Elle parcouru le long couloir menant à l'ascenseur en courant, complètement paniquée, comme si cela allait lui permettre d'échapper aux souvenirs et aux voix dans sa tête.
Avec frénésie, la jeune fille vint appuyer sur l'interrupteur appelant l'ascenseur, dont elle avait mémorisé la disposition au cours de ses visites précédentes, dans un coin de son esprit. Elle n'entendit pas les différents hommes de main lui proposer leur aide, eux aussi pris au dépourvu par cette fille paniquée, et préféra entrer dans l'habitacle de l'ascenseur aussitôt qu'il fut arrivé.
Mais cette décision irréfléchie était en réalité l'apogée de sa détresse déjà immense. Les portes closes, elle se retrouva ainsi prise au piège dans l'habitacle restreint de l'ascenseur, étouffant encore plus qu'il n'en était déjà le cas.
En larmes, elle se laissa glisser le long de la paroi, se recroquevillant dans un coin de manière à occuper le moins de place possible. De manière à pouvoir échapper à la réalité, à ce monde rempli d'inconnues qui la terrifiait depuis toujours.
Elle revoyait cet homme tendre la main vers elle, lui caresser les cheveux, puis la joue, tout en la cajolant de compliments encore et encore, jusqu'à la submerger toute entière. Depuis cette époque, elle ne vivait plus qu'à travers l'image que cet homme s'était forgé d'elle.
Elle avait eu beau tout reprendre depuis le début, commencer une nouvelle vie loin de lui...
Elle restait prisonnière de cet homme, qu'elle le veuille ou non. Pour toujours et à jamais, elle le savait parfaitement.
La liberté qu'elle recherchait n'était qu'une utopie irréalisable. Elle n'était guère différente de sa mère, en ce sens.
Condamnées à rester à la merci de ces entraves éternelles et invisibles.
Elle n'avait plus pleuré de la sorte depuis sept ans, sept longues années, depuis le jour où elle avait cru pouvoir retrouver un semblant de liberté. Le jour où elle lui avait échappé.
Mais elle était de retour à la case départ.
N'était-elle au final qu'une simple marionnette au service de ceux qui désiraient l'utiliser, et ce malgré tous les progrès qu'elle avait cru avoir accomplis?
-... est-ce que ça va? demanda soudainement une voix qui lui paru familière, et qui lui fit relever la tête d'un geste brusque, apeurée.
Etait-ce lui? L'avait-il retrouvée, après sept ans à le fuir sans relâche?
Mais la voix qu'elle entendait n'avait rien à voir avec celle de cet homme. Elle était nerveuse, dépourvue de malice et de vice, dépourvue de mots mielleux qui auraient le pouvoir de réduire quelqu'un à l'état de cendres juste en les écoutant.
Après de longues secondes, elle parvint finalement à mettre un nom sur la personne qui était avec elle, dans l'espace étroit de l'ascenseur.
-Monsieur Nakahara? murmura-t-elle alors dans un souffle, comme si elle reprenait tout d'un coup conscience de la réalité.
-Ouais... Qu'est-ce qu'il s'est passé? Vous n'êtes pas censée être en réunion?
Pour toute réponse, Yui baissa la tête, sentant son bandeau devenir humide à cause de ses larmes, ce qui la dégoûta encore davantage. Elle se sentait sale, plus que jamais.
-... je veux juste rentrer chez moi. C'est tout ce que je désire pour le moment, marmonna-t-elle d'une voix vide et froide, qui n'avait strictement rien à voir avec celle qu'elle utilisait en temps normal.
Le roux resta un moment silencieux, observant cette jeune fille de dix-sept ans, d'ordinaire si forte et si sûre d'elle, être ainsi réduite à l'état de fillette larmoyante et apeurée. Cela lui fit un choc énorme de voir que, même cette personne, qu'il considérait comme l'une des plus déterminées qu'il ait pu croiser au cours de son existence, puisse craquer de la sorte du jour au lendemain.
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Bungou Stray Dogs x OC // Alter Ego (Tome I)
FanfictionÊtes-vous certains de vivre tel que vous le devriez? Deux yeux piégés dans la nuit éternelle et un esprit torturé, des années gâchées à jamais, ainsi qu'une existence entière à reconstruire dans l'espoir d'obtenir une récompense inatteignable... Voi...