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Point de vue de Salvatore.

"- seigneur, tu rappelles auprès de toi un petit ange qui n'a fait qu'effleurer cette terre de ses ailes..."
Debout devant le petit cercueil blanc, je soutiens Liv. Giulia a fait le déplacement aussi. Elle est digne, au pied de son fils mais je vois qu'elle n'en mène pas large. Je pourrais l'accabler mais quel intérêt. Elle s'accable déjà bien assez et retient même ses larmes car elle ne se sent pas légitime à les verser.

La dernière trace de mon frère vient de quitté cette terre huit semaines après qu on lui ait annonce qu'il allait être grand frère. Quelle fierté il a ressenti, bombant le torse et promettant d'apprendre vite à lire pour faire la lecture du soir à son petit frère ou sa petite soeur. La maladie a triomphé et il a rendu son dernier soupir entouré de Liv et moi, de mes cousins et de sa mère biologique, appelée en catastrophe. La greffe n'a pas fonctionné et son petit corps épuisé par la chimiothérapie a abandonné le combat. Liv l'a veillé des heures durant, ne pouvant de résoudre à lui dire adieu.

Serrant Liv contre moi, je serre les mâchoires autant que je le peux. J'ai pu retenir mes larmes quand il s'agissait de mes parents. Ils avaient eu une belle vie. J'ai pu retenir mes larmes pour mon frère. Il est mort en mafieux, comme il l'aurait voulu. Trop tôt pour moi. Trop tôt pour sa femme et son fils. Mais Paolo... Il ne demandait qu'à vivre. Apprendre à lire. Danser. Rire. Pleurer. Et c'est nous qui le pleurons aujourd'hui. Je laisse les larmes couler le long de mes joues. Tant pis pour le mafieux que je suis. J'ai perdu une petite partie de mon coeur et de mon âme avec ce petit ange. Liv est effondrée. Je sais ce qu'elle ressent. Du moins, je l'imagine bien. Elle qui a grandit dans un orphelinat s'était construit sa petite famille parfaite avec moi, Paolo, les cousins et on lui arrache celui qu'elle considère comme son premier enfant. Quel pire cauchemar pour un coeur plein d'amour comme le sien? Quel pire cauchemar quand on est mère?

Le minuscule cercueil descend doucement dans la fosse et nous sommes invités à venir nous signer devant lui, et jeter une fleur ou une peluche pour l'accompagner dans le tombeau familial. J'ai choisi de l'enterrer avec mon frère. C'est là qu'est sa place.

Chacun notre tour nous defilons devant lui et adressons un dernier mot. Une dernière prière. Ceux de Liv sont étranglés dans sa gorge et elle se contente de lever ses yeux baignés de larmes vers moi. L'englobant de mon bras, je l'entraîne vers la sortie du cimetière. Un petit convoi se met en marche et, alors que nous roulons depuis quelques minutes dans un silence absolu, seulement entrecoupé de sanglots de mon épouse, Je vois Pio s'agiter sur son siege. Un léger coup d'oeil à l'arrière me permet de comprendre. Nous sommes suivis.

série: L'otage. tome 4. Salva'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant