𝒀𝒐𝒖 𝑨𝒓𝒆 𝑵𝒐𝒕 𝑨𝒍𝒐𝒏𝒆 𝑵𝒐𝒘 ~ 𝑻𝒐𝒎𝒆 𝑰 ~ 𝑻𝒐𝒎𝒆 𝑽

𝑳𝒆 𝒏𝒐𝒖𝒗𝒆𝒂𝒖 𝑪𝒂𝒑𝒕𝒂𝒊𝒏 𝑨𝒎𝒆𝒓𝒊𝒄𝒂

J'enfilai un pantalon tailleur rouge, et un haut blanc. J'attachai mes cheveux en une queue de cheval, et me maquillai légèrement. Dans moins d'une heure, le nouveau Captain America serait présenté au monde. Dans moins d'une heure, je prononcerai mon discours. Dans moins d'une heure, je me retrouverai sans emploi.

J'enfilai des escarpins pour me grandir d'une dizaine de centimètres, et saisis mon casque et mon sac à main avant de partir. J'arrivai au garage, et montai sur ma moto, le sourire aux lèvres comme à chaque fois. Je démarrai enfin, et m'enfonçai dans les rues de Washington.

J'avais eu raison de partir tôt, car les environs du parlement étaient bondés. L'annonce d'une conférence de presse en plein air par le secrétaire d'État lui-même avait rameuté des centaines d'américains curieux, qui s'amassaient devant le parlement et dans les alentours. J'eus dû mal à me frayer un chemin parmi la foule, et dû ignorer les journalistes au premier rang qui hurlaient leurs questions pour se faire entendre et prenaient des dizaines de photos. Je parvins enfin à monter les marches du parlement, et rentrai rapidement dans le bâtiment. A l'intérieur, c'était l'effervescence, le personnel courant partout pour régler les derniers détails.

- Mademoiselle Baker, s'exclama le secrétaire d'État en me voyant approcher.

- Monsieur.

Une maquilleuse s'occupait de lui, et une autre personne se précipita sur moi pour retravailler mon maquillage et ma coiffure. Tout devait être parfait pour l'annonce. Les caméras de toutes les chaînes d'information étaient présentes, et le monde entier allait regarder. Je serai sous les feux des projecteurs, en direct, où on ne pourrait pas me couper au montage ou étouffer mon intervention dans les journaux. Tout le monde allait me voir. J'allais perdre mon travail pour sûr, mais j'en retrouverai bien un ailleurs. Je défendrai Steve, et Sam, quoi qu'il en coûte.

- C'est à vous, s'exclama un technicien en nous indiquant la porte, au secrétaire d'État et moi.

Je pris une grande inspiration, et, dans un geste de galanterie, le politicien ouvrit la porte, me laissant entrer dan la lumière la première. Me suivant de près, il attendit que je me positionne près du micro et que j'ai affiché un sourire faux sur mon visage pour commencer, sous les flash des appareils photo.

- L'agitation qui est née suite aux récents événements nous ont rendus plus vulnérables. Le peuple américain le ressent au quotidien. Même si nous vénérons les héros qui ont risqué leur vie pour défendre notre planète, déclara-t-il calmement en tournant la tête vers moi à ce moment là, il nous manque un héros pour défendre notre pays. Nous avons besoin d'une personne qui représente l'Amérique et ses plus grandes valeurs. Nous avons besoin de quelqu'un qui ranime notre flamme. Quelqu'un qui puisse être un symbole pour chacun d'entre nous. C'est pourquoi, au nom du département de la Défense ainsi que de notre commandant en chef, j'ai l'immense honneur de vous annoncer aujourd'hui que les États-Unis d'Amérique ont un nouveau héros. Veuillez acclamer avec moi, votre nouveau Captain America.

Un homme sortit à son tour du bâtiment, et descendit les marches pour se retrouver à ma hauteur. Blond, grand, habillé d'un costume semblable à celui de Steve, John Walker se tint droit, redressant les épaules pour les caméras et appareils photo. Le voir tenir le bouclier de Captain America me fit bouillir de rage, et je dus me concentrer sur la surprise intense de la foule pour faire redescendre ma colère. Le secrétaire d'Etat me fit signe de me mettre derrière le micro, et je m'exécutai. Le silence se fit, chacun écoutant la parole de celle qu'ils pensaient être une Avenger, et la meilleure amie de Steve Rogers.

Je pris une grande inspiration, et, avant de commencer à parler, tapotai mon bras, faisant passer un message silencieux en morse. Sam. L'entrepôt au sud de Washington. Quatorze heures. Espérant qu'il ait compris le message, je redressai les épaules et commençai:

- Captain America a, depuis 1940, toujours été un symbole fort de l'Amérique, pour nous tous. Le courage, la droiture, la compassion. Steve Rogers incarnait ces valeurs. Il était bien plus que ça à mes yeux. Un ami, un membre de ma famille. Toujours là pour aider son prochain, toujours là pour soutenir ses amis. Steve a voué sa vie aux autres, et c'est sûrement pour ça que Captain America a été, et continue d'être un symbole si important pour l'Amérique, et pour le monde. Steve Rogers n'est plus là. Captain America n'est plus là. Il est temps pour le monde de se remettre de la perte de ses super-héros. Nous devons faire notre deuil, de Steve Rogers, de Tony Stark, et de Natasha Romanoff, partis si injustement. Nommer un nouveau Captain America, et tenter de remplacer Steve par une pâle copie ne nous permettra pas de nous remettre de cette perte. Je ne connais de John Walker que sa formation. C'est un militaire accompli, et il est prometteur. Mais qu'en est il du courage, qu'en est il de la compassion, de la dévotion? Aujourd'hui, je ne fais pas ce qu'on attend de moi. Aujourd'hui, je n'approuve pas, en tant qu'ancienne membre des Avengers, la nomination de ce Nouveau Captain America. Aujourd'hui, je m'oppose à cette décision, et ne ferais pas l'éloge de John Walker, bien que je n'ai rien contre lui en tant que personne. Notre monde a été chamboulé, mais ce n'est pas une excuse pour tenter vainement de remplacer nos héros. John Walker est une pâle copie de Steve, et ne sera jamais à sa hauteur. C'est un imposteur.

Sur ces mots, et sous les exclamations choquées de tous, je remontai les marches, et rentrai dans le bâtiment. Je pris mes affaires et quittai le parlement avant de me faire hurler dessus. Devant la deuxième sortie du monument m'attendaient une horde de journalistes, et, à l'instant où ils me virent, posèrent des dizaines de questions, et m'aveuglèrent de leurs flash. Je les ignorai, et passai entre eux pour atteindre ma moto. Enfin, je démarrai, sous les appareils photo des journalistes et filai loin d'ici.