Inévitable

7

Maxime

J'ai quitté la maison, leur maison, sans un bruit. Lucile s'occupait de ma petite sœur. Elle au moins, elle a l'air de bien s'adapter en ces quelques jours. Pour ma part, je me sens toujours aussi étranger à cette famille. Je ressens toujours la même sensation de ne pas être à ma place, comme le peu de fois où j'avais rendu visite à mon père et sa famille. Ces personnes représentaient tout ce que je n'avais jamais eu. Ils étaient unis, ils pouvaient compter les uns sur les autres et à l'époque, je les enviais pour avoir tout ce qu'ils voulaient, pour vivre dans cette grande maison alors que nous étions à l'étroit dans notre tout petit appartement, ma famille et moi. J'ai toujours fait la distinction entre ces deux familles ...

Je marche sans but précis depuis une heure déjà. Cette ville ressemble en tout points à ses habitants. Lisse, trop lisse. Rien ne dépasse, tout est parfait et je dénote, ça c'est sûr. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'Evy dénote tout autant. J'ai cette impression qu'elle n'est pas comme eux. J'ai envie de creuser, de savoir ce qu'elle pense, tout ce qu'elle pense, ce qu'elle veut. Cette fille me rend dingue. Elle me rend dingue par sa manière de détester ma présence et comme un con, je le lui rend bien.

Je ne peux pas m'empêcher de repenser à son apparition de ce matin, elle était gênée, pas moi. Evy ne devrait pas être intimidée par l'idée qu'on puisse apercevoir son corps, son corps parfait. A l'instant où elle a bondit sur moi de sa grosse voix, je n'ai eu qu'une envie : toucher chaque centimètre de son épiderme. Pourtant, elle n'a aucune idée de son sex appeal, du désir que l'on peut ressentir pour elle, du désir que je ressens en sa présence.

Et c'est mal. Et je le sais.

Alors à l'idée de me retrouver seul avec cette tentatrice, j'ai préféré mettre les voiles. Aussi parce que j'ai bien compris qu'elle n'avait pas très envie que l'on passe du temps ensemble. Avec qui veut elle passer du temps d'ailleurs ?

Le soleil est déjà là, il fait chaud. La plage n'est pas loin à en croire les panneaux d'affichage mais je n'ai pas vraiment envie de me baigner. J'ai laissé plus de trois heures à Evy pour être seule mais je crois que j'ai envie de rentrer. J'ai envie de rentrer chez moi mais je vais me contenter de rentrer chez elle ...

***

Lucile et Mona ne sont pas revenues. Lucile m'avait prévenu qu'elles ne rentreraient que tard dans la soirée. J'essaye de faire ce que l'on m'a demandé, prendre mes marques alors je me prépare un petit truc à grignoter. Je prends seulement une tomate et de la mozzarella que je trouve dans le réfrigérateur géant de la cuisine. J'essaye de rendre mon assiette jolie avec du basilic et des tranches de pain coupées en triangle autour du fromage. Ma mère adorait faire ce genre de choses. J'attrape l'huile d'olive et des épices et pars en direction du jardin, sors par la grande baie vitrée avec mon assiette et mes couverts en main. Quand j'atteins la table, je la vois. Elle est sous un grand parasol, près de la piscine. Son bikini est riquiqui et ne cache absolument rien de son anatomie.

Autant dire que je n'ai plus très envie de ma tomate en ce moment.

Evy ne me voit certainement pas. Un grand chapeau et des lunettes de soleil ombragent son petit visage. Elle agite les orteils en rythme, elle écoute encore de la musique. Pour ne pas changer. Moi, je la bouffe des yeux. Je m'approche sans bruit et me plante devant elle. Elle est belle, elle est sexy et elle ne le sait même pas. Elle n'a rien de vulgaire qu'on ces autres filles. Evy est une beauté sauvage, simple, évidente ... Et moi, je n'ai qu'une envie, la faire hurler de plaisir. Je me rappelle pourquoi je n'ai plus voulu venir voir mon père, je me rappelle que j'étais tombé amoureux d'elle, Evy la petite fille parfaite et que je trouvais ça dégoûtant.