*Chapitre XXIII - valet de pique

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          Je regarde attentivement le paquet de petits gâteaux secs que Chishiya m'a ramené en rentrant de son jeu. Je l'ouvre et en mange un. Ce ne sont que de simples gâteaux. Pourquoi m'a-t-il ramené ça ? Que faisait-il avec ? Étrange.

          Je pose le paquet sur la table. Je n'ai rien avalé depuis hier midi et je meurs de faim. J'avais pourtant préparé à manger hier soir, mais lorsque Chishiya est rentré, nous sommes tous deux allés nous coucher, bien trop épuisés par notre journée. Mon plat est complètement froid, mais je m'en fiche. Cependant, après quelques bouchées, je repose ma fourchette. Mes côtes me font mal. Je me relève et pars chercher un nouveau patch anti-douleur. Je ne sais pas combien j'en ai utilisé depuis que je suis dans le Borderland, mais le nombre doit faire peur.

          Une fois le patch appliqué et mon bandage refait, je retourne dans la pièce de vie. J'attrape mon assiette et pars m'asseoir dans le canapé, face à mon mur d'informations. Je reprends mon repas en réfléchissant.



          Après quelques minutes, j'entends Chishiya descendre les escaliers. Il est réglé comme une horloge. Même s'il a peu dormi, il s'est réveillé à la même heure que tous les jours. Pour la première fois depuis le début de notre cohabitation, nous avons dormi autant de temps l'un que l'autre, à savoir, à peine plus de 3h. Si pour moi, c'est amplement suffisant, je doute que ça le soit pour Chishiya. Ce qui est d'ailleurs pour le moins étonnant vu ses études et son travail.

          Je l'entends attraper le paquet de gâteau, puis il vient s'asseoir à côté de moi. Je le regarde en souriant. Il n'a pas pris le repas qui l'attendait. A ce stade, mon incapacité à préparer un repas mangeable me fait rire.



- Promis, un jour je m'améliorerai en cuisine, dis-je en riant.



          Il me regarde, muni de son sourire en coin, et hausse un sourcil. Il n'y croit pas un seul instant. Bien... Je rigole de plus belle.

          Après avoir repris mon sérieux, je le vois reporter son attention sur le mur face à nous. Il a l'air complètement déphasé. Le pauvre. Malgré sa fatigue, il n'échappera pas à son entraînement. Il va déguster, et moi je sens que je vais bien rire. Ayant fini de manger, je pose mon assiette sur la petite table devant nous.



- En quoi consistait ton jeu, demande-t-il, me sortant de mes pensées.

- J'ai joué au Mahjong, et toi ?

- Un jeu se basant sur la confiance, on était une vingtaine et on devait trouver le valet de cœur qui se cachait parmi nous.

- Pourquoi ça a duré aussi longtemps ?

- Le jeu était découpé en manches. Pour chaque manche, un symbole nous était attribué aléatoirement. Il fallait donc déterminer qui était suffisamment digne de confiance pour nous le révéler. A la fin de chaque manche, si on avait découvert notre bon symbole, on survivait, sinon c'était terminé. Le jeu ne prenant fin que lorsque le valet de cœur se trompe de symbole et meurt. Chaque manche durait 1h, et il en a fallu une quinzaine pour le démasquer.

- Par peur, les joueurs se sont mentis les uns aux autres sans chercher à réfléchir ?



Un nouveau départ ... CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant