33. Le Contrat

5.1K 181 127
                                    






Aksana

Je veux que ce soit toi qui m'interroge.

Ma voix, pourtant faible, trancha l'air comme une lame. Mon regard s'accrocha à ses mains, à cette paume qu'il venait de poser sur son genou. Du sang séché s'y accrochait encore, formant des éclats sombres sur sa peau claire. Mon cœur se serra. À qui appartenait ce sang ?

Ses sourcils se froncèrent, marquant son irritation. Lentement, presque mécaniquement, il se leva de la chaise qu'il avait positionnée devant mon lit, son regard rivé sur moi avec une intensité oppressante.

— Répète.

Son ton était tranchant, autoritaire. Ce n'était pas une question. C'était un ordre.

Je déglutis avec difficulté, mais je ne comptais pas reculer. Mon cœur battait trop vite, ma gorge était sèche, mais je plantai mes yeux dans les siens, refusant de détourner le regard.

— Je veux que ce soit toi... qui m'interroge, Aaron.

Un silence pesant s'abattit sur la pièce. Il s'immobilisa, comme figé par mes paroles. L'ombre qui assombrissait son visage lui donnait un air encore plus menaçant, mais je n'étais plus sûre d'avoir peur. Ou peut-être que si, peut-être que la peur s'était mêlée à autre chose, quelque chose de plus trouble, de plus dérangeant.

Je crus voir une lueur passer dans ses yeux, une fraction de seconde à peine. Puis, il tourna lentement les talons, exactement comme la dernière fois.

Son silence était plus glaçant que n'importe quel mot.

Je serrai les draps contre moi, les jointures de mes doigts blanchissant sous la pression. L'air était devenu plus lourd, plus oppressant.

Il allait partir.

Non.

— Aaron...

Il ne s'arrêta pas.

L'angoisse me prit à la gorge. Une impulsion irrépressible me poussa à me lever, ignorant la faiblesse qui alourdissait mes muscles. Mes jambes flanchèrent aussitôt et je me retins in extremis à la table de chevet. Le bruit du verre brisé craqua sous mes pieds nus.

Cette fois, il s'arrêta.

Son regard glissa lentement sur ma silhouette vacillante.

Je ne savais même pas pourquoi je voulais le retenir.

Pourquoi ? Pourquoi lui ?

Mais mes pensées étaient trop chaotiques, embrouillées par la fatigue, par l'enfermement, par sa présence qui m'électrisait et m'épuisait à la fois.

— Reste.

Le mot s'échappa avant même que je ne le pense.

Aaron pivota légèrement, observant ma détresse avec une neutralité presque insultante. Puis il fit un pas vers moi.

Un seul.

Et ce fut suffisant pour me donner le vertige.

Il me dominait de toute sa hauteur, son ombre me recouvrant presque entièrement.

— Tu ne veux pas d'Anthonin. Très bien. Alors pourquoi moi ?

Son souffle effleura ma peau, réveillant une série de frissons qui dévalèrent mon échine.

Pourquoi lui ?

Parce qu'il était le seul qui me regardait comme ça.

Parce que même s'il était cruel, il était honnête dans sa cruauté.

BOGDAN (Mafia Book) [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant