𝕺𝖍, 𝖜𝖍𝖔 𝖎𝖘 𝖘𝖍𝖊 ? // [𝑴𝒆𝒓𝒄𝒓𝒆𝒅𝒊 𝑨𝒅𝒅𝒂𝒎𝒔]

Chapitre XIII

-Tyler.

Il se retourna, sans doute surpris d'entendre ma voix.

-Mercredi, dit-il d'une voix douce .Tu as réfléchis à ce que je t'ai dit hier ?

-As-tu prévu d'aller au Corbal ? A vrai dire, je ne pensais pas que cette distraction stupide et superficielle serait réorganisée si tôt...

Il passa la main sur sa nuque, perplexe :

- Est-ce que c'est...Une manière cachée de m'inviter à y aller ? Je te promets que je ne vais pas t'obliger à me poser la question.

Je le gratifiai d'un regard noir.

- Rejoins-moi à 20h devant ma chambre.

Il sourit, agréablement surpris.

-Euh...D'accord, parfait. Ça me va.

***

-Alors, ça y est ? Tu l'as invité ?

Je levai les yeux de ma machine à écrire. Après plusieurs mois durant lesquels j'avais été victime d'un syndrome de la page blanche particulièrement virulent, mes doigts reprenaient enfin leur gymnastique quotidienne sur les touches lisses et familières du clavier.

- C'a été une corvée plus qu'affligeante. Mais je m'en suis occupée. Considère ça comme ton seul et unique cadeau de Noël, grinçai-je.

-Mais c'est génial !

-Apparemment, nous n'avons pas tous la même conception du terme «génial» .

Enid leva les yeux au ciel.

-C'est toujours un plaisir de parler avec toi, Mercredi...maugréa-t-elle. Aussi rafraîchissant qu'un vent du pôle nord, à vrai dire. Ah, au fait, j'oubliais : J'ai croisé Xavier, tout à l'heure. Il m'a dit qu'il voulait te parler. Il t'attend dans son atelier. Apparemment, c'est urgent...

***

-Enid m'a dit que tu voulais me voir, déclarai-je abruptement.

Xavier se retourna, un pinceau dans une main, de la peinture dans l'autre. Ses vêtements étaient couverts de tâches et une odeur de peinture entêtante avait envahi la pièce.

Étrangement, toutes les toiles qui encombraient habituellement l'endroit avaient disparu. Il n'en restait plus qu'une seule au centre; celle ou Xavier était en train d'exercer son art.

-Ou sont passées tes tableaux ?

-Je m'en suis débarrassé, expliqua-t-il. J'en avait marre de voir des visages torturés chaque fois que j'entrais ici. Ça me rappelait trop... ce qui s'est passé.

Il se tourna afin de déposer ses outils.

-Bref, je ne t'ai pas fait venir ici pour parler d'art, ajouta-t-il en pivotant vers moi. Un nouveau Corbal est organisé...

-Vraiment ? Je l'ignorais, ironisai-je platement.

- Donc, je me demandais si tu voulais m'accompagner. Je sais que tu détestes ce genre de trucs, mais...J'voulais tenter ma chance.

Il avait l'air convaincu que cette fois, je serais bel et bien sa cavalière.

-Je vais reformuler ma question: veux-tu venir avec moi au Corbal ? demanda-t-il d'une voix pleine d'assurance.

- Je ne suis pas disponible.

Plus que tout, j'aimais attiser un certain suspense, mais pas cette fois. Je voulais terminer cette conversation au plus vite :

- J'ai invité Tyler.

Son visage se décomposa.

-Tyler ? Attends, tu te fous de moi Mercredi ? T'as oublié sa vraie nature ?

- A moins d'être totalement amnésique, c'est impossible.

Sa main frappa brutalement la table contre laquelle il était auparavant appuyé.

-Je suis sérieux ! Je pensais qu'on s'était rapprochés, qu'on allait vers autre chose...Mais non ! Au lieu de ça, c'est encore et toujours la même chose: Tyler !

Je ne répondis rien ; j'attendais que l'orage passe. Je n'avais pas la patience de participer à cette dispute inutile.

-Quand est-ce que tu vas enfin ouvrir les yeux ? Tu me plais! Et Tyler...C'est toujours le même monstre idiot et sans cœur qu'il a toujours été !

Il émit un petit rire.

- En fait, c'est peut être pour ça que tu l'apprécies. Parce que vous êtes pareils, cracha-t-il.

-J'accepte que l'on me traite de monstre sans cœur, mais pas d'idiote.

Je passai devant lui sans ralentir.

-Au passage : il est possible que je sois un monstre sans cœur, mais au moins, je ne geins pas comme un enfant frustré qui n'a pas obtenu ce qu'il voulait.

Son visage se tordit en un rictus méprisant.

-Ouais, c'est ça. Disparais, Mercredi.

Je franchis les portes de l'atelier sans regrets, non sans avoir décoché un regard glacial à Xavier.