Le partenariat est un fléau pour les plus opposés

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Bonjour ou bonsoir à tous!

Comme annoncé, petit repost sur ce one-shot perdu et oublié dans les méandres de mes anciens posts. Il a été relu et corrigé avec soin (ou pas). 

Publié à l'origine en octobre 2017.

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Entre chien et loup, la ville de Yokohama était emplie d'une lumière solaire rougeoyante et celle artificielle des réverbères dans les rues. Sans compter les nombreux panneaux d'affichages ou publicitaires multicolores. Le fleuve suivait son cours, teinté d'orange et de rouge sous le soleil couchant, pour se jeter dans la mer aussi colorée. Les gens envahissaient peu à peu les rues, la cacophonie des voitures anesthésiait le bruit ambiant, il fallait presque crier pour pouvoir s'entendre. Traversant la foule sans heurts, les mèches brunes et le manteau crème volant dans le vent, les yeux chocolat analysant le monde autour de lui et un sourire feint sur les lèvres, Osamu Dazai se dirigeait déterminé vers son point de rendez-vous.

Naviguant dans les rues comme il l'avait toujours fait, il évita sans problème les lieux dangereux ou suspects, se concentrant sur son objectif. Le visage neutre, mais nerveux, il réfléchissait à la raison de son acceptation à cette rencontre. Il avait en sainte horreur celui qu'il allait rejoindre, ou plutôt, c'est ce qu'il plaisait à lui dire, et les excuses pour éviter cette corvée auraient pu être conséquentes. Mais le voilà quand même en train de marcher, presque courir, vers sa destination.

Les quartiers sous l'influence de la mafia portuaire étaient peu... mais vaste. Par conséquent, les zones marchandes sous la protection de l'organisation étaient nombreuses, et il n'était pas rare que l'on voit des mafiosi dans la rue en petit groupe, discutant gaiement. Baissant la tête pour ne pas se faire reconnaître, le traître de la mafia déambulait dans la rue la plus appréciée des mafieux. La rue des délices, comme on l'appelle, était une rue étroite où les voitures étaient interdites, et où les restaurants étaient rois. Sushi bar, repas occidentaux comme orientaux, plats indiens, américains, végétariens, on pouvait tout trouver dans la rue des délices. Dazai allait lui-même régulièrement chez le restaurateur spécialisé dans les nouilles pour manger sur le pouce quand il était seul à l'époque où il était cadre. Mais ce n'était pas la rue des délices qui l'intéressait, ni les douces effluves, étrangement harmonieuses malgré les styles de cuisine différente, s'élevant dans la rue. Ce n'était pas le son des rires, des blagues, des cris, des chuchotements qui l'intéressaient. Ce n'était pas non plus les couleurs chatoyantes des devantures, clignotantes ou éteintes, éclairées par les rayons solaires chauds. Ce qui l'intéressait, c'était cette petite ruelle, cachée entre deux sushis bars, et qui était connu des habitués seulement.

Cette petite allée, elle, semblait coupée du monde. Comme dans une bulle, les bruits de la rue étaient ténus, disparaissant presque. La lumière du soleil ne passait pas, ce qui l'assombrissait et lui donnait un côté à la fois mystérieux et effrayant. Les parfums gastronomiques avaient disparu, ne laissant qu'une odeur de chaud et de friture. Les bâtiments, bien plus sombres, étaient fermés, ne laissant que trois bars bien espacés chacun. L'un était au niveau du sol, dans un style moderne, il acceptait des personnes de toutes catégories tant qu'ils ne faisaient pas de vague. Dazai passa devant sans se préoccuper de la jeune femme brune qui pensait avoir un nouveau client. Il avança aussi devant le deuxième bar, situé sur plusieurs étages. D'une allure plus ancienne, dans un style plus proche des années trente, avec des fauteuils club en cuir, il accueillait en général des personnages hauts-placés. Plusieurs fois, il avait dû y aller pour accompagner le parrain de la mafia portuaire lors de ses transactions douteuses.

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