*Chapitre II - 7 de pique

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          Je suis en chemin vers l'arène de jeu. Ce soir j'ai décidé d'aller à celle au niveau du stade. Avec un peu de chance il s'agira d'un jeu de pique. Je me faufile de toit en toit en observant les alentours. J'aimerais si possible éviter au maximum les gens de La Plage. Hier je l'ai observé à la recherche des 2 nouveaux jusqu'à tard dans la nuit. Je ne suis donc pas au maximum de ma forme, et je préfèrerai ne pas gaspiller mon énergie à fuir ou combattre ses habitants. Je veux la conserver pour le jeu.

          Une fois en face du stade, j'attends en haut sur le toit, bien calée sur mon perchoir. Je regarde les participants arriver. J'observe chaque personne qui passe à la recherche d'un signe distinctif : un bracelet avec une clé de casier. Si j'en vois passer, cela signifie qu'ils proviennent de La Plage et que d'autres de ses habitants pourraient arriver. Si c'est le cas, j'irai participer à un autre jeu ailleurs.

          Les minutes passent, les joueurs défilent mais aucun bracelet en vue. Comme le jeu ne va pas tarder à commencer, je descends de mon perchoir et pénètre dans le stade. Je me saisis d'un portable et vais me mettre un peu à l'écart des autres joueurs.



          J'observe de loin, comme toujours. Il y a l'air d'avoir pas mal de nouveaux. C'est facile de les reconnaître, ils ont l'air complètement à l'ouest, et surtout, ils n'ont pas l'air de prendre les jeux au sérieux. Pour l'instant, les annonces de décès en cas d'échec les font juste rire car ils n'y croient pas. A la seconde où ils verront un cadavre, ils comprendront.

          En attendant, pour moi, ce sont des joueurs facilement manipulables. En règle générale, je serai plutôt du genre à essayer de protéger les plus faibles, mais depuis que je suis dans le Borderland, c'est chacun pour soi. Je n'hésiterai pas à sacrifier autant de personnes que nécessaire pour assurer ma survie. De toute façon, ici, faire confiance est d'une naïveté sans nom. Faire confiance, c'est s'exposer à la trahison. Et s'exposer à la trahison, c'est perdre la vie. Le risque est bien trop grand pour que je fasse une pareil bêtise.

          Je regarde mon téléphone. Il indique que les inscriptions sont terminées et que nous sommes 17 participants. Mes mains, cachée dans mon pull, commencent à trembler, je stresse un peu. J'espère vraiment un jeu de pique et non un jeu de trèfle. J'imagine mal un jeu de carreau ou de cœur étant donné qu'il n'y a rien autour de nous, le stade est désert.



- Difficulté : 7 de pique, commence la voix du téléphone..



          Je soupire, le tremblement de mes mains se calme peu à peu . Un jeu de pique, c'est donc chacun pour soi. Et il a beau être de niveau 7, je suis quand même soulagée. J'y survivrai, cela ne fait aucun doute.



- Nom du jeu : la mort bouillante, poursuivit-elle. Règle du jeu : vous devez vous échapper avant que l'air de jeu ne s'écroule en totalité.



          Ni une, ni deux, je me lance dans un sprint vers la sortie. Le jeu est de niveau 7, chaque seconde compte. Je n'attends pas de voir si les autres joueurs ont compris et commencé à courir. Peu importe ce qu'il leur arrive. Je dois juste sortir du stade.

          Le sol se met à trembler. Je ne sais pas ce qu'il va se passer, et je m'en fiche. J'aurai tout le temps de savoir et de comprendre une fois sortie. Un bruit d'explosion et d'écoulement d'eau se fait entendre derrière moi. Au vu du nom du jeu, je suppose que l'eau doit être suffisamment chaude pour nous brûler vif. Je ne cherche pas à cogiter plus longtemps et accélère.

Un nouveau départ ... CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant