Faux Départ [The Queen's Gambit]

Chapitre 10

30 Juin 1966.

Mes pieds retombent au sol et je relâche un soupir. J'observe la fenêtre de ma chambre au premier étage d'un air satisfait. Je souris, enfin heureuse d'être sortie de chez moi. La lune est l'unique témoin de mon escapade.

- Tu ne devrais pas faire ça.

Je sursaute à l'entente de cette voix. Je resserre les pans du ma veste d'été en me retournant vers l'intrus. On ne sait jamais, ça peut être un potentiel agresseur. Je me détends rapidement en reconnaissant le visage de mon interlocuteur. Rectification, la lune et Benny Watts sont les seuls témoins de ma fugue.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Après ma visite il y a 3 jours, j'ai eu le sentiment que pour sortir de chez toi en pleine nuit, tu ne t'y prenais pas de manière légale. Et j'ai eu envie d'en avoir le cœur net.

- Oh bravo, Sherlock Holmes. C'est ton échange avec mon père qui t'a mis sur la voie ?

Mon ironie le laisse de marbre. Il me regarde avancer vers lui, en secouant la tête de droite à gauche. Son expression si sérieuse me fait rire.

- Tu ne devrais pas prendre la situation autant à la légère.

- Pourquoi ? Tu comptes me dénoncer ?

Je fais la moue, exagérant volontairement mes traits. Il détourne le regard comme pour ne pas entrer dans mon jeu. Il se contente de soupirer. J'ai compris que j'étais un cas désespéré à ses yeux. Mais je ne vais pas changer pour lui.

- Tu es incorrigible !

- Il faut bien que je fête mon inscription aux mondiaux de l'athlétisme de l'an prochain alors qu'ils sont ma dernière chance de prouver ma valeur pour intégrer l'équipe des JO. Et ce n'est pas chez moi que je vais pouvoir le faire.

Mes propos semblent faire tilt dans son esprit si cérébral. Benny se tourne à nouveau vers moi. Je me suis approchée tout en gardant une distance raisonnable entre nous. Comme quoi, tout n'est pas bon à jeter chez moi. Mes parents m'ont inculqué tout de même quelques règles de savoir-vivre. Je le fixe, ma détermination brûlant dans mes iris. S'il croit pouvoir me retenir, il se fout le doigt dans l'œil. Le champion des échecs esquisse un sourire amusé. Qu'est-ce qu'il lui prend d'un coup ?

- Très bien, mais ne reste pas seule.

Est-ce de savoir pour les mondiaux qui le fait si facilement changer d'avis ? Peu importe, je ne vais pas laisser passer cette opportunité. Une idée mesquine prend place dans mon esprit. Elle se traduit par un sourire en coin qui prend place sur mon visage. Je le fixe, bien décidée.

- Qui a dit que j'allais être seule ?

Benny plisse les yeux. Il lève soudainement son regard au ciel avant de croiser le mien à nouveau. Il a compris où je voulais en venir. Mon sourire s'agrandit. Je sais qu'il ne dira pas non. Au moins il m'aura à l'œil.