Blackbell, au coeur des ombres

Chapitre 8 : Archange

PDV Gabriel :

Je balayai ces souvenirs d'un geste de la main. Après tout, rien ne servait de ressasser un passé que nous n'avions pas le pouvoir de changer. Ce jour là, j'avais tout perdu, Lukas, un avenir avec Angelika, mais j'avais repris les rênes de ce cartel à l'enfoiré qui me servait de père.

Depuis, je faisais ce que je pouvais pour me faire passer pour Lukas. J'avais tué tous ceux qui auraient pu parler du combat. Avec Angelika, nous étions les seuls à savoir qui j'étais vraiment.

J'avais rayé de la carte le nom de Gabriel Karagiannis "l'Archange". Ne restait que Lukas.

J'avais honte d'être lui, je ne le méritais pas.

Il avait tout donné, jusqu'à sa vie pour moi et pourtant aujourd'hui, la seule chose qui me permettait d'avancer, c'était d'être lui. Parce que je savais qu'il avait toujours été meilleur que moi, parce qu'il avait toujours fait les bons choix pour sa famille et parce que j'en étais incapable.

Je pris une grande inspiration et m'assis derrière ce bureau. La pression augmentait toujours plus surtout depuis cette histoire avec l'Ecosse. Quelle plaie cette fille, elle m'avait fait perdre du temps et de l'argent, deux choses essentielles dans notre milieu.

D'ailleurs, j'avais des comptes à régler avec Marcus mais je n'avais aucune envie de m'en charger moi-même, j'allais l'envoyer lui.

Lui, c'était mon ombre depuis la mort de mon frère. Il refusait que je dévoile son nom et en échange il était prêt à partir en mission pour moi, parfois en se faisant passer pour moi.

Aucun lien d'affection ne nous reliait, c'était un pur contrat, il faisait et je me taisais. Je lui reversais parfois un salaire qu'il me refusait. Cet homme était un mystère. Il se faisait appeler φάντασμα ( le fantôme ).

Personne ne savait qui il était, d'où il venait, s'il avait même une famille mais je m'en fichais honnêtement. Tant qu'il effectuait chacune des tâches que je lui donnais je ne m'intéresserais pas plus à sa vie.

Je sortis le téléphone qu'il m'avait donné le jour de notre première rencontre. Seul son numéro était enregistré, il m'en donnait un nouveau à chaque fin d'appel, pour éviter que je ne le trace. Il était minutieux et prévoyant, le parfait espion, le parfait assassin.

Il y eut une tonalité avant qu'il ne réponde.

- Αρχάγγελος( archange ) , de quoi avez-vous besoin cette fois-ci ?

Sa voix robotisée me perturbait toujours autant, je ne l'avais jamais entendu parler sans ce modificateur ce qui ne faisait que m'intriguer plus chaque fois. Mais la parole d'un Karagiannis était sacrée et l'honneur de Lukas tout autant. Seulement, sa formulation me fit tiquer.

- Archange ? Comment as-tu découvert cela ?

- Voyons monsieur, vous n'avez absolument pas ma loyauté, il me fallait de toute évidence un moyen de pression contre vous au cas où vous choisiriez de vous retourner contre moi. Une garantie n'en est une que quand les deux parties sont à l'équité.

Cet imprévu ne me laissait pas de marbre. Cela pouvait signifier deux choses. J'avais oublié l'un des spectateurs du combat qui s'était fait une joie de révéler mon identité au premier espion qu'il a vu. La seule autre possibilité était Angelika ce qui était impossible.

- Bien nous en reparlerons mais ce n'est pas le moment. J'ai besoin de toi pour torturer puis tuer quelqu'un.

Sa voix, ainsi dématérialisée, m'empêchait de capter ses émotions et ses réactions ce qui me frustrait également.