Bungou Stray Dogs x OC // Alter Ego (Tome I)

Chapitre 45

-Comment a-t-elle fait pour ne pas se faire suspecter avant? C'est bien ta question, Chuuya?

Aux mots de son patron, Chuuya hocha la tête, nerveux. La veille, alors qu'il avait révélé les quelques informations en apparence insignifiantes qu'il avait obtenues sur Yui Uemura, lors de leur trajet en voiture, il avait été quasiment certain de finir comme ce pauvre médecin, assassiné de trois balles dans le corps.

Mais, force est de constater que Mori Ougai ne comptait pas se débarrasser de lui ainsi, puisque Chuuya était un membre indispensable de la Mafia. Il ne pouvait cependant pas laisser passer ce genre de bévue aussi facilement ; alors, Chuuya attendait désormais sa punition, qui était plus que jamais prête à tomber.

Il avait la gorge nouée. Alors, pour essayer de penser à autre chose, en attendant que leur "invitée" se réveille, il avait posé une certaine question à son patron. Cela échappait encore à Chuuya de savoir comment Yui Uemura avait fait pour passer à travers les mailles du filet que représentaient les prises de sang obligatoires.

-Elle n'a tout simplement pas donné son vrai sang, répondit Mori en s'appuyant contre le dossier de sa chaise, Elise jouant comme d'habitude non loin de lui. La preuve : le creux de son coude était intact. Du reste, elle a simplement dû demander à son cher père de lui envoyer un échantillon de l'extérieur ; et de soudoyer un médecin, au passage. J'ai entendu dire que la prise de sang de notre adorable petite fuyarde avait été réalisée à son hôtel, directement. Simple coïncidence? Probablement pas. Mais nous en saurons davantage quand les résultats définitifs seront révélés, et quand notre chère invitée aura repris ses esprits, bien entendu.

Il acheva sa tirade avec un sourire mauvais, observant avec attention les nombreux immeubles se détacher sur le ciel bleu et constellé de nuages épars, à travers les gigantesques baies vitrées de son bureau. Cela faisait plusieurs heures depuis que Yui Uemura avait été capturée, un peu avant l'aube ce matin-là, grâce aux efforts conjoints de ses hommes de main, et notamment de Gin et de Kôyô ; cette dernière étant en effet celle qui avait assommée leur fuyarde à bout de souffle à l'aide de sa capacité.

Mais Mori était confiant. Il savait d'ores et déjà que Yui Uemura était celle qu'ils recherchaient depuis plus d'une semaine, et ils avaient enfin mis la main sur elle... Et surtout sur sa capacité, songea Mori en soulevant à hauteur de ses yeux un certain pendentif en or, assorti d'une fine chaîne du même matériau. Il n'avait pas encore tenté de l'ouvrir, par simple mesure de précaution ; l'intérieur du pendentif restait pour le moment inconnu.

De ce qu'il pouvait en déduire, c'était sûrement grâce à cet objet que Yui Uemura pouvait utiliser sa capacité. La nature réelle de cette fameuse capacité qui était désormais à la connaissance de Mori Ougai, bien qu'il préférât attendre la confirmation de sa propriétaire pour l'affirmer entièrement. 

Mais, si ce pouvoir était bien celui auquel il songeait, il avait touché le gros lot, s'il pouvait se permettre de parler aussi familièrement. Tout concordait. Yui Uemura et leur fuyard ne faisaient qu'un, il en était persuadé ; à tel point qu'il n'avait pas hésité à mettre les moyens nécessaires pour la capturer et la ramener au quartier général de la Mafia.

Maintenant, elle n'avait plus le choix : collaborer ou connaître un sort pire que la mort elle-même. Le fait qu'elle fasse partie de la famille Uemura lui aurait sans doute posé problème, si seulement ses chers parents adoptifs n'avaient pas mystérieusement été assassinés deux jours auparavant. Une aubaine, très clairement.

Sachant que Yui Uemura était en plus de cela l'une des principales suspectes de ce double meurtre, sa disparition n'était pas si étonnante que cela. Certains pourraient même hypothéquer que, grâce à l'influence de sa famille, la jeune demoiselle avait réussi à passer outre le confinement de Yokohama, et s'était sans hésiter enfuie pour échapper à la justice, peut-être même à l'étranger.