Bungou Stray Dogs x OC // Alter Ego (Tome I)

Chapitre 41

"L'épidémie, depuis ses débuts vendredi dernier, il y a tout juste cinq jours, ne cesse de gagner du terrain en infectant toujours plus de personnes, et ce à une vitesse folle. La mise en place de la prise de sang obligatoire n'a pour le moment pas porté ses fruits, mais les médecins veulent rester optimistes : pour l'heure, aucune victime n'est à déplorer, la maladie se contentant en effet de paralyser les patients, se couvrant de taches noires qui solidifient leurs corps, mais sans pour autant les tuer. Ce qui donne à la population un espoir parmi le malheur, en un sens".

Comme il en était déjà le cas depuis le début des hostilités, les moyens de communication demeuraient saturés d'informations concernant l'épidémie ; noyant ainsi les citoyens, qu'ils soient infectés ou non, de nouvelles tantôt réjouissantes, tantôt plus qu'alarmantes. Comme un équilibriste qui tanguerait un peu trop fortement sur sa corde, sans jamais savoir de quel côté il finirait par chuter.

-Que de bonnes nouvelles, marmonna Yosano Akiko en buvant une gorgée de café, installée dans la salle de réunion aux côtés de ses collègues détectives. C'est du jamais vu. Et je ne peux rien y faire, c'est ça le plus rageant.

La veille, elle avait effectivement été sollicitée par un officiel de la ville, et plus exactement du Département des Pouvoirs Spéciaux, qui avait entendu parler de sa capacité fort utile, et qui l'avait faite venir pour tenter de soigner certains patients victimes de cette épidémie à des stades tous différents, moyennant bien évidemment un atirail de médecin pour faire face à tout risque d'infection quel qu'il soit.

Sa capacité "Ne meurs pas" était seulement efficace sur les blessures et affections ; Yosano avait donc espéré que son pouvoir puisse au moins faire disparaître les taches noires qui criblaient la peau des victimes, afin de les soulager un tant soit peu de leurs maux. Mais non.

Même en les amenant aux portes de la mort, en les disséquant un peu pour pouvoir pleinement utiliser sa capacité, elle était rentrée bredouille à l'Agence. Les patients guérissaient sans problème des lésions volontairement causées par la médecin aux yeux violets, mais pas de celles inhérentes à cette étrange maladie.

Et ses collègues de tous les jours avaient bien compris qu'elle était en colère, sachant le nombre de détectives innocents qui étaient passés sur le billard pour la "détendre", et le nombre de cafés qu'elle avait avalés afin de se "calmer" ; ce qui avait, sans surprise, eu l'effet inverse.

Dans la salle de réunion, où étaient rassemblés les membres principaux de l'Agence, un silence de plomb régnait, rempli d'impuissance pour ce qu'il était en train de se passer dans Yokohama. Seulement entrecoupé par des informations à la fois rassurantes et totalement terrifiantes, aléatoirement crachées par une radio grésillante.

Le retour du funambule sur son fil, encore et toujours.

-C'est sûrement l'œuvre d'une capacité, pour avoir fait autant de ravage d'un seul coup, raisonna Tanizaki d'une voix hésitante, n'osant pas déranger Kunikida dans sa "frénésie travailleuse". Même les symptômes sont étranges, je n'ai jamais entendu parler de trucs comme ça auparavant.

-Un point pour toi, Tanizaki, marmonna Ranpo à l'autre bout de la table, les pieds sur cette dernière et un paquet de bonbons à la main, fidèle à sa réputation. Mais la question est de savoir : à qui appartient-elle? J'ai bien une petite idée, mais j'aurai besoin que Dazai revienne pour m'en assurer. Pas que je me sois trompé dans mes prédictions, notez-le.

Effectivement, le dit Dazai avait semblé s'évanouir dans la nature peu après l'annonce de l'épidémie, quelques jours plus tôt. Depuis, malgré des coups de téléphone récurrents, aucune nouvelle du brun.

Ses collègues étaient moyennement inquiets. Si cette maladie était bel et bien le résultat d'une capacité, comme semblait l'affirmer Ranpo, alors Dazai était immunisé d'office, grâce à son propre pouvoir.