Bien maintenant que j'ai éclairé vos lanternes je vais pouvoir vous raconter l'histoire du père du gamin aux masques. Je peux déjà vous dire qu'il n'a pas eut une enfance facile... vivre au sein d'un clan de pandawa de sang pur alors que vous n'avez pas été choisi par la déesse de la boisson à votre naissance ce n'est pas ce qu'on appelle avoir un bon karma... Commençons donc par sa naissance... Je revois encore les nuages d'encens qui flottent dans la pénombre de la grande salle, éclairée par quelques bougies dont les flammes menacent de s'éteindre au moindre souffle. Et au fond de la salle trône un gigantesque coussin de soie écarlate, brodé de fils d'onyx et d'argent qui forment des arabesques et des motifs faisant penser à un dragon noir et un dragon blanc. L'un tient dans ses griffes une flamme bleue tandis que l'autre tient une flamme violette. Sur cet immense coussin la matriarche est assise en tailleur. C'est une vieille disciple de Pandawa, recouverte de rides et de longs cheveux blancs descendent le long de ses épaules. Ses paupières ne se ferment jamais et laissent apparaître deux yeux vitreux dont on devine l'aveuglement. Sa constante immobilité est causée par une paralysie totale, voyez-vous. Sourde et muette aucun mot ne sort de sa bouche. Son corps n'est qu'une prison de chair. Mais ce sont ces handicapes qui lui offrirent le titre de matriarche car grâce à eux elle avait eu accès au rang de liseur. Elle peut voir le Wakfu, le ressentir et lire en lui. Dans ses rêves, elle reçoit des visions du passé, du futur et du présent; et si de sa bouche ne sort aucun son, elle est capable de transmettre et lire les pensées de tous les individus qui se trouvent proche d'elle.
Autour de la matriarche tous les autres porteurs du don de perception s'attèlent à la coiffer, la maquiller, l'habiller... À l'odeur de l'encens se mêle celle des vapeurs de thé aux orchidées dont les émanations proviennent d'une théière en fonte qui chauffe non loin de là. Aussi calme que l'atmosphère semble l'être, dehors l'orage gronde et des ondées se déversent sur tout le village. La porte s'ouvre, laissant une bourrasque de vent traverser la pièce. Soufflées, les bougies s'éteignent aussitôt. L'homme qui vient de rentrer se précipite de fermer la porte en bois massif. Il se dirige vers la matriarche, quand il arrive à son niveau il s'agenouille puis parle enfin.
- Mère, le travail de votre fille a commencé, Lilit va bientôt accoucher !
Les pensées de la matriarche commencent à résonner dans sa tête.
** Tu te souviens de mes paroles Adam', n'est ce pas ? et je te rappel qu'en te mariant à ma fille tu as juré d'obéir à chacun de mes ordres. **
Adamenthe grimace à l'idée d'être devenu un des pions de cette vieille femme. Mais il aimait Lilit plus que tout. Subir les lois mystérieuse qui régissait son clan 'était le prix à payer pour vivre avec l'amour de sa vie.
- Nous ne savons pas encore si votre vision se réalisera...
Un cri de stupeur résonne dans la pièce. Les disciples de la matriarche le regardent d'un air effaré. Si c'était monnaie courante à l'extérieure, au sein de la famille personne n'osait démentir les visions de la matriarche. Adamenthe tourne son regard vers les silhouettes masquées dans l'obscurité et soupir de dégoût. Ses yeux se sont accoutumés à l'obscurité, il peut maintenant discerner les traits de la vieille pandawa. Une lueur bleuté brille dans ses ses yeux voilés. Elle est encore sous l'emprise d'un flux de Wakfu. La lueur s'éteint, et aussitôt il entend à nouveau les pensées de la matriarche.
** Retournes auprès de Lilit, et tu auras la réponse à tes doutes. Alors tu sauras ce qu'il te reste à faire. **
Le pandawa ne dit rien, il se retourne vers la porte, traverse une volute d'encens et repositionne sa capuche sur sa tête. À mesure qu'il se dirigea vers la sortie, il repense aux mots que lui avait dit la vieille femme et de ce que cela impliquait. Bien avant qu'il n'apprenne que sa femme était enceinte, la matriarche lui avait révélé un tragique destin. C'était une nuit orageuse comme celle-ci et le vent avait également plongé la grande salle dans l'obscurité...
Adamenthe était à genoux, face à la matriarche. Trempé jusqu'aux os, le bruit des gouttes d'eau qui tombaient résonnait dans la salle. Le regard posé sur le sol il prit enfin la parole.
- Bonsoir Mère, je suis venu aussi vite que j'ai pu quand on m'a dit que vous me demandiez.
Les disciples de la matriarche restaient silencieux, l'atmosphère était lourde comme si une sombre nouvelle avait traversé ces murs. La vieille pandawa prit une longue inspiration puis transmit ses pensées à Adamenthe.
** J'ai eu une vision. Lilit tombera bientôt enceinte de toi, vous attendrez des jumeaux. La fille n'aura aucun talent à percevoir le Wakfu mais se révèlera particulièrement habile au combat. Quant au garçon... il sera le premier liseur de son sexe et deviendra mon successeur. **
Adamenthe avait été fraichement accueilli au sein de cette famille aux moeurs tant particuliers et bien qu'il ne croyait pas toujours sincèrement aux dons de la matriarche, il était fier d'entendre de telles nouvelles et ne comprenait pas l'urgence qui l'avait amené ici à cette heure tardive.
- Je suis heureux d'apprendre de telles nouvelles, Mère ! Mais je ne comprends pas pourquoi vous étiez si pressée de me les annoncer.
Les pensées de la matriarche résonnèrent aussitôt.
** Le destin de ces enfants les mèneront à l'inceste et leur péché donnera un fruit qui causera de grand déséquilibres dans le monde des douze. Pour éviter un tel désastre, quand le jour sera venu, je te demande d'éloigner ta fille le plus loin possible de cette famille. Nous préserverons ton fils de son destin et je veillerai sur lui jusqu'à ce qu'il soit capable de prendre ma place. **
Les derniers mots de la matriarche avaient arraché la gaieté d'Adamenthe. Il avait également deviné que si sa femme n'avait pas été prévenu en même temps que lui c'est que la vieille pandawa voulait qu'elle ne sache pas la vérité. Elle connaissait sa fille et savait qu'elle n'aurait jamais laissé faire une chose pareille. Adamenthe ne voulait croire en ces prédictions, il baissa la tête en signe de respect puis quitta la pièce sans dire un mot...
Le pandawa se trouve déjà devant la petite maison de bois où se trouve sa femme, il peut entendre les pleures d'un nouveau né. Il se précipite pour pénétrer dans la demeure puis retire sa capuche. Il embrasse sa femme qui pleure de joie et de fatigue. Un des gardiens de la matriarche se tenait là, il avait assisté Lilit pendant son accouchement. Il tient dans ses bras le fruit de leur amour. Il finit de nettoyer le nourrisson et le dépose dans les bras de Lilit. Adamenthe caresse son enfant et sourit à sa femme. Le bébé était dépourvu de tout poil et n'avait aucun des traits que pouvaient arborer les disciples de Pandawa.
- Tu m'as offert un magnifique garçon, Lilit ! Tu es merveilleuse ! Je suis même étonné que Pandawa n'ai pas choisi de le garder sous son aile, il est si beau, qui pourrait lui résister ?
Le jeune nouveau père se rassure de croire que les visions de la matriarche se sont révélées être fausses. Lilit se serre contre son mari tout en berçant son fils.
- Oh ! Je ne m'en fais pas pour ça ! Je suis sûre que le moment venu il boira au moins autant de lait de bambou que toi et qu'il se fera connaître dans toutes les tavernes ! Comme son père.
Mais un frisson brise ce moment magique. Lilit se met à hurler. Le gardien se précipite sur elle et demande à Adamenthe de s'éloigner avec le bébé. Il prend son fils dans ses bras et va dans la salle qui juxtapose la chambre conjugale. Il s'assoit sur un fauteuil à bascule et chante une berceuse alors que des larmes coulent sur ses joues. Il ne pleure pas de joie. Ses larmes coulent pour le deuil d'un enfant qu'il ne verrait jamais grandir, sa fille.
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Les Faiseurs de Chaos
FanfictionDans l'univers de Dofus et Wakfu, le monde des douze, suivez les aventures épiques de trois héros aux pouvoirs uniques : un Eniripsa, une Sadida et un Zobal. Ils affrontent les manigances maléfiques d'un dangereux shushu, ils feront de leur mieux p...