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𝐞𝐯𝐚𝐧𝐞


Sur la mer, le soleil commence à se coucher, donnant au ciel les teintes orangées qui me passionnent tant. Mon regard ne peut s'en détacher, faisant battre mon cœur de plus en plus vite à mesure que je le vois disparaitre. Cette euphorie quotidienne de pouvoir voir cet astre si élégant s'incliner devant moi me donne mal à la tête. Il a beau nous illuminer toute la journée, il arrive forcément un moment où il laisse sa place. Comme si son rôle avait trop duré et que la lumière devait se faire artificielle. Pourtant, la lune, connait elle aussi cette force qu'elle nous transmet, mais pas autant que le soleil. Lui, il plonge, nous survole et nous encombre. Alors qu'elle, elle nous laisse dans l'ignorance de ce qu'il se passe, nous coupant le plus possible de la chose la plus magnifie qu'il soit : la vie. Car quand la lune se lève, la vie se couche.

Autre part dans le monde, on se réveille, avec des rêves pleins la tête et des envies de les réaliser.

Pour nous, dans notre monde, les rêves sont bien différents. À certains endroits on rêve d'avoir le courage de parler et l'opportunité de se faire entendre. Alors qu'à d'autres, on use de notre pouvoir en jugeant ce qu'il n'a pas lieu d'être jugé.

C'est ça qui est beau dans la vie. Quand dans un hémisphère l'étincelle est belle, dans un autre elle est sombre. La vie n'est jamais la même où que l'on soit. Mais pourtant, on trouve toujours des manières pour que tout se rejoigne à un moment donné.

La lune et le soleil en sont l'exemple. Chaque personne les a déjà vus et côtoyés. Tout le monde ne les a pas admirés mais a au moins posé son regard dessus.

Dans mon cœur, toute brillance a perdu de son brillant. Tout ce qui était auparavant beau est devenu morne. Depuis que les étoiles ont cessé de briller dans le ciel et que les reflets du soleil se font moins éblouissants, tout va mal. Mais les couchers et levers de soleil le font parfois revivre. Je le sens à nouveau qui pulse dans ma poitrine jusqu'à me donner envie de l'arracher.

Avant, quand ça allait mal, je savais quoi faire. Maintenant, seuls les mots peuvent me sauver. Mais quand je ne peux les extraire de moi, il m'est impossible de les coucher sur le papier. Mon stylo entre les doigts, je ne cesse de me torturer pour trouver les quelques phrases qui me permettront d'enfin passer à autre chose.

Comme rien ne me vient, je m'empare de mon téléphone et compose le premier numéro qui me vient en tête, comme si ce syndrome si puissant allait enfin s'en aller au moment où je prononcerais un seul mot.

— Allô, Evane ?

—Colin ? C'est bien toi ?

Le silence dure de longues secondes.

— Tu viens de m'appeler, donc je pense que c'est bien moi, oui, me charrie-t-il.

Seul son rire résonne. Puis je me rappelle de quelque chose qui s'empare de moi sans me prévenir .

— Tu m'as menti. Tu n'es qu'un menteur.

— De quoi tu me parles ? Je ne vois pas du tout où tu veux en venir.

— C'est ça, fais comme si de rien n'était. Tu n'as pas honte de promettre quelque chose et de ne pas le respecter ?

Colin semble enfin comprendre. Il souffle, prenant le temps sûrement pour chercher des mots ayant comme but de m'apaiser. D'habitude, je ne lui aurais pas laissé le temps de dire quoi que ce soit, aujourd'hui je n'en ai pas la force mentale.

—J'ai eu beaucoup de travail, je suis désolé. Tu sais aussi bien que moi que quand tu commences, tu ne peux t'arrêter.

— Ce n'est pas une excuse ! Elle n'est pas acceptée.

Let Somebody Go T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant