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Evy

La première semaine de cours vient de se terminer. J'attendais ce vendredi soir avec impatience. Au moins, j'ai deux jours de répit, sans les voir tous. J'ai évité maxime toute la semaine mis à part lors des trajets en voiture ou il a eu obligeance de ne pas m'adresser un mot. Je retiens mes larmes de couler durant les heures de cours et je crois que s'il me demandait ne serait ce que comment ça va une fois dans la voiture, je ne pourrais plus les retenir. Alors je mets ma bonne veille copine la musique a en faire éclater nos tympans et il se contente de regarder par la vitre.

Chaque vendredi, durant l'année scolaire, je rejoins Joris au terrain de basket pas très loin de la maison à 17h. Il met quelques paniers, je me plains de ma mère et on remet ça la semaine suivante. Mais aujourd'hui, il a envie de parler d'autre chose visiblement.
- Alors, comment ça se passe avec ton frère ?
- Je ne vois pas de qui tu parles, réponds je du tac au tac
- Ouais, fin tu vois quoi ! Le fils de ton père ! Il a l'air plutôt sympa j'ai l'impression ...
- Je n'en sais trop rien, il traine à la maison c'est tout, on ne se fréquente pas.
- Ouais, je vois.

Ce qui est bien avec Joris, c'est qu'il comprend quand je n'ai pas envie de parler de quelque chose. Ce qui est moins bien, c'est qu'il comprend souvent pourquoi.
- Quand tu auras envie de parler de la bave sur ton menton rien qu'en pensant à lui, tu me feras signe ! Rit il en me lançant le ballon.
- Oh mais n'importe quoi !
- Franchement Evy, personne ne peut t'en vouloir, tu l'as vu ou quoi ? Même moi, je dois reconnaître qu'il est sexy. D'ailleurs, ça ne fait pas mon affaire ce truc, va falloir que je travaille plus dur pour garder mon petit fan club
Joris est beau, très beau et il le sait. J'ai déjà vu des dizaines de filles en pleurs juste parce qu'il n'avait pas répondu à leur sms. Il est très beau mais pas que, il est gentil et ouvert d'esprit et je trouve ça tellement réducteur que ces filles n'en veulent qu'à son physique mais apparement lui, ça lui convient bien comme ça. C'est mon meilleur ami depuis toujours et personne ne peut dire qu'il le connaît comme moi.

Seulement, même à lui, je ne peux pas expliquer à quel point Maxime m'attire. C'est tellement ... pas normal. Je sais déjà ce qu'il me dirait de toutes façons : tu t'attaches à un mec que tu ne peux pas avoir pour avoir une excuse de ne pas tenter le coup. Je l'entends déjà ...

Alors je change de conversation, quit a parler de ce qui fait mal.
- Ines et Joy ont tenté de te parler aujourd'hui ?
Mon meilleur ami hésite.
- Oui, il répond timidement.
- Laisse moi deviner, une fête de rentrée et tu es invité ?
- Je n'irai pas Evy, tu le sais très bien
- Tu devrais tu sais, c'est moi la paria, pas toi !
- Evy, jamais je ne traînerai avec des gens qui humilient les autres pour se sentir bien. J'étais là tu sais, j'ai vu tout ce qu'ils t'ont fait. J'ai vu le sourire de ces deux pétasses quand elles ont compris qu'elles te brisaient. Jamais de la vie je ne fermerai les yeux sur ça. Maintenant que tu t'es, je l'espère, rentré ca dans le crâne, viens marcher avec moi.

Me balader dans les petites rues avec Joris me fait un bien fou, loin de la maison, de ma mère, de tout. On imagine la vie des gens en les observant, on leur invente tout un tas d'histoires. Et quand mon regard tombe sur un grand brun assis sur un banc à côté d'une miss bikini, mon imagination s'arrête net.
- Et ces deux la ... commence Joris
- Ne te fatigue pas Joris, ces deux là, on sait tous exactement ce qu'ils vont faire de leur soirée.
Et je préfère tourner à l'angle de la rue.

Inévitable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant