Yggdrasil : La Bataille des Arches

CHAPITRE 6 : Yggdrasil, la voie des Arches 7/8

Tim

Les portes titanesques s'ouvrirent sur le hall resplendissant, il n'avait jamais foulé ce sol, pourtant tout en Tim le persuadait du contraire. Au centre, un frêne démesuré éclairait les lieux de son aura puissante. Il avança prudemment sous les échos de ses propres pas. La cime de l'unique source de vie frémissait sereinement évoquant mille murmures lointains. Arrivé au pied de l'arbre, une voix forte retentit, venant de nulle part et de partout.

— Fils d'Hallinskidi !

Tim se figea d'effroi, le sang martelait ses tempes et sa gorge se noua douloureusement. Il chercha d'où provenait la voix. Il se retourna et tomba nez à nez avec un homme qui devait faire le double de sa taille. Le terrible guerrier le scrutait de ses yeux rouges. Il lui semblait le connaître, un nom s'immisça dans ses pensées, un nom qu'il ne connaissait pas, mais qui lui paraissait familier.

—Tyr, murmura-t-il.

Le géant acquiesça humblement. La peur de Tim disparut laissant place à une armée de questions ; seul le doute scella ses lèvres. Puis dans un geste doux, le guerrier posa sa main contre son front, comme l'avait fait Alerina, et d'une voix mystérieuse lui ordonna.

— Cherche et trouve !

Sous la puissance de ses mots, Tim ferma les yeux et sentit son être chavirer, comme envoyé loin dans un songe plus profond que le précédent.

Gardant ses paupières closes, il écouta d'abord. Quelqu'un chantait, le son presque inaudible ressemblait à une prière. La voix féminine se tut brusquement. Il ouvrit alors les yeux.

Le guerrier l'avait projeté dans un lieu fait de pénombre, seules quelques torches suspendues éclairaient faiblement la scène qui se jouait face à lui.

Une arche dominait une mare où une jeune femme y était agenouillée. Ses mains tenues devant elle comme si Tim l'avait interrompue dans une chorégraphie allégorique, elle le dévisageait, plus stupéfaite qu'inquiète.

— Que faites-vous là ?

Le ton suave et chaud de la belle inconnue le percuta avec délicatesse. Sous ses côtes un fourmillement aigu et délicieux s'installa.

Elle se redressa avec souplesse soulevant des gerbes d'eau qui retombèrent sur sa robe blanche. Ses cuisses découvertes, rondes et fermes semblaient affûtées pour la course et la lutte. La lumière mordorée faisait luire sa peau de bronze. Sa silhouette élancée portait avec grâce des courbes généreuses que son tour de taille menu accentuait. Il déglutit, pour reprendre contenance avant de lui répondre.

— À vous de me le dire. Je crois que la première question aurait dû être : qui êtes-vous ? Je peux en conclure que vous saviez qui je suis.

Elle sortit de la mare en se dirigeant vers Tim, qui défaillait tandis qu'elle approchait. Ses hanches roulaient avec la grâce d'un fauve.

Elle se tint alors à un pas de lui, l'examinant de la tête aux pieds. Sans gêne, elle le détaillait. Tim l'imita, avec le même intérêt.

Des lignes géométriques maquillaient son visage, elles étaient légèrement bombées sur sa peau lisse. Il en conclut que ces cicatrices résultaient de longues heures de tatouages. Il la devina courageuse pour endurer toute cette souffrance. Ses yeux bridés se plissaient et s'étiraient, le scrutant méticuleusement. Sa bouche pulpeuse se pinça à plusieurs reprises. Son cou gracile et fier, couvert d'encre, palpitait d'excitation ; ses épaules un peu larges et musclées respiraient d'une féminité forte et indépendante. Elle était une reine, une guerrière, voire une déesse, pour le bouleverser avec autant d'intensité.