Chapitre XV

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Enid était allongée sur un sol terreux. Son visage, éclairé seulement par la clarté lunaire, semblait avoir été déchiré par des objets tranchants. Ses yeux étaient emplis d'une frayeur sans fin. Et elle était couverte de sang frais...

Le sien.

***

Je me réveillai en sursaut, la respiration entrecoupée. C'était bien trop réaliste pour être un rêve.

Non, il s'agissait d'une vision.

La foret. Vite.

Je sortis de mon lit précipitamment, enfilai une veste et secouai La Chose :

- Réveille Murphy et dis lui d'appeler les secours. Je serai dans la foret.

***

Cela faisait quelques minutes que je ratissai la foret, à la recherche d'Enid. Elle restait introuvable. Une peur primitive que je n'avais jamais ressenti auparavant, avait pris possession de moi :

Et si j'arrivais trop tard ?

Il me suffisait d'une seule parole, et mes sens surentraînés m'auraient permis de la localiser. Mais elle était silencieuse.

Je fermai les yeux et inspirai profondément un grand bol d'air frais. Je me remémorai la vision. Il me fallait un indice, n'importe quoi pour déterminer l'endroit ou elle se trouvait.

Il le fallait.

Derrière Enid, on pouvait apercevoir les racines d'un gigantesque chêne centenaire.

Heureusement, il n'y avait qu'un seul chêne aussi ancien dans toute la foret. Je courus à en perdre haleine, et arrivai bientôt sur les lieux.

Elle gisait là, inerte.

-Enid !

Je me jetai sur elle. Son visage était défiguré par des entailles sanglantes, et ses cheveux habituellement si blonds étaient emmêlés, salis par la terre et le sang qui s'y mélangeaient. Son visage était figé dans une expression de pure terreur. Elle était si immobile qu'on aurait dit que la mort l'avait déjà saisie...

-Enid, reste avec moi, ou je te promets qu'à ma mort, je viendrai t'enlever du paradis pour t'emmener en enfer ! Et tu devras supporter mes sarcasmes pour l'éternité !

J'attrapai son poignet , et y appuyai la pulpe de mes doigts, en quête de son pouls, ou d'un quelconque signe de vie. Les larmes brouillaient ma vue, mais je m'interdisais de les laisser couler.

Il en était hors de question.

Son poignet était glacial, et dans un premier temps, je ne perçus rien, si ce n'est les battements de mon cœur qui martelait ma poitrine.

Il était impossible que cela se finisse ainsi.

Puis soudain, une pulsation. Puis une autre . Elles étaient très irrégulières...

Mais elles étaient là. Et c'était tout ce qui comptait.

𝕺𝖍, 𝖜𝖍𝖔 𝖎𝖘 𝖘𝖍𝖊 ? // [𝑴𝒆𝒓𝒄𝒓𝒆𝒅𝒊 𝑨𝒅𝒅𝒂𝒎𝒔]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant