Chapitre 37

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-Pouvez-vous faire quelque chose, père?

L'autre bout de ligne téléphonique fut silencieuse l'espace de plusieurs secondes, avant que la voix grave et légèrement courroucée de son père adoptif ne prenne le relai.

-... Hélas, même avec toutes mes relations et mon influence, mes mouvements vont être considérablement restreints à cause du caractère officiel de ce confinement... 

Elle s'en était doutée. Mais elle avait encore l'espoir que sa richissime famille vienne à son secours, même de façon insignifiante, même de manière purement intéressée par le potentiel lucratif que représentait Yui. Tout, tant qu'elle n'avait pas la preuve qu'elle était définitivement abandonnée de tous.

Sa main, qui agrippait son médaillon, était plus crispée que jamais. Témoin de sa détresse difficilement contrôlable. Cela faisait deux jours qu'elle vivait avec l'angoisse de se faire retrouver par la Mafia, et voilà que l'annonce des prises de sang venait de tomber, rajoutant encore un peu d'huile sur le feu.

-Mais je ne peux pas les laisser faire tout ce qu'ils veulent, reprit la voix cette fois-ci déterminée de son père. Tu fais partie de la famille Uemura, et je sais que tu as des problèmes de coagulation. Ils ne peuvent pas te forcer à faire une prise de sang, surtout en sachant que tu as déjà ton traitement contre ton hémophilie qui te pompe énormément d'énergie.

Malheureusement, elle savait qu'elle n'allait pas pouvoir y réchapper, même avec l'aide de la famille Uemura. Elle avait cependant élaboré un petit plan, qu'elle espérait pouvoir mener à bien. Même s'il n'était pas infaillible, elle n'avait pas le temps ni le loisir de se pencher davantage sur la question.

-Puis-je vous suggérer quelque chose, père?

Légèrement intrigué, l'homme à l'autre bout du fil accéda à sa requête, toujours curieux de connaître les suggestions de sa fille adoptive, qui étaient à chaque fois plus brillantes les uns que les autres.

Il se félicitait souvent de l'avoir adoptée, pour cette même raison. Un tel prodige était exactement ce qui lui manquait le plus dans son entreprise, au lieu de ses associés tous plus stupides les uns que les autres.

Yui, au moins, savait de quoi elle parlait et ce qu'elle faisait. Rien à voir avec ses bons à rien de frère et sœur. Sa fille adoptive lui était extrêmement utile, et c'est tout ce qu'il avait voulu en la sortant de son orphelinat. Il avait toujours eu l'œil pour repérer les éléments prometteurs.

-Je sais que je ne pourrai pas échapper à cette prise de sang, car cela finirait par retomber sur la réputation de notre entreprise et de notre famille. Mais, pour autant, je n'ai pas l'intention de leur donner mon sang. Si je puis vous demander, serait-il possible que vous vous occupiez de deux petites choses?

Un rire narquois et rempli de prétention de la part de son père, confirmant qu'il était fier de voir que sa fille ne se laissait pas marcher sur les pieds. C'était de cette manière que l'on faisait les meilleures affaires, après tout.

-J'ai été impressionné par tes négociations avec la Mafia, une tâche qui était relativement complexe depuis le début. Alors je veux bien t'accorder quelques faveurs, ma fille. Dis-moi de quoi tu aurais besoin.

Honnêtement, même si elle n'avait aucun sentiment affectif pour cet homme, Yui était malgré tout heureuse qu'il ne la laisse pas tomber. Même s'il ne pensait à elle que comme un moyen de parvenir à ses fins professionnelles, elle s'en fichait.

Pour elle également, Yuuto Uemura n'était rien de plus qu'un pion qui lui permettrait d'accomplir ses désirs les plus profonds.

Avec un sourire, beaucoup plus détendue, la jeune fille fit part de son petit plan de dernière minute, son père adoptif l'écoutant attentivement tout au long de ses explications.

Bungou Stray Dogs x OC // Alter Ego (Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant