Chapitre I

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- Aurore ! Descend ! Cria Augustin du bas de l’escalier. On va être en retard à l’école !
   La jeune fille de treize ans descendit les marches des escaliers en trombe.
Aurore grogna un peu en passant devant son frère. Elle récupéra son sac et alla se poster à côté de ses sœurs.
- Ça ne sert à rien de râler. Tu sais bien qu’il nous faut prendre le bus pour y aller.
Augustin attrapa la main de sa petite sœur Laura puis cria vers la chambre de ses parents.
- Maman, papa ! on y va !
Un homme et une femme arrivèrent vers les quatre enfants. L’homme aux cheveux bruns comme leur seul fils Augustin. Un visage ovale comme les quatre enfants de la maisonnée et des yeux noisette comme l’aînée des trois fillettes Aurore et la benjamine Laura. Quant à la mère qui les rejoignit, ses cheveux étaient plus clairs et plongeaient vers du blond sur les pointes. Les trois fillettes avaient donc des cheveux plus clairs que leur grand frère.
- Passez une bonne journée mes chéries ! déclara la mère de famille en embrassant ses quatre enfants sur la joue.
   Les deux parents saluèrent leurs enfants qui disparaissaient déjà derrière la porte. Augustin serra encore plus la main de Laura et traversa le jardin au pas de course. Le bus passait dans environ sept minutes. Ils leurs fallait cinq minutes pour arriver à l’arrêt de bus mais connaissant ses sœurs, l’une d’elle fera la réflexion qu’elle avait oublié quelque chose. Cela ne manqua pas.
   Quand la petite troupe s’arrêta au niveau du portail bleu, Lilith s’arrêta d’un coup.
- Augustin ! J’ai oublié de prendre une bouteille d’eau pour les travaux manuels de cet après-midi ! La maîtresse va me punir !
- D’accord je vais la chercher. Restez ici les filles. Je reviendrai vite.
   Sur ce, il lâcha la main de sa sœur et courut dans la direction de la maison. Il entra en trombe dans la maisonnette et alla jusque dans la chambre de sa petite sœur à l’étage. Il attrapa la bouteille posée sur le bureau et redescendit les marches de l’escalier quatre à quatre. Quand il passa devant la chambre de ses parents, une discussion l’interpella. Il s’arrêta pour écouter.
- Ils ont retrouvés ma trace, déclara son père. On ne va pas pouvoir rester ici encore longtemps.
- Mais on ne peut pas partir non plus ! les enfants vont avoir du mal à se réintégrer dans une nouvelle école alors qu’on a déménagé il y a tout juste deux ans.
- Je sais. Je vais essayer de joindre ma sœur et son conjoint en espérant qu’elle pourra nous venir en aide.
- Ou s’occuper des enfants s’il est déjà trop tard pour nous.
- Oui. Mais ils risquent d’être de nouveau en danger. Je la préviendrai cependant du danger qui nous guette. Je vais déposer la lettre où tu sais d’accord ?
   Une sonnerie retentit soudainement dans la maison calme. La discussion s’arrêta immédiatement. Augustin se maudit intérieurement. Il n’avait pas arrêté sa montre et cette dernière avait sonné pour le prévenir que le bus passait dans moins de deux minutes. Il décrocha la montre de son poignet, la déposa sur la table basse du salon et partit en courant rejoindre ses sœurs.
- Bah alors qu’est-ce qui a bien pu te prendre autant de temps râla Aurore.
   Augustin ne prit pas la peine de répondre à sa sœur. Il tendit la bouteille à Lilith, attrapa Laura, la posa sur ses épaules, prit ses deux autres sœurs par la main et s’élança en dehors du petit jardin. En trois minutes, ils arrivèrent à l’arrêt de bus où les attendaient le chauffeur.
- Eh bien, déclara ce-dernier. Heureusement que votre ami m’a supplié de vous attendre. J’aurai dû partir il y a une minute. Vous pouvez le remercier.
   Il désigna un jeune homme aux cheveux noirs, dressé sur la tête grâce au gel et à la peau mât derrière lui. Puis, le chauffeur démarra et le bus partit en secousse rapide. Augustin respirait enfin. Il déposa Laura et lâcha ses petites sœurs qui coururent s’installer près du jeune garçon désigné un peu plus tôt.
- Salut Arthur, déclarèrent les trois petites en s’installant près de lui.
   Il leur sourit et les salua toutes puis se tourna vers Augustin qui peinait encore à reprendre son souffle après sa course folle.
- Bah alors Augustin, c’est bien rare de te voire en retard. D’habitude c’est toujours toi qui m’attends, railla le prénommé Arthur, un sourire en coin.
- Oui, c’est vrai. Merci pour tout Art’.
Augustin réussit à trouver une place entre ses sœurs et s’assit en attendant que le bus arrive à destination. Même si son ami lui parlait, il n’arrivait pas à se sortir de la tête la discussion qu’il avait surpris entre ses parents.
- Terminus arrivée Collège Dausan, grésilla la voix dans le haut-parleur du bus.
- Augustin on est arrivés, le secoua Aurore. Il faut descendre maintenant.
   Augustin reprit ses esprits, rassembla ses affaires et suivit ses sœurs en dehors du bus. Avec son petit groupe, le jeune grand frère longea la rue qui, tout au bout, rassemblait l’entrée de l’école primaire, celle du collège et, un peu plus loin, celle du lycée. La sonnerie avait déjà retenti. Les grilles fermaient. En effet, le bus qu’ils avaient pris étaient le dernier de leur horaire car ce matin-là, les autres enfants étaient vraiment en retard pour prendre leur bus habituel. Il laissa Aurore courir jusqu’au collège et s’engouffrer dans le bâtiment juste avant que l’entrée soit fermée. Arthur, qui cumulait déjà trois retards depuis le début du mois, laissa en plan son ami pour éviter d’en prendre un quatrième qui lui vaudrait deux heures de colle. Augustin, quant à lui, continua tout droit jusqu’à l’école primaire qui avait déjà fermé sa grille. Il sonna à l’interphone et attendit que la directrice lui réponde. Contrairement à celle du lycée, la directrice de l’école primaire était jeune et très gentille. Elle ouvrit très rapidement la grille et emmena les deux petites filles dans leur classe respective permettant ainsi au jeune garçon d’aller en cours.
Augustin n’attendit pas son reste et détala vers l’entrée du lycée. De nouveau il sonna à l’interphone en espérant ne pas tomber sur la directrice.
- Oui ? déclara une voix éraillée à l’autre bout du fil.
Raté. C’était elle. Avec sa charmante voix. A contre-cœur Augustin répondit à la vielle femme qui attendait une réponse.
- C’est Augustin Calty de seconde B madame la directrice. Pourriez-vous ouvrir la grille pour me permettre de rentrer s’il-vous-plaît ?
   Augustin attendit une réponse mais cette dernière ne vint jamais. Puis, au bout de cinq minutes, une éducatrice arriva pour faire rentrer le jeune garçon.
- La directrice t’attend, prévint seulement cette dernière.
   Le jeune garçon entra dans le bâtiment, en trainant les pieds. Puis, quand il arriva devant la porte, il leva la main pour faire mine de toquer. Il n’en n’eut pas besoin. Une dame d’environ une soixantaine d’année, toute ridée ouvrit la porte. Son regard glacial jaugea le garçon de haut en bas.
- Augustin Calty, grinça-t-elle, tu es en retard. Je ne te donnerai pas d’heure de colle aujourd’hui mais la prochaine fois, je serai sans pitié.
   Augustin ne prêta pas attention aux paroles de la directrice. Il savait que s’il n’avait pas d’heure de colle aujourd’hui c’est parce qu’elle n’avait pas le droit d’en donner dès le premier retard alors cela n’avait rien à voir avec la pitié.
   Puis, la directrice envoya le jeune garçon rejoindre sa classe au plus vite. Augustin ne se fit pas prier et décampa en vitesse.
   Une fois arrivé au premier étage, juste devant sa classe, Augustin s’y reprit à deux fois avant de trouver le courage d’interrompre le cours qui s’y déroulait. Ça n’était pas dans ses habitudes d’arriver en retard et encore moins d’afficher ses erreurs devant tout le monde.
- Entrez, répondit une voix à l’intérieur de la pièce.
Augustin tourna la poignée et fit son entrée dans la pièce plongée dans le silence. Tous ses camarades le dévisagèrent. Sa professeure, une jeune femme aux cheveux roux tombant en cascade dans son dos et dans une robe rouge qui contrastait avec sa peau pâle, lui fit signe d’aller directement s’asseoir à sa place.
Augustin partit donc s’asseoir devant Arthur qui faisait mine de suivre les cours. Alors, quand Augustin s’assit et que le cours reprit, Arthur reprit ses bonnes vieilles habitudes d’embêter gentiment son ami assis juste devant lui. Il savait en effet, qu’Augustin aimait travailler alors lui passer des petits mots sur un papier l’obligeait à répondre et donc à ne plus écouter le cours.
La journée passa tranquillement selon les habitudes des jeunes enfants. A seize heures, une des surveillantes entra dans la salle de classe, stoppant le contrôle en cours.
- Augustin Calty, déclara cette-dernière. La directrice vous attend dans son bureau.
- Bon courage mec, lui souffla Arthur derrière lui. J’sais pas ce que t’as fait mais ça à l’air grave pour venir te chercher en plein examen. Surtout si c’est la directrice qui te demande.
Augustin rassembla ses affaires et rejoignit à contre-cœur l’antre de la directrice. Il ne savait pas ce qu’il avait pu faire non plus pour être convoqué de la sorte mais il savait, tout comme son ami, que cela devait être vraiment grave. Déjà, une boule de peur se forma dans sa gorge.
Dans la pièce, ses petites sœurs étaient déjà rassemblées. Elles se tenaient la main. En face, les directrices de l’école primaire et de celle du collège-lycée, semblaient embarrassés.
- Augustin, te voilà, se réjouit à moitié la plus jeune des deux directrices. Viens donc t’asseoir.
Le jeune homme prit place à côté de ses sœurs. Laura vint sur ses genoux comme à son habitude.
- Bon, je ne sais pas comment vous l’annoncer, reprit la jeune dame. Mais bon, mieux vaut ne pas y aller par quatre chemins donc, vos parents ont eu un accident de voiture il y a quelques heures.
Elle se stoppa quelques secondes mais Augustin savait déjà la fin de ce qu’elle allait dire. Mais il ne voulait pas l’entendre. Il niait la vérité. Il ignorait son cerveau lui crier les mêmes phrases en boucle. Si on les avait convoqués pour un accident de voiture, c’est qu’il y avait une suite.
- Vos parents sont morts sur le coup finit la directrice de l’école primaire.
Là, Augustin ne pouvait plus rien nier. C’était la dure réalité de la vie. Ses yeux s’agrandir. Il voyait ses sœurs autour de lui. Aurore étouffait ses sanglots dans ses mains. Lilith laissait couler le long de ses joues de grosses gouttes salées. Enfin, Laura, sur ses genoux, ne faisait que se trémousser, ne sachant comment réagir.
- Augustin, chuchota cette dernière, je ne comprends pas ce qui se passe. C’est quoi la mort ?
- On, on ne reverra plus jamais papa et maman, lui répondit le jeune garçon du mieux qu’il put malgré la boule de tristesse qui s’était formé dans sa gorge.
Il se forçait à ne pas pleurer devant ses sœurs mais c’était si difficile. Il souffrait tellement en cet instant. Il avait perdu son seul repère et maintenant, il sera le seul repère de ses sœurs. Il n’avait plus le droit à l’erreur et devait maintenant, en cet instant, être un roc inébranlable pour ses petites sœurs qui auront besoin d’aide pour se reconstruire malgré leur jeune âge.
Augustin attrapa ses petites sœurs et les serra le plus fort qu’il put contre son cœur. Maintenant, Laura pleurait à chaude larmes car même si elle avait du mal à comprendre la situation, elle savait que ne pas revoir ses parents était difficile. Le temps passa et, quand la sonnerie retentit, le jeune homme lâcha les petites filles. Les larmes s’étaient tarît dans les yeux des jeunes enfants. Seuls les nez coulaient.
- Votre tante va venir vous retrouver vers dix-huit heures, déclara la vielle directrice en tendant une boite de mouchoirs.
Augustin nota que c’était la première fois que sa directrice était utile et lui parlait de manière douce et agréable. Mais la seule chose qu’il voulait faire en cet instant c’était de rentrer chez lui. Après avoir remercié les deux femmes, Augustin attrapa les mains de ses petites sœurs et les entraîna à sa suite.
Au pas de course, Augustin enjamba les rues qui le séparait de l’arrêt de bus. Quand le chauffeur ouvrit la porte, les quatre enfants entrèrent en trombe. Le trajet parut durer une éternité. Enfin, ils arrivèrent chez eux. Dans la maison, un calme inquiétant était présent. Jamais ce lieu, auparavant si rassurant ne leur avait paru si froid. Les quatre frères et sœurs montèrent l’escalier pour aller dans leur chambre respective. Lilith et Laura, qui partageaient la même chambre, passèrent la première porte du couloir. Aurore et Augustin avancèrent un peu encore. Aurore ouvrit la seconde porte et passa le pas en attendant son frère pour refermer la pièce. Mais le grand frère lui fit signe qu’il ne rentrerait pas encore dans sa chambre. Augustin, une fois que toute ses sœurs étaient bien rentrées, redescendit lentement les marches de l’escalier. Il s’arrêta devant la chambre de ses parents et poussa doucement la porte qui grinça. Il entra dans la pièce baignée de lumière. Le mur bleu ciel, sur lequel était appuyé le lit de ses parents. Les tables de chevets avec la pile de livre disposé sur celle de sa mère, la liseuse de son père, le bureau en bazar près de la fenêtre à sa droite, tout faisait penser que ses parents allaient revenir. Augustin s’approcha du bureau pour y voir la photo de famille qu’ils avaient fait pendant les grandes vacances l’année dernière, juste avant sa rentrée au lycée. Ils étaient partis à la montagne pour la première fois de sa vie. Dans le cadre en bois de pin, son père et sa mère qui se tenaient par la main et encadraient les quatre enfants. Augustin qui souriait entre eux deux.  Aurore qui faisait un cœur avec ses mains comme elle aimait tant faire. Lilith, avec son short et son t-shirt Winx qui riait aux éclats. Et Laura qui, ce jour-là n’arrêtait pas de sauter partout. Quand la photo avait été prise, elle sautait encore et s’était retrouvée en plein saut sur le cliché.
Du doigt, il caressa le visage de ses parents. Le grand frère s’approcha de la fenêtre. Au-dehors, le soleil glissait déjà à l’horizon. Les oiseaux aux milles couleurs, s’envolaient dans une cascade de plumes de nuances et de teintes différentes. Les gens rentraient chez eux. Les enfants accompagnés de leurs parents marchaient dans la rue tandis que les lumières s’allumaient doucement. Souvent, les enfants tenaient la main de leur mère ou de leur père ou alors une laisse avec au bout, un chien ou un autre animal extraordinaire comme le Varion qui existait dans son monde. Ce petit animal semblable à un chien mais qui avait la particularité de changer de couleur en fonction de ses sentiments ou encore, pour les plus rare, de pouvoir voler. Toutes seules, les larmes se mirent à couler le long de ses joues. Il avait réussi jusque-là à les retenir mais il n’en pouvait plus. Il les laissa glisser. Il se mit les mains sur sa bouche pour éviter que ses sœurs ne l’entendent et accourent pour voir ce qu’il se passait. En un rien de temps, les petites larmes du début se muèrent en grosse gouttes qui mouillèrent son haut. Il n’arrivait plus à s’arrêter. Alors, ne tenant plus debout, il s’effondra sur le lit de ses parents et contempla le plafond de ses yeux troublés de larmes en priant pour que cette journée ne soit qu’un rêve. Quand plus aucune eau ne sortit de ses yeux, Augustin s’essuya les joues et les yeux pour éviter de montrer sa faiblesse et regarda l’heure. Déjà dix-neuf heures. Il devait encore préparer à manger aux trois petites de la maisonnée.
Le jeune homme trouva dans le congélateur une poêlée de légume qu’il fit aussitôt revenir dans la poêle. Il appela ses petites sœurs qui vinrent mettre la table. Ils mangèrent tous en silence, débarrassèrent la table, prirent une douche et montèrent se coucher. D’abord, il alla dans la chambre de Lilith et Laura, auxquelles, il lut une histoire. Trois épreuves, des difficultés surmontés et une vie paisible racontait le livre. Tout ça pour sauver sa famille se disait le jeune garçon en embrassant ses sœurs. Puis, Augustin éteignit lumière et ferma la porte. Il entra dans sa chambre et vit Aurore, recroquevillée sur son lit, serrant fort une peluche qui représentait un petit mortenon c’est-à-dire une espèce de lion d’une couleur flashy, souvent rose ou vert fluos, et possédant deux queues aux bouts pointues.
Le grand frère prit sa petite sœur morte d’inquiétude dans ses bras et la serra fort.
- Dis, qu’est-ce qu’on va devenir maintenant, demanda la fillette.
Augustin ne savait pas lui-même alors au lieu de lui mentir, il haussa juste les épaules te coucha la jeune fille.
- Allez dors maintenant. La journée a été rude. Nous verrons ça demain.
Puis, il éteignit la lumière. Se souvenant des paroles de la directrice faisant référence à sa tante qui aurait dû arriver à dix-huit heures, Augustin redescendit et actionna le répondeur du téléphone. Plusieurs messages arrivèrent en même temps. Le premier de sa tante.
- Coucou les enfants. Je devais venir vous récupérer mais pour certaines raisons je ne peux pas. Faites bien attention à vous. N’ouvrez à personne, n’écoutez personne d’autre que vos amis dont vous êtes sûrs de la voix et du numéro de téléphone et l’assistante social dont je vais vous donner les informations après. Je vous donnerais des nouvelles plus tard. Je vous aime fort. Soyez courageux mes petits, je vous promets que ça va aller.
   L’assistante social, Augustin aurait dû s’en douter. Pour sa tante qui voyage tout le temps, la seule famille qui leur restait, quatre enfants était bien trop à charge. Ils allaient tous être adoptés et les chances qu’ils soient tous pris par la même famille étaient bien trop minces. Alors, il écouta le second message.
- Bonjour monsieur Augustin Calty, je suis Vanessa l’assistante social chargée de votre dossier selon la demande de votre tante Grâce Leronier. Selon sa demande, vous serez mis en famille d’accueil dans quelques semaines. En attendant, nous viendrons vous chercher demain et nous vous emmènerons dans un orphelinat en attendant votre placement. Je vous souhaite une bonne soirée malgré la tristesse qui doit vous submerger actuellement.
  Et voilà, sa vie tombait en éclats. La mort de ses parents, quitter le domicile familial et bientôt, il serait séparé de ses sœurs. Ensuite des dizaines de messages continuèrent venant de plein de personne qu’il connaissait, s’excusant pour la mort de ses parents ou alors leur disant qu’ils étaient désolés de les laisser vivre comme ça mais qu’ils pensaient bien fort à eux. Comme il en avait marre d’entendre ces excuses que ces gens n’avaient même pas mais qu’ils utilisaient comme forme de politesse, Augustin allait raccrocher quand il entendit une voix sortant du combiné. Une voix qu’il reconnut tout de suite.
- Salut Gus’, c’est Arthur. La directrice est venue dans notre classe pour nous dire pour tes parents. J’imagine que tu n’as pas très envie d’entendre encore quelqu’un dire qu’il est désolé pour toi et tout le reste donc je ne vais pas le faire. Pareil, j’imagine que tu ne veux pas entendre quelqu’un te dire qu’il est là si tu as besoin de parler ou alors qu’il imagine ce que tu ressens mais bon. Je voulais quand même prendre de tes nouvelles. Je ne sais pas ce que tu ressens car j’ai juste perdu mon père et j’étais encore jeune mais ce que je sais c’est que à ce moment, on a plus envie de vivre. On est dans l’inconnu et on ne sait pas comment avancer. Mais toi, te connaissant, tu vas vouloir éviter de pleurer pour ne pas montrer ta fragilité à tes sœurs. Si j’ai un conseil à te donner, c’est de ne pas hésiter quelquefois à te reposer sur les gens qui t’entoure. Tes sœurs ne t’aimeront pas moins si tu leur demande de l’aide ou si tu pleures. C’est normal. Arthur éclata de rire dans le téléphone. Enfin je te dis ça mais c’est ce que ma mère a dit à mon frère quand mon père est mort et qu’il essayait de le remplacer en se montrant fort avec moi. Enfin bref, ce que je veux dire c’est que tu ne peux pas remplacer tes parents et même en essayant sans cesse, ça ne changera pas. Tu es leur frère et tu dois te comporter comme tel. Si tu as besoin d’aide, de parler ou même juste une épaule sur laquelle pleurer ou juste besoin de quelqu’un auprès de toi, juste en soutien, même sans parler ou écouter ou tout ça, sache que je suis là et que je ne t’abandonnerai pas quoi qu’il arrive. Bon je te laisse mon poteau. Embrasse tes sœurs de ma part. salut.
   Augustin sentit les larmes lui monter aux yeux. Ce message lui avait fait plus de bien que tous les autres rassemblés. Il avait bien de la chance d’avoir un ami comme lui. Sur ces dernières paroles, Augustin monta se coucher. Le lendemain, il aida ses sœurs à faire leur valise. Ils emportèrent seulement le stricte nécessaire. Augustin alla chercher la photo de famille dans la chambre de ses parents. Il récupéra également le livre qu’il lisait à ses sœurs le soir d’avant et le livre qu’il avait mis sous son lit depuis le jour de ses huit ans en attente d’une réponse. Il finit de dépoussiérer la chambre de ses parents et retira tous les petits objets auxquels il tenait trop. Quelqu’un toqua à la porte. Augustin ouvrit. Une dame, d’une trentaine d’année se tenait devant la porte d'entrée. Ses petites lunettes, ses cheveux blonds attaches en chignon bien serré et son tailleur bleu pastel lui donnait un air strict et bienveillant à la fois.
- Bonjour Augustin. Vous êtes prêt ? Je vais vous emmener dans un orphelinat jusqu’à votre placement. Au fait, je m’appelle Vanessa.
- Oui, je sais qui vous êtes. Je vais chercher mes sœurs.
   Alors, sans un mot de plus, Augustin laissa Vanessa sur le pas de la porte, alla chercher ses sœurs dans leur chambre et ramena les valises de tout le monde. Avec un dernier regard et les mains de ses plus jeunes sœurs dans les siennes, ils quittèrent la maison qui les avait accueillis dans la première partie de leur vie. Les quatre frères et sœurs montèrent dans une voiture noire. Le trajet parut durer une éternité. Laura s’endormit, Lilith somnola et Aurore regarda par la fenêtre le paysage, le regard dans le vide. Puis ils arrivèrent devant une grande bâtisse d’où des cris d’enfants s’échappaient. Mais rien ne sembla déranger Augustin. On attribua aux jeunes enfants une chambre pour les trois filles et une pour le frère juste à côté. Ils avaient une partie du couloir ou aucune des autres chambres n’étaient prises de sorte qu’ils se remettent tranquillement des difficultés subit. On leur intima de faire connaissance avec les autres enfants internes ici mais rien n’y fit. Augustin resta dans sa profonde tristesse.
   Vanessa revint dans la soirée, juste après le repas.
- Je vous ai trouvé une famille d’accueil ! Malheureusement elle ne peut pas vous prendre tous ensemble. Lilith et Laura seront ensemble quant à vous deux, Augustin et Aurore, vous aurez chacun une famille. Mais ne vous inquiétez pas. Vous pourrez voir quand vous voudrez.
- Combien de temps nous reste-t-il avant d’être séparé ? Demanda Augustin après s’être éclaircit la voix.
- Trois semaines, le temps que vous fassiez le deuil.
   Puis, elle les quitta. Augustin s’installa sur le lit dans le plus grand silence
   Un jour.
   Deux jours.
   Trois jours.
   Une semaine.
   Deux semaines
   Trois semaines.
   Au matin du sixième jour de leur dernière semaine ensemble, Augustin barra la dernière case de son calendrier. Ce soir, chacun des quatre enfants partira dans sa nouvelle famille pour un temps indéterminé. D’un air maussade et comme les trois semaines qui s'étaient déjà écoulés, Augustin descendit sans réveiller ses sœurs. Il descendit dans la grande salle de repas. Il était encore tôt et peu d’enfant étaient déjà debout. Mais Augustin n’avait pas le cœur à observer les alentours. Ses pensées étaient empêtrées dans sa peur de ne plus pouvoir être avec ses sœurs. Après avoir avaler un maigre petit déjeuner, il remonta dans sa chambre pour écouter les messages des appels reçus la veille. De nouveau, il avait eu un appel d’Arthur qui lui faisait part des dernières nouvelles du lycée. Depuis deux semaines, son ami l’appelait tous les jours pour lui dire ce qu’il s’y passait comme la minute de silence qu’avait réalisé sa classe en hommage à ses parents ou alors le fait que le dernier contrôle avait été annulé aux vues des événements la semaine suivant la mort de ses parents. Fidèle à lui-même, Arthur essayait chaque jour de faire oublier le trop-plein de douleur que ressentait Augustin.
   Quand le message se termina, Augustin commença à ranger ses affaires. Il savait que le soir-même, il ne serait déjà plus là. Dans la chambre adjacente à la sienne, il entendait le souffle léger de ses sœurs. Elles dormaient si doucement. Cette pensée le fit sourire ce qui était très rare.
   Alors qu’il rangeait les jouets que ses petites sœurs avaient laisser sur le sol, quelqu’un entra dans sa chambre.

Prince un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant