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Evy

Lundi. Le jour que j'ai redouté tout l'été est arrivé. C'est la rentrée. J'ai bien pensé à me faire porter pâle, j'ai pensé à fuguer en Alaska mais j'ai plutôt décidé d'y aller. Ce lycée que je déteste, remplis de gens que je déteste. Tout va bien ...

Je n'ai plus vu Maxime depuis samedi. J'ai préféré me cacher chez Joris. Comme si j'allais pouvoir faire disparaître tout ce que je pense quand je le vois.
Ce matin, je ne vais pas pouvoir y échapper alors j'essaye qu'au moins une chose soit parfaite dans cette journée. Mon look. Wavy parfait, maquillage neutre, jeans slim, chemisier bleu marine, sandales compensées. À me voir, on me prendrait presque pour une fille normale.

Normale ...

Sauf que cette nuit, je n'ai pas su fermer l'œil. J'ai une boule au ventre. Plus les minutes passent et plus j'ai envie de pleurer. Mais je ne pleurerai pas, j'ai déjà bien trop verser de larmes pour eux.

En sortant de ma chambre, je le sens avant de le voir. L'odeur de son shampoing flotte dans l'air, je le respire presque comme une droguée. Sa porte est ouverte mais je me force à ne pas regarder ce qu'il s'y passe. Je descends les escaliers pour rejoindre la cuisine.
Ma mère - tailleur parfait, escarpins vertigineux, rouge à lèvres trop rouge - est déjà au téléphone.
- Je vous attends à 8h tapante Miss Palmer, Simona a hâte de commencer
La petite fille aura classe à la maison pour commencer. N'ayant toujours pas sorti un seul mot, ma mère pense que c'est préférable et au vu d'une de leur conversation que j'ai interceptée l'autre jour, Maxime aussi. Un brin trop protecteur je suppose.

En parlant du loup, il est arrivé sans bruit. Appuyé sur le chambranle de la porte, il me semble encore plus irrésistible que la dernière fois. Jean brut, t shirt blanc, rien de plus simple mais bon sang, qu'est ce qu'il est sexy ! Je le détaille un moment, je redécouvre son visage : cheveux bruns en désordre, yeux bleus transparent, sourcils arqués, barbe naissante, nez droit et fin, mâchoires carrées, lèvres pleines, rien est à jeté chez lui. Mes yeux descendent et je me souviens de son torse musclé, son peau hâlée.

Ne pas baver !

C'est la voix de Lucile qui me sort de ma contemplation.
- Vous prendrez la Jeep aujourd'hui.
- Comment ça vous ? Hallucine je
- Si tu n'avais pas disparu ce week end, encore, on aurait eu le temps d'en discuter. Maintenant je n'ai plus le temps, c'est comme ça et c'est tout. Insiste t elle de son ton ferme.
Maxime rit tête baissée, bras croisés sur son torse. Moi je n'ai pas du tout mais alors pas du tout envie de rire.

J'attrape les clés de la Jeep sur la console de l'entrée et boude comme un gros bébé jusqu'au garage. S'il avait l'intention de se goinfrer au petit déjeuner avant de partir, tant pis pour lui. Je pars maintenant.
Dans l'idéal, j'aurais aimé arriver seule au lycée, faire comme si je ne connaissais pas le beau nouveau spécimen dont toutes les filles voudront faire un dessert et être la plus transparente possible. Apparement c'est raté.

Une fois dans la voiture, je m'installe face au volant et active la clim. Évidemment, j'ai besoin de musique, il n'y a que ça qui m'aidera. Je choisis LA playlist, celle qui est censée me donner du courage et faire remonter les larmes qui menacent dangereusement de couler.

Pas de larmes on a dit !

Je vois Maxime arrivé dans mon rétroviseur. Pas légers, démarche de top model. Il ébouriffe ses cheveux pour se donner un air encore plus décontracté sans doute.

Plus de clim s'il vous plait !

Le beau gosse s'installe sur le siège passager sans un regard dans ma direction et s'appuie sur la vitre, attendant que je démarre.
Je ressemble mes idées, augmente le volume de la musique et fais abstraction de la personne qui partage mon habitacle.

Comme si c'était possible ...

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