Inévitable

8

Evy

La chaleur couvre ma peau. Le soleil irrite presque mes cuisses. Allongée sur mon transat, mon grand chapeau sur la tête couvre mes longs cheveux bruns ondulés, les lunettes aviateurs de papa cachent mes yeux clos et la musique souffle dans mes oreilles. J'écoute la voix forte de Sia, me laisse complètement emporter.

- Aaaaaaaaaaaaaah !
J'hurle à plein poumons ! Devant moi, un géant, une armoire à glace, un monticule de muscles imposants.

Maxime.

Il est planté devant moi, un sourire malicieux aux lèvres, une lueur amusée dans les yeux. Il me regarde et je le sens fier de son apparition. J'ai eu peur, mon cœur s'est retourné dans ma poitrine et maintenant j'ai honte. Je me souviens que je ne porte presque rien, un tout petit bikini dans lequel je n'autorise personne à me voir. Je cherche rapidement autour de moi et trouve mon paréo bleu pour me couvrir. Assise en tailleur sur mon transat, à l'abri derrière le bout de tissus, je le regarde de mon regard noir.

- Mais qu'est ce que tu fais là toi ? L'incendie je
- D'habitude les filles crient différemment avec moi, rigole-t-il sans même répondre à ma question.
- Dans tes rêves sûrement, Casanova ...
Je préfère lui lancer une pique mais pourtant je suis forcée d'admettre que je crois qu'il a raison. Pendant quelques secondes, je me perds à me demander comment il peut être quand son corps nu recouvre celui d'une de ses conquêtes. Je devine aisément à quel point son corps peut être attirant, à quel point son regard peut faire perdre les pédales et comme sa puissance peut être impressionnante. Je n'ai jamais vu d'homme nu, en vrai. Et cette image, de lui, dans ma tête, que je me fais, me bouscule. Le désire de savoir s'il ressemble à ce que je crois naît en moi. En même temps que l'incompréhension ...

Reprends toi Evy, ce gars, il n'est pas pour toi ...

- Tu as faim ? Maxime me sors de mes pensées
- Non, je vais te laisser ...
- Reste Evy, profite de cette journée avec moi, c'est ta mère qui l'a demandé.
Sa voix est toujours aussi rauque mais douce. C'est vrai, Lucile m'a demandé de passer la journée avec lui. "Pour vous apprivoiser, entre frère et sœur" a t elle dit.

Je capitule, toujours cachée derrière mon paréo. Je me lève pour le suivre vers la table de jardin où il a déjà installé son repas. Il se glisse nonchalamment sur le banc et je me demande comment un corps aussi sculpté qu'on en dirait de la roche peut se déplacer avec autant de souplesse. Le géant pousse les plats au centre de la table et d'un signe du menton, m'invite à partager. Maxime s'occupe de couper une tomate en deux, la saupoudre de sel, de poivre et la recouvre d'un filet d'huile d'olive. Ses gestes sont sûrs, appliqués, sensuels.

Ce n'est pas dans la tomate que j'ai envie de croquer. Et pourtant, son assurance déconcertant me fait le détester encore plus je crois.

De son long bras musclé, le beau brun avance le morceau de tomate à ma bouche. Je le croque à moitié, goulûment, mes yeux plongés dans le bleu des siens. Sans baisser le regard, Maxime termine le fruit qui vient de quitter mes lèvres. En cet instant, je ne peux pas m'empêcher de penser à sa bouche, sur la mienne. Ce gars est sexy même en mangeant, il embrase tout mon corps juste en me regardant mais pourtant je ne parviens pas à regarder ailleurs.

Il me sort d'un coup de mes pensées.
Salaces les pensées ...
C'est la première fois que je pense à un garçon de cette manière. J'ai cru être amoureuse une fois et ça m'a coûté cher, très cher.

- Je vais nager ...
Sa voix est différente, hésitante et ses yeux essaient de trouver à quoi se raccrocher. Si j'étais naïve, je penserais que je l'ai troublé. Mais je crois bien que la seule chose qu'il cherche à faire, c'est m'embeter, comme quand on était enfant.

Le géant se lève et passe son t-shirt au dessus de sa tête dans la foulée, me laissant en tête à tête avec ses abdominaux qui ont l'air dur comme de la pierre. Chaque centimètres de son torse a l'air d'avoir été dessiné au pinceau. Ses pectoraux sont la perfection même, le grand V qui court jusque dans son short est indécent. Son corps est spectaculaire. Je le suis du regard jusqu'à la piscine où il plonge avec grâce. Il fait chaud, vraiment très chaud ...

Quelqu'un pour appeler les pompiers s'il vous plaît ? Je crois que je vais prendre feu.