Les années passèrent, je ne dirai pas paisiblement car ce ne fut pas le cas. Anémone ayant longtemps subit les réminiscences de ce jour où Reficul révéla ses véritables desseins, qu'elle continua à revivre dans ses cauchemars. Elle tenta bien de tourner la page, essaya d'oublier, mais le sort en avait décidé autrement. Le fils dont elle donna naissance lui rappeler sans cesse l'homme qu'elle aimait, dont le corps était enchainé et maintenu en prison grâce à la magie d'une fleur de wakfu cristallisée.
Quand elle apprit qu'elle était enceinte de lui la déferlante d'émotion qui l'envahit la fit passer de la joie à la tristesse, de la colère à la peur... au bout de quelques semaines elle envisagea même de mettre un terme à la vie qui grandissait en elle, en s'aidant de ces longues aiguilles dont les maîtres tisseurs sadidas se servaient pour confectionner poupées vaudou et autres tissus. Ce n'est pas le courage qui lui manquait mais elle ne parvint pas à le faire. Elle réalisa aussi qu'elle ne pouvait rester seule, survivant comme elle pouvait dans les bois, elle savait qu'elle finirait par ne plus avoir assez de force pour chasser quand son ventre serait bien rond et douloureux. Cependant, son village n'était plus, et elle était interdite de rejoindre le royaume Sadida. Elle n'avait aucun port d'attache.
Elle n'eut d'autre choix que de chercher... chercher un lieu où elle trouverait sa place. La sadida ne cherchait pas un havre de paix, juste un endroit pour elle et son enfant, et elle finit par trouver. Un petit village hétéroclite où toutes sortes d'habitations d'aspects différents co-existaient ensemble. Les habitants l'invitèrent à s'y installer. Tout comme elle, ils étaient des renégats que ce soient des quatre nations ou des différents cultes du monde. La raison de leur exils était pour la plupart tenue secrète, mais ce qui était sûr c'est que les gens venaient ici sans passé. Leur histoires vierges en espérant trouver un renouveau. Des disciples de tous les dieux et même des personnes dépourvues de tout culte, vivaient là dans un semblant d'harmonie.
Voir grandir son enfant dans cet environnement lui semblait être le meilleure. Loin de ces clans — dits de sang-pur — bien trop fiers pour s'éloigner des pièges dans lesquelles ils s'embourbent, leur passés étant autant de chaines qu'ils considèrent comme des traditions sacrés moulant leur âmes et leur destins.
Elle voulait épargner ça pour son enfant, qu'il n'ait pas à vivre ce que sa mère et son père avaient vécu. Malgré tout, la vision idéale que l'on peut avoir de l'avenir correspond rarement à la réalité de notre destination. Peu importe le chemin que l'on entreprend, l'avenir est en constant changement, le moindre choix, la moindre pensée envisagée sont autant de battements d'ailes de papillon qui pourraient provoquer tornades et ouragans à l'autre bout du monde.
Sans doute est-ce l'avidité naïve de l'espoir qui l'empêcha de voir que vivre dans ce village, bien que dépourvu de tout carcan sociétaire, ne préserverait pas son fils du poids du masque social qui s'impose à chaque individu vivant au sein d'une communauté.
Le village entier s'était prit d'affection pour cette femme encore bien jeune qui portait déjà la vie. Quand elle donna naissance à son fils, tout le monde chercha un moyen de se rendre utile pour l'encourager, apaiser ses douleurs, assurer l'arrivée du nourrisson.
Le travail avait débuté alors qu'elle remettait du bois pour alimenter le feu. Le village était en effet cerclé de nombreuses fournaises pour faire abdiquer les créatures de la forêt qui cherchaient à trop s'en approcher. Alimenter ces feux est une des corvées que les villageois s'acquittaient à tour de rôle. Quand on la vit s'écrouler au sol en se tenant le ventre, personne n'eut d'hésitation et tout le monde se précipita pour l'emmener à l'intérieur de la grande tente centrale où avait lieu habituellement les rassemblements.
Les mouvements de précipitation pour épauler la femme bientôt mère soufflèrent les bougies qui illuminaient l'intérieur. Le reste de l'accouchement se déroula dans une quasi-obscurité, quelques rares bougies subsistaient encore dans la tente. Les eniripsas du village qui s'assuraient du bien être de la sadida constatèrent avec effroi tout le sang qu'elle avait perdu. Il fallait que l'accouchement ne tarde pas à se terminer, sinon aucune magie curative ne pourrait la sauver.
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Les Faiseurs de Chaos
FanfictionDans l'univers de Dofus et Wakfu, le monde des douze, suivez les aventures épiques de trois héros aux pouvoirs uniques : un Eniripsa, une Sadida et un Zobal. Ils affrontent les manigances maléfiques d'un dangereux shushu, ils feront de leur mieux p...