Vanessa entra dans la chambre.
- La porte était ouverte, dit-elle simplement.
Augustin laissa en plan ce qu’il faisait et rejoignit la dame qui attendait devant sa porte.
- la prochaine fois vous pourrez attendre derrière et toquer ?
L’assistante social lui sourit faiblement. On voyait bien sur son visage qu’elle était épuisée. Il était vrai que depuis plusieurs jours, elle avait beaucoup de travail. Et puis, depuis son arrivée à l’orphelinat, Augustin ne lui laissait pas beaucoup de repos en faisant tout pour ne pas être séparé de ses sœurs. Augustin n’avait pas vraiment de peine pour cette dame. Mais il ne la détestait pas non plus. La seule personne qu’il détestait vraiment était sa tante qui préférait voyager plutôt que de garder les enfants de son frère. A cause d’elle, les quatre enfants avaient dû quitter tout ce qu’il connaissait et maintenant ils allaient être tous séparés pour un temps indéterminé.
- Je suis juste venue te prévenir que la première famille d’accueil, qui est celle qui viendra chercher tes deux petites sœurs, arrivera dans quatre heures, pour l’heure du déjeuner. Tu pourras faire en sorte qu’elles soient prêtes ? Si tu as besoin d’aide n’oublie pas qu’il y a Jasmine et Clara qui sont là pour ça.
Puis sans attendre la réponse du jeune garçon, elle partit.
Augustin s’assit sur son lit. Il ne savait pas quoi faire. Il ne voulait pas quitter ses sœurs. Ça y est ! Il était décidé. Alors, sans le moindre bruit, il entra dans la chambre de ses sœurs. Il récupéra un sac qu’il fourra d’habits, de couverture et d’objets. Il descendit dans la salle de restauration été entreprit de récupérer des morceaux de pain. Puis, il alla prendre quelques bouteilles d’eau. Quelques autres enfants le regardèrent étrangement tandis qu’il partait les bras chargés de victuailles.
Le jeune garçon déposa tous les produits dans les sacs et regarda l’heure. Le temps de tout faire, il était déjà dix heures. Ses sœurs commençaient à se réveiller tout doucement. Il entendait le remue-ménage commencer juste à côté de lui. Alors, il décida d’aller patienter sur son lit. Mais quand il alla dessus, il surprit quelqu’un assis dedans.
- madame, je vous avais demandé de ne pas entrer dans ma chambre sans toquer.
Augustin ne surprit pas l’assistante social mais un monsieur, tranquillement installé sur le lit, jouant avec une petite balle. Quand l’homme l’aperçut, il arrêta de lancer sa balle et lui sourit.
- Bonjour Augustin, ça fait bien longtemps que je ne t’ai pas vu.
Le monsieur qui devait déjà avoir un certain âge au vu de ses cheveux blancs rapidement rassemblés en un petit chignon et sa longue barbe blanche tressée, portait des habits peu communs. Ses yeux d’un bleu éclatant ressortaient grandement entourer de tant de blancs. Ses bottes en cuir noir surmontaient un pantalon rouge. Une chemise blanche ample ainsi qu’une redingote marronne agrémenté d’une ceinture à laquelle il avait l’air d’avoir attaché une arme. Ou quelque chose du même style. A l’observer plus en détail, Augustin se dit qu’il ne manquait plus qu’un tricorne et cet homme ressemblerait à un véritable pirate. Comme s’il lisait dans ses pensées, l’étrange homme se leva pour lui serrer la main et laissa apparaitre à côté de lui un tricorne marron un peu abimé.
- Tu as bien grandis depuis la dernière fois ! Ça te fait quel âge maintenant ? Oh ! Je suis bête tu dois avoir, mmh laisse-moi réfléchir, la dernière fois qu’on s’est vu c’était il y a douze ans et tu devais avoir trois ans donc tu as quinze ans maintenant non ?
Au lieu de répondre, Augustin resta interdit devant l’inconnu. Il ne savait pas ce qu’il faisait dans sa chambre et encore moins qui il était. Encore pire, ses sœurs se réveillaient doucement dans leur chambre et n’allaient pas tarder à rejoindre leur frère pour un dernier petit déjeuner en famille. Si les fillettes entraient sans qu’Augustin ait viré l’inconnu, il ne savait pas ce qui pourrait arriver. Alors, rassemblant son courage, il répondit à l’inconnu.
- Je ne sais pas qui vous êtes, ni comment vous êtes entrés dans cette chambre de l’orphelinat mais vous devez vous tromper de personne. Je ne suis qu’un orphelin sans parents et je vous demanderai de sortir de ma chambre avant de former plus de grabuge que nécessaire ou que je prévienne un adulte responsable.
- Oh, je vois. Tu ne te souviens vraiment plus du tout de moi. Cela m’attriste beaucoup. Ton père ne t’a pas parlé de moi ? Pourtant nous nous voyions beaucoup. D’ailleurs il me parlait beaucoup de toi et de tes sœurs. Il m’a montré plein de photos de vous. Oh, d’ailleurs j’ai hâte de rencontrer la petite Laura que je n’ai vu qu’en photo. Cela m’embête un peu de devoir tout t’expliquer mais ton père a toujours été très mystérieux et j’aurai dû me douter qu’il ne te parlerait pas de moi bien que je sois, après ta mère, tes sœurs et toi, la personne la plus proche de lui. Au fait, savais-tu que je l’ai aidé pendant longtemps, et encore aujourd’hui à cacher son identité et…
- Augustin ? C’est qui ce monsieur habillé bizarrement ?
Trop tard pour chasser l’inconnu. Aurore venait de faire son apparition dans la pièce, Laura à demi-endormis dans ses bras. L’homme semblable à un pirate se jeta sur les deux petites filles, les yeux pétillants de joie.
- Oh ! Je suis très heureux d’enfin voir les filles de Matheio ! Voyons voir, tu dois être Aurore ! Ton père m’a toujours répété que tes yeux étaient vraiment magnifiques. Il n'a pas tort. Tes yeux noisette sont d’une grande pureté. Oh ! Et la toute petite ça doit être Laura ! Sa bouille est trop adorable ! Votre père ne m’a vraiment pas menti sur vous. Je suis très heureux de vous rencontrer.
Augustin se déplaça et barra la route au vieux monsieur.
- Ne vous approchez pas de mes sœurs, grogna-t-il. Je ne sais pas qui vous êtes, ni comment vous nous connaissez mais je vous demanderais de partir sur le champ avant que j’hausse le ton et prévienne nos adultes responsables.
- Pardon. C’est vrai où sont mes manières, reprit-il en se décalant. Je suis Simon et je suis le conseiller de votre père.
- Le quoi ? Demanda Aurore interloquée. Genre vous vous occupez de la banque ou un truc dans le genre ? Mais papa ne vous aurais jamais parler de nous à un vulgaire conseiller de banque.
- Aurore tais-toi un peu tu veux, la recala Augustin.
Cet inconnu avait vraiment l’air de se moquer d’eux et ça, le jeune garçon n’appréciait pas du tout. Le dénommé Simon s’esclaffa.
- J’aimerai bien vous expliquer plus en détail mais je crois que nous n’avons pas vraiment le temps. Les parents qui vous sépareront vont arriver et je peux vous éviter cela.
- Une minute, déclara le jeune garçon. Vous croyez vraiment qu’on va vous suivre sans savoir qui vous êtes, ni comment vous êtes entré ? Je suis désolé mais ça ne va pas être possible.
- Bien, comme tu voudras mais, j’ai la solution pour que tu fuis l’orphelinat avec tes sœurs sans être repéré.
- Qui vous a dit que je voulais fuir ? bégaya Augustin.
A ce moment, Lilith entra dans la chambre, un des sacs qu’Augustin avait préparé, dans la main. Tous les regards convergèrent automatiquement vers lui. Personne ne lui posa de question mais Aurore jeta à son frère un regard de tueur. Le jeune garçon ne savait pas où se mettre.
- Je peux peut-être vous expliquer, chuchota Augustin. Je ne veux pas qu’on soit séparés. Je suis sûr que je peux trouver une solution. Laissez-moi une chance les filles.
Aurore le regarda, des éclairs dans les yeux. Elle semblait vouloir lui dire quelque chose mais se ravisa lorsqu’on toqua à la porte du jeune garçon.
- Bonjour, c’est Clara. Comme nous n’avons pas vu Aurore, Lilith et Laura au petit déjeuner, nous voulions savoir si tout allait bien.
Après quelques hésitations, Augustin répondit.
- Oui elles vont bien. On profite juste de nos derniers moments ensembles.
- Bien, je suis rassurée. Au fait, la famille d’accueil est arrivée. Nous finalisons les papiers et les dernières recommandations et nous présenterons les deux petites. Essayez d’être prêt d’ici une quinzaine de minutes d’accord ?
Augustin ne répondit pas. Mais comme il entendait les pas de la jeune dame s’éloigner, il ne fit pas plus attention. A force de se disputer, le temps s’était vite écoulé. C’est le moment que choisis Aurore pour crier sur son frère.
- Comment as-tu pu décider ça tout seul ! Comment as-tu pu choisir de partir sans nous en parler avant ! Crois-tu que ce sera plus facile pour nous si on te suit sans rien savoir ? As-tu seulement réfléchi au mieux pour tes sœurs et pas juste à ton bien personnel ? Ne penses-tu pas que Laura a besoin d’une vraie famille pour vivre et pas seulement d’une vie avec ses frères et sœurs dans un endroit sordide mais avec des adultes qui pourront prendre soin d’elle ? Je te trouve vraiment cruel !
Augustin avait les larmes aux yeux. C’est vrai qu’il n’avait pensé qu’à lui tout le temps. Jamais il n’avait pris en compte le choix de ses sœurs.
- Bref, renifla Aurore. Bien sûr qu’on va te suivre quoi qu’il arrive. Tu es notre frère chéri et on avait déjà réfléchi toute ensemble au fait de fuir d’ici, mais…
- Mais on aurait préféré que tu nous en parles avant que, toi aussi, tu étais arrivé à cette même décision, termina Lilith de sa toute petite voix.
Alors Augustin sauta sur ses trois petites sœurs et les enserra fort dans ses bras. Les quatre enfants se serrèrent fort, laissant couler leurs larmes. Mais bientôt, Simon les pressa.
- Il serait temps d’y aller si vous voulez échapper aux familles qui sont venus vous chercher. Je sais que vous ne me connaissez pas mais vous avez bien trop tarder pour sortir par la porte principale. Il va falloir sortir par l’arrière.
D’un accord commun, Augustin et Aurore prirent les deux plus jeunes par la main, mirent un sac chacun sur leur dos et suivirent le vieux monsieur. Mais à peine eurent-ils pris cette décision que de nouveau, des pas se firent entendre dans leur direction. Sans leur demander leur avis, Simon, colla chaque enfant contre le mur blanc de la chambre. Il déplaça légèrement le pot de fleur de sorte que la plus petite, même si elle bouge, elle ne soit pas vu. Puis, levant les mains, le vieil homme fit apparaitre une fumée blanche qui les enveloppa tous. Et, juste avant que l’on pousse la porte, le conseiller chuchota.
- Surtout ne bougez pas où nous apparaîtrons à leurs yeux.
Augustin se demandait comment, juste collé au mur on ne pouvait pas les voir, mais il ne se permit pas d’en faire la réflexion. Déjà, on entrait dans sa chambre. Augustin la vit. C’était Clara.
- Augustin, déclara-t-elle d’une voix hésitante, je viens vous chercher pour vous présenter à la famille d’accueil de vos petites sœurs.
N’entendant aucune réponse, elle s’avança au milieu de la pièce en quête d’un mouvement lui permettant de trouver la présence des quatre enfants. Le jeune garçon se crispa quand la jeune femme s’approcha de l’endroit où ils étaient cachés. Il sentit à côté de lui Aurore trembler et arrêter de respirer. Plusieurs fois, la jeune femme qui cherchait en vain les quatre enfants, réitéra ses propos. Puis comme elle ne les trouvait toujours pas, elle courut dans le couloir et cria le nom de l’assistante social.
Cette dernière, paniquée, arriva à bout de souffle dans la chambre qui paraissait de prime abord, déserte. Elle aussi chercha en vain tandis que Clara était passé dans le couloir pour essayer d’apercevoir l’un d’entre eux.
- J’aurai dû m’en douter, grommela Vanessa pour elle-même. Je ne pouvais pas lui faire confiance. Clara cherchez dans toute la bâtisse, cria-t-elle ensuite vers le couloir. Les sorties des enfants étaient interdites aujourd’hui. Ils n’ont pas pu sortir. Cherchez-les partout, je retourne auprès de la famille.
Tout le monde quitta la chambre au pas de course. Alors sans traîner et sans le moindre bruit, Simon les entraîna à sa suite hors de la chambre. Dans le couloir, un silence inquiétant résonnait. Mais on pouvait entendre à l’étage du dessous les adultes s’affairer à la recherche des quatre frères et sœurs disparus.
Alors qu’ils avançaient à pas de loup dans le couloir au parquet gris clair, des bruits sourds se firent entendre dans l’escalier de l’autre côté du couloir qu’ils étaient en train de traverser. Dans ce-dernier, vide de tout meuble, Augustin se mit à paniquer. Mais le vieux conseiller garda un calme olympien. Il tira sur la main d’Augustin qui lui-même tenait la main de Laura, accroché à celle de lilith, pendu à celle d’Aurore. La ribambelle d’enfants suivit l’homme qui les plaqua contre le mur.
- Quand je vous le dirai, vous courrez vers la porte au bout du corridor dans le plus grand silence, c’est clair ?
Augustin, en chef de troupe, hocha la tête. Puis, d’un geste de la main, Simon les fit taire juste à temps pour voir arriver Vanessa avec Jasmine. Jasmine qui d’habitude se faisait très discrète, affichait ici un air des plus sérieux. Elle renifla bruyamment l’air devant la chambre que les enfants venaient de quitter précipitamment. Elle planta ses yeux dans ceux de Vanessa.
- Pas de doute, c’est bien de la magie que vous avez senti. Quelqu’un l’a utilisé, il y a moins de cinq minutes environ. Je suis presque certaine que ça s’apparente à de la magie d’illusion.
- C’est étrange. Ces quatre jeunes sont incapables de la pratiquer sinon je l’aurai su dès ma première rencontre. Saurais-tu par où ils sont partis ?
Après quelques secondes à humer l’air, Jasmine hocha du menton déterminé à retrouver les fuyards.
- L’odeur continue de ce côté-là, répondit-elle en désignant la partie du couloir où étaient stationner les jeunes.
Alors la directrice sonda la partie du couloir, puis se retournant vers les escaliers avec Jasmine, elle lui intima de demander à mettre en place le bloqueur de magie et de condamner même les issues de secours.
C’est le moment que choisit le conseiller pour tirer sur la main du jeune garçon. Alors, dans le plus grand des calmes, ils se dirigèrent vers la porte. Au moment où ils l’atteignirent, Simon se stoppa en râlant dans sa barbe.
- La magie s’est dissipé, souffla-t-il au garçon. Il va falloir courir vite.
Et sur ces derniers mots, il attrapa Lilith tandis qu’Augustin attrapa Laura. Ils passèrent la porte au moment où la voix de l’assistante social résonna dans le couloir.
- Augustin Calty ! vous êtes priés de vous arrêter pour votre protection ainsi que celle de vos petites sœurs ! Obéissez immédiatement !
Mais sans s’arrêter les enfants s’engouffrèrent à l’extérieur, refermant la porte derrière eux. S’ensuit alors une longue course-poursuite entre les fuyards et les adultes de l’orphelinat.
Passant à côté d’une belle voiture de luxe, Augustin se fit la réflexion que s’il n’avait pas fui, ses petites sœurs se seraient sans doute retrouvées, à en juger par la voiture, chez des gens riches. Mais il ne se stoppa pas pour faire part de sa réflexion et continua sa course jusqu’à entrer dans une grande forêt plus loin.
Là, d’une fumée blanche plus opaque qu’auparavant, le vieux monsieur creusa une grotte sous terre. Il convia les jeunes gens à y rentrer et referma derrière la petite troupe. Simon sortit de son sac une lampe qu’il alluma. Il l’accrocha à une racine d’arbre qui formait un porte-manteau dans la petite grotte. Sur une sorte de banc de terre, les enfants s’installèrent, épuisés. Ils posèrent leurs sacs sur le sol.
Simon s’installa un peu plus loin et les observa sans bouger. Augustin fit pareil. Colle contre le banc de terre, il sondait du regard l’homme assis en face de lui.
- Vous pouvez nous dire qui vous êtes réellement maintenant, questionna Augustin.
- Mmh, ne penses-tu pas que le mieux soit que vous vous reposez tous avant ? Regarde tes sœurs, elles dorment déjà à moitié. Nous avons couru très longtemps quand même.
Cet homme avait raison. Tout le monde dormait à moitié sur le banc de terre.
- Vous avez raison soupira le jeune garçon. Est-ce-que vous pouvez assis créer des lits pour mes petites sœurs avec votre « magie » ?
Pour seul réponse, le vieux conseiller sourit et agita ses mains. Dans une partie de la grotte, quatre tables de terre apparurent.
Augustin fit signe aux petites de s’installer dessus, ce qu’elles firent presque immédiatement. Puis, lui aussi, il partit s’allonger sur le lit juste pour délasser ses muscles. Mais à peine se posa-t-il qu’il ferma les yeux et s’endormit d’un sommeil réparateur, le premier de ces trois dernières semaines.
Quand il se réveilla, il sentit une bonne odeur de poulet mariné envahir la pièce. Il se releva presque surpris d’avoir fermé les yeux dans un moment si important et surtout en présence de cet inconnu qui prétendait connaître ses parents. Perdu, il regarda autour de lui pour savoir d’où venait cette odeur.
La pièce s’était agrandie. Un peu plus loin, il aperçut ses sœurs attablées autour d’une pièce de viande et de petits légumes. Chacune d’elle mangeait avec avidité.
Augustin se leva si brusquement qu’il faillit tomber sur le sol, provoquant un bruit sourd. Aurore et Lilith se retournèrent pour voir d’où venait le bruit. Laura, qui se tenait en face de ses deux sœurs le va les mains et entama de lui faire des signes de la main. Le vieil homme, qui jusque-là somnolait sur le banc de terre, ouvrit un œil et lui sourit.
-Bonjour jeune homme, bien dormi, demanda-t-il. Viens donc te joindre au buffet il est déjà neuf heures trente.
- Comment ça neuf heures, bégaya Augustin.
Le vieux conseiller se mit à rire de sa grosse voix.
-Eh oui ! Il faut croire que tu étais vraiment épuisé. Mais ne t’inquiète pas, je suis sûr que tes sœurs t’ont laissé à manger. Elles l’ont fait ensemble avec ce que j’ai chasse dans la nuit. Régale-toi !
Bien qu’Augustin reste sceptique sur les véritables raisons qui poussait cet homme à les aider, il devait avouer qu’il avait vraiment faim. Alors, il passa sur ce qui servait de table et se prit une grosse portion de légume et de viande. Il mangea tellement que quand il s’arrêta, il se rendit compte qu’il était plus que repus. Il ne pouvait plus rien avaler mais il était vrai que cela lui avait également redonne toutes ses forces.
Ses petites sœurs, autour de lui ne faisaient que rire et sauter dans tous les coins. De temps en temps, les deux plus jeunes criante son nom dans l’espoir qu’il les regarde faire leurs numéros. A d’autre moment, elles lui expliquaient leur rêve. Mais à aucun moment l’une d’entre elle évoqua leurs parents ou le monsieur présent. Augustin, lui n'avait rien oublié de tout ça et il comptait bien tirer les vers du nez à leur sauveur.
Tandis que les fillettes jouaient, le jeune garçon s’installa tout près du vieux monsieur qui avait les yeux fermés. Au début, il avait eu du mal à le repérer car ça allait très vite mais de temps à autre l’homme ouvrit les yeux, observait les alentours, marmonnait quelques mots qui faisaient souffler un faible vent et refermait les yeux. Justement cette phase avait été faite il avait moins d’une minute.
- Je sais que vous ne dormez pas alors ne faites pas semblant. J’aimerai bien vous parler.
- Tiens, tu avais remarqué ou était-ce du bluff, lui répondit-il sans ouvrir les yeux.
Prenant tout son temps, il finit par ouvrir les yeux.
- Tu es bien plus talentueux que ce que je pensais, reprit-il, peut-être que notre discussion ira plus vite.
Augustin n’était pas de cet avis. Il ne portait pas cet inconnu dans son cœur et n’était pas prêt à le faire avant d’être sûr qu’il n’y aurait aucun danger pour ses petites sœurs. Alors, baissant a voix, il commença à poser ses nombreuses questions à ce dénommé Simon.
- D’abord, comment maîtrisez-vous la magie ? J’ai appris à l’école qu’elle avait disparu en même temps que la disparition de la famille royale de Runmay, il y a de cela une centaine d’années. Ce qui veut dire que tout ceux qui la maîtrisaient son mort depuis.
- Tu n’as pas faux sur tous les points. La magie a bien disparu il y a cent ans, mais pas partout, comme la famille royale a juste disparu aux yeux de notre continent Runmay. Les dix autres continents, ont eux aussi leur propre famille royale.
- Pardon, mais je ne comprends pas ce que vous voulez dire par là. Comment une famille plus que protégé pourrait disparaître aux yeux des gens ?
- Comme on utiliserait de la magie pour changer son apparence.
Augustin était perdu. Il ne comprenait pas qu’on puisse faire disparaître une famille connue partout. Et de plus, si la magie avait disparu, comment était-il possible qu’ils l’aient utilisé et que ce vieil homme en connaisse l’utilisation sachant qu’elle avait été interdite à l’apprentissage. La magie était devenue depuis de nombreuses années un art qui s’était perdu.
- Alors est-ce-que vous pouvez m’expliquer plus en détail ce qu’il s’est passé à l’époque ? Je ne vais pas vous mentir, mais j’ai énormément de mal à comprendre là où vous voulez en venir. Vous avez l’air d’avoir de certaines attendues sur mes sœurs et moi mais nous ne connaissons rien de tout ça. Etes-vous sûr de ne pas vous tromper de personne ?
- Bien, alors je vais tout t’expliquer depuis les premiers temps. Tu as dû l’apprendre, il y a plus de 1250 ans, les mondes étaient en guerre. Rien ni personne ne régnait sur ces parties du monde. Mais quelqu’un a fait son apparition un jour. Il était à dos de dragon et il s’est présenté sur le monde dans l’espoir de sauver les différents peuples. Les gens ont fini par l’accepter car il se rendait sur chaque front et arrêtait les différents camps. Il est devenu le premier roi. Sur chacun des huit continents, une personne digne de confiance, impartiales et sages fut mise sur un trône pour éviter les prochaines guerres. Chaque deux ans, les huit rois se rassemblaient en une assemblée de deux jours pendant lesquels ils votaient des lois en commun ou réglaient les problèmes. C’est lors de ce deuxième conseil que l’on décida de créer un rôle de conseiller. Cela pouvait être un homme ou une femme, venant d’une région particulière. Ils connaissaient mieux que tous, la magie et étaient présents pour protéger la personne royale.
Simon s’arrêta un instant. Il tourna son poignet et une bulle d’eau apparut. Il l’avala goulument et s’humecta les lèvres avant de reprendre son discours.
- les générations se sont poursuivis et la tradition était que le jour du couronnement du roi suivant, sur Runmay, les dragons faisaient leur apparition pour bénir le futur couronné. De même, il était de tradition pour les nouveaux rois ou reines, de prendre un nouveau conseiller et de le choisir personnellement. On le choisissait parmi les meilleurs magiciens et on leur offrait une petite fée, symbole du courage et de la magie. Et puis un jour, la famille royale de l’époque prit une décision. Un roi et une reine ont décidés de changer leur quotidien. Leur petite fille était née quelques semaines avant leur grande décision. Mais ils ne supportaient plus tout le poids que leur conféraient leur rôle. Ils décidèrent donc de partir pour prendre quelques jours de vacances juste après la naissance de leur petit garçon. On prédit alors que la famille était morte, lors d’un accident de voiture puisqu’on entendit plus parler d’eux. Les dragons ne réapparurent plus pour donner leur bénédiction. De même, juste avant la disparition de la famille royale, la magie fut prohibée pour éviter tout soulèvement. C’est là que tu t’es arrêté en histoire, je me trompe ?
Augustin fit non de la tête. C’est vrai que dit comme cela, l’histoire de son pays avait l’air de lui cacher quelque chose. Comment la magie avait pu être prohiber sans que personne ne décide de continuer à l’utiliser ?
- J’ai une question, si ceux qui dirigeaient le pays ont disparus, pourquoi les pays aux alentours n’ont pas décidés d’entrer en guerre pour récupérer le royaume ?
Simon sourit.
- A ton avis ?
- Il ne sont pas morts n’est-ce-pas, devina Augustin. Ils ont survécu et se sont cachés. C’est pour ça que personne n’a jamais réutilisé la magie.
- Tu as tout compris mon garçon. Maintenant que je t’ai présenté l’histoire connu de tous, je vais maintenant te parler de l’histoire réelle. Le début est vrai. Tout s’est passé comme je te l’ai dit, à la seule différence que les fées ont disparus depuis quelques temps. Comme beaucoup d’animaux, ces-dernières vivaient de la magie. Quand elles ont disparu, les conseillers ont été laissés à l’écart car ils n’avaient plus la possibilité d’utiliser la magie de leur plein droit. Une petite partie de la population a donc vécu à l’écart de tous, là où la vraie histoire de ce monde est encore racontée et là où la magie est encore apprise aux enfants. C’est de là que je viens. D’une petite région aride dans le nord du continent. Peu de gens la connaissent et il faut connaitre sa présence pour la trouver. Enfin bon, on n’est pas là pour discuter de ça. Donc, plus les générations passaient, plus des gens se rassemblaient pour faire disparaitre cette royauté. Ils se sont dit que si la famille disparaissait, les dragons en béniraient d’autres et ils pourraient enfin réussir à collecter des écailles de dragons ce qui permet d’accroître considérablement son pouvoir. Le roi et la reine de l’époque en ont entendu parler. Ce groupe appelés les chasseurs de dragons commençaient à prendre de plus en plus de place. La famille royale qui venait d’avoir leur premier enfant commencèrent à craindre pour la vie de leur enfant. Puis, quelques années plus tard, quand la reine accoucha de son petit garçon, les choses s’intensifièrent. Ce groupe prit plus d’ampleur. Ils annoncèrent qu’ils allaient tuer la famille. Alors, le roi et la reine prirent une grande décision. Ils décidèrent de disparaitre aux yeux des gens. Ils créèrent un accident de voiture et se retirèrent de leur vie royale, en éduquant leurs enfants dans le secret. Et ces gens qui ont dû tout quitter du jour au lendemain c’étaient tes grands-parents.
Augustin prit quelques instants avant de réagir. Il lui fallait digérer tout ce que le vieil homme lui avait raconté. Lui ? faisant partis de cette famille ? Il ne pouvait pas y croire. Mais, en même temps, le jeune garçon se souvenait d’une discussion de ce genre avec ses parents. En échange, ses parents lui avaient donné un livre recensant toute sa famille. Il ne l’avait pas avec lui mais il était certain que cet homme ne lui mentait pas.
- Bon, alors j’ai une dernière question à vous poser, si vous permettez.
Simon l’invita d’un geste de la main.
- Alors voilà, vous m’avez dit donc que mon père avait été élevé loin de la royauté, n’est-ce pas ? Alors pourquoi a-t-il un conseiller ?
- Ton père était indirectement le gouverneur et même s’il était dans l’ombre, il devait rester en contact avec les autres monarques du monde. Il est donc parti en voyage selon les indications laissés par sa mère pour trouver notre pays. Il y est arrivé et j’ai été choisi lors d’une cérémonie. Avec ton père on s’est beaucoup rapproché et il est devenu plus qu’un roi pour moi. Il est devenu un grand ami, même un frère pour moi.
Une larme roula sur sa joue. Augustin comprit à ce moment que tout ce que disait le vieillard était vraie. Les sentiments qu’il disait avoir l’étaient aussi.
Aurore racontait maintenant une histoire animée aux deux autres petites filles.
- Bien, je vous crois, décréta Augustin. Alors, j’aurai besoin que vous m’appreniez la magie, enfin si vous en êtes capable. Et bien sûr, vous devrez protéger mes sœurs et leur apprendre aussi la magie pour qu’elles soient capable de se défendre. C’est d’accord ?
Le vieux conseiller gloussa dans sa longue barbe blanche.
- Tu ce que tu voudras jeune homme mais, en attendant, (il s’inclina devant le jeune garçon) je suis très heureux de vous retrouver votre altesse.
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Prince un jour
FantasiAugustin vit tranquillement avec ses sœurs et ses parents. Malheureusement, un jour, la mort de ses parents lui est annoncée. Il va être séparé de ses sœurs et cherche alors par tous les moyens une solution pour les garder. C'est alors qu'un homme s...