𝑹𝒆𝒕𝒐𝒖𝒓

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Sam et Bucky avaient fini par repartir, et Sarah m'avait appelé pour m'inviter à revenir en Louisiane, ce que j'avais accepté avec plaisir. J'avais cette fois pris Alpine avec moi, et avais rejoint la sœur de mon meilleur ami dans le sud des États-Unis. Cela faisait maintenant trois jours que les deux hommes étaient partis, nous n'avions pas de nouvelles, et je passais mes journées à jouer avec les fils de Sarah. Je m'efforçai de ne pas le montrer, mais l'absence de nouvelles m'angoissait énormément, et je sentais que Sarah était également affectée.

- Rosalie !

J'étais dehors avec les enfants quand Sarah m'appela, en panique. Je m'empressai de rentrer, et la trouvai dans le salon, horrifiée devant la télévision. Là, à l'écran, s'affichait Walker, dans son costume de Captain America, tenant le bouclier étoilé taché de sang. Une pure rage déformait son regard, alors qu'il regardait partout autour de lui. Mon cœur manqua un battement en voyant le plus grand symbole de l'Amérique souillé. La caméra zooma sur le corps aux pieds de Walker, et j'eus la nausée en voyant le visage défiguré d'un jeune homme. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? La caméra dézooma, offrant aux spectateurs une vue d'ensemble. Une foule de gens se pressait pour voir ce qu'il se passait, et les visages choqués des enfants me donna envie de vomir. Soudain, je vis un éclat argenté, dans le coin du champ de la caméra, et mon cœur s'accéléra. Bucky. Profondément choqué, il se tenait à coté d'un Sam révolté.

- Sarah, regardes !

- Ils sont en vie, murmura-t-elle pour elle-même. Ils sont en vie !

La caméra se recentra sur Walker, et son regard se posa sur les journalistes. Son regard plein de haine sembla transpercer l'écran l'espace d'un instant, me faisant frissonner, avant que le blond ne prenne conscience de ses actes. Il partit en courant à l'opposé des caméras, et Sam et Bucky se lancèrent à sa poursuite. La scène du drame fit place à un présentateur dans un studio, qui repassa la séquence en la commentant, au ralenti.

L'image du bouclier étoilé, réapparut à l'écran, et les éclaboussures de sang me donnèrent un haut le cœur.

" Le danger, c'est qu'on les met sur un piédestal."

Zemo l'avait bien compris. Bien avant nous. Il savait que ça arriverait. Qu'un jour ou l'autre, cela nous retomberait dessus. Que les symboles étaient bien plus dangereux que les gens. Par ce bouclier, par ces taches de sang, c'est toute l'Amérique qui était représentée. Nous passions assurément sur toutes les chaînes info du monde à l'instant même. Le monde devait avoir els yeux fixés sur les États-Unis. On fit repasser à l'écran mon discours d'il y a quelques semaines.

" Captain America a, depuis 1940, toujours été un symbole fort de l'Amérique, pour nous tous."

Pour nous tous. L'acte de Walker se répercutait sur nous tous.

" Le courage, la droiture, la compassion."

Les taches de sang montraient le contraire. La violence. La rage. Le crime. Un symbole souillé.

" Steve a voué sa vie aux autres, et c'est sûrement pour ça que Captain America a été, et continue d'être un symbole si important pour l'Amérique, et pour le monde."

Il était loin, le Captain America parfait, rempli de dévotion et toujours prêt à se sacrifier pour les autres. Walker avait tourné en ridicule une nation toute entière.

" C'est un militaire accompli, et il est prometteur. Mais qu'en est il du courage, qu'en est il de la compassion, de la dévotion?"

J'avais eu raison. Depuis le début, j'avais su que remplacer Steve ne fonctionnerait pas. Il n'aurait pu en être autrement. Walker était fait pour obéir aux ordres, suivre les directives. Mais lorsqu'on donnait à un soldat la liberté d'agir, il fallait s'assurer qu'il l'utilise à bon escient. Le gouvernement n'avait pas prévu ça.

L'écran afficha un montage grotesque, montrant tour à tour le corps mutilé et sans vie sur la place, puis le bouclier souillé et Walker, mes paroles résonnant en fond sonore.

" Notre monde a été chamboulé, mais ce n'est pas une excuse pour tenter vainement de remplacer nos héros. John Walker est une pâle copie de Steve, et ne sera jamais à sa hauteur. C'est un imposteur."

Une larme quitta mes yeux, l'angoisse me serrant le ventre.

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Je coupais les légumes pour le dîner. Sarah jouait dehors avec les garçons. Vingt-quatre heures s'étaient passées depuis que Walker avait commis l'irréparable, et la scène repassait en boucle aux informations, entrecoupée par des rediffusions de mon discours et des interviews données au gouvernement. Comme je l'avais prédit, le petit numéro de Walker avait fait le tour du monde et malgré les paroles du président en personne qui se voulaient rassurantes, tout le monde était en panique. Il faudrait du temps pour que toute cette affaire se tasse.

Je posai mon couteau, et aussitôt, des bras encerclèrent ma taille, me faisant violemment sursauter. Reconnaissant le bras de métal sur ma peau, je m'exclamai :

- Mais t'es malade ? Tu sais ce que j'aurai pu faire si j'avais le couteau à la main ?

Je tournai la tête pour faire face au visage de James, tout près du mien. Un rictus amusé se peignit sur ses lèvres, et il rétorqua :

- Pourquoi crois-tu que j'ai attendu que tu le pose, poupée ?

Il posa tendrement ses lèvres sur les miennes, et je répondis à son baiser, entrelaçant mes doigts avec les siens toujours posés sur mon ventre.

- Tu m'as manqué, murmurai-je contre ses lèvres.

- Tu m'as manqué aussi. Laisse-moi te montrer à quel point, répondit-il avant de m'embrasser à nouveau avec plus de force.

Je posai une main sur sa joue pour approfondir notre baiser, et sa langue demanda accès à ma bouche.

- Hé, les tourtereaux, pas dans la cuisine, merci.

Bucky laissa échapper un grognement de mécontentement alors que je me détachai avec empressement de lui, les joues rouges.

- Salut, Sam.

- T'es une star, au cas où t'aurai pas remarqué. Ton discours fait le tour des réseaux sociaux.

- Si on pouvait éviter d'en parler, ça m'arrangerait, soupirai-je.

- Tu cuisines quoi ? demanda l'estomac sur pattes.

- Pizza maison.

- Tu sais que je t'aime, toi ? s'exclama le pigeon.

- Ouais, je sais, ricanai-je en volant un baiser à Bucky.

Le soldat desserra sa prise autour de ma taille pour me laisser cuisiner, et embrassa ma tempe avant d'aller s'asseoir de l'autre coté du plan de travail avec Sam.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Vous n'avez pas donné de nouvelles, et on vous a seulement aperçu à la télévision hier.

-On a arrêté Walker, m'expliqua Sam. On l'a livré aux autorités, il va se faire juger pour ses crimes. Il n'y a plus de Captain America, et il est possible que j'ai récupéré le bouclier.

- Qu'est-ce que tu compte en faire ?

- Ce que j'aurai dû faire des le début. Je vais m'entraîner à l'utiliser. Je ne deviendrai pas Steve, mais il faut bien que quelqu'un assure la sécurité.

- Et Zemo ?

- Je l'ai livré aux Dora Milaje, répondit James. Elles en feront ce qu'elles veulent. C'est à elles, après tout, qu'aurait dû revenir le droit de s'en occuper. C'est de leur faute si leur roi est mort. Ayo te passe le bonjour, au passage.

- Le Wakanda me manque, parfois.

- A moi aussi, mais après ce qu'il s'est passé, je ne suis plus la bienvenue.

Une légère tristesse s'empara de Bucky, et je lui lançai un sourire réconfortant tout en continuant à cuisiner, tandis que Sam se plaignait de la façon dont Walker avait détruit ses ailes. James me rendit mon sourire, et une nuée de papillons s'envola dans le creux de mon ventre. Voilà ce dont j'avais besoin. Mon meilleur ami, et l'homme que j'aimais.


𝒀𝒐𝒖 𝑨𝒓𝒆 𝑵𝒐𝒕 𝑨𝒍𝒐𝒏𝒆 𝑵𝒐𝒘 ~ 𝑻𝒐𝒎𝒆 𝑰 ~ 𝑻𝒐𝒎𝒆 𝑽Où les histoires vivent. Découvrez maintenant