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"- Liv... Tu voudrais avoir des enfants un jour?" M'avait demandé Salva', allongé dans le lit après un câlin.
"- pourquoi tu me demandes ça Salva'? Tu en veux?"
"- je... Non. Je ne serai pas un très bon père..."
"- je pense que si"
"- tu n'as pas idée de ce qu'ont été nos enfances à mes cousins, marco et moi... Mais je me dis que toi, tu en voudras peut être un jour et je serai prêt à faire cette concession"
"- oh..  oui! Mais bon, il y a déjà Paolo. Je le considère comme s'il était à moi..."
"- justement cara... On a eu des relations sexuelles sans se protéger toi et moi, et on en a quand même très souvent et depuis plusieurs mois..." dit-il en me chatouillant les côtes. "Tu ne crois pas que tu devrais déjà être enceinte justement?"
J'ai un moment de blanc. Je ne me suis jamais posé la question, mais il n'a pas tort...
"- j'aimerai que tu vois un gynécologue tesorino, et je passerai des tests moi aussi, ça nous permettra de savoir où on en est, d'accord? Comme ça on sera prêts pour le jour J"

Ponction lombaire, prélèvements, myélogramme, prise de sang, analyses, chimiothérapie... Les semaines, les mois qui ont suivi n'ont été que souffrance pour le petit qui ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. J'intercalais des rendez-vous et des analyses pour Salvatore et moi entre chaque. On ne trouva rien à mon époux mais un syndrome SOPK chez moi, qui me forcerait à passer par une FIV si on souhaite un jour un enfant. Chez Paolo, la maladie a continué à se développer, accompagnée de pâleur, fatigue, difficultés respiratoires,
infections, angines, bronchites, gingivite,  saignements... Chaque jour offrait un panel de nouveaux symptômes et traitements pour torturer l'enfant.

J'essayais de passer le plus de temps possible avec lui, a jouer, lui inventer des histoires de robot nettoyeur de sang, de piqûres magiques qui donnent des supers pouvoirs, de petits malades le jour mais agents secrets la nuit afin de lui changer les idées mais il devenait chaque jour plus misérable que la veille.

Mon monde tournait autour de lui et de mon mari, plus rien n'avait de place dans mon existence. J'en allais même jusqu'à m'oublier moi même. Je me rendais malade. Je vomissais tous les matins, perclue d'angoisse. J'étais épuisée, mais je tenais pour lui. Pour eux. Un jour que je l'avais accompagné pour sa chimiothérapie, je fis un malaise dans le couloir devant le bureau. Rien de grave. J'étais juste tombée et je n'avais pas vraiment perdu connaissance.
La secrétaire m'apporta gentiment un verre d'eau.

"- vous traversez une épreuve difficile en tant que maman..."
"- je ne suis pas la maman de Paolo... Nous ne sommes que des oncle et tantes"
"- c'est merveilleux ce que vous faites pour lui. Il n'a plus ses parents?"
"- son papa nous a quitté et la maman... Disons qu elle n'était pas prête à être mère"
"- heureusement qu'il vous a, mais prenez soin de vous également hum"

En sortant de l'hôpital, je retente de contacter Giulia, mes précédentes tentatives sont restées sans succès. La tonalité se fait entendre et quand je pense tomber à nouveau sur le répondeur, j'entends une voix agacée :
"- qu'est ce que vous me voulez?"
"- bonjour. Je suis Liv Esposito, la femme de Salvatore, l'oncle de ..."
"- je sais qui est ce connard et je ne peux pas croire qu'il soit marié. Pourquoi vous me harcelez? Je suis peut être la seule gonzesse au monde avec qui il n'a pas couché"
"- la n'est pas la question" dis-je, un peu vexee, "je m'occupe de Paolo et on lui a trouvé..."
"- je m'en moque, j'ai abandonne mes droits parentaux, je veux pas en savoir plus"
"- mais il a... Une leucémie"
Elle marque un temps d'arrêt avant de conclure: " tenez moi informée" puis elle raccroché, me laissant perplexe.

série: L'otage. tome 4. Salva'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant