*Chapitre XVI

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          Je suis à nouveau dans cette cave poisseuse et froide. L'humidité qui s'infiltre à travers les murs les font moisir. Je suis glacée et enchaînée. J'entends des bruits de pas arriver de derrière moi. Encore et toujours des bruits de pas. Mais quelque chose cloche. Je sens un truc sur ma hanche or il n'y a rien. Je sens comme une main ou une sorte de poids, mais je suis seule dans la cave. Ça n'a pas de sens. Ou alors, je suis en train de rêver. Je suis en train de faire un cauchemar. Je fais un cauchemar et quelque chose ou quelqu'un est en train de m'attraper, ou plutôt d'attraper la vraie moi actuellement endormie dans mon lit..

          J'ouvre les yeux. Mon sang ne fait qu'un tour. J'attrape le poignard caché sous mon oreiller et me retourne d'un bond, plaquant mon avant-bras sur la gorge de la personne devant moi. Je suis complètement tendue, chacun de mes muscles est contracté, prêt à agir.

          Chishiya. Je suis sur Chishiya. Je ... Pourquoi ? Mon cerveau a du mal à analyser la situation. Je baisse les yeux. Sa main est toujours sur ma hanche. Essayait-il de me réconforter ou de me réveiller pour me sortir de mon cauchemar ? Je déglutis. A 2 centimètres près, j'allais lui enfoncer mon poignard dans le torse. Je commence à trembler et lâche mon arme. Je me redresse et me recule de lui. J'ai besoin de prendre de la distance. Ma respiration est anarchique. J'ai failli le tuer.

          Je ne comprends pas comment il fait pour garder une expression neutre dans un moment pareil. Il ne semble pas plus perturbé que ça alors que j'aurai pu lui ôter la vie. Personnellement, je suis horrifiée de ce que j'ai failli faire.

          Il essaye d'attraper ma main pour m'empêcher de fuir à l'autre bout du lit, sûrement pour essayer de me réconforter, mais je la retire d'un geste brusque.



- Lâche moi.



          Ma voix tremble, comme tout mon corps. Je regarde le poignard avec lequel j'ai failli lui ôter la vie. Je m'en saisis et l'envoie se planter dans le plafond. Il est hors de question que je risque sa vie à cause d'une vieille habitude. Plus de poignard sous l'oreiller, c'est terminé. Je place mes mains sur mon visage. Il faut que je me ressaisisse. Mais avant tout je lui dois des excuses.



- Je suis désolée. J'aurai pu... commençais-je, mais les mots refusent de sortir, comme bloqués au fond de ma gorge. Je suis désolée.



          Il ne répond rien. Mes mains se crispent sur mon visage. Je suis bien trop horrifiée par ce que j'ai failli faire pour oser le regarder en face. Il me faut de l'air.



- Tout à l'heure on doit participer à un jeu, tu devrais essayer de te rendormir. Tu as besoin de sommeil. Moi je vais aller faire un tour, j'ai besoin d'air.



          Je finis de me redresser, laissant mes bras retomber mollement contre mon corps. Je me lève et commence à me diriger vers la sortie. Sa main attrape mon poignet. Je m'arrête. J'ai l'impression que je n'ai plus aucune force, je n'arrive pas à me dégager. Surement car l'adrénaline qui courait dans mon corps il y a quelques minutes s'en est allé.

Un nouveau départ ... CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant