Chapitre V

3 0 0
                                    

Augustin n'en revenait pas. Il ne s'était jamais attendu à voir son meilleur ami ici. Il n'avait même pas osé croire ses petites sœurs quand elles lui avaient certifiés l'avoir vu ici. Augustin lâcha son ami et se releva. Il épousseta ses vêtements et tendit la main à Arthur pour l'aider. Le bruit qu'ils avaient fait à se jeter l'un sur l'autre avait attiré des curieux qui étaient sortis sur le pas de leur porte pour observer ce qu'il se passait.
- C'est bon, ce n'est rien, dit seulement Arthur en faisant signe aux gens de rentrer chez eux.
   Les gens qui avaient reconnus Augustin le regardèrent intensément pour avoir son accord. Alors, à son tour, Augustin expliqua qu'il n'y avait aucun problème et les gens, dubitatifs, rentrèrent chez eux.
   Les lumières de tout le village commençaient à s'éteindre et l'air était de plus en plus frais. Augustin se fit la réflexion que son pull fin ne suffirait pas à le réchauffer. Alors il attrapa la main d'Arthur et l'entraîna à sa suite.
- Viens dans ma chambre, nous pourrons discuter tranquillement.
   Ils montèrent dans l'auberge et s'installèrent sur le lit du jeune prince.
- Bon maintenant, tu peux m'expliquer, l'invita Augustin.
- D'accord, alors pour commencer je vais me représenter devant toi : Je m'appelle Arthur Wilhem fils de Wilhetus.  Je suis né dans ce village comme toute ma famille et je suis destiné à y vivre pour l'éternité. Ma famille vit ici depuis des générations. Pour les présentations c'est fait.
- Mais je ne comprends pas, le coupa Augustin. Que faisais-tu au lycée avec moi et dans ma ville en plus ?
- Attends ! Je te promets de tout t'expliquer mais soit patient. Bon, il y a une tradition dans ce village. Quand on apprend que le premier enfant de la famille royal est né, toutes les familles présentent leur enfant qui doit en général avoir au moins cinq ans de plus pour servir le prince ou la princesse plus tard et l'aider dans ses décisions. La plupart du temps, c'est le premier né d'une famille. Lors d'une cérémonie du sang, tous les enfants sont testés, c'est-à-dire qu'on leur prélève une goutte de sang et qu'un attends un brin de magie. Cette année-là, peu d'enfants étaient nés. Alors, ils ont ouvert la sélection aux plus vieux et plus jeune. Mon frère, qui avait sept ans de plus que moi faisait un candidat parfait et possédant la magie dans le sang. Mais à cause d'une maladie des os, il a été refusé. Le choix s'est donc porté sur moi, son petit frère. Effectivement j'avais la magie dans le sang. Puis, on est partis vivre près de chez toi et je me suis fais passer pour un enfant normal. J'étais jeune et je ne connaissais pas vraiment mon rôle. Si tu es mon ami c'est parce que je te considère vraiment comme tel. Tous les weekends, je prenais une leçon de magie, c'est pourquoi j'étais rarement libre. Puis mon père est mort.
    Arthur marqua une pause et Augustin sentit la peine dans la voix de son ami.
- Je savais à ce moment que l'on nous avait retrouvé, reprit Arthur. Il fallait que je te protège au maximum. Mais j'étais trop jeune. Je n'ai rien fait pour protéger tes parents ni pour te sortir des griffes de ton orphelinat. Quand j'ai appris que tu avais fui ton orphelinat et étais recherché, j'ai compris qu'il était temps pour moi de rentrer. Ma mère et mon frère m'ont accompagné et depuis deux semaines, nous vivons ici. Quand je t'ai vu ce soir, je ne voulais pas me montrer de honte de ne pas avoir agi comme je le devais. Excuse-moi Augustin, je ne mérite pas ton amitié.
   Arthur essuya une larme qui avait coulé le long de sa joue.
- Donc, tu es une sorte de conseiller c'est ça, résuma Augustin. Tu es un peu comme Simon.
- C'est ça.
- Bon, à vrai dire je ne t'en veux pas du tout. Tu as été obligé de me cacher tout ça et puis tu es jeune aussi. Tu as mon âge. Comment pourrais-tu gérer tant de problème alors que moi qui vit avec mes sœurs depuis toujours, je suis incapable de les protéger. Tu es un ami super et je te remercie de tout cœur d'avoir partager tout ça avec moi. On en rediscute demain d'accord ? Je suis fatigué là.
   Arthur hocha la tête et se releva. Il arriva à la porte, baissa la poignée et se retourna vers son ami qui dormait déjà à point fermé.
- Bonne nuit mon ami, dit-il simplement.
   Puis, il sortit.
Le lendemain, Augustin se leva tard. Il se souvenait avoir discuté avec Arthur et avoir appris plein de chose. Il ne le trouva cependant pas dans le village le lendemain. Les jours passèrent pendant lesquels les enfants prenaient du bon temps. Ils s'y sentaient un peu chez eux, entouré d'une grande famille qui prenaient soin d'eux.
   Deux jours après avoir retrouvé son meilleur ami, Augustin et ses sœurs avaient déménagés. On leur avait expliqué que cette maison avait été construite pour son père lors de son premier séjour au village. Il leur avait fallut du temps pour la dépoussiérer et leur déposer des vêtements. Mais aucun objet de son père n'avait été retiré. Les quatre enfants s'étaient donc retrouvés dans une maisonnette à l'image de leur père. Tout était en bois et en brique. Dans l'entrée, une longue bibliothèque tenait tant bien que mal avec tous les livres entassés sur ses étagères. Le parquet en bois clair venait d'être ciré. Un porte-manteau avec encore un manteau attendait aussi d'être utilisé. Plus loin, le salon. Un canapé en tissu gris et une table basse en bois sombre leur rappelait leur vie d'avant. Une cheminée en pierre enjoua les deux plus jeunes sœurs avec, sur le bord, des photos de leur parents et de leur grands-parents. Quelques magazines datés d'une vingtaine d'années étaient toujours posés sur la table.  Juste derrière le canapé, une table en chêne avec six chaises autour attendaient sagement. Un peu plus loin, trois portes étaient fermées. L'une donnait sur une salle de bain contenant une grosse bassine, servant de baignoire, des toilettes et un lavabo tout de blanc. Une autre porte donnait sur une belle chambre composée de lits jumeaux déjà collé avec des draps clairs. La fenêtre donnait sur un petit jardin avec des arbres, des plantes et deux fauteuils pour s'asseoir. La chambre comportait aussi deux petites tables de nuit avec une lampe. Ce devait sûrement être la chambre de leur père quand il venait ici. La dernière salle était une pièce plus petite que la chambre qu'ils avaient vue juste avant. C'était une petite pièce composée seulement d'un bureau, d'une chaise et d'un ordinateur. Des cadres étaient accrochés sur le mur opposé à celui sur lequel était adossé le bureau. Les cadres retraçaient toute la vie de leur père jusqu'à quelques mois avant leur mort. Les gens du village leur expliquèrent que tous les six mois, Matheio envoyait une photo qu'il demandait à encadrer et à placer dans cette pièce pour que ses enfants suivent la vision de leur père. Les trois fillettes dormaient donc dans la grande chambre tandis qu'Augustin avait récupéré un petit lit d'appoint dans un placard et dormait dans le bureau.
   Deux semaines passèrent pendant lesquelles les enfants s'amusèrent beaucoup. On leur parla de l'arrivée de leur père dans ce village la première fois, du mariage de leur parents, de la première et seule fois où Augustin avait été emmené dans le village juste après sa naissance et de bien d'autres moments importants. Toutes les anecdotes faisaient rire les enfants et les amusaient de découvrir autant de chose sur leurs parents.
   Augustin ressentait aussi de la nostalgie de voir ses parents comme ça. Il se disait aussi qu'en quinze ans d'existence, il n'avait jamais pris le temps de découvrir ses parents. Et pour cela, il s'en voulait. Mais, Augustin cachait du mieux qu'il pouvait ses sentiments. Seulement, le bonheur ne pouvait pas durer éternellement et cela, le jeune garçon le savait aussi. De temps en temps, il retrouvait Arthur et les deux jeunes hommes discutaient de tout et de rien à la fois.
  Un beau matin, alors que le soleil brillait doucement dans le ciel, quelqu'un vint trouver Augustin devant la maison.
- Notre chef souhaite vous voir, dit seulement la personne. C'était un homme grand à la mâchoire carré. Ses cheveux étaient blond sale, et des tâches de rousseurs parsemaient son nez et ses joues. L'homme l'amena jusqu'à la salle de réunion où l'attendait Avaro. En entrant dans la salle, Augustin perdit immédiatement son sourire. L'heure était grave.
- Bien, je vais te parler sans détour car je pense que tu as le droit de savoir, lui expliqua Avaro. Tard dans la nuit, nous avons reçus un message de Thaliia. Ce-dernier est assez inquiétant.
- Pardon mais qui est Thalia ?
- Thaliia, corrigea le vieil homme, c'est la reine des licornes. Je pense que t'expliquer le message ne servira à rien. Suis-moi. Nous pourrons en discuter avec celui qui nous a apporté le message.
   Le chef du village le fit sortir de la bâtisse par une porte cachée, à l'arrière du bureau. Ils passèrent plusieurs rues, toutes plus sombres les unes que les autres. Puis, Avaro récupéra une torche qu'il alluma. Il appuya sur quelques pierres et une trappe s'ouvrit sur le sol. Un escalier apparu et une odeur d'humidité s'imposa aux narines du jeune garçon.
   Avaro commença à descendre les marches, tout de suite suivi d'Augustin. Ils continuèrent ainsi dans un petit tunnel humide, d'où coulaient quelques gouttes d'eau. Des stalactites et des stalagmites se formaient un peu partout autour de lui. L'air se rafraichissait de plus en plus et Augustin frissonna.
- Restes près de moi, le prévint Avaro. Par ici, plusieurs chemins s'ouvrent et des bêtes en peu dangereuses traînent dans le coin.
   Augustin se rapprocha encore plus d'Avaro en entendant grogner autour de lui.
   Après trois-quatre minutes de marches, Avaro poussa un grand rocher et entra dans une salle qui faisait tache au milieu de la grotte.
Augustin pénétra à son tour dans la pièce hexagonale. Une forte lumière éclairait la pièce aux murs de pierres. Au milieu, sur une large table attenait une créature fabuleuse qu'Augustin avait déjà vu. Une licorne à la robe gris souris attendait, les pattes peines de sang avec tout autour des gens qui produisaient des orbes de toutes les couleurs autour de la bête en souffrance. Augustin se souvenait de l'avoir croisé quand il était allé voir la reine des licornes. Il s'approcha alors tout doucement de la licorne. Cette-dernière ouvrit les yeux en entendant le garçon s'approcher.
- Te voilà enfin, dit la licorne entre deux râles de douleur. La reine m'a demandé expressément de te passer un message. Comme tu peux le voir, je ne suis pas au meilleur de mon état. J'ai donc peu de temps à t'accorder. Je vais la citer.
   La licorne ferma un instant les yeux avant de reprendre.
- « Nous n'avons pas pu les retenir comme promis. Je sais que tu te crois en sécurité mais je pense que dès que tu auras reçu mon message, il ne restera pas beaucoup de temps avant leur arrivée. Ils ont des pouvoirs inimaginables et cachent un bête féroce. J'ai réussi à m'enfuir avec certains de mes sujets mais j'espère que tu arriveras à t'enfuir à ton tour. Tu dois le savoir mais pour te sauver toi et ta famille, tu dois trouver les dragons. Va voir Quora, elle saura te dire précisément où ils sont. Pour la trouver, suit toujours l'étoile qui brille dans les nuit les plus sombres. Bon courage ».
   Soudain, quelqu'un arriva.
- Il faut fuir, Avaro. Ils sont là.
   Simon était arrivé dans la salle, les yeux pleins de colère mais en même temps de peur.
- Augustin, continua-t-il, allons récupérer tes sœurs et fuyons d'ici. C'est bien la meilleure chose qu'on puisse faire pour aider le village.
   Augustin opina du chef. Le jeune garçon jeta un regard vers la licorne qui semblait éteinte. Il observa les personnes autour qui faisaient faiblir l'orbe qui devait soigner la bête. L'un d'eux leva les mains encore plus haut et tout le monde arrêta de produire leur magie. Celui qui devait être le chef secoua la tête. La licorne les avait quittés après avoir donné ses dernières paroles. Le jeune homme n'eut pas le temps de pleurer la brave bête. Simon l'attrapa par le poignet et l'entraîna à sa suite.
- Il faut absolument que l'on retrouve tes sœurs au plus vite.
   Augustin ne comprenait pas tout mais il s'était promis de protéger les petites filles donc il ne discuta pas avec le vieux conseiller. Enfin, ils sortirent de sous terre. Pendant quelques secondes, Augustin resta paralysé de peur.
   Partout autour de lui, des gens criaient de peur, des maisons étaient en feu, des jeunes enfants pleuraient de partout avec ou sans leurs parents. De grosses bêtes, aux crocs acérés, aux pelages gris et noirs couraient, leur queue enflammée, fouettant l'air, les bâtiments et les personnes aux alentours. Des gens étaient au sol, certains en sang, d'autres brulés. Certains avaient juste les yeux fermés.
   Simon rattrapa le jeune garçon avant que ses jambes le lâchent. Il l'entraîna plus loin, le faisant passer par les rues les moins fréquentés possibles.
   Enfin, après une course effrénée à travers tout le village, le conseiller et le jeune homme arrivèrent devant l'auberge. Ou tout du moins l'ancienne auberge. Il ne restait plus rien de la pièce. Augustin sauta sur les gravats et retira les cailloux et les bouts de bois calcinés à la recherche de ses sœurs.
- Augustin, entendit-il crier plus loin. Fuis !
   C'était Aurore. Il n'y avait aucun doute. Par réflexe, il chercha d'où provenait la voix jusqu'à distinguer des formes au loin, dans la poussière. Cinq adultes et une de ces bêtes féroces qui détruisait tout sur son passage. Plus les gens s'approchaient et plus Augustin se concentrait pour voir ce qui se passait. Simon avait beau tirer le jeune garçon dans la direction opposé, Augustin ne bougeait pas.
   Enfin apparurent les personnes. Trois hommes baraqués tenaient ses petites sœurs d'une main ferme, un couteau à la main. Deux autres femmes les accompagnaient. L'une d'elle avait des cheveux blonds qui bien qu'avec le remue-ménage n'avaient pas bougé d'un chignon. Des petites lunettes un peu fracturées sur le verre droit, un tailleur gris et des chaussures noire, bien cirée, sans la moindre trace de poussière.
   Vanessa, pensa le jeune garçon.
   L'assistante sociale n'avait pas changé d'un poil depuis qu'il l'avait revu la dernière fois. Elle était toujours accompagnée de la même personne. Des cheveux aussi noirs que le charbon, les yeux aussi gris qu'un jour de pluie, un nez fin. C'était Jasmine.
- Enfin je vous retrouve Augustin. La famille d'accueil vous attend, vous et vos sœurs.
- Je ne suis pas bête madame, rétorqua d'une voix tremblante Augustin, je sais que vous ne voulez pas faire notre bien. Sinon, vous n'aurez jamais réussi à nous retrouver. Et, ce que vous avez dit sur nos parents la dernière fois, je ne vous pardonnerais jamais !
- Bon, je pensais que tu avais oublié après l'explosion. Tant pis, je vais passer à la menace ! si tu ne te rends pas, je les tue.
   A ces mots, les hommes qui tenaient ses sœurs resserrèrent leur prise et placèrent le couteau sous la gorge des petites filles.
   Augustin laissa échapper un cri ce qui fit s'agrandir le sourire sur le visage de la terrible femme.
- Alors que choisis-tu ?
   Augustin ne savait plus. Il était perdu. Soit il se rendait en sachant pertinemment qu'il perdrait la vie et qu'il y avait un risque que ses sœurs y passent aussi. Soit, il se battait mes ses sœurs étaient en péril. S'il s'approchait de quelques pas, leur cou serait tranché sans la moindre hésitation.
   Simon essayait de lui parler mais Augustin n'entendait plus rien. Il tomba sur le sol à genoux en se maudissant. Il avait fait tant de promesse mais était incapable d'en tenir une seule.
   Sans crier gare, un grognement se distingua chez les hommes qui tenaient les trois fillettes. L'un des hommes recevait plusieurs coups sur la tête de la part d'Arthur qui se battait du mieux qu'il pouvait.
- Bah alors Gus' tu abandonnes ? Je te croyais plus combatif.
   Arthur avait raison. De plus, il était le seul en cet instant à ne rien faire. Arthur se battait, Lilith bougeait ses doigts du mieux qu'elle pouvait pour mettre de l'eau dans les yeux de celui qui le tenait, Laura criait et Aurore gesticulait.
   Ses sœurs n'avaient pas abandonné, il ne pouvait pas se le permettre. Alors, il s'élança pour essayer de libérer ses sœurs tandis que de loin, Simon évitait que le jeune garçon ne se fasse attraper. La rage l'aveuglait. Il se jeta sur l'un des hommes en le frappant du mieux qu'il pouvait. Arthur arriva quelques instants plus tard et assomma le garde qui lâcha Aurore.
   Vanessa perdait patience. En voyant la jeune fille libre et courant dans les bras de son frère, Vanessa claqua des doigts. Le monstre qui attendait sagement derrière sauta et se mit devant le petit groupe qui tenaient toujours les deux autres petites filles. Arthur rejoignit les deux autres enfants, devant la bête. Augustin était essoufflé et en même temps terrorisé. Il n'avait réussi à récupérer que l'une de ses sœurs et maintenant, l'une des bêtes qui avait ravagé le village s'était immiscé dans la bataille.
   Simon les rejoignit en boitillant et attrapa les jeunes garçons avant qu'ils relancent l'assaut.
- ça suffit. Vous n'y arriverez pas.
- Mais il faut les aider ! tenta de se justifier Augustin.
Puis, sans lui laisser le temps, il se dégagea et se lança sur l'animal qui bougeait sa queue, prêt à riposter. Mais Augustin continua de courir. Le jeune homme s'accrocha alors à la patte de ce-dernier qui se mit alors à la secouer frénétiquement. Augustin s'accrocha tant bien que mal seulement la force exercée par l'animal avant d'être envoyé dans les aires. Il secoua la queue et le frappa de plein fouet dans le ventre. Augustin s'affala un peu plus loin, soulevant un nuage de poussière.
   La douleur du choc et de l'atterrissage lui coupa le souffle. La douleur lui embua le regard. Il avait entendu des cris, sûrement ceux de ses sœurs pendant qu'il était dans les airs mais là, recroquevillé sur le sol, se tenant douloureusement le ventre, il n'entendait plus rien. Ses yeux peinaient à rester ouverts.
  Quelqu'un venait d'arriver à ses côtés et le secouait doucement. Petit à petit, son ouïe revint.
- Augustin, tu m'entends ? Allez, réponds-moi, le suppliai-t-elle.
   Doucement, le jeune garçon ouvrit les yeux avec beaucoup de difficultés. Il ne voyait pas grand-chose mais distinguait nettement sa sœur à ses côtés. Simon vint à son aide et l'aida à s'asseoir. Aurore, le voyant aller bien s'essuya les yeux. Arthur tenait toujours le front pour éviter que la bête avance.
- Grand frère ! n'approche pas, cette bête est très dangereuse, s'époumonna Laura au loin. La seule façon de la toucher c'est...
   Elle ne finit pas sa phrase. L'homme qui la tenait déplaça sa main sur la bouche de la fillette, l'empêchant de parler.
   Augustin n'était plus en état de se battre ni d'obliger qui que ce soit à lâcher ses sœurs. Il était désespéré. Enfin, le jeune homme se releva en s'accrochant de toute ses forces au bras de sa sœur.
- Nous allons pouvoir y aller, murmura Simon. Notre transport est là.
   Alors, Augustin trouva quand même la force de crier vers ses sœurs :
- Les filles, je vous promets de revenir vous chercher très vite !
- T'inquiète pas, cria Lilith en réponse.
   Puis, alors que le jeune garçon allait répondre, Simon lui attrapa le bras, secoua son autre main mettant en place un rideau de fumée et l'accrocha de force à quelque chose que le jeune prince ne reconnut pas au premier abord. Quelqu'un s'accrocha derrière lui et, sans s'en rendre compte, en moins de deux il finit dans les airs. Petit à petit, ses sœurs devenaient de plus en plus petites. Epuisé, il tendit cependant la main dans l'espoir de pouvoir les attraper. Mais il savait très bien qu'il ne pouvait pas. Il avait mis en danger sa famille. Sa tête lui tournait maintenant. Sa blessure de tout à l'heure lui faisait assez mal. Il sentait son ventre lui chauffer atrocement. Quelqu'un lui chuchotait des mots à l'oreille mais il n'arrivait pas à déterminer qui et surtout ce qu'on lui disait. Alors, il ferma les yeux et s'affala sur ce qui lui permettait de voler. Des poils doux et chaud. Des poils noirs et une crinière argentée. Une voix grave. C'était la seule qu'il entendait car elle était présente directement dans sa tête et non à l'extérieur.
- Calme-toi, respire lentement. Il ne t'arrivera rien.
   Cette voix douce lui permit de respirer de nouveau. Alors il s'endormit plus calme. Si calme qu'il se mît à rêver. Mais ce n'était pas un beau rêve doux qui ramène du bonheur. Il rêva d'une ville à feu et à sang. Une ville où tous les gens criaient autour de lui. Personne n'était heureux. Les gens pleuraient criaient de douleur et de tristesse. De temps en temps, ils tenaient es corps inertes dans leurs bras. Lui, il se voyait dans le ciel et observer la scène. Il n'arrivait pas à distinguer sur quoi il était mais il était certain de voler. A ses côtés, il y avait Aurore et Arthur. Mais aucune trace de ses deux autres petites sœurs ou de Simon. Il avait l'impression d'avoir une rage qui bouillonnait en lui mais il ne savait pas d'où elle venait. Une main l'attrapa et le secoua fortement. Dans un cri, le jeune garçon ouvrit les yeux. La nuit était bien tombée. Autour d'un feu de bois, Simon veillait sur Aurore qui dormait à point fermé. Arthur tenait encore Augustin par l'épaule. C'était lui qui l'avait secoué.
- Tu t'agitais dangereusement, se justifia le jeune ami.
- Comment sommes-nous arrivés ici, demanda Augustin d'une voix rauque.
   Arthur tendit le cou vers une partie du terrain où aucun arbre n'empêchait la vue vers le ciel et les étoiles. Trois animaux broutaient tranquillement. Trois licornes. Celles qui les avaient déjà aidées auparavant. Augustin se rapprocha du feu de bois et laissa la chaleur lécher sa peau. Il regarda sa petite sœur en boule, comme si elle essayait de se protéger.
- elle dort depuis longtemps, demanda le jeune prince.
- Elle s'est endormie il y a une vingtaine de minutes, lui répondit le vieil homme. Elle était épuisée après t'avoir tenue alors que tu dormais pendant les quatre heures de trajets.
   Augustin hocha de la tête. Sa sœur l'avait donc aidée. Il lui devait une fière chandelle. Pour le jeune homme, la décision était prise. Il ne pouvait plus laisser sa vie ou celle de ses sœurs continuer comme ça. Il ne peut pas se permettre non plu. s de détruire la vie des autres familles ou encore d'autres enfants. Il doit faire quelque chose.  Alors, il releva le visage, confiant.
- Simon, demain, je veux trouver le chemin pour aller voir les dragons et sauver les gens. S'il-te-plait guide-moi.
   Simon sourit. Il le voyait dans le regard du jeune homme devant lui. La détermination remplissait les yeux du garçon. Cette décision était la plus grande de toute sa vie mais aussi la première pour laquelle il irait jusqu'au bout. Simon le savait : Il avait enfin devant lui un prince.
- Bien sûr, mais avant ça, commençons par mettre les plus puissants de notre côté ! Et après je vous promet de vous aider à sauver le monde. Augustin, votre père est très fier de vous. Et moi encore plus que lui.

Prince un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant