Un nouveau départ ... Corbeau

*Chapitre XXIV

          Je passe la porte de l'appartement et aperçois Chishiya debout au milieu de la pièce. Je détache la sacoche et le poignard accrochés à mes cuisses et les pose sur le petit meuble dans l'entrée. Une fois mes chaussures retirées, je relève la tête et un détail me fait tiquer. Chishiya ne bouge pas, il reste planté là au milieu de la pièce, immobile, en silence. Que fait-il ? Ou plutôt, que se passe-t-il ? Lui est-il arrivé quelque chose ?

          Je me relève en vitesse et me dirige rapidement auprès de lui. Il a le regard complètement vide, il semble être complètement ailleurs, au point que je doute qu'il aie remarqué ma présence. Je l'ai déjà vu perdu dans ses pensées, mais jamais à ce point. Il semble complètement déconnecté.

- Chishiya ? Tout va bien.

          Il ne me répond pas, il reste immobile. Merde, il a dû se passer quelque chose. Mais qu'est ce qui aurait pu le plonger dans un état pareil ? Je commence à paniquer.

- Est-ce que tu es blessé ?

          Sans grande surprise, je n'obtiens aucune réponse de sa part. Son comportement commençant réellement à m'inquiéter, je décide de prendre les choses en main. Je soulève son tee-shirt pour regarder son ventre, rien, de même dans son dos. J'attrappe un de ces poignets et le soulève pour pouvoir observer son bras. Je le tourne dans tous les sens et toujours rien. Je fais la même chose pour son deuxième bras, rien non plus. Mais au moment où je veux m'attaquer à son pantalon, il me tire vers lui et m'encercle de ses bras.

          Un câlin ? Je... Pourquoi pas. Si ça peut le faire sortir de son mutisme. Je passe mes bras autour de sa taille et le serre à mon tour contre moi. Je pose ma tête contre son torse. Son rythme cardiaque est normal, régulier. Je me sens impuissante face à la situation. Si au moins il disait quelque chose, je pourrais l'aider. Mais il ne dit rien, alors je me contente de le serrer dans mes bras pour lui apporter le réconfort qu'il semble rechercher.

          Les minutes s'écoulent et rien. Il me garde dans ses bras, immobile. Il resserre sa prise sur moi pendant quelques instants avant de s'écarter légèrement. Je redresse ma tête et le regarde.

- C'était presque injuste comme victoire. J'ai l'impression que c'est lui qui a gagné. Je crois même que je suis jaloux.

          Mais de quoi il me parle ? Comment peut-il être jaloux du roi de carreau si c'est lui qui a gagné. Pourquoi trouve-t-il sa victoire injuste ? Il n'est pas perdu dans ses pensées, il est en pleine remise en question. Depuis sa victoire, il est en pleine introspection. Étrange. D'habitude ce sont plutôt les jeux de cœur qui ont cet effet là, pas les jeux de carreaux.

          Je le regarde attentivement, mais son visage est complètement neutre. Je suis incapable de comprendre le fil de ses pensées et de l'aider. Il penche sa tête vers moi et dépose ses lèvres sur les miennes. Je suis hésitante, je ne sais pas si je dois répondre à son baiser. Son état me préoccupe. Je veux l'aider mais pas comme ça. Voyant que je ne lui réponds pas, ses lèvres quittent les miennes et vont se placer dans mon cou. Il y dépose une multitude de baisers qui me font frissonner.