𝕺𝖍, 𝖜𝖍𝖔 𝖎𝖘 𝖘𝖍𝖊 ? // [𝑴𝒆𝒓𝒄𝒓𝒆𝒅𝒊 𝑨𝒅𝒅𝒂𝒎𝒔]

Chapitre XXVI

Ainsi, l'innocence de Tyler était confirmée.

Je ne voulais pas l'admettre, mais ce constat eu sur moi un effet de soulagement immédiat. Mon instinct ne m'avait pas trompée. Je pouvais lui faire confiance.

Cependant, j'étais une fois de plus de retour à la case départ.

Xavier m'avait supplié de le tenir au courant de l'avancée de mes investigations. C'est donc d'un pas décidé que je me dirigeais vers son atelier, afin de lui faire un résumé des derniers évènements.

Alors que je terminai de franchir le parc, une voix m'interpella :

-Mercredi ! Attends moi !

Je me retournai et découvrit Eugène, qui peinait à me rattraper, le souffle court.

-Alors...dit-il en reprenant reprenant son souffle. Tu...as...des nouvelles...d'Enid ? Elle ...se rétablit ?

-Il n'y a eu aucune évolution notable dans son état, répondis-je d'une voix monotone. Les médecins n'ont aucune certitude quant à son état. Je suis allée lui rendre visite il y a quelques jours, et rien n'a changé.

Ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la peine.

-Mais...C'est Enid ! Bien sur qu'elle va s'en sortir ! Tu y crois, toi, Mercredi, pas vrai ?

Son ton était implorant.

J'attendis quelques secondes avant de répondre, et Eugène s'immobilisa, suspendu à mes lèvres.

-Je l'espère, repris-je finalement. Je ne peux rien te promettre avec certitude. Le risque zéro n'existe pas.

-J'ai demandé à Madame Murphy si je pouvais aller la voir cet après midi. Elle a accepté.

-Alors prépare toi psychologiquement, lui conseillai-je platement. Il faudra faire preuve de sang froid si tu ne veux pas laisser les larmes prendre le contrôle.

***

L'atelier de Xavier se trouvait à la bordure de la foret. Isolé, il était idéalement situé pour un artiste en quête de calme et d'inspiration.

Je m'avançai vers la porte et donnai quelques coups pour annoncer ma venue. N'ayant obtenu aucune réponse, je tournais la poignée et refermai la porte derrière moi.

Quand je fis de nouveau face à la pièce, la vue d'un carnage sans nom m'assaillis.

Les pinceaux, d'ordinaire rangés dans des pots, étaient renversés au sol, brisés. Des cadavres de bidons de peinture s'étaient vidés de leur contenu, recouvrant le sol d'immenses taches atrocement colorées. Tout ce qui se trouvait jadis sur le bureau avait été violemment jeté à travers la salle, créant un désordre qui ne m'était pas familier.

Mais le plus saisissant, c'était les immenses traces qui marquaient les murs.

En m'approchant davantage, je pus remarquer qu'elles étaient très profondes, comme si elles avaient été faites par un animal sauvage.

Je reportai mon regard sur la pièce. Immédiatement, les toiles recouvertes d'énormes draps me sautèrent aux yeux. Pourtant, je me souvenais que Xavier les avait lui-même retirées.

En était-ce de nouvelles ?

Je n'étais pas revenue dans cet atelier depuis l'annonce du bal. Depuis, Xavier avait eu tout le temps nécessaire pour créer de nouveaux tableaux.

La curiosité pris le dessus. Je me dirigeai vers la toile la plus proche, et soulevai vivement le drap qui la recouvrait.

Je me retrouvai nez à nez avec le visage hideux et les deux grands yeux globuleux que je connaissais si bien.

Le Hyde.

Il était aussi précis que dans mes souvenirs, les yeux exorbités et emplis d'une rage sans fond. Sa bouche était ouverte en un cri silencieux qui laissait apparaître ses dents tranchantes, et sa peau avait une teinte verdâtre maladive.

Il était si réaliste qu'il aurait pu s'agir d'une photo.

Les entailles sur le mur me revinrent à l'esprit, ainsi que celles qui abîmaient désormais le visage d'Enid.

Elles étaient identiques en tout point.

Suivirent ensuite tout un tas de détails qui m'avaient jusqu'ici semblés insignifiants, et des scènes ayant eu lieu ces derniers jours.

« Le coupable sera celui auquel tu t'attendras le moins. Peut-être même que c'est une personne proche de toi... »

Alors, je compris. Le meurtrier avait toujours été à mes cotés, et il n'avait jamais cessé de me duper.

-Mercredi ?