Minuscule

Les deux divas 4/4

Le lendemain, elles redescendirent au village, mais, en passant devant le café où elles étaient attablées la veille, elles aperçurent une blondinette mal en point :

- Mais qu'est-ce que vous venez faire ici ? Mikochi, je croyais que tu avais démissionné ? les interpella-t-elle d'un ton mécontent.

- Konju ! Tu n'as pas l'air bien... fit Mikochi, inquiète.

- Je me suis juste un peu enrhumée, c'est tout !

- Mais tu es toute rouge ! Tu es sûre que tu pourras chanter tout-à-l'heure ? demanda Hakumei.

- Bien sûr ! Hier soir, j'ai fait des vocalises pendant deux heures en sortant du bain !

- C'était stupide ! C'est sûrement ça qui t'a rendu malade.

- Et alors ce ne sont pas vos aff...

Mikochi lui tendit d'autorité un petit pot accompagné d'une cuillère :

- Tiens ; c'est de la confiture de poires du stand de M. Blaireau ; déguste-là jusqu'à l'heure du spectacle. Cela fera du bien à ta gorge.

Konju regarda la confiture d'un œil suspicieux, se demandant sûrement si elle contenait quelque poison qui l'empêcherait de chanter :

- Tu ne me dissuades pas de chanter ? demanda-t-elle en fusillant Mikochi du regard.

- Pourquoi, tu voudrais ? rétorqua l'intéressée. 

Konju marmonna quelque chose à propos d'une énervante brunette. Toujours pleine de sollicitude, Mikochi reprit :

- Tu ne pourras pas monter dans les aigus, ça ira quand même ?

- Oui, mon atout, c'est ma lyre et ses altos envoûtants. répondit Konju.

- ça tombe bien alors ; moi je suis plutôt soprano. dit Mikochi.

- Ah, Mikochi, j'espère que tu ne vas pas gâcher le spectacle !

- Ce serait plutôt à moi de dire ça, Konju !

Ainsi, dans la claire après-midi d'été, les voix des deux divas s'élevèrent dans le ciel. Et ce chant était si beau, si clair... que les esprits des objets anciens ne purent pas s'empêcher de s'inviter à la fête.