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J'avais mobilisé deux hommes sur une enquête d'un genre particulier: recenser les éducateurs qui avaient pu entrer en contact à un moment donné avec Liv par le biais de son orphelinat. Et je n'avais pas la moindre idée de ce qui avait pu motiver une telle décision...

Toujours est-il que j'avais un dossier épais sous la main et que j'appréhendais déjà du prochain carnage que j'allais faire...
Une dizaine de profils d'hommes sous les yeux mais l'un ressorti plus que les autres. Père de famille mais très à l'aise financièrement, diplômé et marié à la cadre d'un grand groupe pharmaceutique, rien ne le prédestinait à devenir éducateur en orphelinat, sauf une petite condamnation à son casier pour exhibitionnisme devant une école primaire...
J'étais quasiment certain que c'était mon homme.
"- monsieur, j'ai besoin de votre assentiment"je relève la tête à ces mots, prononcés par Josepha, ma gouvernante.
"- que puis-je pour toi Josepha?"
"- c'est l'anniversaire de la petite aujourd'hui, je voudrais servir un gâteau d'anniversaire avec des bougies au dessert, elle n'en a jamais eu depuis ses six ans"
"- fais, Josepha"
Ainsi elle a dix-huit ans ce soir ...

Elle jouait avec le petit sur le perron quand le "coli" est arrivé. Sa bouche s'est arrondie en un O muet alors que je descendais en retroussant mes manches tandis que mes hommes le faisais sortir de voiture, les mains attachées dans le dos. Elle court vers moi.
"- pourquoi est-il la?" Elle qui ne se mêle jamais de nos affaires...
"- tu dois bien avoir une idée non?" Comme elle reste silencieuse, je lui demande d'une voix douce, en me plantant en face d'elle, deux marchés plus bas. "- c'est lui n'est ce pas?"
Elle ferme les yeux brièvement.

La scène devient alors surréaliste pour le moindre observateur, je crochete son menton et plonge dans ses yeux.
"- combien de fois a-t-il essaye?"
"- plusieurs"
"- a-t-il réussi?"
"- non... Je me suis enfuie"
"- il y a eu d'autres filles?"
Elle hoche la tête.
"- bien. Je m'en occupe. Il ne fera plus de mal à quiconque"
Une petite larme solitaire glisse le long de sa joue et je la vieille avec mon pouce. Mon coeur se tord un bref instant.
"- il ne mérite pas qu'on pleure pour lui"
Elle hoche la tête, récupère le petit dans ses bras et l'emmène à l'intérieur, le visage enfoui dans son petit cou.

Je ne la revois que le soir venu, elle est pâle, les yeux agrandis, elle a l'air épuisée.
Elle s'installe à côté de moi, comme depuis le premier jour et plusieurs de mes hommes de joignent à nous, ainsi que mon cousin Tino.
L'ambiance est détendue jusqu'à ce que Pio se mette à causer du carnage dans le sous sol provoquant des rires gras.
"- ahah patron, heureusement qu'on vous a arrêté parce que sinon vous l'auriez fini en deux minutes."
J'affiche un sourire poli mais je sens Liv de tendre à côté de moi.

Ma main glisse sous la table et je trouve la sienne, les ongles enfoncés dans la chaise, tandis que les hommes continuent d'échanger des plaisanteries sur mes activités souterraines jusqu'à ce que je les calme d'un simple " basta" tout en continuant à cajoler sa paume avec mon pouce.
C'est le moment rêvé pour que Josepha éteigne les lumières de la façade et vienne vers nous portant un énorme gâteau au chocolat couvert de bougies.

"- Tanti auguri a te
Tanti auguri a te, Liv
Tanti auguri (nome del bambino)
Tanti auguri a te." Chanté d'une voix douce par Josepha et repris en coeur par une tablée de mafieux.

série: L'otage. tome 4. Salva'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant