Le Coeur sur Terre (Tome 1)

Chapitre 3 - Le feu et la glace

PDV de Nora

Cinq jours se sont écoulés depuis ma rencontre avec ce sarilien renfrogné et son adorable fillette. Étonnement, nous ne l'avons pas revue. A-t-elle été punie et interdite de séjour sur la place ces derniers jours ? Et c'était quoi son tour de passe-passe avec sa main ?!

Je sens que je n'aurai pas d'explication de suite. J'attendrai un moment plus approprié pour le découvrir. Questionner une petite fille, aussi insouciante de dévoiler sa vie privée qu'elle l'est, ne me semble pas correct. Cela avait l'air inoffensif, à presque se blesser pour que cela se produise.

Je dois bien avouer que ce petit soleil nous avait bien plu, aux enfants et à moi. Mais pas de temps à perdre en attendant qu'elle réapparaisse. Je dois m'occuper de notre intégration et pour ce faire, j'ai commencé à nouer des liens avec les enfants terriens. Cela facilitera mon travail une fois sur Sarili.

- Nora, il y aura des chiens sur Sarili ? me demande un des enfants.

- Et des arcs-en-ciel ? me questionne un autre.

Ils sont tellement mignons avec leurs questions. Et ça me change des " Comment fonctionne leur système de santé ? ", " Ont-ils des véhicules type voiture " et autres. Des interrogations d'adulte, en somme.

Je continue ma nouvelle petite routine : lever avec les enfants, petit-déjeuner avec Sarah (d'ailleurs, elle invite de nouvelles connaissances à notre table chaque matin), jeux avec les enfants et rencontre avec mes futurs élèves terriens, repas du midi, paperasse pour notre installation puis formation au sujet de la planète Sarili et de ses habitants. J'en profite au passage pour partager mes nouvelles connaissances avec Félix et Céleste qui sont très intéressés. Et pour finir, un peu de lessive, de rangement de la capsule, un bon dîner et le coucher des petits pour ensuite continuer d'étudier.

Ce soir, mes yeux ont du mal à se fermer. J'ai la tête qui déborde d'informations et de questions à poser à l'enseignant que je vais accompagner. Mais ce qui me gêne le plus, c'est ce bruit. On dirait de la musique. Ce n'est pas si fort mais cela suffit à me déconcentrer. Je décide alors de sortir sur le palier pour observer ce qu'il se passe. J'ai cru devenir sourde en ouvrant la porte que je refermais aussitôt derrière moi pour ne pas réveiller les enfants.

Les capsules sont bien insonorisées dites donc !

Les mains sur les oreilles le temps de m'habituer au son, je décide d'aller voir ce qu'il se passe sur le palier. En bas, l'esplanade semble avoir été transformée en piste de danse. Des musiques terriennes s'enchaînent et la foule se déhanche. Terriens et sariliens, à priori. Enfin, c'est ce que je devine car ces derniers ne quittent pas leur combinaison noire. Certains s'accordent une pause puis remontent sur la mezzanine pour continuer leur travail. Les discussions sont plutôt rares entre terriens et sariliens malgré tout.

Je m'accorde quelques minutes pour écouter ces musiques familières. Je suis heureuse qu'ils aient emporté des témoignages de notre culture. Premièrement car, partir en abandonnant tout derrière nous serait difficile. Deuxièmement car nous avons tout de même une Histoire de plusieurs millions d'années qu'il serait idiot de jeter aux oubliettes. Mais chacun ses goûts en matière de culture. Et cette musique en est la preuve, tantôt entraînante et tantôt affreusement assourdissante.

Je profite d'une musique que j'aime pour aller me coucher sur une bonne note, sans jeu de mot. Encore une journée bien remplie. Qui aurait cru qu'on puisse être aussi occupé sur un vaisseau spatial sans être membre de l'équipage ?!

***

- Maman, je peux avoir du pain avec du beurre et de la confiture...hum... de fraises. Non, de cerises ! s'emporta Félix après son débat intérieur. Son hésitation amuse les personnes qui attendent dans la file du self. Un moment rafraîchissant et solaire dans cette pénombre.