𝕺𝖍, 𝖜𝖍𝖔 𝖎𝖘 𝖘𝖍𝖊 ? // [𝑴𝒆𝒓𝒄𝒓𝒆𝒅𝒊 𝑨𝒅𝒅𝒂𝒎𝒔]

Chapitre XXVIII

Lorsque je repris conscience, la première chose que je remarquais était l'obscurité de l'endroit dans lequel je me trouvais. Une douleur intense me vrillait le crane, à l'endroit où Xavier m'avait frappée. La tête me tournait, et je me sentais nauséeuse.

Une odeur de renfermé assaillit mes narines, et un courant d'air froid effleura mon visage. Quelque chose entaillait la peau fine de mes poignets et m'empêchait de faire usage de mes mains.

Une corde.

Je tendis l'oreille. Pas un bruit ne venait déranger le silence de la pièce. Xavier était probablement retourné à l'Académie. Si mes calculs étaient exacts, il devait être l'heure de dîner. S'il ne se présentait pas là-bas, Xavier risquait d'éveiller les soupçons.

En revanche, mon absence passerait sans aucun doute inaperçue. Depuis l'attaque d'Enid, je passais beaucoup de temps à ressasser les éléments de l'enquête. Ainsi, je me dérobais souvent lorsque venait l'heure du dîner.

Je ne pouvais donc pas compter sur l'arrivée d'un potentiel sauveteur, ce qui, de toute manière, n'était pas mon intention. Quoi qu'il advienne, il fallait que tout le monde sache que Xavier était dangereux.

Combien de temps pourra-t-il me retenir prisonnière pour m'empêcher de parler ?

Il fallait se montrer réaliste : il ne comptait pas me garder en vie.

Je tentai non sans peine de me relever. Mais, alors que j'avais amorcé quelques pas, quelque chose me tira violemment en arrière, et je retombai au sol.

Il a également ligoté mes pieds, pensai-je.

Malheureusement pour moi, Il avait au moins évité de commettre une erreur : celle de me sous-estimer.

***

Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé depuis mon réveil. J'avais essayé en vain de défaire les nœuds qui liaient mes poignets, mais sans succès. Mon rayon de déplacement était d'environ un mètre, ce qui ne me laissait presque aucune marge de manœuvre. Xavier m'avait également pris mon sac à dos, dans lequel se trouvait mon couteau.

En résumé, je n'avais aucun moyen de me détacher. Je ne savais pas où j'étais, et je ne pouvais prévenir personne.

Il ne me restait plus qu'une chose à faire : attendre que Xavier commette une erreur qui me permette de me libérer.

Je m'assis plus confortablement et étendis mes jambes devant moi. Je m'en servis pour balayer le sol, à la recherche de n'importe quel objet.

Soudain, un claquement de porte se fit entendre, et un rai de lumière éclaira partiellement la pièce. Je constatai que cette dernière ne comportait aucun meuble, mis à part quelques étagères et un petit bureau hors de ma portée. Le carrelage au sol paraissait ne pas avoir été nettoyé depuis un certain temps.

Ma seule certitude était que je n'avais jamais vu cet endroit auparavant.

Ce qui signifiait qu'il ne se trouvait pas au sein de l'Académie. J'excluais aussi le fait que nous puissions être a Jéricho, cela aurait fait prendre bien trop de risques à Xavier.

-Je viens t'apporter ton repas, dit Xavier, un plateau entre les mains.

Il le déposa près de moi.

-Penses-tu réellement que je vais manger quoi que ce soit venant de toi ? Raillai-je d'une voix affreusement faible.

Un sourire moqueur se forma sur ses lèvres.

-A moins que tu ne veuilles mourir d'inanition, je te conseillerais de le faire.

-Et comment le pourrais-je, rétorquai-je en serrant les dents, si je suis ligotée de toute part ?

Un rire goguenard s'échappa de ses lèvres. Il n'avait plus rien de l'adolescent nonchalant que j'avais rencontré quelques mois plus tôt.

-Je te fais confiance pour te débrouiller, répondit-il, toujours accroupi près de moi.

Il se releva, puis se dirigea vers le bureau près de la porte. Il sortit une bougie, ainsi qu'un briquet de la poche de sa veste.

-Pour que tu puisses y voir plus clair, railla-t-il.

Je l'ignorai.

-Tu sais que quelqu'un finira bien par remarquer ma disparition.

Il me lança un regard dur, empreint d'une tristesse malsaine.

-Tu auras totalement disparu avant qu'on ne me pose la moindre question, Addams. Tu n'as pas voulu de moi ? Très bien. Mais personne d'autre ne t'auras.