Chapitre I

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L'Académie Nevermore avait envoyé un courrier à mes parents le matin même pour les informer que les dégâts matériels avaient été réparés, et la directrice remplacée. Par conséquent, tous les élèves étaient donc invités à revenir le plus tôt possible.

 En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, j'étais déjà sur place.

Après tout, mon histoire n'était pas tout à fait terminée...

Étrangement, mon retour en ces lieux où avaient eu lieu tant de choses m'avait paru fade- peut être était-ce  lié à l'absence d'un nouveau meurtre à résoudre ?

J'avais accepté l'étreinte d'Enide sans broncher, et j'avais même été jusqu'à adresser un regard presque chaleureux à Xavier. Tous les deux avaient eu l'air de s'en contenter, ce qui était très bien puisque je n'avais aucunement l'intention d'en faire davantage.

Tous les pensionnaires m'avaient fixé comme s'ils avaient aperçu leur bourreau s'approchant dangereusement de l'instrument de pendaison qui allait leur donner la mort. Ce qui, finalement, était peut-être proche de la réalité...

Il était évident que tous ces gens s'attendaient à ce que je leur montre un signe quelconque d'attention, ou, pire encore, que je leur sourie- une perspective qui me semblait bien pire que l'écartèlement ou la pendaison réunis. Ils allaient sans aucun doute être déçus : malgré tout ce qui s'était passé, je n'avais pas changé. En un seul regard glacial, j'avais réduit tous leurs espoirs à néant.

Et voilà que je me retrouvais de nouveau là, dans la chambre qui avait vu naître ma première enquête, mon premier roman, ma première amitié et mon premier am-...Bref, énormément de nouveautés.

Comme toujours, j'étais face à ma machine à écrire, cet objet fascinant qui ne me quittait jamais. Sûrement la chose à laquelle j'avais accordé le plus de tendresse depuis mon enfance, plus même qu'à mon propre frère...Mais pour la cinquante deuxième fois depuis deux mois, l'inspiration ne venait pas. La frénésie typique de mes doigts volant sur les touches, produisant ce « clac » si doux à mes oreilles, m'avait quittée brutalement, et de manière totalement imprévisible.

J'ai appris des tas de choses en très peu de temps, et s'il y en a que j'ai simplement refusé d'admettre, d'autres me paraissent à présent limpides : il est bon de profiter, car tout peut disparaître brusquement du jour au lendemain. Ça vaut pour l'écriture, et cette inspiration si soudaine que je recherche depuis des semaines...Mais aussi pour les gens.

Pas que cela ne m'atteigne ou me fasse du mal, pour sûr. C'était juste un détail parmi tant d'autres...

𝕺𝖍, 𝖜𝖍𝖔 𝖎𝖘 𝖘𝖍𝖊 ? // [𝑴𝒆𝒓𝒄𝒓𝒆𝒅𝒊 𝑨𝒅𝒅𝒂𝒎𝒔]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant