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Evy

Une nouvelle semaine qui commence. J'ai passé le week end à fouiller les réseaux sociaux pour voir si on parlait de moi - comme l'année passée. Je n'ai toujours rien trouvé. Je devrais être soulagée mais je sens que ce n'est pas terminé.
Je ne suis sortie dans le jardin qu'une seule fois quand Simona y jouait seule. J'ai essayé de l'approcher en douceur, je lui laisse de l'espace. Nous avons fait des bulles de savon pendant presqu'une heure avant que son frère débarque. Lui, je l'ai évité comme la peste durant ces deux jours. Il a essayé de me parler à plusieurs reprises mais je ne lui ai servi que des "oui","non","hum hum".

Ce matin, je me réveille avant mon réveil, comme d'habitude. J'ouvre la fenêtre pour laisser entrer un peu de fraîcheur. Je descends à la cuisine pendant que je suis encore seule. Simona et son ours de frangin dorment encore. Ma mère a pris l'avion très tôt pour une conférence sur je ne sais quoi.
Le soleil perce les grandes baies vitrées donnant sur le jardin. Je savoure mon thé et mon kiwi assise sur un haut tabouret. Je n'ai pas vraiment dormi cette nuit. Je sais que tôt ou tard, ils vont encore me tomber dessus. Je profite encore de la lumière matinale avant de me résoudre à monter me préparer pour les cours, à aller enfiler mon armure bien trop fine pour me protéger.

En montant les escaliers, j'entends la baby-sitter, que ma mère a engagé pour Simona, entrer par la lourde porte. Elle a du lui donner les clés de la maison. Je la salue brièvement et continue mon chemin. Une fois dans la salle de bain, je fais couler l'eau de la douche avant de me déshabiller de m'y glisser. Mais j'y suis à peine depuis deux minutes qu'on tambourine à la porte.
- Evy ! Bouge tes fesses !
L'ours est réveillé on dirait ! Je ne prends pas la peine ni de lui répondre, ni de me dépêcher.
- Evy, bon sang ! Je te jure que si tu ne sors pas dans trente secondes, j'entre ! T'es pas la seule à prendre une douche le matin.

Cause toujours.

- T'es vraiment une emmerdeuse Evelyne Beaumont !
Oui, ca je le sais et je ne suis pas la seule ici. Je prends mon temps dans la salle de bain. Je me prélasse sous le jet d'eau, me savonne avec mon gel douche préféré. Je me passe même de la crème hydratante sur tout le corps une fois soigneusement séchée avant de m'envelopper dans ma serviette. Quand un grand coup retentit de nouveau sur la porte, je la déverrouille et l'ouvre doucement.
- Un problème ? Je lui demande nonchalamment en passant devant lui.
- Eh ...
Clouer le bec ! Je lui ai cloué le bec.
Il me regarde avec ses grands yeux pendant que je parcours le chemin jusqu'à ma chambre et si j'étais naïve, je penserais que ce qu'il voit lui plaît cette fois encore. Si j'étais naïve, parce que je crois que c'est son nouveau petit jeu et je n'y jouerai pas.

***

Je jubile en arrivant dans ma chambre, ça me met de bonne humeur de taquiner bien comme il faut le fauve. Quelque chose m'énerve encore plus qu'avant et si j'écoutais Joris, c'est l'avoir vu avec cette blonde. Mais c'est vraiment n'importe quoi.

J'enfile mes sous vêtements et mon jeans blanc. Je n'ai pas le temps de le fermer et de passer mon haut que la porte s'ouvre et claque contre le mur juste derrière.
- Ça te fait marrer espèce de ...
Maxime est là dans ma chambre et pose les yeux sur moi à moitié nue devant lui. J'essaye de ne pas me démonter, passe mon haut délicatement par dessus ma tête.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- L'eau ... l'eau est froide. Tu as utilisé toute l'eau chaude.
Il baisse les yeux, se passe la main dans les cheveux. Il est mal à l'aise mais comme moi, il ne veut pas être le premier à battre en retraite.
- Oui, c'est possible.
Et je suis d'accord avec lui pour le coup, je suis une chieuse.
On reste silencieux un moment, on se juge, on se jauge. Ses yeux se plissent comme si une bataille avait lieu dans sa tête. Je ne lui montre pas mais en cet instant, je ne sais pas quoi faire de moi-même. Je ne sais pas où regarder, si je dois soutenir son regard ou me détourner. Je ne sais pas où mettre mes mains qui tout à coup simple être de trop sur mon corps. Je cherche autour de moi et me pose simplement sur mon bureau, assise face à lui, en attendant qu'il brise le silence. Ce qu'il fait ...
- Je vais te demander de ne plus faire ça.
Sa voix est basse, grave mais douce, beaucoup plus douce que lorsqu'il est entré en bombe.
Mais c'est plus fort que moi, je dois lui tenir tête.
- Sinon quoi ?
Un éclair traverse son regard, il bondit vers l'avant et en quelques secondes, il est face à moi, tout près de moi, là, entre mes jambes. Il me surplombe, je soutien son regard. Comme pour le défier tout en lui donnant mon accord. Et en cet instant, s'il m'embrasse, je le mords. S'il ne m'embrasse pas, il est mort.

Inévitable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant