Evy
- Lepremier étage sera dédié aux ados, à Ev' et toi Maxime, la salle de bain est commune, je vous invite à faire un planning.
Non mais je rêve ? Je vais devoir partager la salle de bain avec l'énergumène ? Non,non et encore non !
Je vois déjà le genre, caleçons sales sur le sol, serviette en boule, ... Mes nerfs ne sont pas prêts pour ça.Si j'ai bien compris tout ce que Lucile a résumé ce soir durant le dîner :
Mona prend la petite chambre d'amis à côté de celle de ma mère, la petite fille pourra la décorer comme elle le souhaite. Elle semble ravie de l'idée apparement. Maxime nous a expliqué que sa passion des koalas va certainement ressortir dans tout un as d'articles de décoration.
Lui, justement, il prend le grand bureau de papa, juste en face de ma chambre. Ça, je le savais déjà. Ma mère y a fait installer un lit deux places hier. Même chose que pour sa sœur, il a le droit de tout décorer à sa guise. Et puis la salle de bain, je préfère ne même pas en reparler.Voir le grand bureau vide m'a fendu le cœur, j'y allais encore parfois la nuit, quand je ne trouvais pas le sommeil. J'avais pris l'habitude de m'installer dans le petit fauteuil pour écouter ma musique quand papa travaillait tard. Alors quand il est mort, j'ai continué, comme pour le garder près de moi.
***
Nous avons tous accompagné Mona dans sa petite chambre. Le voyage et le décalage horaire a dû l'épuiser, la petite fille s'est endormie instantanément.
Le regard doux du géant sur elle m'a fait sourire.
J'ai grandi toute seule, je ne sais pas ce que c'est que l'amour fraternel mais quand je vois ça, je suis presque jalouse.Le rôle de Lucile est terminé, elle reprend sa place. Elle s'isole comme tout les soirs dans sa chambre. Il est 20h, elle a tenu bien plus longtemps que d'habitude. Certains soirs, je dîne même seule à vrai dire.
Je range ce qui traîne encore à la cuisine. Ici, si je ne fais pas le ménage, personne ne le fait.
- Tu as besoin d'un coup de main ?
Maxime me sort de ma bulle de sa voix grave.
- Eh... non, tu peux aller te coucher.
- Je n'ai plus douze ans tu sais, je décide moi même d'aller me coucher ou non, rit il.Et bien ça, je l'avais remarqué que tu n'avais plus douze ans monsieur muscles !
Il n'a qu'un an de plus que moi, mais moi, du haut de mes 16 ans, je ressemble encore à une enfant à côté de lui. Sa barbe de 3 jours, ses bras tendus et musclés, son dos large qu'on aperçoit sous son t-shirt près du corps et sa démarche de félin, tout respire l'homme chez lui.Concentre toi Evy ...
- Oui et bien non, je n'ai pas besoin de toi.
Il tourne les talons, se dirige vers l'escalier et disparaît dans l'obscurité.Je m'affaire dans la cuisine, c'est toujours ce que je fais quand je suis contrariée. Je déteste toujours cette idée. Oui, c'est peut être parce que je suis mal à l'aise avec tout le monde alors penser que quelqu'un entre dans le seul endroit où je me sens à l'abri, ma maison, me hérisse les poils. Je rince les dernières tasses et assiettes avant de les mettre dans le lave vaisselle. Maman a fait les choses en grand ce soir, entrées, plats, desserts, tout droit sortis de chez le traiteur.
Une fois tout rangé, je dois me rendre à l'évidence, ilfaut que je trouve autre chose pour me distraire. Je monte les escaliers sur la pointe des pieds, pour ne réveiller personne. Lorsque j'arrive sur le pallier, un filet de lumière fuit de la chambre de mon voisin. De mon quoi finalement ? Colocataire ? Invité ? Frère ?
Je n'ai pas envie de faire la curieuse, encore moins la conversation. S'il est dans sa chambre, c'est que la salle de bain est vide. Je ramasse mon pyjama et mes sous vêtements préparés soigneusement sur ma commode et je m'enferme dans la petite pièce déjà bien chaude. Je me fais couler un bain, mets une musique douce à peine audible. J'ai besoin de me détendre. Je pense à mille choses à la fois, la rentrée qui approche, revoir tout le monde et ça je n'en ai pas du tout envie depuis ce qu'il s'est passé en mai dernier. Je pense aussi à cette petite fille, qui dort à l'étage du dessous, orpheline, dépaysée, certainement effrayée. Je pense à ma mère qui se cache encore derrière son image de femme parfaite. Et je pense au garçon de la pièce d'à côté qui a l'air bien différent de mon souvenir.
Je laisse la mousse caresser ma peau et l'odeur de la noix de coco m'apaiser, pendant que Coldplay rempli mes oreilles.
Je crois rester une heure dans cette salle de bain devenu un sauna tellement il y a de buée. Je m'enroule dans ma serviette douce, attache mes cheveux dans un chignon lâche et reste emmitouflée pendant quelques secondes encore avant d'enfiler mes vêtements. J'ai opté pour un pyjama léger, un short en coton bleu marine et un t-shirt beaucoup trop grand et sans plus aucune forme. Les températures sont encore bien estivales.
Je me regarde dans le miroir après avoir essuyé la buée qui s'y était accrochée. Moi, ma petite tête d'enfant, mes cheveux bruns trop fades, les frisettes qui entourent mon visage, mes yeux noisettes qui crient tristesse et toujours les cinq kilos de trop. Derrière mon grand t-shirt, on ne m'aperçoit même plus.C'est toi Evy, un jour il faudra bien que tu l'acceptes ...
J'ouvre la porte, la ligne de lumière sur le palier obscure est encore là. Il ne dort pas. Je me demande ce qu'il fait, seul dans sa toute nouvelle chambre. Je passe rapidement, la porte n'est pas assez ouverte pour que je vois quoi que ce soit.
Sale petite curieuse !
Je retrouve ma chambre, mon endroit à moi. La ou toutes mes défenses peuvent tomber, ou j'enlève enfin l'armure que je porte tous les jours. La fenêtre est ouverte, l'air frais du soir me fait un bien fou. Je laisse ma porte ouverte aussi, comme tous les soirs depuis que je suis enfant. J'ai pris cette habitude quand papa a installé le grand bureau en face de ma chambre. C'est bête mais j'avais l'impression d'être près de lui et je m'endormais plus paisiblement. J'avais peut être sept ou huit ans seulement. Depuis, je ne sais plus dormir porte fermée.
Je me glisse sous les draps fins, dans mon grand lit sous la fenêtre. Je ferme les yeux et comme chaque soirs je me fais le décompte : encore 4 jours avant la rentrée ...
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Inévitable
RomanceEvy, 16 ans se voit cohabiter avec le fils de son beau père décédé, Maxime, et sa petite sœur. Il n'est plus le gamin qu'il était et elle non plus ... entre eux, c'est électrique mais qu'est ce que ça cache ? Pourquoi a t elle perdu son sourire...