𝑼𝒏𝒆 𝒑𝒍𝒂𝒊𝒆 𝒓𝒆́𝒐𝒖𝒗𝒆𝒓𝒕𝒆

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Nous rejoignîmes Sam dans la pièce d'à côté. Il était réveillé.

- Steve, murmura-t-il d'une voix rauque.

Mon ami s'approcha de lui, tandis que je restai en retrait, à moitié cachée derrière Sam.

- A quel Bucky je parle, là? demanda Steve.

- Ta mère s'appelait Sarah. Tu fourrais du papier journal dans tes chaussures, répondit-il en riant.

Je retenais un sourire, et me décala légèrement pour mieux le voir. Il était assis par terre, son bras en métal coincé dans un étau.

- Ca, tu l'as pas appris au musée.

- C'est censé nous rassurer, le papier dans les chaussures? demanda Sam.

Bucky ne lui accorda même pas un regard, concentré sur Steve.

- J'ai fais quoi cette fois?

- C'est grave.

- Je savais que ça recommencerait. Tout ce qu'Hydra m'a mis dans le crâne est toujours là. Ca a été facile pour lui, il suffisait que j'entende ces mots et...

- Qui est ce type? l'interrompit Steve, impatient.

- J'en sais rien.

- Y a eu des morts. L'attentat était un coup monté. Le psychiatre a tout fait pour être seul dix minutes avec toi. J'attends une autre réponse que "j'en sais rien", Bucky.

Je tapotai l'épaule de Sam, lui demandant de dire à Steve d'être plus compréhensif avec son ami. Lorsqu'il lui transmit le message, Bucky me regarda. Nos yeux se rencontrèrent un instant, avant que son regard ne se dirige vers mon cou et qu'il tourne la tête.

- Il voulait que je lui parle de la Sibérie. Où j'étais enfermé, reprit Bucky. Savoir où c'était exactement.

- Pourquoi voulait-il savoir ça?

- Parce que je ne suis pas le seul soldat de l'hiver.

Je frissonnai et me figeai. D'autres, comme lui? Non. Je n'écoutai plus la conversation, tout bourdonnait autour de moi, et mes jambes se mirent à trembler alors que je haletais. Je me rattrapa à Sam, qui passa un bras autour de moi en comprenant. Il me serra dans ses bras, écoutant Bucky parler, alors que je tentais de me calmer, me calquant sur la respiration de mon ami, et me concentrant sur les battements de son cœur. Steve et Sam me connaissaient assez pour savoir que c'était la seule chose qui parvenait à me calmer. Mes crises d'angoisse étaient nombreuses, surtout depuis la mort de Pietro, et il fallait souvent attendre de longues minutes pour que je me calme. Je me détachai de Sam une fois calmée, et gardais la tête baissée, fixant le sol, incapable de croiser le regard de quelqu'un.

- C'était qui ces types? demanda Steve.

- Leur escadron de la mort le plus performant. Les plus redoutables tueurs qu'Hydra ait jamais vu. Même avant qu'on leur injecte le sérum.

- Et ils sont tous comme toi? Demanda Sam.

- Pires.

Je frissonnai de nouveau.

- Et le psychiatre? Il pourrait les utiliser?

- Ouais.

Son ton était détaché, presque comme s'il s'en fichait.

- Il a dit qu'il voulait qu'un empire s'effondre.

- Avec ces gens, il pourrait y arriver. Ils parlent tous une trentaine de langues ils savent passer inaperçus, infiltrer, assassiner et déstabiliser. En une nuit, ils peuvent investir un pays sans qu'on les ai vu arriver.

Je me figeai. La description qu'il en faisait. La formation que j'avais suivi au sein d'Hydra. Ce pouvait-il que...?

- Rosalie, s'exclama Steve. C'est pas ce pour quoi ils t'entrainaient?

Je relevai la tête un instant, regardai le Captain dans les yeux et hocha la tête, les larmes aux yeux. Je sentais le regard de tout le monde sur moi, et m'empressai de quitter la pièce.

Je déambulai dans les couloirs de cette usine au hasard, retenant mes larmes. Soudain, n'y tenant plus, je rentrai dans la pièce à ma gauche, qui se trouva être une salle de bain d'appoint, et fermai la porte derrière moi. Je me laissai tomber dans un coin, sur le carrelage glacé, et explosai en sanglots. Bucky avait rouvert la plaie que je m'efforçais depuis tout ce temps à ignorer. Hydra.

Tout ce qu'Hydra m'avait enseigné prenait sens maintenant. L'apprentissage de différentes langues, de plus en plus. Les combats au corps-à-corps. Le maniement d'armes. L'endoctrinement sur le fait d'assassiner sans hésiter. La torture. Tout ça ne servait qu'à une chose. Me transformer en Soldat de l'Hiver. Je serai devenue comme lui. Peut-être pire. Avec ma capacité à influencer les sentiments, j'aurai été parfaite pour déstabiliser les cibles. Inspirer la panique. Les torturer. Les tuer.

Mes pleurs ne tarissaient pas, et je ne sais pas combien de temps je restai là à pleurer. J'étais incapable de m'arrêter. Ma gorge me faisait mal, extrêmement mal, mais ça me retenait à la réalité. La douleur physique me permettait de moins me concentrer sur la douleur mentale. Les derniers jours avaient été compliqués, et j'accueillais cette douleur avec reconnaissance. Celle là était moins compliquée à gérer que ce qui traversait mon esprit.

Sam finit par me retrouver, et, lorsqu'il me vit, recroquevillée sur le sol, il se précipita et m'enveloppa de ses bras. Je m'accrochais à lui comme à une bouée, et pleurais de plus belle. Il ne bougeait pas, attendant que je me calme, caressant mon dos dans le but de me rassurer. Nous restâmes un moment comme ça, accroupis sur le sol glacé, mais lorsque mes larmes cessèrent, il m'aida à me relever et me tint les épaules tandis qu'il me ramenait auprès des deux autres. Le silence se fit lorsque j'arrivai, et, ne voulant croiser aucun regard, je saisis un des sandwichs qu'ils avait récupéré je ne sais comment, et partit m'asseoir dans un coin, derrière une machine, me cachant des autres.

Personne ne parlait, et ils finirent par se coucher. Incapable de m'endormir, je restai immobile dans le noir, ressassant les souvenirs d'Hydra.

𝒀𝒐𝒖 𝑨𝒓𝒆 𝑵𝒐𝒕 𝑨𝒍𝒐𝒏𝒆 𝑵𝒐𝒘 ~ 𝑻𝒐𝒎𝒆 𝑰 ~ 𝑻𝒐𝒎𝒆 𝑽Où les histoires vivent. Découvrez maintenant