Chapitre VIII

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Un peu plus tard dans la journée, je mangeai seule dans l'enceinte de Nevermore. Enid était avec Ajax, et personne n'était assez stupide- ou suicidaire- pour venir me déranger. J'avais profité de cette solitude paisible pour commencer à rédiger un devoir d'Histoire des Marginaux. J'en étais venue à bout en quelques minutes à peine grâce aux nombreuses recherches que j'avais faites sur le sujet.

A présent, j'étais empêtrée dans un tourbillon de réflexions dont je n'arrivais pas à me sortir. J'avais observé Tyler toute la journée. Des centaines de scénarios de vengeance m'étaient venus à l'esprit, tous plus atroces les uns que les autres. Mes parents m'avaient toujours dit que j'étais la plus créative de la famille, et que j'avais un don rare-mais précieux- pour ce genre de choses.

Quand j'avais 8 ans, un groupe d'enfants du village s'était moqué de Pugsley car il avait ramené une peluche à l'école- ce qui, soit dit en passant, était une idée stupide. Pugsley était bien trop faible pour se défendre lui-même, alors j'avais du m'en charger.

Le lendemain de ce ce fameux jour, les tortionnaires de Pugsley s'étaient réveillés avec d'affreuses démangeaisons. Ils étaient couverts de boutons d'un rouge particulièrement vif, preuve indéniable qu'ils avaient été mordus par mes sublimes araignées violons. En les voyant arriver à l'école ce jour là, je n'avais pu m'empêcher de sourire en entendant les autres élèves rire ouvertement à leur passage. Quel spectacle satisfaisant...

Comme vous l'aurez compris, l'inspiration n'était en aucun cas un problème pour moi. Mais cette fois, je n'avais pas envie de jouer à ce petit jeu mesquin. Par mesure d'auto-préservation, je me devais de garder mes distances avec Tyler. De plus, j'avais autre chose à faire, en commençant par mes études.

***

Malgré ma décision de ne pas approcher Tyler, je gardais un œil sur lui. Tant qu'il serait à Nevermore, il était hors de question de le laisser échapper à ma vigilance.

Tout comme moi, il passait son temps seul. Je me doutais que ce n'était pas par choix : Tyler n'était pas du genre associable. Mais tout Nevermore lui avait fait comprendre qu'il n'était pas le bienvenu, et il était régulièrement la cible de regards assassins. Curieusement, il ne paraissait pas y faire attention. Je devinais qu'il était perdu dans ses pensées – peut-être réfléchissait-il à la manière la plus sanglante de massacrer une centaine d'élèves.

Soudain, son regard dériva vers moi, et je n'eus pas le temps de baisser les yeux. Il savait que je l'observais, alors pourquoi se cacher ? Je continuais à soutenir son regard, une lueur de défi dans les yeux. Je détestais l'admettre, mais les siens n'étaient pas ceux d'un monstre psychotique. Même si, en toute honnêteté, cela aurait été bien plus simple pour moi. J'aurais alors pu me convaincre entièrement qu'il n'était qu'un tueur en série sans conscience...

C'était suffisant. Je détournais le regard et mit fin à ce contact visuel, avant de me lever et de me diriger vers ma chambre d'un pas décidé.

𝕺𝖍, 𝖜𝖍𝖔 𝖎𝖘 𝖘𝖍𝖊 ? // [𝑴𝒆𝒓𝒄𝒓𝒆𝒅𝒊 𝑨𝒅𝒅𝒂𝒎𝒔]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant