Chapitre XXIX

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Le plateau était composé d'une salade de légumes, d'une épaisse tranche de viande, et d'une pomme.

Un repas tout droit sorti de Nevermore.

Ainsi, ma prison se trouvait près de l'Académie, c'était une certitude, à présent. Mais si elle ne se trouvait pas en son sein, ni à Jéricho, il restait un endroit : La foret. Après tout, c'était l'endroit idéal pour séquestrer quelqu'un : assez éloigné de toute habitation, mais à une distance respectable de Nevermore. De plus, très peu de gens osaient s'aventurer dans la foret, à cause de nombreuses croyances stupides- surtout depuis les récents évènements.

Je reportai mon attention sur le plateau. Je ne pus empêcher les coins de mes lèvres de se relever légèrement.

Un verre. Xavier avait eu la négligence de m'apporter un verre. Si j'arrivais à l'atteindre, alors je pourrais me libérer.

Dans son sadisme, Xavier avait placé le plateau assez près pour que le fumet émanant de la nourriture parvienne jusqu'à moi, mais néanmoins trop loin pour que je puisse ne serait-ce le toucher. Je puisais dans la détermination qui m'habitait et étirai ma jambe au maximum, jusqu'à heurter un petit objet compact du bout de ma semelle.

Après diverses manœuvres demandant souplesse et entraînement, je parvins à ramener le verre vers moi, avant de le saisir avec mes pieds et de le lever la plus haut possible.

Je le laissais s'écraser au sol. L'impact produisit un son clair et net, et le verre se brisa en morceaux, comme je l'avais escompté. A l'aide de mon pied gauche, j'amenais le bout de verre le plus proche jusqu'à mes mains. Impatiente, je l'effleurai du bout du doigt, et sentis aussitôt un liquide chaud couler le long de mes phalanges. J'avais sous-estimé son effet tranchant, et avoir un doigt hors jeu ne m'était d'aucune aide. Je retentais de nouveau, plus prudemment cette fois ci. Mes gestes étaient rapides et maîtrisés, comme si je l'avais fait toute ma vie.

Malgré tout, j'avais conscience de chaque entaille que le verre créait sur ma peau, et mes doigts furent bientôt poisseux de sang.

Soudains, j'entendis ce qui me sembla être des bruits de pas au dessus de ma tête. Ils s'arrêtèrent net un instant, avant de reprendre, plus rapides.

Suis-je dans un sous-sol ?

Un autre son troubla le cours de mes pensées :

-Mercredi ?

La voix avait beau être étouffée et à peine audible, elle était bien là.

-Mercredi, ou es-tu ?

Qui que ce soit, ce n'était pas mon geôlier, aussi répondis-je :

-En bas ! Je suis au sous-sol !

Le silence se fit, et durant quelques secondes je crus que l'étranger s'était enfui. Mais alors que je reprenais mon travail, j'entendis un fracas assourdissant à quelques mètres de moi : la porte d'entrée venait de céder.

Et Tyler se tenait sur le pas de la porte.



𝕺𝖍, 𝖜𝖍𝖔 𝖎𝖘 𝖘𝖍𝖊 ? // [𝑴𝒆𝒓𝒄𝒓𝒆𝒅𝒊 𝑨𝒅𝒅𝒂𝒎𝒔]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant