de jeu - parce que c'est là que je finis par découvrir Ana. J'en suis réellement surpris, j'aurais cru qu'elle éviterait plus que tout au monde de pénétrer à nouveau dans cette pièce, surtout aujourd'hui, après son affrontement avec Hyde.
Comme d'habitude, elle me surprend. Je la vois se pencher sur les tiroirs de ma commode, en farfouillant leur contenu - c'est-à-dire une vaste collection des sex-toys que j'aime utiliser. Fasciné, je reste silencieux à l'entrebâillement de la porte, étudiant la réaction d'Anastasia devant ce qu'elle découvre. À mon avis, elle ignore l'usage de la plupart de ces objets. Pas moi.
Tandis que mon esprit part en vrille, je bande comme un malade, les fantasmes me brûlant les rétines. J'aimerais faire découvrir à Ana l'usage de chacun des accessoires qu'elle tripote et lui démontrer quel plaisir je pourrais ainsi offrir à son corps délectable.
*
Merde ! C'est bien mon souci : je fais d'énormes efforts pour changer et me réformer après avoir passé d'innombrables années à prendre mon pied ici même, dans ma salle de jeu, au gré de mes caprices... Alors, serai-je capable de me maîtriser ?
Ana remarque tout à coup ma présence, elle rougit, très gênée d'être surprise dans ma salle de jeu - quasiment la main dans le sac. Elle m'explique d'une voix essoufflée qu'elle s'ennuyait et qu'elle a cédé à la curiosité
- Voilà une association très dangereuse, dis-je sévèrement.
J'aurais un grand plaisir à te guérir de ta curiosité, Miss Steele...
Mais non, je dois me restreindre. Je ne peux nier être satisfait de la trouver là, à étudier mes tiroirs avec intérêt. Oui, baby, ils contiennent des tas d'accessoires de « baise tordue ». Ça te plairait. Je prends la curiosité d'Anastasia comme un bon signe : j'aimerais que cette salle de jeu devienne la nôtre, j'aimerais qu'elle partage tout avec moi.
Aussi, je lui offre mon assistance, décidé à lui à expliquer, en détail, l'usage et l'intérêt de chacun de mes sex-toys. Je la rassure aussi sur le fait que je ne suis pas en colère en la voyant ici. Non, au contraire, je suis enchanté de la découvrir aussi aventureuse et audacieuse. Ça me donne de l'espoir. Elle gardera l'esprit ouvert et tentera des expériences nouvelles, au lieu de se sauver en hurlant d'effroi.
- Qu'est-ce que c'est ? Demande-t-elle en me présentant un plug argenté.
- C'est un plug anal. (Après un moment de pause, je précise :) Acheté pour toi.
J'essaie de juger sa réaction. Je sais qu'elle a des réticences concernant la sodomie, mais quand l'expérience est accomplie avec soin et précaution, elle procure des jouissances intenses - et je serais plus qu'heureux de le démontrer à Ana, si elle me laisse faire. C'est à elle de choisir. Comme toujours. Quand elle se sentira suffisamment en confiance avec moi, nous verrons...
Et tu dois gagner cette confiance, Grey.
Je lui explique que j'achète de nouveaux instruments pour chaque soumise, surtout ceux qui sont d'usage aussi intime. Ça me paraît être une précaution indispensable.
- Et ça ? Demande-t-elle encore.
- Des perles anales. Ça fait un sacré effet si tu tires dessus au moment de l'orgasme.
Anastasia désigne le tiroir de la main avec un sourire moqueur :
- C'est le tiroir anal ?
- Si tu veux.
Elle s'empourpre en refermant brutalement le tiroir. Merde. Ce n'est pas de bon augure. J'aurais préféré une autre réaction.
- Tu n'aimes pas le tiroir anal ? Dis-je, en guise de vérification.
- Tout ça ne figure pas en haut de ma liste de Noël.
Elle tente, en vain, de prendre l'air décontracté, mais elle est ponceau, aussi je la devine très choquée.
Elle examine les autres tiroirs : le suivant contient des vibromasseurs - ils peuvent accentuer un orgasme, mais, à mon avis, il manque de créativité et d'imagination. Ana choisit ensuite une pince génitale qu'elle relâche précipitamment en apprenant son usage. Elle s'attarde, par contre, sur les clips à seins.
- Certains provoquent la douleur, mais la plupart donnent du plaisir, dis-je d'une voix étouffée.
Je lui démontre comment ils fonctionnent sur son petit doigt. Mes préférés sont ceux avec une petite chaîne qui les relie, sur laquelle on peut tirer pour accentuer les sensations, douleur ou plaisir. D'après la réaction d'Anastasia, je pense que ces pinces l'inspirent. Mmmm... Oui, elles ont des possibilités, surtout si je commence avec prudence. Ana en ressentira des effets tout à fait bénéfiques.
- J'aime bien leur apparence, avoue-t-elle.
Bordel, que j'admire son courage et sa franchise, son audace et son envie de découverte ! Je la vois s'empourprer et se tortiller, sans doute fantasme-t-elle déjà sur l'effet que ces pinces auront sur elle. Puis elle se mord la lèvre et je manque en gémir, parce que je bande de plus en plus.
- Tu sais bien l'effet que ça a sur moi, dis-je, en lui dégageant la lèvre.
La voir dans ma salle de jeu me met dans un état incroyable, Ana ne me facilite pas les choses avec ses questions, ses attitudes, ses gestes, l'excitation qui palpite déjà en elle.
Elle regarde ensuite une roulette de Wartenberg, dont je lui explique que l'usage en la faisant passer sur sa paume, les petites dents enfonçant doucement dans sa chair.
Elle sort ensuite un accessoire du dernier tiroir...
- Un bâillon, dis-je, moqueur, pour que tu te taises.
Merde, je sais que les bâillons sont pour elle une limite mineure, mais j'aimerais - vraiment, j'adorerais ! - lui démontrer leur réelle utilité. Je ne peux m'en empêcher : je désire éperdument qu'Ana me fasse assez confiance pour me permettre de les utiliser sur elle. Elle s'imagine qu'un bâillon est destiné à étouffer des cris de douleur, mais ce n'est pas le cas. C'est une question de contrôle.
J'essaie de le lui expliquer, d'une voix fébrile, vibrante de passion maîtrisée :
- Il faudrait que je sache déchiffrer ton corps et ses réactions au lieu de t'entendre parler. Ça te rend plus dépendante, ce qui me donne un contrôle ultime.
- Tu en parles comme si ça te manquait, rétorque-t-elle, en me scrutant d'un air inquiet.
- C'est ce que je connais.
Et ça me tue, vraiment, de devoir abandonner ce contrôle que je possédais autrefois dans ma vie. C'est très dur, mais je m'y fais. Je ne peux nier que j'aurais toujours cette pulsion : elle est en moi ; j'ai toujours opéré de cette façon.
- Tu as tout pouvoir sur moi. Tu le sais ! Chuchote Anastasia.
Non, je ne crois pas. Avec elle, je me sens faible, vulnérable, parce qu'elle est la seule personne au monde qui puisse réellement me faire souffrir. Elle a abattu tous mes remparts, ceux que j'avais construits autour de moi pour me protéger, en laissant le monde entier à l'extérieur. Quand on ne s'attache à personne, on ne peut être déçu ; on ne peut être abandonné. J'ai découvert une fois de plus cette vérité quand Anastasia m'a quitté. J'ai failli ne pas m'en remettre. C'est seulement grâce à Flynn, qui m'a indiqué un moyen de rattraper les choses et de ramener Ana dans ma vie, que j'ai pu m'en sortir. Je me sens toujours vulnérable cependant. À cause d'Ana. Parce qu'elle peut toujours s'enfuir si, une fois de plus, elle décide de ne plus pouvoir en supporter davantage.
- Oh, Christian ! S'exclame-t-elle, les yeux écarquillés. Ça marche dans les deux sens. Si tu ne voulais pas de moi...
Elle baisse la tête et se tortille les doigts, comme toujours quand elle est nerveuse, peu sûre d'elle, ou inquiète. Je tiens vraiment qu'elle parle à John de son complexe d'infériorité.
- Je n'ai pas la moindre envie de te faire souffrir, dit-elle encore. Je t'aime.
Quand elle tend les mains et me caresse la joue, je lis une parfaite sincérité dans ses grandes prunelles limpides. Il faut que j'apprenne à lui faire confiance. Elle est aussi craintive que moi d'être blessée ; elle est aussi amoureuse que je le suis. Nous sommes ensemble. Nous apprenons ensemble.
Je veux cependant alléger l'atmosphère, aussi j'indique du menton la commode qui contient mes accessoires.
- Tu en as fini avec ton interrogatoire ?
- Pourquoi ? Que veux-tu faire ? Demande-t-elle, d'un ton provocateur.
Quoi ? Est-ce qu'elle suggère... ? Merde, pas question ! Elle a failli se faire agresser aujourd'hui, je serais une brute insensible si j'espérais la baiser après ce qu'elle vient de vivre.
Je l'embrasse tout doucement, frémissant encore à l'idée de ce qui aurait pu se passer.
Anastasia n'est pas d'accord. Elle prétend aller très bien. Elle affirme être plus solide qu'elle n'en a l'air - ce dont je suis parfaitement conscient. Cependant, j'hésite encore...
Mes bonnes intentions ne durent pas quand Anastasia récupère ma barre d'écartement favorite, celle qui a des doubles attaches : aussi bien pour les poignets que les chevilles.
- Comment ça fonctionne ? Demande-t-elle, innocemment.
Elle tient toujours à se renseigner sur mes sex-toys. Peut-être a-t-elle raison. Peut-être a-t-elle besoin d'amour, de jouissance et de passion pour effacer les souvenirs visqueux de ce sale type qui l'a touchée.
Je décide tout à coup de céder à son insistance.
- Tu veux que je te montre ? Dis-je, enjôleur.
Oh, baby, je t'en prie, dis oui !
- Oui, je veux une démonstration. J'aime être attachée, avoue-t-elle, dans un murmure rauque.
Une fois encore, je lis dans ses prunelles qu'elle est sincère. YES ! Elle veut ce que je veux. Bordel, c'est fantastique. Je n'arrive pas à croire à ma chance.
- Oh Ana, dis-je, en gémissant.
Mais je ne veux pas utiliser ma barre dans ma salle de jeu, pas au milieu des autres accessoires qui sont encore ici. Je pourrais perdre la tête et d'aller trop loin ; je pourrais ne pas me maîtriser... je refuse d'en prendre le risque. Aussi, je vais tenter un autre compromis - un des mots favoris de Flynn.
Ana ayant envie d'essayer ça autant que moi, je ne peux lui résister. Je vais la prendre, avec ma barre, mais pas ici... Ce sera dans ma chambre, dans mon lit.
- Pourquoi pas ici ? S'étonne Anastasia.
Elle ne comprend pas ? Nous sommes déjà dans l'escalier quand je me retourne vers elle. Une fois encore, je lui rappelle que son départ a complètement changé ma vie et mon regard sur l'existence : je suis un alcoolique en désintoxication ; je ne veux pas être tenté de retomber dans mon ancienne ornière.
Voilà, je suis honnête. Je lui avoue qu'il me reste un doute sur ma capacité de résistance, mais que je la veux. Oui, je suis un sadique, mais je la veux et je veux changer. Je suis prêt à tout pour elle.
- Je ne veux pas te faire mal, dis-je avec passion. Je ne peux pas supporter l'idée de te faire mal parce que je t'aime.
Enthousiasmée par mes paroles, Ana se jette sur moi de tout son poids. Elle était sur une marche au-dessus, aussi son geste me déséquilibre et me plaque contre le mur. Je dois lâcher ma barre d'écartement pour la retenir contre moi, avant de l'embrasser passionnément. Elle répond avec la même ferveur, tire sur mes cheveux et me dévore la bouche. Merde, elle me rend fou.
D'une voix rauque, je la menace :
- Tu veux que je te baise dans l'escalier ? Parce que, là, c'est ce que je vais faire.
- Oui ! Crie-t-elle, ce qui ne m'aide pas tellement à me calmer.
Faisant appel au self-control dont je me vante, je secoue la tête. Pas question d'une baise à la va- vite : elle mérite davantage. Il faut que cette expérience soit exceptionnelle pour elle, surtout après ce qu'elle a vécu aujourd'hui.
- Non. Je te veux dans mon lit.
Pour l'empêcher de me retarder davantage, je me baisse et l'empoigne, la couchant sur mon épaule, ce qui la fait hurler. Pour la punir, je lui claque les fesses, en savourant le bruit retentissant et le contact violent. Elle crie encore. Je dévale déjà les escaliers, récupérant la barre au passage.
Tu as raison, Grey, montre-lui que tu es bel et bien le Maître de son Univers.
***
Moi le maître ? Ben, ce n'est pas évident, parce que, à peine sommes-nous dans la chambre, qu'Ana prend les commandes : elle se met à genoux devant moi et me taille une pipe qui me laisse littéralement le souffle court. Comment lui résister ? J'ai à peine la chance de réagir qu'elle a déjà englouti mon sexe dans sa bouche...
Et merde ! J'ai tous les neurones qui grillent...
Je ferme les yeux, savourant la sensation exquise de cette humidité brûlante qui me caresse sur toute la longueur. Anastasia me suce avec enthousiasme. J'ai beau essayer de me retenir en lui empoignant les cheveux - un peu trop violemment -, en même temps, j'ai des mouvements spasmodiques du bassin pour m'enfoncer davantage dans sa gorge. Amoureusement, elle tortille sa langue sur mon gland hypersensible, tout en me jetant un regard incendiaire à travers ses longs cils. Son expression est de pur plaisir. Elle adore ce qu'elle fait, tout comme j'adore ce qu'elle me fait. C'est parfait. Sauf qu'elle est extrêmement douée, aussi je sens que je ne vais pas tarder à jouir, j'essaie de l'en prévenir, malgré mon souffle court, malgré mon cœur battant. Elle n'arrête pas, au contraire, elle m'engloutit encore plus profond, son grognement m'indiquant de continuer.
Alors je cède. Encore deux coups de reins et j'explose dans un orgasme fulgurant, agrippant à deux mains la tête d'Anastasia tout en me déversant en elle.
- Aaah ! Bordel !
Elle avale mon sperme jusqu'à la dernière goutte, puis se lèche voracement les lèvres avec un grand sourire. Bon Dieu, elle devient sacrément lubrique ! J'adore découvrir en elle ce côté lascif. Je suis le seul à le connaître et ça m'enchante. Par contre, j'ai une petite vengeance à lui faire subir pour cette attaque en règle.
J'empoigne Ana sous les bras, je la relève et l'embrasse passionnément. Je sens le goût de ma jouissance dans sa bouche, je préférerais son nectar à elle. Je la déshabille rapidement, j'arrache mes vêtements, et je la jette sur le lit.
Je récupère ma barre d'écartement avec un grand sourire, en sachant qu'Ana ne va pas tarder, elle aussi, à perdre la tête sous mes assauts. Rapidement, je lui attache les deux chevilles aux extrémités de la barre, puis je lui démontre, en la faisant passer côté pile, à quel point cet instrument me donne tout contrôle sur elle. Anastasia est sidérée et, si je ne me trompe, déjà très excitée. Avec cette barre, elle ne pourra pas bouger. Elle ne pourra m'échapper. Et elle va essayer, parce que les sensations qu'elle ressentira seront intenses, très intenses.
Je la regarde avec des yeux brûlants : elle est nue et écartelée sur mon lit. Offerte. À ma disposition. Oh bon Dieu !
- Tu es une femme superbe, Anastasia, dis-je, tout frémissant d'anticipation.
- Tu es un homme superbe, Christian, rétorque-t-elle, et tu as très bon goût. Oh baby, tu ne devrais pas me provoquer quand tu es aussi vulnérable.
- Je vais vérifier quel goût tu as. Si je me souviens bien, tu es une friandise, rare et exquise, Miss Steele. (Je lui adresse un sourire salace.) Ce qu'il y a de bien avec cette barre, c'est qu'elle s'allonge.
Je le démontre immédiatement, en ouvrant les jambes d'Ana au maximum. On va bien s'amuser. Il y a tant de possibilités... Pour les menottes aux poignets, je les utiliserai probablement dans un deuxième temps.
- Tu vois ce que je peux te faire ? Dis-je à Ana.
Je la fais encore se tourner, en lui démontrant ainsi que j'ai sur elle un contrôle absolu. Bordel, c'est dément. Ana halète, les yeux écarquillés, les prunelles dilatées. Elle adore être attachée. Ça tombe bien : j'adore l'attacher. Nous nous entendons merveilleusement bien.
Anastasia prétend « être toujours sage ». Je ne suis pas d'accord.
- J'ai quelques infractions en tête, dis-je sévèrement. Ton BlackBerry, pour commencer.
- Que vas-tu me faire ? Chuchote-t-elle.
On ne peut pas dire qu'elle semble paniquée par ta menace de châtiment, Grey...
Mais je ne dévoile jamais mes plans, l'anticipation est importante. J'aime voir Ana ainsi, ouverte et exposée. Tandis que je m'apprête à me jeter sur elle, je lui rappelle que, si quelque chose lui déplaît, elle peut toujours m'arrêter. J'ai décidé de la punir de sa transgression d'aujourd'hui en lui donnant un plaisir intense plutôt qu'une raclée. Après tout, ça nous satisfera tous les deux. Quelque part, je pousserai encore ses limites, mais d'une façon qu'elle trouvera acceptable.
Je me place entre ses jambes ; j'adore la regarder : Ana est si belle, si naturelle, pure et séductrice. Sa fente exquise et délicate aux plis secrets m'attire et m'enivre. Il n'y a pas de vue ou de fragrance plus érotique pour un homme que le sexe d'une femme excitée, prête à être prise, surtout quand, comme Ana à présent, elle ne peut se défendre d'être explorée des doigts et de la bouche.
Dès mes premières caresses, Ana se tortille sur le lit et tente de refermer les jambes. Bien entendu, en vain. Très vite, elle me supplie.
- Christian, je t'en prie.
- Oh, Miss Steele, j'ai découvert que tu ne montrais aucune pitié dans tes assauts amoureux envers moi. Je pense que je devrais te retourner la faveur.
Je vais la faire jouir, vraiment très fort, tout comme elle m'a procuré un orgasme fulgurant. Je la pénètre de deux doigts. Elle est trempée, brûlante, soyeuse. Tellement tentante. Mon sexe a repris toute sa vigueur, avide de la pénétrer, mais il devra attendre. Je veux d'abord lui démontrer mon parfait contrôle sur son corps et lui infliger le châtiment que j'ai choisi.
Aussi, de la langue et des doigts, je la titille, sans merci, et je la regarde, monter marche après marche, vers l'orgasme. Elle cambre le dos et halète, les yeux clos, perdue dans un monde de plaisir, de lumière et de chaleur
- Oh Christian ! Hurle-t-elle, d'une voix sans timbre.
Oui, je la fais hurler mon nom, en lui rappelant, encore et encore :
- Tuesàmoi.
Baby, je peux faire ce que je veux de ton corps. Il est un instrument qui ne répond qu'à mon toucher. Ne l'oublie jamais.
Je prends enfin pitié d'elle en la laissant jouir ; je la regarde se tordre, spasme après spasme, pendant ce qui me paraît être une éternité. La barre a été efficace, Ana a apprécié l'expérience, mais je n'en ai pas fini avec elle.
Je la fais basculer sur le ventre et l'attire sur mes genoux, décidé à d'utiliser les autres liens pour lui immobiliser les bras. Ana apprécie d'être ligotée, aussi je pense qu'elle peut supporter cette nouvelle expérience.
- On va essayer ça, baby. Si tu n'aimes pas ou si c'est trop inconfortable, tu me le dis et on arrête. Penche-toi en avant. Tête et torse sur le lit.
Elle obéit sans hésiter. Dans cette position, elle me présente ses reins cambrés et, entre ses jambes écartées, son sexe est totalement exposé. C'est une vision superbe que je prends le temps d'apprécier.
- Ana, tu es tellement belle, dis-je, tout en mettant une capote sur mon sexe.
Bordel, quand pourrais-je me dispenser de ces horreurs ? Bientôt, si mes comptes sont exacts.
Pour moi, c'est la perfection. J'ai un contrôle absolu sur Ana et une vue merveilleuse de son corps. Je distingue le moindre petit détail de sa chatte écartelée et de son anus, rose et serré. J'ai la ferme intention, un jour, de réclamer ce cul virginal... quand Ana sera prête à accepter cette étape de plus. Pour le moment, je me contente d'effleurer cette entrée interdite. Quand je la sens se raidir sous mon doigt, je la rassure : je ne vais pas abuser de sa confiance. Je sais qu'elle se sent vulnérable et je n'ai pas la moindre intention de lui faire regretter cette position.
Je lui rappelle simplement :
- Quand tu seras prête, je le veux aussi. Pas aujourd'hui, douce Ana, mais un jour... Je te veux de toutes les manières. Je veux posséder le moindre centimètre carré de ton corps. Tu es à moi.
Glissant mes doigts plus bas, je vérifie qu'Anastasia est prête à me recevoir. C'est le cas, elle est trempée. Dans cette position cependant, ma pénétration est particulièrement profonde, aussi, quand je la pénètre avec force, elle pousse un cri.
- Aaah ! Doucement !
Que c'est étrange ! Avec mes soumises, je ne me suis jamais posé la question de savoir si oui ou non, ce que je leur faisais subir leur plaisait. Il me paraissait acquis qu'elles étaient là pour me servir. Je ne les ai jamais entendues se plaindre. D'un autre côté, elles aimaient la douleur, elles appréciaient les châtiments, aussi c'était... un contexte différent.
Admets-le, Grey, tu aimes la violence. Tu aimes le sexe brutal. Tu es exactement comme ce fumier de Hyde. Tes soumises n'étaient que le réceptacle de tes besoins sexuels. Est-ce que tu te trouves réellement différent de lui ?
Je donne à Anastasia le temps de s'habituer en la prenant avec précaution au début, pour la laisser s'adapter à l'angle de cette nouvelle pénétration. Je réalise d'ailleurs que cette lenteur me permet de savourer le moindre contact de son sexe resserré sur le mien. Ça a son charme, c'est quelque chose que je ne connais pas forcément. Nous sommes parfaitement imbriqués l'un dans l'autre, fusionnés. Très vite, elle m'indique que ça va. Elle semble sincère, je suis rassuré.
Ana geint de plaisir à chacun de mes coups de reins. Peu à peu, je bouge de plus en plus vite, sentant le plaisir monter, cette tension exquise qui ne pourra être calmée que par un orgasme où nous plongerons ensemble. Je sens Ana commencer à trembler, nous sommes tous les deux près du bord, il y a une joie intense à une expérience partagée de façon aussi intime.
Elle hurle mon nom en jouissant et, quand ses muscles se crispent férocement sur moi, ça déclenche mon propre orgasme.
Épuisés, nous retombons sur le lit ensemble.
Immédiatement, je libère Anastasia de ses menottes, puis je lui masse poignets et chevilles, au cas où il lui resterait des crampes. Ensuite, je la serre dans mes bras.
Elle s'endort immédiatement, sous le coup du choc et du plaisir. Je la regarde, ébloui : elle a tellement bien réagi à cette expérience. J'en suis heureux. J'en suis soulagé. Ana est parfaite pour moi. De plus en plus, j'en suis convaincu.
Au bout d'un petit moment, elle ouvre brièvement les yeux, mais je ne suis pas certain qu'elle soit consciente.
- Je pourrais te regarder dormir des heures, Ana, dis-je à mi-voix. Je ne te laisserai jamais partir.
- Je ne voudrai jamais partir, bredouille-t-elle, ensommeillée. Ne me laisse jamais partir.
- J'ai besoin de toi...
J'ai besoin d'Ana comme de l'oxygène que je respire. Elle est ma bouée de sauvetage. Elle est ma seule raison de vivre. Elle dort déjà quand je continue mes aveux :
-... je t'ai aimée avant même de le réaliser, sans savoir comment - ni pourquoi. Je t'ai aimée sans même reconnaître ce sentiment qui m'était inconnu.
J'évoque tout à coup les mots de Hyde : « Elle reste avec toi pour ton fric et tu le sais. » Non, c'est faux. Pas Ana. Ce misérable connard ne juge les autres qu'à travers ses minables critères de valeur. Je ne lui ressemble pas : je sais à quel point Ana est rare et précieuse.
Elle est unique, Grey !
Et elle est mienne. Parce que je l'aime - et qu'elle m'aime aussi.
Et tout en la regardant dormir, je réfléchis à mes projets personnels pour demain.
Il y a d'abord ce terrain qui m'intéresse où j'espère pouvoir bâtir une maison pour nous deux. Un des agents immobiliers m'a contacté : une propriété sur la mer vient de se libérer. Je ne veux pas en parler tout de suite à Ana, au cas où l'affaire ne serait pas intéressante. Je vais m'y rendre seul et, si ça me plaît, je l'emmènerai avec moi pour être certain qu'elle l'apprécie aussi avant de faire une offre. Je rêve déjà à l'idée que nous passerons notre vie ensemble au bord de l'eau...
De plus, demain, je veux passer chez Cartier et leur demander de me chercher un diamant, un diamant superbe, comme bague de fiançailles. Bien entendu, le prix n'a pour moi aucune importance. Je veux simplement le plus beau - le seul qui soit digne d'Anastasia. Je me fous complètement qu'ils aient besoin de fouiller tout le pays, la seule chose qui m'importe, c'est d'obtenir ce que je veux. Il faut que je puisse faire mon choix dès demain pour que la bague soit prête samedi. J'ai des plans pour ce jour-là, et je veux mon anneau de fiançailles à ma disposition.
Mais tous ces plans vont-ils se réaliser ? Que se passera-t-il si notre rendez-vous de demain soir avec le bon docteur Flynn fait tout dérailler ? Va-t-il nous déconseiller un mariage trop hâtif ? Et si Ana n'est pas rassurée par ce qu'il lui dira... ?
Elle ne m'a pas encore donné de réponse, ni positive ni négative. Si mon psy lui fiche la trouille, ne risque-t-elle pas de refuser ? C'est elle qui a insisté pour parler à Flynn avant de me donner une réponse, je n'ai donc pas eu d'autre choix que de la laisser faire.
Bordel, c'est vraiment très frustrant. Au moins, demain à la même heure, j'aurai ma réponse : Ana aura accepté de devenir ma femme.
Je refuse formellement envisager une autre option.

50 nuances de Grey version Christian. Tome 2 PassionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant