Chapitre 1 - Inconnu

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PDV de Nora

- Embarquement dans 15 minutes ! braille un haut-parleur.

- Venez vite les enfants. Ne perdez pas votre sac, dis-je en pressant le pas vers le quai.

Les derniers jours ont été longs et épuisant avec nos préparatifs et j'ai du mal à croire qu'aujourd'hui est le dernier jour à suffoquer sur cette planète qu'est la nôtre. Faut dire qu'en 2347, l'air n'y est plus vraiment respirable. Nous avons pris l'habitude de survivre et de troquer le si peu que nous avions pour une petite bombonne d'oxygène afin de purifier l'air de nos habitats.

- Félix, ne te chamaille pas avec ta sœur. Donnez-moi la main, il ne faut pas se perdre, dis-je le plus calmement possible afin de ne pas leur communiquer mon stress.

Je serre la petite main de Felix avec une force que je ne contrôle plus, comme si en le tenant, je pouvais ancrer notre famille dans quelque chose de stable au milieu de ce chaos. Mon cœur tambourine, mais je m'efforce de sourire pour eux. Chaque pas que nous faisons vers l'embarcadère est un combat contre cette peur sourde qui serpente en moi. Les regards des autres passagers pèsent comme un jugement silencieux, et l'air semble se contracter autour de nous, lourd de questions sans réponse.

- Maman, on va où ? murmure Céleste, sa petite voix à peine audible au milieu du brouhaha.

- On va quelque part de mieux, ma puce... Je l'espère, lui répondis-je en serrant son petit corps contre moi. Mon regard se perdit sur l'immensité de l'horizon où l'on commence à apercevoir notre immense moyen de locomotion.

Est-ce que je mens ? Oui. Mais je dois y croire pour eux.

Il est dit, dans les livres, qu'il fut un temps où les humains profitaient joyeusement de l'extérieur, dans des pelouses vertes, à l'ombre de la magnificence des arbres d'autrefois. Quelque chose qui nous est inconnu. Il y a bien longtemps que nous avons mis tout notre coeur à abîmer notre chère planète, notre seule planète. Enfin, c'est ce que nous pensions jusqu'à il y a encore quelques mois.

Je prends place dans la file menant à la porte 23, billets en main pour trois personnes. Des gardes imposants se trouvent devant des portiques afin de contrôler nos identités pour embarquer dans leur vaisseau. Oui, oui,... un vaisseau spatial ! Immense et gris, comme dans un roman de science-fiction.

Il est impressionnant et majestueux. Il donnerait presque l'impression de flotter au-dessus du sol mais il repose sur une base large. Comme un réseau nervuré de couloirs et pièces descendant vers le sol pour s'y planter. La matière extérieure est lisse, avec un fini métallique gris anthracite qui reflète subtilement la lumière environnante. Des néons bleus illuminent certaines parties du vaisseau, ajoutant une touche futuriste. Des protubérances géométriques ornent la coque, contribuant à son apparence complexe et technologique. Enfin, une grande tour pointue sur dresse sur le haut du vaisseau comme une fusée prête à décoller vers le ciel.

C'est un mastodonte d'acier qui projette son ombre immense sur la foule qui s'agite. Chaque pas nous rapproche de son imposante silhouette, et je sens les enfants se serrer contre moi, intimidés par son immensité. Nous nous frayons un chemin à travers la masse humaine, bousculés par des coudes impatients, des regards tendus, jusqu'à ce que nous atteignions enfin l'entrée.

- Nora Duval 28 ans, mère de Félix Mercier 5 ans et Céleste Mercier 3 ans, lit le garde sur mon billet. Carte d'identité s'il-vous-plaît ! m'ordonna-t-il avec autant de politesse que de sévérité.

Je lui montre nos pièces d'identité, la prunelle de mes yeux collée à mes jambes, derrière moi. Malgré un monde hostile qu'ils connaissent depuis leur naissance, j'ai toujours essayé de préserver leur innocence et ceux-ci ne sont pas les derniers à être effrayés par la situation.

Le Coeur sur Terre (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant