𝒀𝒐𝒖 𝑨𝒓𝒆 𝑵𝒐𝒕 𝑨𝒍𝒐𝒏𝒆 𝑵𝒐𝒘 ~ 𝑻𝒐𝒎𝒆 𝑰 ~ 𝑻𝒐𝒎𝒆 𝑽

𝑪𝒐𝒏𝒔𝒖𝒎𝒆́𝒆

Je sorti de la chambre sans un regard en arrière. La soudaine lumière traversant les baies vitrées du couloir m'obligèrent à fermer les yeux, et je mis de longues secondes avant de m'habituer à la luminosité. Je m'élançai à travers les couloirs, et me précipitai jusqu'aux espaces communs.

Ils étaient tous là: Natasha, Thor, Steve, Banner, Rhodes, et même le raton laveur. Tous étaient silencieux, abattus. Le dieu de la foudre était assis dans un coin, le regard dans le vide, la Russe et l'alien avachis dans des fauteuils, Banner et Rhodes dans un canapé, et Steve dans un autre, assis bien droit, les yeux fixés sur ses mains jointes sur ses genoux.

- On doit tuer Thanos, m'exclamai-je sans préambule.

Tous se tournèrent vivement vers moi, et Steve se leva, prêt à m'enlacer. Je plaçai une main devant moi pour lui faire signe de ne pas avancer, et continuai:

- On a peut-être pas moyen de les sauver, mais on peut au moins les venger. On est les Avengers. C'était pas ça, l'objectif de base?

Steve se rassit, et Thor se redressa légèrement, me regardant résolument.

- Et comment elle veut faire ça, la terrienne? 

Je me tournai vers le raton-laveur qui venait de parler, haussant les sourcils.

- T'es qui toi? 

- Rocket.

- Hum. Thor, repris-je en me tournant vers le principal intéressé. T'es un dieu. Tu pourrai pas, je sais pas, faire le tour de la galaxie pour le retrouver?

- Je crois que tu ne sais pas à quel point la galaxie est immense, ma mignonne, railla le raton-laveur.

- Tu m'appelle encore une fois ma mignonne, je te fais bouffer tes congénères, le raton-laveur.

- Je suis pas un raton-laveur!

- Ah oui? Et t'es quoi alors? Un rhinocéros?

- Le lapin a raison, interrompit Thor. Ca nous prendrai des mois, voire des années, de le retrouver. Il doit être bien caché. 

- On est les Avengers. Peut importe le temps que ça prendra, on doit les venger.

- Rosalie, intervint Steve d'une voix d'où perçait la douleur. On ne peut rien faire. Ils sont partis. On doit l'accepter.

Captain America, le héros de la nation, résigné. Non. Pas lui.

- Non.

- Rosalie...

- Non. Tu ne peux pas abandonner. Tu ne peux pas baisser les bras. Tu n'as pas le droit. 

Il se leva et s'approcha, tentant de me prendre dans ses bras.

- Non! Tu n'as pas le droit Steve, hurlai-je en le repoussant, les larmes aux yeux. Tu n'as pas le droit. Tu ne peux pas les abandonner. C'est ton meilleur ami, Steve. Tu ne peux pas abandonner Bucky. Tu ne peux pas abandonner Sam, et tu ne peux pas abandonner les autres. Tu n'as pas le droit Steve! Bordel de merde, non! Tu ne peux pas les laisser! Tu ne peux pas-

Le blond réussit à me prendre dans ses bras, et j'explosai en sanglots, tentant de me débattre en hurlant des "Non!" et en donnant des coups de poing contre son torse pour qu'il me lâche. Je n'avais évidemment aucune chance face à la force du supersoldat, et Steve n'eu aucun mal à me retenir dans ses bras, me laissant le frapper encore et encore, encaissant en silence, me berçant de gauche à droite. 

La fatigue s'empara de moi, n'ayant pas dormi depuis des lustres, et mes coups se firent plus mous, plus hasardeux, alors que mes hurlements se transformaient en gémissements, jusqu'à ne plus être que des murmures. Steve me souleva alors dans ses bras, et je fermai les yeux, laissant échapper une dernière larme.

▼ ▲ ▼ ▲ ▼

Lorsque je me réveillai, dans mon lit, la première chose que je vis fut Steve, assis sur une chaise à côté de moi, caressant doucement ma paume de son pouce. Je retirai vivement ma main, et le fusillai du regard.

- Je suis désolé Rosalie, murmura-t-il.

- Je te déteste, crachai-je alors que les larmes inondaient de nouveau mon visage.

- Je sais. 

Le supersoldat se leva légèrement, et me serra dans ses bras. J'explosai en sanglots contre son épaule, mouillant son t-shirt. Il ne prononça pas un mot, se contentant de frotter doucement mon dos. Tentant de rester hermétique à sa résignation, je me calquai à sa respiration pour me calmer. Après un temps qui me parut être une éternité, je parvins à calmer mes sanglots. Une vague de culpabilité s'empara de moi, et je me détachai de l'étreinte du blond.

- Steve... je suis désolée. Je ne le pensais pas... je ne te déteste pas...

- Je sais Rosalie, murmura-t-il en chassant les sillons de larmes de mes joues. Je ne t'en veux pas. Et tu aurai tout à fait le droit de m'en vouloir. 

- Mais-

- J'ai vu la guerre, Rosalie. Je sais ce que ça fait que de perdre des soldats, des amis, parce que je ne l'ai que trop vécu. Je comprend la peine qui est en toi, et la colère, l'envie de vengeance. Je l'ai ressenti un nombre incalculable de fois. Tu as le droit d'être triste, tu as le droit d'être en colère, mais ne laisse pas les émotions te consumer. Nous avons perdu. Nous devons l'accepter. 

Je reniflai. Ne pas laisser les émotions me consumer? La base même de mon pouvoir. Les émotions. Depuis que j'avais acquit ce pouvoir, au sein d'Hydra, j'avais vécu avec les émotions. Les miennes comme celles des autres. Les émotions m'avaient consumées? Toutes ces crises de panique dues à ce que les autres ressentaient. Toutes ces émotions qui m'envahissaient parfois contre mon consentement. Toutes ces fois où j'avais cru mourir de l'intérieur, submergée par les émotions. Les émotions me brulaient de l'intérieur, carbonisant mon misérable cœur rempli de peine et de douleur.

Accepter...

Non. Pas avant d'avoir tuer Thanos. Pas avant de les avoir venger. Alors, là seulement, je pourrai accepter. Accepter de ne plus avoir de frère et de sœur, accepter de ne plus avoir de meilleur ami, accepter de ne plus avoir l'homme que j'aimais.

L'homme que j'aimais. Aimais-je Bucky? Ces deux années passées avec lui m'avaient appris à le connaitre, mais l'aimais-je plus que comme un ami? M'étais-je voilée la face tout ce temps, jusqu'au dernier instant? Jusqu'à ce baiser...

Qu'avais-je fait?