Tim
Toth pénétra dans les appartements royaux avec toute la noblesse qui l'habitait, son port altier et sa démarche féline n'avaient rien à envier au roi et à la reine. Sa tunique de mage virevoltait dans son sillage. À sa suite, Fabiola avait fait l'effort d'apparaître sous la taille de ses hôtes, elle s'était changée et portait un sari de fine soie vert olive, qui tranchait à ravir sur sa peau brune. Elle perdit son regard dans le tumulte vaporeux de l'aube de Toth.
— Du blanc ! souffla-t-elle, assez fort pour que Tim l'entende. Ce fou porte du blanc.
Elle chercha l'attention de Tim en lui montrant le mage. Elle laissa échapper entre ces dents :
— C'est la couleur royale. Il n'a pas le droit.
Tim arrondit les yeux et la bouche en feignant comprendre l'impair de Toth. Concrètement, il n'en avait cure et ne saisissait pas l'attitude outrée de la fée d'autant, que personne ne semblait avoir remarqué ce qu'elle estimait un affront.
Tim demeura silencieux, curieux de rencontrer les dirigeants de la cité et sûrement trouver une issue à son problème. Tim écoutait à la lettre les conseils que ses nouveaux compagnons lui avaient prodigués. Ne pas regarder les seigneurs avant qu'ils ne l'aient fait en premier, répondre aux questions et n'en poser aucune. Sur ce point, il savait déjà qu'il y dérogerait ; des interrogations, il en avait et il les énoncerait. L'officier qui les avait accueillis n'était rien de moins que le chef des armées alfiques, le maréchal Herr. Son heaume intégral dissimulait son visage, mais la visière laissait luire des yeux outre-mer d'une fermeté infaillible. Il se posta à droite des souverains leur adressant un salut énergique.
— Toth, Fabiola. La Reine et moi vous félicitons. Vous avez ramené la source qui a troublé le repos de l'Arche. Dame Fabiola, vous pouvez disposer. Quant à vous, Toth, restez. Nous aurons besoin de vos précieux conseils, déclara Galindor sur un ton neutre.
Fabiola afficha une mine déconfite. Elle baissa son joli minois en éteignant progressivement son sourire. Résignée, elle s'inclina dans une révérence maladroite. Toth sembla compatissant, une expression triste fut balayée par de l'audace. Il attrapa la main de la fée et tint tête au souverain.
— Roi Galindor, si céleste Alfe. Dame Fabiola a montré un dévouement et une motivation étonnante lors notre courte quête. Étant gardienne de l'Arche, ne mérite-t-elle pas de connaître ce qui se dira ici et maintenant ? Elle est autant impliquée que nous tous, et sa présence est peut-être la volonté des dieux, anciens et nouveaux.
Le rouge monta aussitôt aux joues de la fée. Tim renforça son idée que Toth n'était pas ce qu'il s'évertuait à montrer.
Galindor fit mine de réfléchir. Il soutint le regard de l'Alfdarh, aucun ne semblait capituler.
— Ainsi soit-il, Toth, fils de Thuin. Tu ressembles tant à ton père.
Le roi laissa traîner la fin de sa phrase, tête dressée et torse gonflé, histoire de lui rappeler à qui il s'adressait.
La kréture tourna un visage empli de gratitude envers Toth. Il lui lâcha la main vivement, comme s'il avait été brûlé et la secoua plusieurs fois. Choquée Fabiola se rebuta : — je te trouvais exécrable. Non, tu es pire.
Galindor ignora le mage et la fée pour se concentrer sur ce qu'il considérait la source de bien des problèmes à venir. Il détailla Tim sans retenue, ce dernier devinait sans mal ce que pensait le roi : de corpulence tout à fait honorable. Musclé et élancé, il ne se présentait pas comme une grande menace. Le roi devait le trouver même ordinaire et sans attrait. Galindor sembla déçu, il s'attendait à autre chose. Dans sa simple tunique en lin écru, empruntée à Toth, le jeune homme que Galindor examinait silencieusement contemplait les yeux grands ouverts ce qui l'entourait. Balayant sa tête de gauche à droite, Tim était impressionné.
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Yggdrasil : La Bataille des Arches
FantasySur Terre, Tim et Mac paient leur dette sur le front du Svalbard. Entre les combats, sous le climat capricieux de l'archipel nordique, les deux prisonniers tuent le temps à défier l'autorité chargée de les surveiller. C'est lors de l'une de leurs es...