Le dernier liseur de Wakfu - L'Héritage

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L'auberge se dresse devant lui. Dans le lointain il entend le cri des gardes qui se rapprochent vers le temple. Ils découvriraient bientôt le corps de Kain et de la matriarche. Des sanglots font trembler sa poitrine. Il pénètre dans l'auberge les jambes toujours tremblantes. Seuls quelques jours s'étaient écoulés depuis qu'il avait quitté le village. Pourtant en observant les boiseries familières de l'auberge, il a l'impression d'être revenu après une éternité.

Kain ne lui a pas dit où chercher le coffret, mais il n'avait pas besoin de le faire. Il sait. À toute vitesse, l'éniripsa monte les escaliers qui mènent à la chambre de sa mère. Il se souvient... la dernière fois qu'il était parti de cette chambre il avait quitté le corps de sa mère pour suivre les monts et merveilles que Sorin, l'usurpateur, lui avait promit. Il revoit à nouveau les visions qui lui avaient révélé la vérité sur son mentor.

- Je m'en veux tellement...

Au bord du lit, il aperçoit le coffret. Une petite boîte d'un bois sombre, presque rouge. Les derniers rayons de soleil qui transpercent la fenêtre viennent projeter des reflets dorées sur la couleur grenat du coffret. Des moulures de cuivre et de bronze scintillent sur les quatre coins de la boîte. Au centre un sigil fait d'ivoire lui rappellent étrangement ces créatures que l'on appelait « shushus » dont sa mère avait pu lui raconter les histoires les jours où il voulait entendre des contes qui font peur. Juste en dessous du sigil on pouvait lire une gravure en bois plus clair. Famille Cradennaej. La famille de son père avant qu'il ne rejoigne le clan de la matriarche. Il se décide enfin à ouvrir le coffret, à l'intérieure un écrin de velours pourpre contient un fin parchemin immaculée.

- Quoi ?! mon père m'a laissé une feuille vierge !

Il arrache le parchemin du coffret. À bout de nerf il s'apprête à le déchirer mais la lumière du soleil qui atteint le vélin fait apparaître des inscriptions dorées, presque irradiantes. C'est une carte.
Les gardes interrompent sa découverte. Ils atteignent bientôt l'auberge. L'éniripsa enroule le parchemin pour le ranger dans la sacoche attachée à sa ceinture puis s'échappe par la fenêtre. Il se sert de ses ailes ridiculement petite pour ralentir sa chute. Il les entend monter l'escalier. Il se jette en courant vers la forêt.
Les indications de la carte lui semble très claire. Il avait immédiatement reconnu les champs de blés, la colline et... le grand saule. Pourquoi cette carte devait-elle le ramener là où il avait découvert le corps de son père ? Il continue de courir à travers les feuillages et les branches. Il juge être assez loin du village. Il se laisse tomber au sol pour reprendre son souffle.

La fatigue lui fait entendre le rire mauvais de Sorin. Sa main se porte machinalement dans sa sacoche, ses doigts rencontre le verre des différents flacons qui contenaient les décoctions que son mentor lui avait donné. Il ressort une des potions de rappel.

- Je dois l'arrêter... je ne peux pas juste m'enfuir et espérer qu'il ne me recherche jamais.

Il regarde la carte laissée par son père.

- Je suis désolé Papa, ça attendra encore un peu.

Il boit une gorgée de la potion puis disparaît dans un flash. La lumière tamisée du Relais lui donne une sensation agréable. Il s'était senti si bien ici. La chaleur du bois, les étagères pleines à craquer d'objets plus étranges les uns que les autres. En vérité cet endroit cachait les hideuses expériences de Sorin. Il est apparu dans le fond. À côté de Dragonia, elle est toujours attachée là où Sorin l'avait laissée. Il la caresse doucement puis se dirige vers l'entrée, là où se tiendrait Holivan et Blou.

- Qu'est ce que tu fais ici gamin ?

Le mastodonte osamodas s'était avancé dans le couloir, son immense masse fermement empoignée.

Les Faiseurs de ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant