*Chapitre XIV

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          Cela fait une semaine maintenant que j'entraîne sans relâche Chishiya. Il s'en sort plutôt bien. Et surtout il est attentif à tout ce que je peux lui dire, ou faire. Lors de la dernière session d'entraînement à l'auto-défense, il a commencé à reproduire certaines de mes postures ou certains de mes mouvements sans que je n'ai eu à lui expliquer le pourquoi du comment. De lui même, il a compris pourquoi je me tenais d'une certaine manière et l'a reproduit.

          Travailler avec lui est agréable. Il apprend très vite et est réactif. Et même s'il déguste lors de certains exercices, il persévère car il sait que ce que je lui apprend peut lui sauver la vie. J'ai toujours pensé que je détesterais vivre avec quelqu'un, pourtant notre cohabitation se passe plutôt bien. Même si au final, il ne sort pas de la salle de sport puisqu'il reste attaché au mur.



          Chishiya s'est endormi il y a déjà 2 bonnes heures. Rien de surprenant à ça vu les exercices que je lui fais faire. De mon côté, je suis en train de regarder les étoiles. Est ce que je le détache ? Est ce que je lui accorde un peu de confiance ? Nana, j'aimerais que tu sois là, avec moi. Tu ne parlais pas souvent, mais tu as toujours su facilement différencier les personnes de confiance des personnes dont on devait se méfier. J'aimerais que tu puisses m'aider à prendre une décision. Je suis perdue, je ne sais pas quoi faire.

          Je regarde mon épaule. Cela fait une semaine que Chishiya m'a opéré. Il m'avait dit que je devrais la garder immobile pendant une semaine environ avant de pouvoir commencer à m'en resservir. Je n'ai qu'à commencer par ça, et en fonction du résultat, je verrai si oui ou non je lui accorde un de confiance.

          Je défais le bandage. Je suis stressée, mais surtout j'ai peur. Peur qu'elle ne se soit pas totalement rétablie et que cela m'handicape. Je sais que je ne récupérerai probablement pas mes capacités d'avant. Mais j'ai peur de voir à quel point je vais être limitée. Je m'en ficherai complètement si on était dans le monde originel. Mais ici, dans le Borderland, cela pourrait me coûter la vie.

          Je vais me placer en dessous d'une poutre. Je la regarde, j'ai peur. J'inspire et saute. Je l'attrape de ma main droite. J'essaye de rester calme en me concentrant sur ma respiration. Je regarde attentivement la poutre et commence à lever mon bras gauche. Je pose doucement ma main gauche sur la poutre. Je prends une profonde inspiration et retire lentement ma main droite de la poutre. Je ne ressens aucune douleur, c'est positif. Une fois suspendue uniquement grâce à mon bras gauche, je commence à forcer pour réaliser une traction. C'est désagréable, j'ai l'impression de devoir forcer plus qu'avant, mais au moins, je n'ai plus aucune douleur. Ce n'est pas parfait, mais c'est amplement suffisant. Je suis souris, je suis heureuse. Nana, je crois que je vais essayer de lui faire confiance. Chishiya a tenu parole, il a soigné mon épaule.



          Je l'observe attentivement. Il dort profondément malgré ses chaînes. Je ne supporte plus de voir ce spectacle. A chaque fois que je le regarde, c'est moi que je vois. Je repense à mon enfance que j'ai passé attaché dans un sous-sol poisseux. A l'époque je n'ai pas été en mesure de me venger, mais Nana, c'est promis, je te vengerai. Et en attendant, Chishiya pourrait bien m'être utile.

          Je m'approche de lui et m'accroupis. Je détache lentement ses menottes, essayant de ne faire aucun bruit. Je ne veux pas qu'il se réveille, il semble si paisible et si serein quand il dort. Je le prends doucement dans mes bras, évitant tout mouvement brusque, puis me rend dans ma chambre. Je le dépose délicatement dans mon lit. Il sera bien mieux là. Je le regarde une dernière fois et redescends dans la pièce de vie.

Un nouveau départ ... CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant