Un...deux...trois...q-quat..
Alors que les secondes défilaient d'une lenteur.
C'était cette nuit.
Cette nuit terriblement froide et glacial.
À cette heure, à ce moment, assise dans ce bar, tard le soir.
Elle ne s'attendait pas à ce que sa vie bascul...
Si je possédais des ailes et des muscles comme Hulk, je n'hésiterais pas à briser cette vitre teintée et à m'échapper, fuir cette situation, m'éloigner de tout ce qui me lie à ce mariage arrangé.
J'étais là, dans cette grande voiture de luxe, Kirra à ma gauche, Irina à ma droite. Le monde m'échappait, noyé dans la lueur tamisée des sièges en cuir. Les garçons se tenaient en face de nous. Sauf lui, bien sûr, le psychopathe, celui qui avait choisi sa propre voiture, probablement pour garder une distance stratégique.
Si j'avais bien compris, cette soirée ne serait pas une simple réunion. Non, c'était bien plus. Une soirée d'enchères, une vente, une négociation silencieuse, dans laquelle je n'étais qu'un objet à disposition. Un prix à vendre.
Mon esprit tournait en rond. J'étais encore secouée par ce que m'avait dit Bogdan, par la brutalité de ses paroles, par tout ce que j'avais dû accepter sans broncher. La peur, je pouvais la goûter sur ma peau, sous la forme de frissons incontrôlables.
— Tu m'écoutes ? Kirra secoua sa main parfaitement manucurée devant mon visage.
Elle ne semblait pas s'en rendre compte, mais la situation me pesait. Lorsqu'on était montées dans cette voiture, Kirra s'était empressée de retoucher mon maquillage, comme si tout cela était la chose la plus naturelle du monde. Sans même poser de questions, elle avait corrigé mon mascara en ruine, probablement habituée à ce genre de scène. Elle ne me voyait pas comme une partenaire potentielle, mais comme un pion qu'on déplace sur l'échiquier.
Kirra, à sa manière, était sublime. Elle portait une longue robe noire, digne des soirées les plus prestigieuses, avec des ourlets en dentelle qui effleuraient à peine le sol. Un côté élégant, sans effort. Peut-être qu'elle était bien plus dans son élément que moi, qui n'avais jamais voulu être là.
Quand elle eut fini avec mon maquillage, Lev, le bras droit de Bogdan, me donna les instructions. Simples. Claires. « Tiens-toi à côté de Bogdan », m'avait-il dit, son ton dénué de chaleur, presque mécanique. Et en ajoutant un avertissement froid : « Si tu foire, je te brise un bras, on te demande ton prénom, tu te tais. »
Je m'étais toujours dit que je n'étais pas née pour ça. Mais cette fois, il ne s'agissait pas de ma volonté. C'était une question de survie.
— Oh... oui ? répondis-je distraitement, détournant les yeux de la fenêtre pour faire semblant d'écouter Kirra.
— Je te disais que tout va bien se passer, me dit-elle, son sourire rassurant ne me convainquant pas.
— Elle va tout foirer. Irina fit une remarque cinglante, ajustant son bustier pour la énième fois. Une attitude provocante qui m'exaspérait.
— Elle ne connaît rien à ce monde. Vanessa renchérit, se regardant dans le reflet de son téléphone, totalement déconnectée de la réalité.
Je serrai les poings, m'efforçant de rester calme.
— J'espère que vous vous rappelez pourquoi elle est ici. Lev lança un regard rapide vers moi. Pourquoi il faut la protéger.
J'aurais aimé pouvoir disparaître, mais j'étais là, coincée dans ce mariage qui n'était ni le mien ni celui de Bogdan, mais celui de l'influence et de l'ambition. Un prix à payer pour pouvoir respirer dans ce monde corrompu.
— Elle devra juste se tenir aux côtés de Aaron. Kirra haussait les épaules, défendant mon rôle avec une indifférence glaciale.
— J'aurais dû y aller à sa place. Vanessa gémit, se drapant dans son dédain.
— Aaron ? demandai-je, confus, en regardant Kirra.
— Aaron Bogdan. C'est comme ça qu'il s'appelle. Elle répondit avec une simplicité qui me glaça.
Je n'avais même pas retenu son nom, son visage. Il n'était qu'un nom parmi tant d'autres. Mais là, cette révélation, ce lien avec le mariage arrangé, me fit frémir. Aaron Bogdan... Le mari que je devrais épouser. Je n'étais plus si sûre de mon calme.
La voiture s'arrêta enfin, me coupant dans mes pensées. Un frisson d'angoisse me parcourut.
Kirra tourna la poignée et ouvrit la porte. La musique électronique se fit entendre, lourde, vibrante, étouffant. Les autres sortirent, mais quand vint mon tour, une main froide se posa brusquement sur mon bras. Lev.
— Ne t'avise pas de gâcher notre mission, me chuchota-t-il d'un ton glacial. Et surtout... Il me souffla à l'oreille, n'essaie pas de t'échapper, tu sais ce qui t'attend.
Il me lâcha brutalement. Je m'empressai de sortir, mes talons résonnant sur le sol, l'air devenant lourd autour de moi. Et là, je le vis. Aaron.
Il se tenait là, dans toute sa prestance, les mains dans les poches, observant, avec cette nonchalance inquiétante, ce sourire presque invisible. Je pouvais le sentir, son regard glacial, calculateur. Son nom était marqué dans mon esprit, mais c'était sa présence qui me marquait, son aura imposante qui me faisait trembler.
Je regardai autour de moi. Le garage était immense, un entrepôt de luxe, avec des voitures de collection, des voitures plus belles les unes que les autres. Rien de ce monde ne m'appartenait, et pourtant j'y étais, figée dans ce jeu de pouvoir, condamnée à épouser un homme dont je ne voulais pas.
Je baissai les yeux, évitant son regard qui semblait me transpercer, avant de me rendre compte que, comme un aimant, mes yeux étaient attirés par lui. Il se tenait là, implacable, avec ses tatouages visibles sous la chemise ouverte, la montre brillante à son poignet. Le monde autour de lui semblait se fondre en arrière-plan.
Il me détaillait. Chaque détail de mon corps. Sans expression, sans émotion, juste l'intensité glaciale d'un prédateur qui calcule sa proie. Un frisson d'effroi me parcourut.
Puis, lentement, Aaron leva la main. Son index se leva légèrement, m'invitant à m'avancer.
Une force irrésistible sembla m'emporter. Comme hypnotisée, je me mis à marcher, mes talons claquant sur le carrelage, le bruit métallique résonnant dans le silence qui régnait autour de nous. Plus je m'approchais, plus je sentais le poids de la situation.
Et tout à coup, une silhouette se dessina à ses côtés. Une femme, grande, gracieuse, vêtue d'une robe moulante, et... elle s'approcha de lui sans détour, comme si elle voulait capter son attention. Elle, une menace silencieuse. Et Aaron, implacable, restait figé, une cigarette à la main, toujours concentré sur moi, son regard ne me quittant pas.
C'était le jeu. Un jeu où je n'avais aucune chance de gagner. Et pourtant, j'étais piégée dans ce mariage arrangé.
Avec tout mon amour. Nesslodd. ♡ Instagram : @nesslodd
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