45. Ombres d'un réveil

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Aksana

Le matin s'introduisit discrètement dans la chambre, la lumière douce de l'aube perçant à peine à travers les rideaux fermés. J'étais encore dans un état de brume, les rêves s'entremêlant à la réalité, l'atmosphère étouffante de la nuit précédente m'enveloppant comme une couverture trop chaude.

Mes yeux s'ouvrirent lentement, mais ce qui me frappa immédiatement, c'était le poids contre moi. Une chaleur, une présence qui ne me laissait aucune place pour bouger. Je me tendis instinctivement, sentant la douceur de la peau contre la mienne, une pression qui me rappelait où je me trouvais.

Je me redressai un peu, tentant de m'extraire doucement de l'étreinte, mais le poids se fit plus lourd. Aaron. Il était là, allongé sur moi, sans bouger, comme si la pièce entière n'existait plus à part lui et moi. Je devinais ses traits dans l'obscurité de la pièce, son torse contre le mien, son souffle calme et régulier. Il dormait.

Je restai figée, partagée entre l'envie de le repousser et celle de ne pas perturber ce moment de tranquillité étrange. Puis, je sentis son bras se déplacer imperceptiblement. Un geste inconscient, un mouvement de sommeil. Et dans un souffle d'air chaud, il se tourna, me repoussant doucement.

Le froid s'immisça immédiatement sous les draps dès qu'il se détacha de moi. Comme un rappel brutal que la chaleur qui m'avait enveloppée ne m'appartenait pas.

Je restai allongée, le cœur battant, les pensées encore embrumées. L'image d'Aaron, abandonné au sommeil, si proche, si vulnérable, refusait de quitter mon esprit. C'était si... inhabituel. Un contraste violent avec l'homme autoritaire et tranchant qu'il était éveillé.

Mais ce n'était qu'un instant volé. Rien de plus.

Inspirant profondément, je me redressai lentement, prenant garde à ne pas faire trop de bruit. Mais alors que je tentais de quitter le lit, un mouvement à mes côtés me figea.

— Où tu vas ?

Sa voix était rauque, ensommeillée, et terriblement déroutante.

Je tournai légèrement la tête et croisai son regard à demi-ouvert. Encore voilé par le sommeil, mais toujours aussi perçant.

— Me préparer, murmurai-je, troublée par la chaleur qui continuait de s'accrocher à ma peau.

Il ne répondit rien, se contentant de m'observer quelques secondes, avant de fermer les yeux et de passer une main sur son visage.

Prenant ça comme une permission silencieuse, je me levai du lit et attrapai ma valise, traînée ici la veille par Aaron lui-même. Je ne pouvais pas oublier ce détail. Ni ce que ça signifiait.

J'ouvris la fermeture dans un bruissement feutré et en sortis une tenue simple, en prévision de la journée qui nous attendait. Une pression sourde s'installait déjà dans ma poitrine. Ce soir, nous devions aller au Cerbère. Ce soir, le jeu allait réellement commencer.

— Tu comptes rester au lit toute la journée ? lançai-je en attrapant ma valise.

— Ça t'arrangerait ?

Sa voix était rauque, encore marquée par le sommeil, mais il y avait cette pointe d'ironie que je commençais à trop bien connaître.

Je levai les yeux au ciel avant d'ouvrir ma valise pour chercher des vêtements.

Je sentais son regard sur moi.

Lourd.

Présent.

Je tentai de l'ignorer, me concentrant sur les tissus entre mes doigts. Jean ou robe ? T-shirt ou chemise ? J'avais l'impression que peu importait mon choix, rien ne suffirait à me faire oublier l'aura oppressante d'Aaron à quelques mètres de moi.

BOGDAN (Mafia Book) [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant